ALLOCUTION DU CHEF DE LA MINUSMA EL-GHASSIM WANE À L’OCCASION DE L’OUVERTURE DU 23e FORUM DE BAMAKO - 18 MAI 2023

18 mai 2023

ALLOCUTION DU CHEF DE LA MINUSMA EL-GHASSIM WANE À L’OCCASION DE L’OUVERTURE DU 23e FORUM DE BAMAKO - 18 MAI 2023

Excellence Monsieur le Premier ministre,

Monsieur le Président de la Fondation du Forum de Bamako,

Excellences les Ambassadeurs du Sénégal, de la Suède et des États-Unis et autres membres de la communauté diplomatique,

Monsieur le Directeur exécutif de l’Institut des Futurs Africains

Mesdames et Messieurs,

C’est un immense plaisir pour moi de prendre la parole, au nom du système des Nations unies en général et de la MINUSMA, en particulier, à l’occasion de l’ouverture des travaux de cette 23e édition du Forum de Bamako.

Je voudrais, d’emblée, exprimer mes sincères remerciements aux organisateurs pour cette marque d’estime envers la famille onusienne, mais aussi les féliciter pour leur ténacité et leur résilience.

Oui ténacité et résilience, car ce sont ces traits de caractère qui ont permis d’inscrire dans la durée cet événement, au point d’en faire l’un des rendez-vous majeurs de la réflexion internationale sur les défis qui interpellent le Mali et la région. Rien n’a pu venir à bout de cette volonté, pas même la crise profonde qui affecte le Mali depuis maintenant une décennie. Chapeau à mon aîné Abdoullahi Coulibaly !

Hier, et en prélude aux débats qui auront lieu dans le cadre du Forum, la MINUSMA a soutenu l’organisation d’une rencontre sur les rôles et les responsabilités de la société civile dans la consolidation de la démocratie, de la paix et de la sécurité au Mali. Je suis sûr que les conclusions qui en sont sorties alimenteront les discussions qui commencent aujourd’hui et aideront à la formulation de recommandations de nature à faire avancer la quête collective de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali.

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et Messieurs,

La pertinence du thème choisi pour la présente édition du Forum de Bamako - le développement local comme facteur de sécurité et de paix - n’a point besoin d’être démontré.

D’une part, parce que le Mali, comme je l’ai dit tantôt, fait hélas face, depuis plus d’une décennie maintenant, à une crise d’une ampleur inédite, qui explique que l’aspiration à la paix et à la sécurité soit sans conteste la chose la mieux partagée parmi toutes les composantes de son peuple.

De l’autre, parce que le développement local - l’on peut aussi parler de gouvernance locale, les deux expressions étant de mon point de vue presque synonymes - est précisément un des leviers importants qui doit être actionné pour donner corps à cette aspiration et permettre à cette grande nation qu’est le Mali d’ouvrir un nouveau chapitre dans son histoire multiséculaires.

À cet égard, trois aspects méritent d’être relevés, dont chacun met en relief le rôle des acteurs locaux et les modalités de leur contribution à la quête de la paix. Je veux parler ici de la matérialisation des dividendes de la paix au lendemain d’un conflit ; de la promotion d’une gouvernance inclusive grâce à la participation des populations locales à la gestion de leurs propres affaires ; et de la consolidation de la culture de la paix, de la pérennisation du vivre-ensemble et de la tolérance par le dialogue entre différents acteurs que favorise des structures locales dynamiques qu’elles soient formelles ou informelles.

Il n’est dès lors pas étonnant que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger contienne plusieurs dispositions dont l’objet est précisément de favoriser le développement local et les initiatives de base. Ce faisant, il s’agit tout autant de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité récurrente que connait cette partie du Mali que de préserver et conforter l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays.

De même, la stratégie pour la stabilisation des régions du Centre lancée par le Premier ministre a Mopti, en mars dernier, fait-elle une large place à la valorisation des initiatives locales. L’objectif est clair : mobiliser toutes les énergies existantes pour restaurer durablement la paix et la réconciliation et promouvoir le développement dans cette région meurtrie par plusieurs années de violence.

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et Messieurs,

Depuis son déploiement en 2013, la MINUSMA s’est employée, dans le cadre du mandat qui lui est donné par le Conseil de sécurité, à concourir aussi effectivement que possible au développement local en appui aux efforts des autorités maliennes et en étroite coordination avec elles. À cette fin, nous avons mobilisé les différents outils budgétaires à sa disposition, notamment nos dotations annuelles pour les projets à impact rapide, nos fonds dits programmatiques et notre Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité.

C’est dans ce cadre que la MINUSMA a appuyé la réalisation de centaines de projets dans ses zones de déploiement. Ceux-ci portent sur la fourniture de services de base tels que l’eau, les soins de santé, l’éducation, l’accès à la justice la lutte contre l’impunité et la promotion des droits de l’homme, ainsi que sur des projets générateurs de revenus, pour permettre aux populations bénéficiaires, notamment les femmes et les jeunes, de s’autonomiser.

Notre action porte également sur la promotion de la cohésion sociale, la prévention des conflits, et la réduction de la violence intercommunautaire. Je voudrais ici citer un projet financé par la MINUSMA dans le centre du Mali en vue de l’amélioration des relations entre communautés pastorales et agriculteurs, à travers la réhabilitation et l’entretien des parcours de transhumance, l’appui à la redynamisation des Commissions foncières dans 11 cercles des régions du Centre avec un impact significatif sur le terrain, ainsi que la construction ou la rénovation de "Maisons des Jeunes", dans le Nord et le Centre du Mali, qui a permis de créer des espaces de formation et de rencontre pour cette composante cruciale de la population. Les initiatives de réconciliation à travers la conclusion d’accord locaux participent du même objectif.

Un autre axe d’effort a trait à l’accompagnement du rétablissement de l’autorité de l’Etat à travers la réhabilitation et la construction d’infrastructures pour les autorités locales, qu’elles soient déconcentrées ou décentralisées. Ce volet revêt une importance d’autant plus grande que pour produire des effets durables l’action conduite sur le plan militaire pour mettre un terme à l’insécurité doit être soutenue par le retour durable des services de l’Etat.

Enfin, je voudrais faire mention du soutien que nous apportons en ce qui concerne la réhabilitation d’infrastructures clefs, y compris des infrastructures aéroportuaires, comme à Gao et, plus récemment, à Kidal, mais aussi des ponts, notamment ceux de Songho et de Yakwanda qui avaient été endommages par les groupes terroristes. Cela a facilité la reprise du trafic commercial entre les localités de Mopti et de Bandiagara le long de la route dite du poisson, qui connecte également le Mali aux pays voisins que sont le Burkina Faso, le Ghana, le Togo et le Bénin. Il me plaît de noter la bonne coopération qui existe entre les FDSM et la MINUSMA pour la protection de ces infrastructures.

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et Messieurs

Tous les efforts que je viens d’énumérer participent de l’action d’ensemble que nous déployons en soutien aux efforts de stabilisation conduits par les autorités maliennes. Je saisis cette occasion pour exprimer encore une fois notre sincère reconnaissance aux pays qui contribuent à notre Fonds fiduciaire. Leur apport est on ne peut plus précieux, et je ne peux que les exhorter à continuer à faire preuve de générosité. Le Mali et les autres pays de la région du Sahel ont plus que jamais besoin de solidarité internationale.

L’entreprise de stabilisation au Mali est une œuvre de longue haleine, tant la tâche dont il s’agit est complexe. Mais je n’ai aucun doute que le peuple malien, dont la résilience est légendaire, et ses autorités surmonteront les défis auxquels leur pays est confronté.

Pour ma part, je voudrais réaffirmer l’engagement de la MINUSMA et du système des Nations unies à continuer à appuyer les efforts des autorités de la Transition et des autres acteurs maliens concernés, suivant les trois priorités stratégiques que le Conseil de sécurité nous a assignés, à savoir savoir l’appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le soutien à la transition politique, notamment le processus électoral en cours qui se conclura en mars 2024, et l’appui à la mise en œuvre de la stratégie politique malienne pour la stabilisation des régions du Centre.

En parallèle, nous continuerons, avec nos collègues des agences, fonds et programmes des Nations unies, à accompagner les réformes politiques et de gouvernance visant à poser les jalons d’une stabilité durable. De ce point de vue, notre action visera soutenir le suivi des conclusions des Assises nationales de la Refondation.

En conclusion, je salue le partenariat solide entre la MINUSMA et le Forum de Bamako, et je souhaite pleinement succès à vos travaux.

Je vous remercie.