Régions du Centre : Cinq dialogues appuyés par la MINUSMA pour réunifier des communautés en conflit

28 janvier 2021

Régions du Centre : Cinq dialogues appuyés par la MINUSMA pour réunifier des communautés en conflit

Au regard de la dimension communautaire de la crise qui affecte le centre du Mali, et conformément à son mandat, la MINUSMA a inscrit la cohésion sociale et le dialogue intercommunautaire au cœur de ses actions. De janvier à octobre 2020, en étroite collaboration avec les autorités régionales et avec l’appui de la Division des Affaires Civiles (DAC) de la Mission, les communautés Bambara, Bozo, Dogon, Marka et Peulh ont pris part à des échanges dans le cadre d’un projet de « Dialogue communautaire et résolution des conflits communautaires dans cinq localités cibles dans la région de Mopti et à Ségou ». Les fonds suisses ont financé ce projet à hauteur de 23,615,075 Francs CFA, à travers le Bureau des Conseillers spéciaux des Nations Unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger.

« Ce projet a offert un espace de dialogue aux différentes communautés concernées qui ont exceptionnellement discuté de leurs problèmes, examiné ensemble leurs différends, et qui, par la suite, ont décidé d’avancer ensemble pour restaurer la paix et le vivre-ensemble entre elles », s’est réjouie Fatou THIAM, Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA à Mopti.

Dans le cadre de ce projet, s’est tenue une série de cinq dialogues intercommunautaires ont ciblé 14 communautés et impliqué directement plus de 250 personnes issues des groupes d’intérêts et des parties concernées. Parmi elles, les leaders traditionnels, communautaires et religieux, les autorités locales et communales, les femmes et les jeunes. L’objectif est de contribuer à la restauration de la communication, la cohésion sociale et le vivre ensemble, à travers le dialogue et la médiation entre des communautés affectées par des conflits à l’échelle locale.

Dans la région de Mopti, le contexte de conflit qui, depuis 2016, a pris de l’ampleur entre les communautés ciblées par ce projet, se caractérise notamment par des litiges fonciers ou encore, par de profonds désaccords sur la gestion et l’utilisation des ressources naturelles. Au fil des années, ces mésententes ont débouché sur d’autres incidents qui ont aggravé les rapports entre les communautés, affectant ainsi la cohésion sociale et la confiance mutuelle. Les cinq dialogues ont donc constitué une étape significative dans les efforts de restauration de la cohésion sociale dans ces zones profondément touchées par les violences ethniques. Dans la plupart des cas, des chefs religieux ont facilité l’initiation du dialogue et prôner le pardon entre les communautés.

Signature de quatre accords de réconciliation…

Sur les cinq dialogues, quatre ont abouti à la signature d’accords de réconciliation et à l’établissement de mécanismes de suivi pour leur mise en œuvre. Il s’agit d’accords entre les communautés, pour le premier conflit, issues de la commune de Toguéré Coumbé dans le cercle de Ténenkou ; pour le deuxième, celles du village de Woko de la commune rurale de Néma Badenya Kafo, dans le cercle de Djenne. Le troisième concerne les villages de Mougna et Kossouma de la commune rurale de Nema Badenya Kafo, dans le cercle de Djenne.

« Dans ma commune, Peulh et Bozo ont grandi ensemble et chacun avait son ami de l’une et de l’autre communauté. Cette initiative de dialogue a été salutaire, car nous ne savions plus comment aborder nos différents. Je suis fier aujourd’hui de faire partie de ceux qui œuvrent pour ramener ceux qui avaient quitté la zone, à cause de ces conflits », a témoigné une autorité communale.

Le dialogue suivant concerne la commune de Dioungani, cercle de Koro, où depuis 2017, la vingtaine de villages et la trentaine de hameaux abritant des Dogons et des Peulhs, connaissaient un conflit complexe, à la fois inter et intracommunautaire. Entre les Peulhs et les Dogons, y compris entre ces derniers eux-mêmes, les questions liées à l’accès et à la gestion de la terre, des ressources naturelles ainsi que le vol de bétail, entre autres, ont fini par dégrader le climat social.

Les nombreuses négociations entre les leaders locaux des différentes communautés ont abouti à la signature d’un accord de réconciliation intercommunautaire, le 20 septembre 2020. Afin de pouvoir capitaliser sur ces acquis, le système des Nations Unies a inscrit Dioungani dans ces zones prioritaires dans les régions du Centre du Mali.

Dans le cas des villages Nouh Bozo et Nouh Peulh, respectivement situés dans les communes rurales de Kewa et de Diafarabé, cercles de Djenné et de Ténenkou, des pas importants ont également été franchis, en matière de réconciliation de ces communautés. Ces dernières sont parvenues à l’adoption commune de solutions pratiques pour la délimitation des zones de pêche le long du fleuve Niger qui sépare les deux villages. Si dans ce cas, il n’y pas eu d’accord signé, le projet a d’abord permis d’établir le dialogue entre les principaux protagonistes puis, de restaurer des relations harmonieuses entre elles.

…Pour que les communautés restent engager sur la voie de la paix

De concert avec les autorités locales et les leaders des communautés, les différents partenaires ont mis en branle plusieurs dynamiques de dialogues directs et de résolutions de conflits, pour parvenir ensemble à des solutions pratiques acceptées par toutes les parties. Selon le Coordonnateur-terrain de la Division des Affaires Civiles de la MINUSMA à Mopti, M. Jens KRISTENSEN, la collaboration avec les autorités communales et locales, l’Equipe régionale d’Appui à la réconciliation (ERAR), en tant qu’organisme étatique et l’ONG locale partenaire l’Initiative Malienne d'Appui au Développement local (IMADEL), « permet d’assurer non seulement une approche inclusive en prenant en compte la diversité et les spécificités locales, mais aussi le suivi des résolutions adoptées par les communautés pour cheminer ensemble dans le sens de la paix durable et du vivre-ensemble ». En effet, dans chacun des cas, un comité mixte paritaire composé de représentants des communautés a été mise en place, en étroite collaboration avec les mairies, en vue de la consolidation des acquis. Entre autres actions de suivi, des rencontres de sensibilisation dans chaque village des communes ont été réalisées.

Pour Ali Samba DIALLO de l’IMADEL, « chaque conflit a ses spécificités. Toutefois, dès notre arrivée dans les communautés, il a été constaté une absence de communication entre elles. Notre approche a donc été de faciliter la reprise du dialogue. » L’approche utilisée a, dans un premier temps, priorisé des rencontres séparées avec chaque communauté, pour faciliter leur compréhension du processus et obtenir leur adhésion et consentement à s’ouvrir au dialogue avec l’autre partie. D’autre part, les différentes communautés en litige, se sont par la suite retrouvées ensemble pour faire l’éventails des problèmes qui les concernent et réfléchir ensemble.

La MINUSMA et l’OSAPG : deux entités onusiennes en faveur de la stabilisation des régions du centre

Conformément à son mandat et dans le cadre de ses efforts de prévention des atrocités criminelles au Mali, l’OSAPG, a appuyé ces cinq dialogues pour contribuer aux réponses aux violences et tensions intercommunautaires, en étroite collaboration avec la Division des Affaires civiles de la MINUSMA et l’ONG locale IMADEL, partenaire de mise en œuvre. Dans le cadre de ces échanges, l’accent a été mis sur l’entière appropriation par les communautés de ces initiatives de paix et de résolution des conflits en vue d’une réconciliation durable entre elles. Cela, parce que le rétablissement des relations ainsi que des mécanismes pour traiter les futurs griefs, est une étape importante dans la prévention de violences et d’atrocités criminelles qui pourraient éventuellement survenir. Dans la mise en œuvre de leurs deux mandats, la MINUSMA et l'OSAPG continueront d'appuyer ces initiatives pour contribuer à la stabilisation des régions du Centre, ainsi que de consolider les relations intercommunautaires rétablies.

À signaler, qu’entre autres efforts d’appui à la protection des civils, notamment face aux menaces de groupes armés non identifiés, la Force onusienne a établi des bases d’opérations temporaires, qui ont facilité la circulation des populations et de leurs biens, notamment pour se rendre aux rencontres intercommunautaires.