Entretien avec le Chef de la MINUSMA : « le problème au Mali est d’abord un problème politique et qui a sa solution dans la mise en œuvre intégrale, correcte de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. »

19 juillet 2017

Entretien avec le Chef de la MINUSMA : « le problème au Mali est d’abord un problème politique et qui a sa solution dans la mise en œuvre intégrale, correcte de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. »

Quelques jours après l’adoption, par le Conseil de sécurité des Nations Unies, de la Résolution 2364 (2017) qui renouvelle le mandat de la MINUSMA, le Représentant Spécial du Secrétaire général RSSG de l’ONU et Chef de la Mission onusienne au Mali, nous a accordé un entretien.
Avec Monsieur Mahamat S. Annadif, il a été question des particularités du nouveau mandat, mais également de la future interaction avec la force G5 Sahel, du renforcement de collaboration avec les Forces de Défense du Mali ou encore, de la coupe budgétaire à laquelle la MINUSMA fait face en cette quatrième année d’exercice au service de la Paix.

Intervenant dans un contexte assez particulier, la Résolution 2364 (2017) s’inscrit dans le prolongement de la précédente. Cependant, selon le Chef de la MINSUMA, trois nouveaux éléments essentiels la distinguent de la Résolution 2295 (2016). « Il a été réaffirmé avec un certain nombre d’éléments précis, le soutien que nous devrons donner aux Forces de Défense et de Sécurité Maliennes (FDSM). Autant la Résolution 2295 (2016) a parlé d’un soutien mais, un peu abstrait. La Résolution 2364 (2017) est venue clarifier ce soutien et lui a donné un contenu, ce qui nous permettra de mieux l’appliquer sur le terrain. » Et M. Annadif de poursuivre : « l’autre élément différent est l’introduction de cette Force G5 Sahel, dont on a explicitement fait référence dans la Résolution 2364 (2017) et où, on nous demande comment et dans quelles conditions, peut-on coopérer avec cette nouvel Force qui est un nouvel acteur dans l’environnement où nous opérons. »

En lien directe avec le contexte socio-politique au Mali, le troisième et dernier élément souligné par le RSSG Annadif est l’appui au processus électoral. « Dans cette résolution on nous demande d’utiliser nos bons offices pour que le processus électoral soit le plus inclusif possible et l’appuyer autant que possible, en s’appuyant sur le PNUD et les autres agences du Système des Nations Unies, » a expliqué M. Annadif.

Avec pour mission de lutter contre le terrorisme, le principe de l’établissement d’une force transnationale allant de la Mauritanie au Tchad, en passant par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, nommée G5 Sahel, a été entériné par la Résolution 2359 (2017) du Conseil de sécurité des Nations Unies. La nouvelle Résolution 2364 (2017), instruit à la MINUSMA un soutien à cette force qui devra permettre, à terme, de débarrasser la bande sahélo-saharienne du terrorisme mais aussi du trafic de drogue et d’être humain et de toutes autres formes de criminalité. Un soutien dont le Chef de la MINUSMA a une idée précise de l’ampleur qu’il devra prendre : « Certes la force couvre toutes la surface du Sahel mais, la substance est avec nous ici au Mali. D’abord son commandement sera au niveau du Mali et la plus grande surface de théâtre sera au Mali, même s’il y a des évènements au niveau de la frontière Niger-Tchad et Mali-Mauritanie. Au vu de cela, nous sommes obligés d’établir un mémorandum d’entente qui va définir un peu notre partenariat avec cette force du G5 Sahel, » a déclaré M. Annadif.

Parmi les nouveautés annoncées, celle qui représente le plus grand défi est, sans aucun doute, la réduction de 3% du budget de la MINUSMA. Cependant, le RSSG se veut rassurant : « On peut espérer qu’il n’y aura pas beaucoup de bouleversements. On est en train de couper là où vraiment on peut le faire. Mais, tant que ça touche le corps du mandat, telle que la protection des civils, telle que la stabilisation qui se traduit par les projets (ndlr : projet à impact rapide et projets de réduction de la violence communautaire…), par l’appui aux autorités politiques et administratives, notre soutien au redéploiement des Forces de Défense et de Sécurité du Mali (FDSM) sur tout le territoire… Je crois qu’il y a des lignes rouges où on n’est pas capable de couper (le budget), au risque de perdre notre âme et de rendre notre présence au Mali, inutile. Je suis sûr que le Conseil de sécurité est sensible à cela et nous sommes en train de faire des coupes réalistes mais sans pour autant toucher le cœur de notre mission principale qui est de la stabilisation et de l’appui politique, surtout la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la Réconciliation au Mali.»

Au terme de notre entretien, Mahamat Saleh Annadif a tenu à réaffirmer sa détermination à poursuivre sa Mission jusqu’à ce que la Paix revienne au Mali. Il a également tenu à s’adresser directement à celles et ceux qu’il considère comme ses frères et sœurs : les maliens. « Je le dis et le je le répète, la lutte contre le terrorisme est une chose, la stabilisation et paix pour le Mali en est une autre. Jamais la lutte contre le terrorisme ne remplacera la solution politique que les maliens doivent trouver entre eux et qui réside dans la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale auquel je crois, parce qu’il n’y a pas de solution militaire au problème malien. On peut lutter contre le terrorisme mais il ne faudrait surtout pas oublier que le problème au Mali est d’abord un problème politique et qui a sa solution dans la mise en œuvre intégrale, correcte de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. »