Mesurer et encourager : le Chef des opérations de paix de l’ONU à l’écoute des Maliens

31 janvier 2020

Mesurer et encourager : le Chef des opérations de paix de l’ONU à l’écoute des Maliens

 

Du 26 au 30 janvier dernier, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint de l’ONU, chargé des opérations de paix était au Mali. Cinq jours durant lesquels, au contact de tous les acteurs, il a fait le point de la situation politique et sécuritaire.

 

La poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix ; le déploiement des premières unités de l’armée reconstituée dans le Nord ; l’extension de l’autorité de l’Etat ; la situation sécuritaire dans le Centre du pays ; la poursuite du Désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR) ; les conclusions du Dialogue National Inclusif (DNI) dont la tenue prochaine des élections législatives ou encore, l’inclusion des femmes dans les différents processus en cours au Mali, sont les plus importants dossiers de l’heure.
 

 

En se rendant au Mali, quelques semaines après la publication du rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, Jean-Pierre Lacroix avait deux objectifs. Il s’agissait de constater par lui-même, les défis qui demeurent, ceux qui se présentent et surtout les progrès réalisés par les parties maliennes et leurs partenaires dont la MINUSMA. Un constat qui fixe de fait le second objectif : « Tout faire pour aller plus loin encore dans cette direction, » comme il l’a affirmé dès son arrivée, aux côtés du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU (RSSG) et Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, venu l’accueillir à l’aéroport de Bamako cet après-midi du 26 janvier 2020. « Il est le bienvenu en cette année 2020 pour que l’on fasse le point sur les avancées, sur ce qui est à corriger et comment aller de l’avant. Il se trouve que cette année se présente sous de bons auspices, » a déclaré Tiébilé Dramé, ministre malien des Affaires étrangères, à l’issue de sa rencontre avec M. Lacroix.

À la tête d’une importante délégation, composée notamment du RSSG Mahamat Saleh Annadif, Chef de la MINUSMA, de la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU (RSASG) Mbaranga Gasarabwe, du Général Dennis Gyllensporre, Commandant de la Force, du Commissaire de la Police des Nations Unies (UNPOL/MINUSMA) Général Issoufou Yacouba et du Général Carlos Loitey, le Chef des Affaires militaires de son département, la visite du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix s’est déroulée au pas de course.

 

 

Ce ne sont pas moins d’une demi-dizaine d’entretiens par jour et deux déplacements à l’intérieur du Mali qui ont eu lieu. Un rythme effréné qui n’a pas empêché Jean-Pierre Lacroix et Mahamat Saleh Annadif d’écouter tous leurs interlocuteurs avec une extrême attention. Parmi ceux-ci, les autorités nationales et locales, les parties signataires de l’Accord pour la paix, la société civile, les partenaires du Mali et de la MINUSMA, les partis politiques de la majorité, du centre et de l’opposition et bien sûr, les populations, en particulier celles du Nord et du Centre. « Nous travaillons avec les autorités, le Gouvernement c’est normal mais, nous écoutons aussi ce qu’ont à dire les partis d’opposition, de même que nous écoutons la société civile, nous écoutons tous les partenaires et, je peux dire qu’au Mali, ce n’est pas quelque chose qui date d’hier, il y a toujours eu un débat très vif, très riche, très fourni, » expliquait le Chef des opérations de paix de l’ONU.

 

Sur les tables des différentes réunions tenues avec les acteurs clés au Mali se trouvaient les dossiers de l’heure.

 

 

 

Sécurité : au Nord et au Centre, les Maliens ont des attentes claires

 

« Ceux qui sont à Bamako à demander le départ de la MINUSMA et les autres forces étrangères, n'ont pas vécu ce que nous avons vécu. C'est nous qui avons subi l'occupation de 2012, et nous avons besoin de vous pour ne plus revivre cela. Nous ne pouvons pas demander le départ de la MINUSMA, » a martelé un des participants à la réunion avec la société civile à Gao. Les responsables onusiens ont pu y entendre les préoccupations des plus de 75 000 habitants que compte la cité des Askia. Des inquiétudes face auxquelles ils ont réaffirmé leur engagement et celui de leurs collègues, à poursuivre les efforts pour contribuer à la stabilisation de la région et du pays. L’une des illustrations de cet engagement est le projet de construction de points de contrôle et de tranchées autour de la ville, pour plus de 150 millions de FCFA. En soutien aux Forces de défense et de sécurité malienne (FDSM), cet appui a été rendu possible par la participation du Canada au Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali.
 
 

 

Dans la région de Mopti, la situation sécuritaire est là aussi, extrêmement préoccupante. Des patrouilles de la MINUSMA avaient été bloquées il y a quelques semaines par des habitants des cercles de Koro, Bankass et Bandiagara. Face aux communautés, le Chef de la MINUSMA a expliqué le rôle de protection des civils de la MINUSMA et invité la société civile à faire preuve de vigilance concernant les campagnes de désinformation menées contre la Mission onusienne. En les invitant à collaborer, Mahamat Saleh Annadif leur a rappelé que, « Nous ne pouvons pas remplir cette tâche [la protection des civils] sans vous ». Souscrivant aux propos de son collègue, M. Lacroix a rappelé la nécessité d’un retour de l’autorité de l’Etat et le redéploiement des FDSM, qui selon lui est : « fondamental pour notre travail ». L’entretien qu’ont eu les représentants des communautés avec le Chef des opérations de paix et le Chef de la MINUSMA était nécessaire et salutaire. Pour preuve, ces propos de Madina Guindo, Présidente de la Coordination des Associations et ONG féminines de Bankass, tenus à l’issue de la réunion : « on a compris la mission de la MINUSMA et nous-mêmes on s’est engagés à les accompagner pour vraiment avoir la paix et le retour des déplacés chez nous ».

 

 

À l’heure du bilan…

 

Au dernier jour de sa visite, marqué par une réunion avec les partis politiques de la majorité et du centre et par un point de presse, le Chef des opérations de paix de l’ONU a été reçu par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Jean-Pierre Lacroix a pu faire un exposé de sa lecture de la situation au Chef de l’État et en recueillir son point de vue. M. Keïta et M. Lacroix ont, « aussi parlé plus largement de la région, des défis qui se présentent encore au Sahel mais aussi des efforts communs qui se renforcent, de la communauté internationale ». Le Secrétaire général adjoint a félicité le Président Keïta pour la tenue du Dialogue National Inclusif et rendu hommage aux efforts de l’État dans la recherche de la paix et de la stabilité durable au Mali. Jean-Pierre Lacroix a aussi dit avoir « été sensible à l’expression de reconnaissance par son Excellence le Président de la République, à l’égard de l’action des Nations Unies, notamment de la MINUSMA ».

 

 

À l’heure du bilan de sa visite, Jean-Pierre Lacroix a eu ces mots : « Je sors de ces entretiens avec le sentiment conforté que nous travaillons en étroite coopération, dans la confiance, avec le Mali, avec ses autorités au plus haut niveau et au bénéfice de ses populations ».
Fin