Fatimata Walet HOUSSEINI, fabricante de tentes touarègues « un combat de longue haleine »

3 décembre 2022

Fatimata Walet HOUSSEINI, fabricante de tentes touarègues « un combat de longue haleine »

Bientôt septuagénaire, grand-mère de plusieurs petits enfants, Fatimata Walet HOUSSEINI fabrique des tentes touarègues depuis près de quarante ans. « C’est le seul métier que j’ai appris durant toute ma vie. J’ai tout réalisé dans ma vie grâce à ce travail. C’est un travail très dur qui demande du temps pour préparer les cuirs avec lesquelles on fabrique les tentes » explique Fatimata.

Elle aussi a hérité ce savoir de sa famille qui en est détentrice depuis des générations. Intarissable sur le sujet, elle poursuit : « Aujourd’hui, je produis sur commande pour les nouveaux mariés ou les nouveaux hameaux en déménagement ou en réinstallation. Certaines personnes installent une tente dans la cour de leur concession. La tente est idéale pour notre environnement qui connait des conditions climatiques difficiles comme les intempéries, la chaleur etc. C’est un moyen efficace pour protéger toute la famille ».

Long, ce travail nécessite patience et minutie. Elle l’exerce seule pour des résultats qui ne sont pas forcément à la hauteur du sacrifice consenti. « Je peux vendre au maximum entre trois et quatre tentes par an. Ce qui me permet de subvenir à mes besoins. Le prix d’une tente varie entre 300 000 et 400 000 Francs CFA selon la taille que le client désire ». Cependant, pour elle, « le défi est de savoir jusqu’à combien de temps les gens vont continuer à s’intéresser aux tentes que je fabrique ». En effet, cette activité est fortement menacée par l’arrivée sur le marché des tentes modernes en plastique ou en tissu. Son âge, son expérience et sa sagesse confèrent à cette battante une certaine abnégation : « Malgré que mon travail soit difficile, il me passionne chaque jour davantage. Je pense que je continuerais à faire ce travail jusqu’à la fin de ma vie, » affirme-t-elle déterminée.

« Nécessité absolue, » c’est ainsi qu’elle décrit la paix, car ajoute-t-elle, « nous avons trop souffert de cette situation d’incertitude qui ne prédit pas de lendemain meilleur ». Avant de conclure, Fatimata lance un cri du cœur : « Je demande aux autorités, aux mouvements armés et à toutes les parties prenantes de la crise de trouver une solution ».