Région de Gao : La MINUSMA initie l’opération Euphorbia-14 pour sécuriser les personnes et leurs biens

7 avril 2017

Région de Gao : La MINUSMA initie l’opération Euphorbia-14 pour sécuriser les personnes et leurs biens

 

Depuis le 28 mars 2017, la Force de la MINUSMA mène l’opération Euphorbia-14, à Tessit située à 200 km de Gao, dans le cercle d’Ansongo. Elle vise à contribuer à la sécurisation des axes couvrant Tessit, Lelehoye, Tassiga, Fafa en passant par Labezanga jusqu’à la frontière du Burkina Faso et du Niger. Les casques bleus Sénégalais, Bangladais et Nigériens de la Mission onusienne participent à cet exercice qui doit durer jusqu’au 09 avril prochain.

 

Avec une population estimée à 12 132 habitants, la commune rurale de Tessit a une superficie d'environ 6250 km2 et est limitée à l’Est par la commune de Ouatagouna et la République du Niger au Sud, au Sud-ouest par la République du Niger et le Burkina Faso, à l'Ouest par la commune de N'Tililt au Nord par les communes du Bourra, d’Ansongo et de Bara. Des actes de banditisme sur les routes, les braquages, les vols de véhicules et les violations des droits humains perpétrées de manière aléatoire posent le plus gros risque pour les populations locales.

 

 

 

Régulièrement, les casques bleus de la Mission onusienne au Mali parcourent des kilomètres par route et par voie aérienne, bravant des attaques asymétriques, notamment terroristes, sur le champ de leurs opérations. Il n’y a qu’une raison pour cela : assurer la protection de la population et de leurs biens.
Mission : assurer la protection de la population et de ses biens.

 

Le dimanche 2 avril 2017, à 6 heures du matin au Super Camp de la MINUSMA à Gao, les casques bleus nigériens se rassemblent autour de leur commandant et chef de mission, Major Issoufou Nayou, pour un briefing avant leur départ pour Tessit, situé à plus de 200 km de la ville de Gao.

 

A 06h25 du matin, le contingent nigérien a quitté la ville de Gao pour emprunter la longue route menant à la commune rurale de Tessit. En plus des casques bleus à bord d’un véhicule auto-blindé (VAB), avaient embarqué deux civils du Bureau de l’Information publique. Les militaires ont échangé en leur patois et lu leurs messages avant que le réseau de téléphonie ne disparaisse au fur et à mesure que le convoi s’éloigne de la ville.

 

 
 

Après quelques minutes passées sur la route goudronnée qui mène vers Gossi, le convoi a emprunté les pistes sablonneuses et sinueuses du désert. Avec les conditions météorologiques difficiles et la chaleur de plomb, la poussière s’engouffrait dans le VAB. Deux heures plus tard, le convoi a dû s’arrêter pour permettre de résoudre une panne d’un des VAB. Loin d’être découragé, l’un des gardiens de la paix lance : « Le moral est bon »... Et dans les quinze minutes qui ont suivi, le convoi avait pu reprendre le chemin.

 

A Tin Gachrouin, un village situé à quelques 190 kilomètres de la ville de Gao, l’équipe s’y est installée, car la nuit allait tombée. Sur le terrain, les gardiens de la paix ne négligent pas la prière. « La prière est une obligation spirituelle pour avoir la bénédiction d’Allah. Cela me motive à mieux faire mon travail », indiqua l’adjudant I. Boubacar.

 

A Tessit, les Casques bleus offrent des consultations gratuites à la population
 

 

 

Très tôt le matin du lundi 3 avril, après la prière suivie d’un petit déjeuner, toute l’équipe était prête à reprendre la route. Pendant ce temps, le chef adjoint de la mission, le Lieutenant Abdramane A. Ghany, consultait la carte géographique de la région. « Il nous reste environ 30 kilomètres à parcourir avant d’arriver à notre destination finale », sourit-il, voulant profiter du beau temps en cette matinée, où la température peut basculer à 45°C, avant l'après-midi.

 

Se frayer un passage dans le désert s’avère très souvent difficile et malgré un système de navigation par satellite (GPS), les casques bleus devaient, quelques fois se renseigner auprès des villageois pour trouver la bonne piste. Après quelques moments à chercher leur route, ils sont arrivés à Ke Gloutain, une localité majoritairement Tamasheq (Touareg) et ont interagi avec cette population pour la toute première fois. Tout au long de leur trajectoire menant vers Tessit, ils n’ont pas cessé de s’arrêter pour prendre attache avec les différentes couches rencontrées.

 

 

 

Arrivé à Temera, une petite localité située le long du fleuve Niger, à 10h10 du matin, il a fallu dégager un autre des VAB qui s’était embourbé. Une quinzaine de minutes plus tard, l’équipe avait atteint la destination finale, Tessit. Le capitaine Karim Camara, commandant de la compagnie des Forces Armées maliennes, a accueilli leurs frères d’armes à son poste de contrôle reliant Tessit à la frontière avec le Burkina Faso et le Niger. « Je salue votre arrivée ici chez nous. Cela nous réconforte énormément. Mon souhait est de pouvoir bénéficier de l’appui de la MINUSMA au moins une fois par mois », a-t-il déclaré.

 

La journée du mardi 4 avril a commencé par une rencontre d’échanges avec les autorités locales, la société civile, y compris les associations de femmes et de jeunes de la commune rurale de Tessit, focalisée notamment sur la dégradation de la situation sécuritaire, économique et sociale dans la zone. Le directeur de la seule radio communautaire et le commandant de FAMas y ont aussi assisté. Le chef de mission et commandant du contingent nigérien de la MINUSMA a saisi cette opportunité pour exhorter la population à être vigilante et à collaborer avec les FAMas.

 

 

 

Après cet échange jugé « fructueux » par Mahamoud Ag Mohamed, président du Conseil communal de la jeunesse de Tessit, les casques bleus se sont rendus au Centre de santé communautaire (CESCOM), où ils ont fait don de médicaments, avant d’offrir des consultations médicales gratuites au profit des enfants et femmes de la place. « La plupart des enfants souffrent du paludisme, de la fièvre typhoïde. Nos remerciements à la MINUSMA pour cette donation de médicaments », s’est réjoui Assaguid Ag Ahnasnatt, directeur technique du CESCOM.

 

A Tessit, les gardiens de la paix ont aussi offert des ballons de foot aux enfants « qui ne sont plus allés à l’école depuis plus de trois semaines, à la suite d’une grève illimitée décrétée par le Syndicat des Enseignants au niveau national », a regretté Soumana Almidou, régisseur à la Mairie de Tessit.

 

 

 

Ecouter les populations pour maximiser l’appui

 

 

 

Le mercredi 5 avril, à la tête d’une délégation, le représentant du Chef de Bureau de Gao, Christian Ouimet, est arrivé à Tessit à bord d’un hélicoptère, pour rencontrer les différentes couches de la population, mais aussi se rendre compte du déroulement de l’opération Euphorbia-14. Les officiers en charge de la Cellule de Planification des opérations et des activités civilo-militaires du Secteur-Est de la Mission onusienne étaient également présents.

 

M. Ibrahim Ag Effanfané, Maire de la commune et son adjoint, Abdoul Malick ont accueilli la délégation de la Mission onusienne dans leur salle de réunion. Plusieurs notabilités de la place ainsi que les membres de la société civile y ont aussi assisté. Parmi les sujets abordés figuraient, en particulier, la montée de la criminalité, le braquage, les vols de véhicules, la sècheresse, le manque d’emploi pour les jeunes, l’Accord de Paix, la Conférence d’Entente nationale. Le lieutenant-colonel Thomas Brucker, représentant le Commandant du Secteur-Est, a expliqué à l’audience, l’objectif de l’Opération Euphorbia-14 et ainsi que le résultat attendu.

 

 

 

S’inquiétant de l’insécurité grandissante dans sa zone, le maire-adjoint est d’avis que « le démarrage du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) pourrait être un début de solution à ce problème ». De son côté, le maire a plaidé pour « une assistance financière destinée en priorité aux petits projets générateurs d’emploi en faveur de la jeunesse pour résoudre le problème de banditisme ». Par ailleurs, il a salué l’opération de la MINUSMA dans sa zone. « C’est une initiative louable pour mettre fin à l’insécurité » et a émis le vœu que « les FAMas puissent intensifier leurs patrouilles vers la frontière Burkina et Niger ».

 

 

Avant de regagner la cité des Askia, la délégation a aussi visité le CESCOM, l’école franco-arabe, l’école fondamentale de Tessit, le marché publique et le quartier général des FAMas. Et pour l’heure, Euphorbia-14 se poursuit sans relâche dans le Secteur-Est de la MINUSMA.