Journée Internationale des Casques bleus, 29 mai 2018 - Discours du Secrétaire Général des Nations Unies

30 mai 2018

Journée Internationale des Casques bleus, 29 mai 2018 - Discours du Secrétaire Général des Nations Unies

Monsieur le Premier Ministre,

Distinguées autorités du Mali ;

Distingués représentants des pays amis du Mali et des organisations internationales,

Chers collègues casques bleus, chers collègues de l’Equipe pays et de la Mission,

Chers amis, Mesdames et Messieurs,

Cette visite est une visite de solidarité. Je dirais même de double solidarité.

Premièrement de solidarité avec le peuple malien, qui correspond avec la visite que je fais au mois de Ramadan à un pays musulman ; visite pendant laquelle je fais le jeûne pour exprimer mon hommage non seulement au peuple malien mais à la oummat islamique partout dans le monde.

Cette visite de solidarité a un aspect tout particulier aujourd’hui au Mali parce que c’est la journée mondiale du maintien de la paix, la journée mondiale des casques bleus.

Et chers casques bleus, je tiens à vous dire que je suis fier d’être votre collègue. J’ai une énorme admiration pour le travail que vous développez ici au Mali comme partout dans le monde. Un travail qui est devenu de plus en plus difficile.

Aujourd’hui, au Mali, en Centrafrique, en République Démocratique du Congo et au Soudan du Sud, nous avons quatre opérations de maintien de la paix qui ne correspondent plus à ce qui était conçu comme maintien de la paix quand les Nations Unies ont commencé à développer ces opérations.

Ces opérations ont été conçues dans une logique où il y aurait un accord de paix stable entre les différents anciens combattants d’un pays ou d’un groupe de pays, et le rôle des casques bleus serait seulement d’assurer la consolidation de la paix, la stabilisation du pays, et de faciliter la transition vers la démocratie.

Aujourd’hui, dans ces quatre pays, notamment ici au Mali, vous travaillez dans un cadre où la paix n’est pas assurée. Vous travaillez dans un cadre où il y a des groupes terroristes qui ne respectent rien et personne. Vous travaillez dans un cadre où il y a du trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes….

Et toutes ces choses sont inter-liées, toutes ces choses créent un environnement extrêmement dangereux, non seulement pour les populations civiles mais aussi pour vous-mêmes.

Et vous, chers casques bleus, vous avez démontré que vous êtes capables de tous les sacrifices - même, pour beaucoup de vos collègues, du sacrifice suprême de la vie, au service de la protection des civils maliens.

Je tiens à vous remercier profondément de cet effort, de ces sacrifices, et à vous rendre hommage, et à dire combien je suis fier de travailler avec vous pour la paix, pour le développement et les droits de l’homme dans le monde entier, sachant que vous êtes, en tant que casques bleus, le symbole le plus évident des Nations Unies elles-mêmes.

Nous sommes conscients qu’il nous faut travailler pour changer cet état des choses. Nous sommes en train de développer, comme on l’a déjà évoqué, l’action pour le maintien de la paix, pour améliorer nos procédures intérieures, pour mieux appuyer les casques bleus dans tous les domaines – l’entraînement, l’équipement, les capacités opérationnelles pour mobiliser le Conseil de sécurité, les Etats qui contribuent avec des troupes, les Etats qui contribuent avec des équipements ou avec des aides financières – pour garantir une effective solidarité internationale pour faire du maintien de la paix quelque chose qui assure mieux la sécurité des casques bleus mais surtout la sécurité des populations que vous protégez.

Que vous protégez dans le respect intégral des droits humains, que vous protégez en particulier avec une attention vis-à-vis des femmes et des enfants, qu’il faut soigner particulièrement et dont les droits doivent être garantis dans toutes les circonstances.

Je tiens aussi à vous dire que nous travaillons pour garantir une effective solidarité internationale à la force du G5-Sahel.

Je rends hommage aux cinq pays du Sahel qui ont su assumer eux-mêmes le leadership face aux défis énormes auxquels ils font face.

Mais il faut que la communauté internationale comprenne qu’elle doit assurer aux pays du G5-Sahel un appui, mais un appui qui soit prévisible, un appui qui soit garanti, un appui qui puisse permettre la stabilité de la construction de la force du G5-Sahel et l’efficacité de son travail pour la protection de la paix dans cette région.

Et en même temps, je fais appel à la communauté internationale pour appuyer le Mali et les pays de la région dans le volet du développement.

Il n’y a pas de paix sans développement, il n’y a pas de développement sans paix, et pour garantir la sécurité et la paix, il faut que le développement tienne place et il faut que les gens puissent avoir un dividende de la paix et puissent [s’engager] – la population tout entière – dans un travail de maintien de la paix.

Monsieur le Premier Ministre,

J’ai bien conscience des défis auxquels vous faites face avec votre Gouvernement et toutes les autorités maliennes, la nécessité d’une concrétisation de l’Accord de paix et de réconciliation dans tous les domaines, l’organisation d’élections qui soient un facteur de transparence et de légitimité extrêmement important pour le lien entre le peuple et les autorités, et votre démarche pour la sécurisation du centre du pays – facteur essentiel pour l’unité du Mali.

Je tiens à vous dire que nous savons que c’est aux Maliens d’assumer la direction de la solution aux problèmes du Mali. Mais nous, en tant que Nations Unies, nous serons à vos côtés, sans conditions, pour vous appuyer, sachant que le succès des autorités et du peuple maliens est un succès extrêmement important non seulement pour vous-mêmes, mais pour toute la région et pour le monde.

La paix au Mali est un facteur de sécurité à l’échelle globale. Il faut que le monde le comprenne, et il faut que le monde vous appuie sans conditions.

Chers amis, chers collègues,

Je vous [souhaite] une joyeuse journée du maintien de la paix, et je vous [souhaite], chers casques bleus, le plus grand succès dans votre noble mission en assurant au peuple malien la protection dont il a besoin, et en travaillent ensemble - j’espère avec les forces du G5-Sahel brièvement, mais aussi avec les forces Barkhane et autres -, pour garantir que le Mali puisse trouver enfin la paix, la prospérité et un véritable futur qui puisse donner aux Maliens ce dont ils ont besoin et ce qu’ils méritent.

Merci infiniment.