Journée Internationale Nelson Mandela pour les droits des détenus : agir pour le changement en milieu carcéral

11 décembre 2020

Journée Internationale Nelson Mandela pour les droits des détenus : agir pour le changement en milieu carcéral

En ce mois de décembre, la MINUSMA en collaboration avec le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, ainsi que le projet Global Focal Point for Police, Justice and Corrections (GFP, Point focal global pour la police, la justice et les services correctionnels), célèbre la journée Mandela au Mali. Cette journée internationale a pour objet de promouvoir des conditions de détention humaines, de sensibiliser l’opinion sur le fait que les personnes détenues continuent de faire partie de la société et de reconnaitre l’importance particulière du travail social accompli par le personnel pénitentiaire. Prévue tous les 18 juillet, l’édition 2020 a été reportée en raison de la pandémie de Covid-19.

Etendre l’héritage de Mandela au respect des droits des personnes détenues

Le 18 juillet est la date anniversaire de la naissance de Nelson Mandela. En 2009, l’UNESCO a fait de cette date, la journée internationale Nelson Mandela afin de consacrer les 67 années de militantisme de ce leader sud-africain de la lutte anti-apartheid qui, en 1994, deviendra Président de l’Afrique du Sud après avoir passé 27 ans de sa vie en prison. Pendant et après son mandat présidentiel, Mandela poursuivra son combat mondial en faveur des droits de l’homme, de l’égalité, de la démocratie et de la promotion d’une culture de paix.

En décembre 2015, l'Assemblée générale de l’ONU décide d'étendre la portée de la Journée internationale Nelson Mandela, afin de promouvoir des conditions de détention humaines. Il s’est agi de sensibiliser l’opinion au fait que les détenus continuent de faire partie de la société, ainsi qu'à reconnaître l’importance particulière du travail social accompli par le personnel pénitentiaire. À travers la résolution A/RES/70/175, l'Assemblée générale a non seulement adopté l'ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus sous sa forme révisée mais a également approuvé sa dénomination "Règles Nelson Mandela" pour rendre hommage à l’œuvre accomplie par l’ancien Président sud-africain (source : un.org).

Décalée, la célébration n’en n’aura pas été moins forte

En raison de la crise sanitaire liée à la COVID-19, la célébration de la Journée Internationale Nelson Mandela pour les droits des détenus qui se tient tous les 18 juillet de chaque année, a été reportée au mois de décembre, dans les bureaux régionaux de la MINUSMA ainsi qu’à Bamako. Avec pour thème : « agir pour le changement en milieu carcéral », elle a pris différentes formes de Bamako à Gao en passant par Tombouctou et Mopti. Partout, les Directions régionales de l’Administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée (DRAPES), les acteurs de la chaîne pénale, les autorités administratives locales, les élus, la société civile, les détenus se sont unis avec l’appui technique et logistique de la MINUSMA, à travers ses équipes régionales de la Section des affaires judiciaires et pénitentiaires (SAJP), pour rappeler l’importance des "Règles Nelson Mandela".

Le 2 décembre à Tombouctou, le thème de cette année a été débattu au cours d’une conférence. Les exposants de la SAJP et la DRAPES y ont présenté plusieurs thématiques, notamment l’historique de la célébration, les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits de la personne détenue, le rôle de la prison et des acteurs de la société civile en matière de réinsertion sociale des détenus. L’assistance a suivi les débats et y a activement participé. « Nous remercions la MINUSMA pour nous avoir permis de nous édifier sur certaines règles et lois concernant les détenus que nous ignorions avant, de comprendre les enjeux de la réinsertion sociale de ces détenus » a déclaré Aminata MOHAMED, participante. Le lendemain, à la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) a eu lieu une séance de sensibilisation sur la politique pénitentiaire en particulier le respect et la promotion des droits de l’homme en milieu carcéral et la mise en œuvre des activités de préparation à la réinsertion socioprofessionnelle des détenus.

La réinsertion des détenus est un enjeu majeur. À Gao, comme dans le reste du pays, la MINUSMA œuvre dans ce sens. À la Maison d’arrêt et de correction de la cité des Askia, « les conditions d'incarcération sont maintenant bien meilleures, les détenus passent davantage de temps hors de leur cellules, des activités de réinsertion socioprofessionnelle comme la menuiserie, la couture, etc. leur sont proposées grâce à l’appui de la MINUSMA, dans le cadre de l’exécution de son mandat d’assistance et d’accompagnement des autorités maliennes dans leurs efforts de restauration de l’Etat de droit dans le Nord du Mali » a expliqué Jacqueline Feinting CONGE, de la SAJP/Gao. De meilleures conditions de détention que constate également les détenus. Ainsi, Abderrahmane T. 37 ans, ancien membre d’un groupe armé et incarcéré depuis juillet 2019, confirme : « j’ai appris la menuiserie durant ma détention », raconte-t-il, avant d’ajouter qu’il suit également des programmes de rééducation comprenant un soutien psychosocial. Abderrahmane bénéficie également d’une formation dispensée par le centre de formation orientée vers la réintégration professionnelle. Un cursus financé par la contribution néerlandaise au Fonds fiduciaire des Nations Unies pour la paix et la sécurité au Mali à hauteur de 21 millions de FCFA.

Des "Règles Nelson Mandela"…

Lors de la célébration à Gao, Lamissa BERTHE, le Directeur de la Maison d’arrêt et de correction de Gao a rappelé les fondements de ces règles dites Nelson Mandela. « Les Règles Nelson Mandela sont fondées sur l’obligation de traiter tous les détenus avec le respect dû à la dignité et à la valeur inhérente à la personne humaine et d’interdire la torture ainsi que d’autres traitements cruels », a-t-il déclaré. Selon lui, ces règles « fournissent des directives détaillées concernant de nombreuses questions, comme les mesures disciplinaires ou les services médicaux. Par exemple, elles interdisent la réduction d’eau ou de nourriture ainsi que l’utilisation d’instruments de contrainte qui sont intrinsèquement dégradants ou douloureux comme les chaînes ou les fers […] ».

 

À Mopti, ces règles étaient elles aussi au centre des interventions, lors de la célébration de la Journée. Le Régisseur de la MAC, le DRAPES, les représentants du Maire et du Gouverneur et le Chef d’équipe de la SAJP qui représentait la chef de bureau de la MINUSMA se sont exprimés. Tous ont mis l’accents sur la nécessité d’une synergie entre les différents partenaires techniques et financiers de l’administration pénitentiaire et les organisations de la société civile, pour un traitement plus humain des personnes détenues conformément à l’esprit et à la philosophie de l’ensemble des règles minima pour le traitement des détenus ou règles Nelson Mandela.

Mandela Day sur fond de lutte contre la propagation de la COVID-19 et de la gale

Les 7 et 8 décembre dernier, à Bamako, une séance de nettoyage et de désinfection a été organisée. Elle concernait les trois établissements pénitentiaires de la ville : la Maison Centrale d’Arrêt et les deux centres spécialisés de détention et de rééducation (CSDR) de Bollé pour femmes et pour mineurs. Elle avait pour but d’assainir les lieux pour lutter contre la gale et prévenir la propagation du coronavirus, qui connait actuellement une augmentation inquiétante à Bamako.

Toutes ces célébrations ont pris en compte la prévention et la lutte contre la Covid-19. Des kits de lavage des mains, des lots de gels, des masques et divers matériels ont été remis aux détenus et au personnel des différents établissements pénitentiaires. Une initiative prise par la MINUSMA et le système des Nations Unies au Mali depuis le début de la pandémie, afin d’accompagner la mise en œuvre du Plan national de réponse contre le Covid-19 et les initiatives indépendantes. Un appui qui, en août 2020 s’élevait déjà à plus de 13 milliards de Francs CFA. Pour exemple, en novembre dernier, la Mission des Nations Unies a poursuivi son soutien aux instances judiciaires en mettant un lot de matériels pour prévenir la propagation de Covid-19 à la disposition des autorités judiciaires des cercles d’Ansongo, Bourem et Ménaka. Ceci n’aurait pas été possible sans les contributions supplémentaires de plusieurs pays au Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali.

Dans le strict respect des mesures barrières, dans chaque établissement pénitentiaire, un repas communautaire a mis fin aux célébrations. Un geste symbolique qui vise à matérialiser le fait que les détenus continuent de faire partie de la société.