Centre du Mali : Reprise de la circulation des biens et des services grâce à la reconstruction des ponts de Songho et de Yawakanda

23 décembre 2022

Centre du Mali : Reprise de la circulation des biens et des services grâce à la reconstruction des ponts de Songho et de Yawakanda

Les régions de Mopti et de Bandiagara dans le Centre du Mali ont été reliées à nouveau ce 22 décembre au reste du pays et à la sous-région avec la remise en service des ponts de Songho et de Yawakanda reconstruits par la MINUSMA. Ces infrastructures d’une importance capitale sur la Route nationale 15 (RN15) avaient été sabotées en août 2021 par des groupes armés terroristes, isolant ainsi les communautés et entravant la circulation des personnes et des biens. Un véritable choc pour les populations coupées depuis lors des autres régions avec lesquelles elles faisaient la majorité des transactions commerciales. Ces travaux ont été menés à bien grâce à une contribution au Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali de la Suède et du Danemark d’un montant de près de 339 millions de Francs CFA.

Retour des dividendes de la paix 

Le trafic commercial entre Mopti et Bandiagara longtemps interrompu va pouvoir enfin reprendre. Connue de tous comme la route du poisson, la RN15 dessert les trois régions de Mopti, Bandiagara et Douentza. Elle est le seul corridor de la région qui permet l’interconnexion du Mali avec le Burkina Faso. Ainsi, les commerçants, transporteurs, et autres usagers ont accès aux ports du Togo, du Bénin, entres autres.

Un grand soulagement pour la population. Habitant Bandiagara, Paule estime que « c’est la vie qui va tout simplement reprendre. C’est avec les allées et venues des commerçants à travers les régions de Mopti, Bandiagara, Douentza mais aussi le Burkina Faso que nombreux d’entre nous gagnons notre vie ». A titre indicatif, avant la destruction des ponts, le taux moyen de trafic journalier était de 822 véhicules.

Présent lors de la coupure du ruban qui a consacré la remise en service du pont de Yawakanda, Diakaridia, « rappelle que le désenclavement des régions du Centre dépend de ces ponts ». Faisant siens les propos du Gouverneur de Bandiagara, il a appelé « tous les usagers et bénéficiaires de ces ouvrages à les préserver et les surveiller car il s’agit de biens communs dont la survie de beaucoup de ménages dépendent ». Avec certitude , les effets induits par la remise en service des ponts vont bénéficier à une population de plus de 2,3 millions d’habitants. Preuve de l’appropriation des communautés de ces ouvrages, elles ont participé aux côtés de la Force de la MINUSMA, des Forces de défense et sécurité maliennes, à la surveillance et à la sécurisation des travaux pendant toute leur durée. 


Une collaboration réussie avec la MINUSMA

Pour le Gouverneur de la région de Bandiagara, Sidi Mohamed EL BECHIR, au-delà d’être la « résultante de l’excellent partenariat entre sa région et la MINUSMA », la remise en service des ponts de Songho et de Yawakanda permettra « d’augmenter la résilience des populations qui sont les premières victimes de cette crise » et permettra aux communautés concernées « de jouir pleinement de leur liberté d’aller et de venir, de contribuer à la revitalisation de l’économie locale ». Le Gouverneur EL BECHIR s’est réjoui du partenariat avec la MINUSMA tout en l’appelant à faire davantage pour l’essor de sa jeune région. « Depuis 2014, la MINUSMA a réalisé au moins 60 projets dans la région de Bandiagara (…) à hauteur de plus de 3 milliards de Francs CFA » a-t-il rappelé, dans des domaines aussi variés que l’appui aux FDSM, l’adduction d’eau potable ou encore le renforcement de la gouvernance locale. 

Le Chef de la MINUSMA, El-Ghassim WANE, a, à cette occasion relevé et salué les « efforts inlassables des autorités régionales en vue d’assurer la sécurité et le bien-être des populations de Bandiagara ». Avec les communautés, les autorités régionales ont été les premières à solliciter la Mission de paix des Nations unies pour la reconstruction des ponts. M. WANE a également rappelé que « la lutte contre l’insécurité dans un environnement asymétrique n’est certes pas facile. Les souffrances des populations sont énormes, mais je suis sûr que la victoire est très proche avec la montée en puissance des forces de défense et de sécurité. Cependant, il importe de privilégier, le dialogue, la communication, la cohésion sociale et la réconciliation, promouvoir un réel vouloir-vivre ensemble pour que les acquis soient durables ». Ces aspects cruciaux dans la stratégie nationale de stabilisation des régions du Centre ont d’ailleurs été rappelés par le Dr. Mohamed Lamine HAÏDARA, Secrétaire Permanent du Cadre politique de gestion de la crise au Centre.

Investir dans la paix et la stabilisation

La reconstruction du pont de Songho a coûté près de 142 millions de Francs CFA. Elle a pu avoir le jour grâce à une contribution du Royaume de Suède au Fonds fiduciaire. Pour Kristina Kühnel, Ambassadeure du Royaume de Suède au Mali, l’appui de son pays reflète « son engagement à soutenir la paix, la cohésion et la stabilité au Mali ». Pour la reconstruction du pont de Yawankanda, le Royaume de Danemark a mis à la disposition du Fonds près de 198 millions de Francs CFA. 

Les travaux exécutés par une entreprise locale sous la maitrise d’œuvre de la Direction régionale des routes de Mopti ont permis la création de plus de 150 emplois. En plus de la reconstruction des infrastructures, 300 arbres ont été plantés autour des ponts pour respecter dimension environnementale et lutter contre la désertification ainsi que la sécheresse. Un forage a aussi été installé à Yawakanda. « Il est d’ailleurs devenu la principale source d’approvisionnement en eau potable. Enfin, 33 lampadaires solaires ont été installés autour des ponts pour réduire l’insécurité, développer le petit commerce et parfois permettre aux enfants d’apprendre leurs leçons » comme l’a rappelé le Directeur des routes de Mopti, Kassim SIDIBE.

Le 24 août 2021, le pont de Songho a été saboté par les ennemis de la paix. Une semaine plus tard, le 31 août 2021, celui de Yawakanda l’a été aussi. Avant cela, le pont de Parou, situé dans la commune de Bara Sara, avait été aussi saboté à deux reprises le 30 novembre et le 2 décembre 2019 et reconstruit par la MINUSMA grâce à un financement du Canada de près de 54 millions de Francs CFA. A cette occasion, les populations et les autorités inquiètes avaient sollicité le soutien de la MINUSMA pour la reconstruction de ces infrastructures afin de rétablir le trafic routier ; renforcer la quiétude des populations ; relancer les activités économiques sur l’axe de la route du poisson afin d’augmenter la résilience des populations.

A la veille de la cérémonie officielle de remise des ponts aux communautés et aux autorités régionales, El-Ghassim WANEs’est rendu le 21 décembre auprès des troupes et des unités de police constituées de la MINUSMA déployées dans la région, notamment à Douentza et à Ogossagou. Il les a félicités pour les acquis engrangés dans la stabilisation des régions du Centre en collaboration avec les autorités civiles et militaires régionales. Il les a aussi encouragés à les consolider et à aller au-delà. Cette visite a été l’occasion pour les éléments de la MINUSMA sur le terrain de faire état des défis rencontrés, notamment la menace constante des Engins explosifs improvisés et les mesures prises pour atténuer leur impact. 

En marge de l’inauguration des ponts de Songho et de Yawakanda, la MINUSMA et les autorités régionales ont posé la première pierre de la Maison des aînés et des jeunes de Bandiagara. Elle sera un lieu d’échanges et de développement culturel pour les aînés et les jeunes. Elle favorisera aussi la solidarité intergénérationnelle dans la recherche de la paix et de la cohésion sociale. C’est un projet financé par la MINUSMA.