Gao : Un concours de contes pour renforcer la cohésion sociale

31 août 2017

Gao : Un concours de contes pour renforcer la cohésion sociale

Lancée le 18 août dernier, la 3ème édition du concours de contes organisée par la radio Naata de Gao et soutenue par le Bureau de l’Information Publique de la MINUSMA, se poursuit jusqu’au 21 septembre (Journée Internationale de la paix). 75 candidats de tous âges issus de la commune urbaine de Gao et des villages environnants vont s’affronter. Un tirage au sort a eu lieu au cours d’une cérémonie symbolique dans le vestibule de la station de radio pour la sélection des candidats.

« Ces contes sont plus anciens que nous les personnes âgées. Ils existaient à des époques où il n’y avait ni Takamba (danse traditionnelle à Gao), ni tamtam, ni autres distractions dans la cité. Ces contes sont pour nous comme un réveil aujourd’hui, parce que la pratique a été abandonnée. Nous nous estimons très heureux qu’une radio de la place puisse donner la parole aux candidats pour revaloriser », confie El Hadj Samba Maiga, vice-président du cadre de concertation des notabilités de Gao.

A partir de 21 heures désormais, la majorité des familles écoutent la 91.7 FM, la radio Naata pour suivre en direct les contes dits par leurs frères et sœurs autour de la cohésion sociale. Pour les générations anciennes, cette initiative de cette radio située à Tibey, le quartier fondateur de Gao, fait revivre les valeurs d’antan, entre imaginaire et métaphore, fortement caractérisée par la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Un devoir de mémoire pour certains et un souvenir d’une douce enfance pour d’autres. « J’ai toujours dormi avant 21 heures jusqu’à ce que ce concours de contes ne commence sur la radio Naata. Je reste éveillée maintenant jusqu’à minuit avec plein de bonheur sous ma moustiquaire. C’est avec ces contes que nous avons été élevés. Durant toute notre enfance, nos parents et grands-parents nous réunissaient pour nous faire vivre ces contes. Nous ne connaissions que ça », explique pour sa part la septuagénaire Haja Habiba Haidara.

Quant aux jeunes générations, les contes contribuent à leur éducation et leur permet d’avoir des références en termes de valeurs culturelles. Ils concernent des faits, des histoires vécues ou imaginaires qui permettent de sensibiliser essentiellement sur les notions de paix, de tolérance et de cohésion.  « J’ai écouté un conte qui parlait de la tolérance entre deux personnes. Cette narration m’a profondément sensibilisé sur l’importance de la tolérance dans notre société. C’est une valeur nécessaire  pour nous les jeunes d’aujourd’hui et il faut vraiment de telles initiatives pour nous réconcilier avec nos anciennes valeurs », témoigne Yaya Ibrahim Tandina, enseignant à Gao.

En famille ou entre amis, les Gaoviens se délectent des histoires racontées par les compétiteurs. Chaque soir, à l’heure de l’émission, Nana Mahamane Touré, se fait entourée des membres de l’Association Adaoula qu’elle préside pour une écoute collective. « Cette initiative de la MINUSMA et de la radio Naata a fait de telle sorte que nous nous retrouvons entre amis de même âge pour écouter ces contes qui avaient disparu de nos habitudes», se réjouit Madame Nana Mahamane Touré. 

A l’issue du concours, 10 candidats seront primés suite aux votes des auditeurs et recevront des prix d’encouragement offerts par le Bureau de l’Information Publique de la MINUSMA et la radio Naata. Les autorités locales, aux côtés des organisateurs, remettront les récompenses le 22 septembre à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Mali et le lendemain de la célébration de la Journée Internationale de la paix.  

« Nous sommes une radio culturelle qui valorise nos us et coutumes dans la cité des Askia. Nous profitons aussi de ce canal pour jouer notre partition dans le renforcement de la cohésion sociale puisque notre région en a fortement besoin. Chaque fils et fille de la région devrait donc s’impliquer pour que nous puissions contribuer à la paix et à l’entente entre les différentes communautés», explique Ousmane Abdoulaye Touré, Directeur de la radio Naata. « La culture est notre bien commun dont nous sommes fiers et c’est ce qui explique notre engagement », conclut-il.

En attendant la finale, les auditeurs se laissent bercer par la voix des participants à ce concours de contes portant les promesses de liens resserrés entre les générations à Gao.