L’Appui aux différents processus électoraux au Mali : un volet du mandat de la MINUSMA
De la résolution 2100 (2013), créant la MINUSMA et lui donnant mandat de soutenir le peuple malien vers la paix et la stabilisation, à la résolution 2423 (2018) le renouvelant, l’appui aux processus électoraux est une constante. Une exigence que respecte la Mission Onusienne au Mali, à travers le travail de sa Division des Affaires Electorales et de ses partenaires (Agences, Fonds et Programmes) de l’équipe pays du système de l’ONU.
Travaillant en équipe intégrée avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Division des Affaires Electorales (DAE) de la MINUSMA, doit appuyer le gouvernement dans l’organisation des différents scrutins. Ceci, à travers un soutien, logistique, technique et sécuritaire mais aussi, au niveau de la sensibilisation et de la communication des acteurs du processus.
En ce qui concerne la logistique, aux abords des opérations de vote, l’appui de la MINUSMA se matérialise essentiellement par le transport du matériel électoral. Les cartes d’électeurs mais aussi les bulletins de vote, qui constituent le matériel dit "sensible", sont acheminés dans les chefs-lieux des régions du Nord du Mali par les avions de la MINUSMA, sur demande du Gouvernement. De même, la Mission de l’ONU transporte dans ces mêmes régions, toutes les candidates et tous les candidats à l’élection présidentielle, désireux de s’y rendre. Enfin, entre les différentes mandatures, la DAE aide l’Etat à conserver et entreposer le matériel électoral réutilisable comme les urnes ou encore les isoloirs, lorsqu’il n’est pas utilisé.
Au plan de la communication et de la sensibilisation, la DAE de la Mission onusienne a, entre autres actions, accompagné le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATD) dans l’élaboration d’un plan de communication. De plus, un centre d’information a été mis en place dans un des hôtels du centre-ville de Bamako. Selon Martin Nadon, le Directeur de la DAE de la MINUSMA, il s’agit d’un endroit, « où il y aura des représentants du MATD, de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) et de la DGE (Délégation Générale aux Elections) pour informer la population et les acteurs électoraux (observateurs, partis politiques) sur le processus électoral ». A cela s’ajoute l’impression de matériel de sensibilisation et de formation tels que les guides à l’endroit des électeurs et des agents électoraux.
Outre la logistique, il y a la formation
Avec près de 100 000 agents électoraux formés, notamment par le PNUD, les Nations Unies vont au-delà de l’appui logistique et de la sensibilisation. Un appui technique constant est apporté aux processus électoraux. De la formation des agents de la Cour constitutionnelle, à celle des agents électoraux en passant par les conseillers juridiques des candidats, ces formations et ateliers de renforcement de capacités, sont nombreux et se sont déroulés pour beaucoup, hors période électorale. À titre d’exemple, « il y a eu des ateliers régionaux dans neuf Régions du pays au cours desquels, les organes de gestion (le MATD, la DGE et la CENI) vont répondre aux questions de la Société civile régionale des médias et partis régionaux, sur les élections, la distribution des cartes d’électeurs, la nouvelle loi électorale sur la sécurité des élections ». C’est ce qu’a expliqué M. Nadon, avant de rappeler la formation des Conseillers juridiques des candidats, sur la rédaction des requêtes à adresser à la Cour Constitutionnelle en cas de recours.
Il s’agit donc pour la DAE et l’équipe électorale intégrée, d’aider les Maliens à réussir LEURS élections de 2018. Le Directeur de la DAE de la MINUSMA le rappelle ainsi : « ce n’est pas la MINUSMA qui organise les élections, ce n’est pas la MINUSMA qui sécurise les élections. Les élections sont organisées et sécurisées par les Autorités nationales du Mali. C’est une activité de souveraineté. Nous, nous sommes là à leur demande, pour les appuyer ».
Une équipe pour couvrir tous les aspects
Le Projet d’Appui au Cycle Electoral PACE, est une composante du PNUD. Elle aussi a pour objet, comme son nom l’indique, d’accompagner les Maliens dans l’organisation de leurs élections. Pour éviter le morcellement des forces et donc garantir une certaine efficacité, ce projet et la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA font front commun au sein de l’Equipe Electorale Intégrée des Nations Unies. « C’est en décembre 2016 que le Gouvernement malien a demandé l’assistance électorale des Nations Unies. Dans cette assistance, il y a la composante politique et logistique qui est la MINUSMA et de l’autre côté, le projet de développement qui est le PACE (…) Nous devons agir en synergie, mobiliser les efforts tant financiers qu’humains… » a déclaré le Conseiller principal du projet PACE, Marc Amougou.
L’action du PACE se décline en quatre composantes. Il y a d’abord "l’appui opérationnel" qui est un soutien matériel et institutionnel aux organes chargés des élections (MATD, CENI, DGE). Le deuxième volet est relatif à l’appui à la sensibilisation, la communication et l’éducation civique électorale, non seulement en direction de la Société civile mais également de tous les acteurs, afin que « tout le monde soit au même niveau d’information, » précise Le Conseiller principal du PACE, avant d’énoncer le troisième champ d’action qui est la Médiation et la prévention des conflits postélectoraux. En collaboration avec une ONG et à l’aide de formation, le PACE prévient les conflits pré et postélectoraux. La dernière composante, et non des moindres, est la mobilisation des femmes et des jeunes en ce qui concerne les élections. Ceci afin que « les jeunes mais aussi les femmes soient électrices mais aussi agents électoraux ou candidates, » a déclaré M. Amougou avant de conclure en réaffirmant que « les jeunes et les femmes doivent avoir leur part dans le débat politique et donc le processus électoral ».
Pour atteindre ses objectifs, le PACE travaille en étroite collaboration avec 15 grandes Organisations de la Société civile (OSC) malienne. Celles-ci relaient les messages et les programmes sur toute l’étendue du territoire en direction de toutes les communautés.
Illustration de leur implication : la campagne de retrait des Cartes d’électeurs…
Les Maliens au rendez-vous
« En novembre 2017, nous avons commencé à collaborer avec la MINSUMA. De cette date à maintenant, nous avons parcouru tout le Mali par rapport à cette collaboration ». A travers ces mots, Bissiri Coulibaly, le Président de l’Association malienne pour le Relèvement du Taux de Participation aux Elections (AMRTPE), confirme le rôle central de la Société civile dans l’appui à l’organisation d’élections crédibles et la place qu’il leur est conféré dans le dispositif onusien mis en place pour ce faire. L’association de M. Coulibaly a effectivement eu la charge, avec l’appui des Nations Unies, de la mise en place du projet de formation des Médiateurs électoraux et de la mitigation des violences liées aux élections. Un projet qui a permis de former 1492 médiateurs à travers tout le pays. Leur rôle sera d’apaiser la situation en cas de litige électoral en faisant une médiation entre les parties. L’AMRTPE a également identifié et formé 530 acteurs de la Société civile afin de les former à la mitigation des conflits électoraux. Selon M. Coulibaly, « ce n’est pas le jour de la chasse que l’on apprend à son chien à chasser !» Faisant référence aux crises postélectorales ivoiriennes et kenyanes, qui ont respectivement fait 3000 et 6000 morts, le Président de l’AMRTPE réaffirme sa détermination : « c’est pour cela qu’au Mali nous sommes en train de prévenir ces violences qui pourraient être liées à ces élections. C’est notre rôle, c’est notre mission, c’est notre conviction ferme » ! Tout en remerciant la MINUSMA et ses partenaires pour l’appui, Bissiri Coulibaly annonce d’ores et déjà de nouvelles actions, notamment en direction des jeunes mais aussi des responsables locaux, afin de les former et les aider à mieux assumer leurs rôles respectifs dans les processus électoraux. « Si chacun des acteurs joue son rôle, nous allons organiser de très belles élections au sortir de 2018, » c’est par ce souhait que M. Coulibaly clôt son propos.
Voir aussi :