Gao : La MINUSMA et ses partenaires lancent la campagne des 16 jours d’activismes sur les violences basées sur le genre

1 décembre 2016

Gao : La MINUSMA et ses partenaires lancent la campagne des 16 jours d’activismes sur les violences basées sur le genre

 

L’école des infirmiers de Gao a abrité ce dimanche 27 novembre la journée de sensibilisation sur l’implication des femmes et filles dans la prévention et la gestion des violences basées sur le genre, marquant le début de la campagne des 16 jours d’activisme. Cette activité a été organisée par le bureau régional de la Division des droits de l’Homme et de la Protection (DDHP) ainsi que la section Conduite et Discipline de la MINUSMA, en collaboration avec la Direction Régionale de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille (DRPFEF). Cette rencontre qui a regroupé plus de 400 personnes, avait pour objectif d’informer et de sensibiliser l’opinion sur les violences basées sur le genre et les possibilités, au niveau des nations unies, de circonscrire ce mal.

 

« Cette campagne vise à sensibiliser les groupes à travers le monde, à prendre conscience des violences faites à cette couche sensible de la population que constitue les filles et les femmes. Parce que les violences faites aux femmes et aux filles sont un phénomène universel qui persiste dans les tous les pays du monde et se propage dans divers milieux, » a souligné Mme Haidara Aissatou Sango, Directrice Régionale de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille,  représentant le Gouverneur de la Région de Gao à cette occasion.  

 

« Au Mali, on note une prévalence accrue des différentes formes de violences qui font l’objet de peu d’attention. Selon la dernière enquête démographique et de santé au Mali de 2013, le taux de prévalence de l’excision est de 91% chez les femmes de 15 à 49 ans et 69% chez les filles de 0 à 14 ans, » a dénoncé madame Sango. Cette campagne qui a regroupé les organisations de jeunes et de femmes, des élèves et étudiants, a permis de comprendre les différents types de violences sexuelles basées sur le genre. « La journée nous a permis de connaitre les services de la MINUSMA qui luttent contre les violences sexuelles faites aux femmes. Elle nous a appris les catégories de violences qu’une femme peut subir et comment briser le silence. Ça a été très instructif pour moi, » a confié Fatoumata Maiga, étudiante à l’école des infirmiers de Gao.

 

Deux thématiques ont marqué la cérémonie. La première animée par M. Leonard Ndikiminwe de la section Conduite et Discipline, a porté sur : "Exploitation et Abus Sexuel, une forme de violence faite aux femmes et aux filles", et la seconde animée par Mme Agaicha Wallet Ahmadou Dicko de la DDHP, a porté sur : " les violences sexuelles basées sur le genre en temps de conflits". 

 

La question des violences faites aux femmes a été largement commentée par les panelistes qui croient qu’il faut suffisamment d’engagement, à tous les niveaux, pour endiguer ce mal dont le tableau est très sombre. « en 2015, dans le cadre du système de gestion des informations sur les violences basées sur le genre (VBG), le pays a enregistré 1468 cas de VBG dont 292 cas de dénis de ressources et d’opportunités, 288 d’agressions physiques, 234 cas de violences psychologiques, 223 cas de viols. » Et la représentante du gouverneur de la région de Gao de poursuivre la longue liste d’incidents : « 370 cas de VBG ont été perpétrés dans un contexte conjugal, 168 incidents d’abus sexuels sur les enfants, 154 incidents de mariages précoces, 38 incidents d’exploitations sexuelles et 18 incidents d’esclavage sexuel. »

 

Les 16 jours d’activisme de lutte contre la violence basée sur le genre a pour thème national « Pour une paix durable au Mali, agissons pour éradiquer les violences faites aux filles et aux femmes dans les familles, au travail et à l’école ». Pour sa part, Mme Ndeye Yandé Kane,  Cheffe du Bureau Régional de la DDHP à Gao, a mis l’accent sur l’insuffisance dans les procédures judiciaires concernant les violences faites aux femmes. « Je ne doute pas que le Mali dispose d’un arsenal de textes nationaux et internationaux juridiques, pénalisant les actes de violences basées sur le genre mais chaque année, nous célébrons les 16 jours d’activisme de lutte contre les VBG dans un climat d’impunité totale où certains dossiers en rapport avec les violences sexuelles basées sur le genre sont en souffrance au niveau des instances judiciaires, soit les dossiers sont classés sans suite, soit les présumés auteurs bénéficient de liberté provisoire. Les victimes n’ont plus envie de se faire connaitre à cause de ce dysfonctionnement et de la célérité dans le traitement des dossiers.» a-t-elle alerté.