L’Etat malien et la MINUSMA rendent hommage aux Casques bleus tchadiens tombés au combat à Aguelhok, le 20 janvier 2019

28 janvier 2019

L’Etat malien et la MINUSMA rendent hommage aux Casques bleus tchadiens tombés au combat à Aguelhok, le 20 janvier 2019

Ce 27 janvier s’est tenue, à la Base Opérationnelle de la MINUSMA à Bamako, la cérémonie d’hommage aux 10 Casques bleus de la MINUSMA, tombés lors des combats de l’attaque du camp de la Mission onusienne à Aguelhok le 20 janvier. C’était en présence du Président de la République du Mali, SEM Ibrahim B. Keita, du Premier Ministre, Soumeylou Boubeye Maiga et de Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSMA ainsi que de nombreuses personnalités. Outre l’hommage appuyé aux défunts, la détermination de la MINUSMA à poursuivre l’exécution de son mandat aura été réaffirmée avec force.

« Hommage au Tchad est dû, l’engagement du Tchad, dont le président Deby s’est fait un devoir parmi les tous premiers, est constant », a rappelé le Président de la République du Mali, SEM Ibrahim Boubacar Keita, dont la présence à cette cérémonie est le symbole de la reconnaissance, par le Mali, du sacrifice ultime de ces 10 soldats pour la paix. Pour lui, l’engagement des Casques bleus de l’ONU doit être reconnu et salué : « Ce combat que vous menez au nom de l’humanité nous vaut de perdre de jeunes vies fauchées dans la fleur de l’âge, où ils devaient servir la cause de la paix », a-t-il déclaré. Ces mots du Président Keita, font écho à ceux du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, Chef de la MINUSMA, et avant lui, à l’hommage rendu aux défunts par le Commandant de la Force des Casques bleus au Mali.

Le Commandant de la Force de l’ONU au Mali, le Général de corps d’armée Dennis Gyllensporre, dans son allocution évoque une attaque complexe. « C’était une attaque coordonnée, lancée en plusieurs endroits avec des tirs directs et indirects », a expliqué l’officier supérieur avant de rappeler la bravoure des soldats tchadiens : « Pendant que l’ennemi essayait de pénétrer le camp, nos collègues tchadiens ont maintenu leurs positions. Ils sont restés résolus en apportant une riposte rapide et mortelle à leurs assaillants ».

« C’était une vraie bataille, qui a été minutieusement préparée par des assaillants qui sont venus avec l’idée, tout au moins, d’occuper du terrain. Leur nombre, le type de matériel, le lieu et le moment choisi, à savoir 10 jours exactement après le déploiement, le prouve. Non seulement ces jeunes Casques bleus leur ont fait connaître une défaite, mais ils n’ont pas pu atteindre leur objectif. Bien au contraire, ils ont été défaits, en laissant derrière eux plusieurs morts, sans compter les blessés et les cadavres qu’ils ont pu emporter avec eux », a soutenu M. Annadif, rappelant la violence des combats décrits plus tôt, par le Commandant de la Force de la MINUSMA. Sur cette même lancée, le Chef de la MINUSMA soulignera également la préparation mentale et psychologique des Casques bleus tchadiens : « C’est pleinement conscient, du respect des règles d’engagement onusienne et du respect du principe sacré des droits de l’homme que ces Casques bleus d’Aguelhok ont accompli leur mission, dans une zone peuplée, sans causer aucune perte civile. J’ose croire que cette performance contribuera à éloigner l’image du Casque bleu passif, toujours sur la défensive ». Poursuivant l’exposé des conclusions qu’il tire de l’attaque d’Aguelhok, M. Annadif met en garde : « Parmi ceux qui nous combattent, ceux qui commettent ces forfaitures, il y aussi des gens qui sont parmi nous, qui observent nos faits et gestes. Il est temps d’interroger notre capacité d’anticipation. Il est également temps de revisiter notre collaboration et coopération avec les mouvements signataires de l’Accord qui sont pourtant présents dans ces régions du Nord ».

Emotion mais aussi respect et admiration… 

Le Président de la République du Mali, le Premier ministre, plusieurs membres du gouvernement, du corps diplomatique et des Forces de Barkhane, du G5 Sahel ainsi que des représentants d’EUTM et de nombreux journalistes était présents, ce dimanche 27 janvier au matin à la Base Opérationnelle de la MINUSMA à Bamako. Sur la place du monument aux morts, règne le silence assourdissant des jours d’adieu. Brisé par l’introduction du Maître de cérémonie, ce silence finit par laisser place à l’égrainage des noms des illustres disparus : Lieutenant Mahamat Hery Ali Koura, Lieutenant Tidjane Abdoulaye Siboro, Adjudant Youssouf Ahmat Mougadam, soldat Yohouna Delsia Dackmaissou, soldat Ahmat Djibrine Ali, sergent Djouma Hamid Oumar, soldat Abdramane Hellou Abdallah, soldat Hassaballah Souleymane Ousmane, soldat Hamdane Bahr Ahmat, et soldat Hassane Hamid Mahamat. La venue des corps, portés par leurs frères d’arme, les décorations des soldats à titre posthume, les différentes allocutions, viendront régulièrement interrompre ce silence, jusqu’à en venir définitivement à bout. 

C’est le lieutenant Felix Ngatamsou qui prononce l’oraison funèbre de ces soldats. Quelques mots reviennent sans cesse pour qualifier ces Casques bleus et le comportement qu’ils ont eu, ce dimanche 20 janvier à Aguelhok, face aux ennemis de la paix. Héroïques, courageux, braves, respectueux, auront été les plus usités, car c’est ce qui nous restera de ces jeunes hommes et de leurs faits d’arme. Âgés de 20 à 36 ans, venus de leur Tchad natal pour contribuer à maintenir la paix sous le drapeau de l’ONU, certains d’entre eux étaient des pères de familles, d’autres accomplissaient leur première mission à l’étranger, mais tous connaissaient les risques et étaient prêts à les assumer, rappellera le Lieutenant Ngatamsou.  

 

Après avoir égrainé, à nouveau, les noms des soldats défunts, ému et fier, le Général Gyllensporre soulignera ce que leur sacrifice représente : « Ces Casques bleus ont fait preuve d’un courage exceptionnel et ils resteront éternellement des héros et des exemples pour nous tous. Des exemples de l’intégrité et de la détermination que nos collègues tchadiens nous montrent chaque jour dans les régions où ils sont déployés au service de la paix au Mali. Nous leur rendrons hommage en suivant leurs traces et imitant leur bravoure. Je leur témoigne toute mon estime et tout mon respect », a affirmé le Général qui conclura son discours ainsi : « En ce jour de deuil, mon regard se porte sur le monument aux morts. Il y a plus de noms tchadiens inscrits dessus. Je tiens à exprimer mon respect pour l’engagement du contingent tchadien de la MINUSMA à la paix ».

Avant de clore définitivement son propos, le Chef de la MINUSMA, M. Annadif a tenu à « saluer la mobilisation de l’ensemble des composantes de la MINUSMA ainsi que celle de nos partenaires de Barkhane, particulièrement au niveau des évacuations médicales et des chaines de ravitaillement, ce qui a sûrement sauvé des vies, sans oublier le niveau de préparation du contingent lui-même ».

La sonnerie aux morts, les condoléances et la levée des corps mettront fin à la cérémonie. Une délégation de la MINUSMA, dirigée par le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et accompagné d’officiels du gouvernement malien, s’est aussitôt envolée pour Ndjaména au Tchad, afin de conduire les dépouilles vers leurs dernières demeures.