Retour à Tessalit

2 octobre 2014

Retour à Tessalit

En 2013, le mercredi 23 octobre vers midi, un véhicule s’approche d’un check-point de la MINUSMA à l’une des entrées de la ville de Tessalit. Son conducteur déclenche alors le détonateur de la charge explosive que contient la voiture. Le bilan est lourd, très lourd. La MINUSMA perd ce jour-là ses premiers Casques bleus, des soldats tchadiens. Mais l’attentat n’a pas fait de discrimination, des civils se trouvant au check-point ont aussi été touchés, l’un d’entre eux ne survivra pas. 

 

Après le chaos, les secours s’organisent, les blessés sont immédiatement pris en charge ils sont dans un état extrêmement grave. Parmi les victimes se trouve un jeune garçon âgé de 10 ans à l’époque. Il est polytraumatisé, son corps est meurtri, il est inconscient…mais vivant. Les équipes de premiers secours rendues sur place dans les minutes qui ont suivi l’explosion, lui prodiguent les premiers soins  tout comme aux Casques bleus qui n’ont pas succombé à l’attentat. 

 

Depuis Bamako, siège de la MINUSMA, les secours s’organisent, des renforts médicaux sont déployés dans l’heure, des avions et équipages sont mobilisés. Ils se rendent sur place pour évacuer les blessés vers des structures médicales appropriées car chaque instant compte, des vies sont en jeu.

 

Les victimes survivantes sont rapidement ramenées à Bamako pour y être hospitalisées. Le cas du garçon est grave, son pronostic vital est très engagé mais tout le personnel médical impliqué dans ce sauvetage, qu’il appartienne à la MINUSMA ou à la clinique Pasteur, se mobilise: il est trop jeune pour mourir, le bilan est déjà trop lourd… Le bloc opératoire fourmille, l’activité est à son comble, les ordres fusent pour sauver cette jeune vie. Après plusieurs heures d’intervention, son état est stabilisé, il faudra maintenant attendre…

 

Jeudi 2 octobre 2014, il est 5 heures du matin à l’aéroport international de Bamako. Un seul guichet est ouvert, celui pour les passagers du vol MINUSMA en partance pour le nord du pays. Parmi les adultes qui composent la ligne d’enregistrement, on distingue sur le côté une petite silhouette timide. Agé aujourd’hui de 11 ans, il rentre enfin chez lui en pleine forme à Tessalit. Il aura fallu un an de soins intensifs, plusieurs opérations, des heures de visites médicales, pour qu’il puisse enfin retrouver les siens afin d’aller célébrer la Tabaski ! Son grand frère, qui a entretemps dû arrêter ses études pour rester avec lui le tient par la main, il est impressionné, c’est la deuxième fois qu’il prend l’avion, mais il ne se rappelle pas de la première fois, un an auparavant…

 

Quand il aperçoit le médecin de la Mission, celui qui a déclenché l’opération un an plus tôt, son sourire s’épanouit mais reste timide, il faudra plusieurs minutes pour qu’il se laisse aller. Il reste du temps avant l’embarquement, le temps de partager un pain au chocolat et un café, pour se donner des nouvelles, pour se souhaiter bonne chance pour l’avenir et pour se promettre de se revoir.

 

Les deux frères ont embarqué dans l’avion pour Tessalit, vers les leurs, après une longue année de séparation. Bonne Tabaski !