La Réforme du Secteur de la Sécurité : la société civile au cœur du processus.

3 avril 2015

La Réforme du Secteur de la Sécurité : la société civile au cœur du processus.

L’objectif fondamental de la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) est de faire en sorte que les gens se sentent plus en sécurité. La RSS consiste à renforcer les structures, les lois et les règlements permettant d’avoir des institutions de sécurité efficaces, redevables devant la population et soumises au contrôle démocratique dans le cadre de l’Etat de droit et le respect des droits humains. C’est la raison pour laquelle, son processus doit, non seulement être partagé par le plus grand nombre mais également être soumis au contrôle de la société civile.

 

Mardi 31 mars s’est ouvert à l’Ecole de Maintien de la Paix (EMP) Alioune B. Mbeye, et en présence du Ministre malien de la Sécurité et de la Protection Civile ainsi que l’Ambassadrice du Royaume du Danemark au Mali, un atelier sur le thème : « Contrôle démocratique de la Réforme du Secteur de la Sécurité : atelier d’information et de sensibilisation sur la Réforme du Secteur de la Sécurité au Mali, en vue d’une appropriation nationale ». Etaient conviés à prendre part à ces échanges des 31 mars et 1er avril, des acteurs et experts du Secteur de la Sécurité, des responsables d’Organisations de la Société Civile (OSC), et de la presse.

 

Co-organisé par l’ONG National Democratic Institute (NDI) et la Section RSS de la MINUSMA, cet atelier s’inscrit dans le cadre d’un programme sous régional initié par le NDI, avec l’appui du Ministère des Affaires Etrangères du Royaume du Danemark et la Norvège. « Ce programme qui couvre le Burkina Faso, le Niger et le Mali, vise à contribuer à la stabilisation du Sahel et à la promotion de la paix, à travers un contrôle démocratique, effectif et responsable du secteur de la sécurité dans ces trois pays » a déclaré le Directeur Résident d’NDI, le Docteur Badié Hima, lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier. L’ambition de ce programme est de renforcer et de professionnaliser les acteurs nationaux des trois pays dans la prise en charge et la gestion des questions sécuritaires, suivant les normes professionnelles et démocratiques, pour assurer la sécurité des populations qui sont les ultimes bénéficiaires de ce programme. Dans chacun de ces trois pays, le programme s’appuie sur trois partenaires principaux que sont : les Ministères en charge de la Sécurité, l’Assemblée Nationale et la Société Civile. « Ce sont là les trois maillons selon nous, essentiels et vitaux, d’une gouvernance démocratique du secteur de la sécurité. Sur le plan sécuritaire et avec en toile de fond, l’adoption de la loi de programmation militaire, par l’Assemblée Nationale du Mali le 20 février 2015, la question de la gouvernance du secteur reste un véritable sujet de préoccupation dans le pays » a ajouté le M. Hima. 

 

Le but de l’atelier est donc clair et au-delà capital : permettre à la Société Civile d’exercer un contrôle sur la Réforme du Secteur de la Sécurité en lui donnant les outils nécessaires. Partenaire de cette activité la Section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement Démobilisation et Réinsertion (RSS/DDR) de la MINUSMA, apporte un soutien stratégique et technique de poids avec entre autre, la mise à disposition d’experts, ou encore le développement des termes de références et l’élaboration de l’agenda de l’atelier. Obtenir un appareil sécuritaire efficace et républicain est d’une telle importance que l’inclusion de la Société Civile dans le contrôle de la Réforme du Secteur de la Sécurité est d’une évidente nécessité. « Notre mandat nous confère la responsabilité et le rôle d’appuyer les acteurs nationaux, mais aussi de travailler avec les acteurs internationaux du domaine comme les ONG telles qu’NDI. Cet atelier est le deuxième du genre, le premier a été tenu avec les députés de l’Assemblée Nationale du Mali, afin de mieux les informer sur le rôle qu’ils ont à jouer dans la RSS. Non seulement sur les aspects liés aux lois, mais également au contrôle de l’exécutif qu’ils doivent exercer, à travers notamment, le vote et le contrôle des budgets, car c’est par eux que tout doit passer », a expliqué M. Eric Blaise, Officier de RSS/DDR à la MINUSMA.   

 

Informer et former pour suivre et évaluer

Des exposés d’experts suivis de travaux de groupes, telle fut, durant ces deux jours, la méthode choisie par les organisateurs pour informer et former les participants au concept de Réforme du Secteur de la Sécurité. Ainsi, des experts des forces de défense et de sécurité maliennes mais également de la MINUSMA, ont exposé de nombreux thèmes tels que : « Les principes de la Gouvernance du Secteur de la Sécurité (GSS) et de la  Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) », ou encore « La RSS au Mali ».

 

Cet atelier aura permis aux acteurs de la Société Civile malienne de repartir mieux préparés, grâce notamment aux présentations faites par les experts de la MINUSMA. « Au cours de nos présentations, nous avons pu exposer les cas d’autres pays comme la République Démocratique du Congo (RDC), mais également exposer l’approche des Nations Unies dans le domaine de la RSS avec les dix principes directeurs pour obtenir une bonne réforme, et enfin, une dernière présentation sur l’appropriation nationale via les principes de bases de la gestion de la réforme qui sont : une vision commune de la sécurité nationale, la capacité des acteurs pour la mise en œuvre, le financement et le suivi et l’évaluation de la Réforme. » a déclaré M. Blaise.

 

Parvenir à une implication réelle et efficace de la Société Civile dans la RSS, nécessite que celle-ci soit indépendante et à « hauteur de situation », tant au niveau technique que matériel. Ainsi, durant ces deux jours, ses forces et faiblesses ont été répertoriées et un plan d’action a été élaboré pour qu’à terme, elle puisse être efficace pour assumer le suivi et l’évaluation effective de la RSS.

 

Pour les autorités maliennes l’importance de la Réforme et l’implication de la Société Civile ne sont plus à démontrer et relève aussi, d’une volonté politique claire, déjà affichée au plus haut niveau de l’Etat. « Je voudrais me féliciter du choix de la thématique sur la RSS qui reste au cœur des axes prioritaires de l’action gouvernementale définie par le Président de la République […] Le gouvernement est convaincu qu’une grande participation de la société civile peut apporter beaucoup à cette réforme. Nous estimons qu’il est indispensable de rassembler l’ensemble des filles et fils du pays, afin de créer les conditions nécessaires à la réussite des missions de la Réforme », a ainsi affirmé le Général Sada Samaké, Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, avant de déclarer ouvert cet atelier.

 

En coordonnant les efforts des partenaires internationaux et en appuyant l’Etat et les acteurs locaux impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre de la RSS, la MINUSMA à travers la Section RSS/DDR, met ainsi en œuvre un pan important du mandat de la MINUSMA. La réussite de la RSS demeurant une étape cruciale sur le chemin de la stabilisation du Mali.