Gao : Les surveillants de prison des régions du Nord complètent une formation sur la sécurité
M. Barry Bréhema, sous-préfet du cercle de Gao et Représentant du Gouverneur de la région de Gao, a procédé à la clôture, le 15 mai dernier, d’un atelier de formation sur la sécurité dans les centres de détention du nord du Mali. Cette rencontre a été organisée par la MINUSMA en collaboration avec la Direction nationale de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée (DNAPES).
Débutée le 12 mai à l’Ecole des Infirmiers à Gao par une allocution d’ouverture de M. Adama Guindo, directeur régional des services pénitentiaires de Gao, la formation a vu la participation de 35 agents techniques de la surveillance des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée venant de Mopti, Tombouctou et Gao.
Pendant trois jours, les participants ont examiné des questions telles que les défis actuels en matière de sécurité, de la protection des droits des détenus et de la gestion des crises dans les établissements pénitentiaires.
« La prison ne doit pas être une source de déshumanisation de la personne incarcérée » a rappelé M. Barry Bréhema dans son allocution de clôture. « Je ne peux que remercier la MINUSMA et tous les partenaires qui nous accompagnent dans ce processus visant le renforcement des capacités de nos agents techniques sur la sécurité dans nos centres de détention, » a conclu le représentant du gouverneur de la région.
Depuis le retour de l’administration pénitentiaire dans les trois régions du Nord, les prisons connaissent très souvent des incidents sécuritaires, notamment des évasions par effraction ou escalade à la prison de Gao, dont la plus récente a eu lieu au mois d’octobre 2014. Plus de 14 personnes ont tenté de s’évader entraînant la mort par balles d’un des prisonniers.
L’adjudant Ada Ouologuem de la Maison d’arrêt et de correction de Gao s’est réjoui de sa participation : « c’est ma toute première participation à un atelier de formation de ce genre sur la sécurité. J’ai beaucoup appris surtout les règles de sécurisation des établissements pénitentiaires ».
La sécurité d’une prison relève de l’état de l’infrastructure et de la performance du personnel de surveillance. En la matière, la politique pénitentiaire prônée par le Mali s’est traduite par la reconstruction de quelques prisons et l’emploi d’un personnel qualifié. En dépit de ces avancées, l’Administration pénitentiaire du pays ne dispose pas de structure à même d’assurer la formation de ses personnels qui restent confrontés à d’énormes difficultés dans l’accomplissement de leur mission. Ainsi, les règles de sécurité et de surveillance les plus élémentaires sont ignorées, favorisant du coup, une gestion empirique des détentions. Cette situation entraîne le non-respect des normes nationales et internationales en matière de protection des droits des détenus et met en péril la sécurité de l’établissement.
Le capitaine Gabriel Flazan Sidibé, chef de Division à la direction régionale du service pénitentiaire de Tombouctou, s’est aussi réjoui du fait que la formation à laquelle il vient d’assister a mis un accent très particulier sur l’humanisation des prisons. Il admet toutefois que c’est un grand défi qui est devant l'administration pénitentiaire. Le capitaine Sidibé observe avec inquiétude la montée du terrorisme dans les régions du nord. Il a conclu en soulignant que « cette forme de banditisme est un phénomène nouveau pour nous et cela exige des compétences appropriées pour y faire face ».
M. Issa Thione de la section Justice et Correction de la MINUSMA à Gao a exhorté les participants à mettre en pratique ce qu’ils viennent d’apprendre avant de les rassurer « vous pouvez compter sur l’accompagnement de la MINUSMA dans la remise en état du système des services pénitentiaires dans les régions du nord du Mali ».
La formation a porté sur neuf modules divisés en plusieurs parties : l’aperçu général sur la sécurité au Mali et particulièrement dans le nord, la sécurisation des transfèrements de détenus par voie terrestre, la gestion de l’incendie dans un établissement pénitentiaire, l’information et la sensibilisation sur les armes, les mines et les engins explosifs, le maintien d’ordre en milieu carcéral, le plan de protection et de défense des maisons d’arrêt du Mali, ainsi que l’appui du système des Nations Unies à la sécurisation des institutions judiciaires et pénitentiaires, etc.
L’inspecteur Adama Guindo de la direction régionale des services pénitentiaires à Gao ; le capitaine Gabriel Flazan Sidibé de la Maison d’arrêt de Tombouctou ; M. Pathou Gangale du département des Nations Unies de la sûreté et de la sécurité ; le commissaire principal Paulin Gounadon et le capitaine Jean Marcel Faye, tous deux de la Police onusienne à Gao ; et de M. André-Marc Farineau du Service de l'action anti-mines des Nations Unies (UNMAS) ont fait des exposés et partagé leurs expériences avec les participants.
Dans leurs conclusions, les participants recommandent des programmes de formation continus, des moyens en vue d’améliorer les conditions de travail du personnel pénitentiaire et enfin de l’engagement et du professionnalisme dans l’exercice de leurs fonctions en vue de l’amélioration des conditions de détention et du respect des droits des détenus.