Le Chef d’Etat-major sur le terrain : « Nous devons y arriver! »

29 février 2016

Le Chef d’Etat-major sur le terrain : « Nous devons y arriver! »

Le Chef d’État-major de la Force de la MINUSMA, le Général de Brigade Hervé Gomart, s’est successivement rendu à Kidal et Ansongo les 23 et 24 février dernier afin de présider les cérémonies de décoration des bataillons bangladais, népalais, cambodgien et nigérien. Une visite importante avec en toile de fond le constat et les mesures à prendre après l’attaque du Camp de Kidal le 12 février dernier.

 

Après six mois de présence sur le terrain, les Casques bleus des différents bataillons sont décorés par les Nations Unies pour les services rendus à l’organisation. Appelé en anglais ‘’Medal Parades’’, ces cérémonies symbolisent la reconnaissance du Système pour ses militaires mais également une occasion pour ces derniers de défiler devant les officiels et les partenaires de la Mission. Une tradition militaire dont le respect permet aux Casques bleus, quelques instants durant, de communier dans une ambiance plus légère que celle de leur quotidien.

 

C’est à 11h00 que l’avion militaire du contingent danois qui transporte le chef d’État-major de la Force de la MINUSMA s’est posé à Kidal. Le Général de Brigade Hervé Gomart, à la tête d’une délégation restreinte, prend aussitôt le chemin du camp de la MINUSMA où l’attendent les centaines de militaires bangladais, népalais et cambodgiens qui doivent être décorés ce jour. Outre le cérémonial, une visite aux Casques bleus guinéens et tchadiens pour leur témoigner du soutien de l’État-major de la Force est également au programme. 

 

En charge d’une grande partie du génie militaire sur le camp de Kidal, l’apport des militaires bangladais, népalais et cambodgiens est fort appréciable et apprécié. C’est ce qui ressort de l’allocution du Général Gomart, qui n’a pas manqué de saluer ces hommes et ces femmes venus d’Asie pour contribuer au maintien de la paix au Mali.

 

L’un des militaires décorés confiera que cette médaille a pour lui une double signification : sentimentale et professionnelle. Elle représente la reconnaissance des Nations Unies pour sa contribution au maintien de la paix ; elle est également la preuve d’une expérience professionnelle internationale avérée.  

A l’issue de la cérémonie, les trois bataillons ont offert des cadeaux au Chef d’Etat-major de la Force et au Chef du Bureau de Kidal, avant de convier l’assistance à déguster des mets typiques de leurs pays respectifs.

 

La collation à peine terminée, le Général Gomart s’est rendu dans différents endroits du camp pour faire un état des lieux de ce qui doit être fourni ou remplacé et des mesures à prendre dans l’immédiat. Ce tour du camp est aussi et surtout l’occasion de discuter avec des officiers supérieurs et des hommes du rang pour s’enquérir de leur moral, 11 jours après la violente attaque dont ils ont été la cible et durant laquelle, une trentaine de Casques bleus ont été blessés et sept du contingent guinéen ont été tués.

 

Dans les quartiers du contingent guinéen, le Chef d’Etat-major s’est entretenu avec le Colonel Ibrahim Sory Bangoura, commandant du bataillon. Entouré de ses hommes, l’officier guinéen demeure déterminé à poursuivre la mission assignée malgré la douleur. Selon lui, face aux attaques, il faut réagir : « Je crois qu'on ne peut pas se protéger tout en étant dans le camp. Il va falloir essayer de dominer le terrain. Ce qui va peut-être diminuer, je ne veux pas dire éradiquer complètement (…) mais diminuer, à mon avis, les attaques contre le camp. Il faut se déployer en dehors du camp pour protéger le camp, » a-t-il expliqué.

 

Autre réalité, message identique : demeurer déterminé

 

Situé dans la Région de Gao, le camp de la MINUSMA d’Ansongo et ses 850 Casques bleus nigériens étaient fin prêts pour accueillir la délégation du Général Gomart ainsi que celle de haut niveau de l’Etat-major Général des Armées de la République du Niger, venue spécialement pour décorer ces cinq femmes et ces 845 hommes qui œuvrent au quotidien pour la sécurité de la zone. 

 

Premier à prendre la parole, le Colonel Souleymane Moussa, Commandant du bataillon, a rappelé les activités menées par ses troupes avec succès dans le Cercle d’Ansongo, notamment celles liées à la protection des populations et du personnel de la MINUSMA à travers des patrouilles régulières, les escortes humanitaires et les convois logistiques, sans compter les secours et autres forces d’aide à la population de Ménaka, victime d’inondations en août dernier. Les consultations et soins gratuits au profit de la population, la distribution de produits pharmaceutiques et de fournitures scolaires (1300 kits) aux écoles de la région et la sécurisation des sites de cantonnement font également partie des activités de la Force dans la région. Le Colonel Souleymane Moussa a aussi rappelé les menaces auxquelles ses troupes sont confrontées, notamment la circulation des armes, les trafics illicites de tout genre, le banditisme résiduel ainsi que les conflits intercommunautaires.

« Ensemble, malgré les difficultés, malgré les défis nombreux et incessants, nous pouvons y arriver, nous devons y arriver"

 

Le général Hervé Gomart a pour sa part rendu un vibrant hommage aux Casques bleus nigériens du 3ème bataillon. « Je suis venu ici pour honorer les soldats nigériens qui ont effectué, depuis six mois, un travail remarquable. Les conditions sécuritaires dans lesquelles évoluent le bataillon nigérien, que ce soit ici dans le cercle d’Ansongo ou plus à l’Est dans la région de Ménaka, n’ont pas empêché ces valeureux soldats de mener quotidiennement de nombreuses patrouilles, des escortes visant à protéger la population ainsi que le personnel des Nations Unies, tout en se coordonnant avec les soldats de l’Armée malienne afin de faire reculer les ennemis de la paix.  Je tiens à saluer votre professionnalisme, votre détermination et votre discipline qui font honneur non pas seulement à votre pays, mais aussi aux Nations Unies, » a-t-il déclaré ; avant de conclure avec ces mots : « la tâche est rude, les missions sont nombreuses, il nous manque des moyens, mais nous n’avons pas le choix. Nous sommes ici pour permettre au Mali de retrouver une paix méritée. Ensemble, malgré les difficultés, malgré les défis nombreux et incessants, nous pouvons y arriver, nous devons y arriver ».

 

Le 3ème bataillon nigérien est déployé au sein de la MINUSMA depuis août 2015. Il est actuellement réparti sur deux positions essentielles, à savoir Ansongo et Ménaka, de même que sur deux positions avancées, Fafa et Inegar.

 

Cette visite du Chef d’Etat-major de la Force fait suite à celle du Représentant Spécial du Secrétaire Général et du Commandant de la Force de la MINUSMA, au lendemain de l’attaque contre le camp de Kidal le 12 février dernier. Cette présence du leadership civil et militaire de la Mission sur le terrain témoigne, s’il en est besoin, de sa constante détermination à exercer son mandat jusqu’au bout et ce, quelle que soit la situation.