Halima MBARA, Boulangère à Tombouctou. « Joindre les deux bouts au prix d’un combat quotidien » 

5 décembre 2022

Halima MBARA, Boulangère à Tombouctou. « Joindre les deux bouts au prix d’un combat quotidien » 

À Tombouctou, le pain traditionnel ou « Takoula » est une institution. Halima MBARA est l’une des boulangères qui produit ce mets si prisé des habitants du quartier de Sarakeyna où elle habite. « J’ai hérité ce travail de ma mère. Nous l’exerçons de mère en fille depuis plus de trois générations. Pour la préparation, j’utilise de la farine, de la levure, du sel, de l'eau chaude pour le pétrissage que je fais à la main, » explique Halima pendant qu’elle s’occupe d’une fournée de pains.« Après le mélange, poursuit-elle, je l’étale sur une couverture. Puis, je fais cuire les pains au four traditionnel ». Un savoir-faire maitrisé par cette artisane nécessite un sacrifice quotidien : « Ici la livraison se fait à partir de 7h du matin et ensuite à 18h.

Mais il faut commencer la fabrication trois heures plus tôt ». Ainsi, Halima se lève tous les jours à 4h du matin pour les fournées du matin et reprend à 14h pour celles du soir. Un rythme soutenu qui peut s’intensifier selon les circonstances. « J’augmente ma production en fonction des évènements comme lors des mariages ou autres cérémonies. Je peux parfois produire trois fournées dans la journée. Pendant le mois de Ramadan où je suis seule, je dépasse les deux fournées par soir » dit-elle. Halima tire tout de même satisfaction de ce travail de forçat qui selon elle, lui permet « de joindre les deux bouts ». Le pain lui permet de nourrir, vêtir et donner de l’argent de poche à ses enfants. Vendu à 75 Francs CFA l’unité, le « Takoula » est plus qu’un aliment, il fait partie de l’identité de la ville de Tombouctou.

Pour Halima, « c’est un trésor qu’il faut préserver » d’autant plus que « ce travail est mon activité principale. C’est tout ce que je sais faire ». Consciente qu’elle n’est pas seule à faire des sacrifices, elle tient à ajouter qu’elle « respecte le courage de mes sœurs qui se battent au quotidien pour maintenir l’équilibre dans leurs foyers. La paix, conclut-elle, est un bien si précieux, que nous devons tous concourir à sa préservation ».