Tombouctou : la MINUSMA contribue à l’insertion professionnelle de 25 jeunes à risque de radicalisation

11 avril 2022

Tombouctou : la MINUSMA contribue à l’insertion professionnelle de 25 jeunes à risque de radicalisation

À Goundam, 25 jeunes des cinq Cercles de la région de Tombouctou ont suivi une formation professionnalisante financé par la MINUSMA. Ce projet d’autonomisation au travers de filières à fort potentiel de revenus vise à aider ces jeunes à mieux apprécier les dividendes de la paix en les écartant des voies menant vers la radicalisation. Ils ont été formés à la coupe-couture, l’électricité photovoltaïque et le carrelage. Ce projet a été porté par la Division des Droits de l’homme et de la Protection (DDHP) de la MINUSMA qui lui a consacré une enveloppe de plus de 71 millions de Francs CFA sur un semestre, d’octobre 2021 à mars 2022.

Issus des différentes communautés des localités de Tombouctou, Goundam, Niafounké, Diré et Gourma Rharous, ces jeunes femmes et hommes ont appris pendant sept mois la gestion d’entreprise et ont aussi bénéficié de cours d’alphabétisation en plus de la formation professionnelle suivi. Dans ce projet qui intègre plusieurs volets, ils ont également suivi des sessions d’initiation et de sensibilisation aux droits de l’homme, à la démocratie et à la citoyenneté. Exécutée par la mairie de Goundam, cette formation concourt à l’augmentation des revenus des jeunes afin de contribuer à la réduction de leur vulnérabilité socio-économique et à leur résistance face à l’extrémisme violent et à la radicalisation.

Dans la région de Tombouctou, en particulier dans le Gourma des localités du cercles de Niafounké, Diré et Gourma-Rharous et une partie du cercle de Goundam, la situation sécuritaire délétère a contribué à la détérioration de l’économie, avec un impact négatif sur les principales activités de la région. Des secteurs comme l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce et le tourisme ont été durement affectés par la crise. Le corollaire a été l’augmentation du chômage et le manque de perspectives économiques surtout pour les jeunes. Avec cette offre de formation, la MINUSMA répond à une demande des autorités communales de Goundam en faveur de l’insertion économique des jeunes à risque. Elle s’insère aussi dans une série de projets de soutien au processus de paix mis en œuvre par la MINUSMA au profit des autorités et des communautés de la ville de Goundam.

Une formation de qualité

Durant un mois, les 25 stagiaires ont appris des notions de base d’alphabétisation à l’écrit et à l’oral dans leurs langues respectives en comptabilité, administration et en marketing de petites et moyennes entreprises et gestion d’entreprise. La formation professionnelle dans les corps de métiers choisis (la coupe-couture, l’électricité photovoltaïque et le carrelage) s’est déroulée sur quatre mois. Elle était dispensée par des maîtres Artisans agrées à la Chambre des Métiers et choisis par les Chambres régionales et locales des métiers, en collaboration avec la mairie de Goundam. « La finalité recherchée par la mise en œuvre de cette action est d’éviter aux jeunes de basculer dans les groupes armés, non pas par conviction mais plutôt par crainte ou par manque d’opportunités, » a rappelé Mahamane Alidji TOURÉ, premier Adjoint du Maire de Goundam.

Renforcer les valeurs citoyennes et la promotion des droits de l’homme

Des sensibilisations aux valeurs citoyennes et aux droits de l’homme se sont déroulées en même temps que la formation professionnelle. Ceci, afin de renforcer chez les jeunes le respect des principes et des lois.

Pour consolider l’esprit d’équipe et renforcer le respect du bien commun, les 25 jeunes ont mené une série d’activités citoyennes allant de la plantation d’arbres dans la cour du Lycée de Goundam à la pose de pavés dans des infrastructures publiques de la ville de Goundam. Ils se sont aussi chargés de des installations électriques dans deux écoles des communes de Goundam et Doukourya. « Pendant leur séjour, les apprenants ont développé un esprit d’équipe et ont su consolider le vivre ensemble et la solidarité entre eux. D’ailleurs, ils se sont même promis d’organiser des visites régulières d’amitié dans leurs localités respectives à tour de rôle » a témoigné Moussa ALDJOU, facilitateur.

Autonomisation financière des jeunes

Au terme de la formation, les 25 jeunes apprenants ont chacun reçu un kit d’installation selon son domaine avec une enveloppe de 150 000 Francs CFA pour les aider à ouvrir leurs entreprises dans leurs localités respectives. « Donner un métier à un jeune c’est lui apprendre à vivre dignement, c’est aussi le plus grand service de la vie qu’on peut lui faire, la MINUSMA est à remercier pour ça » a indiqué Abocar TOURÉ, Président de l’Autorité intérimaire du Conseil de Cercle de Goundam.

Les apprenants n’ont pas caché leur satisfaction en se voyant en jeunes chefs entreprises. « J’étais partagé entre le regret d’abandonner mes études et le désespoir de trouver un emploi. Aujourd’hui, se sont d’anciens souvenirs grâce à ce projet de la MINUSMA. Je suis confiante qu’avec les compétences que j’ai acquises en pose de carreaux et confection de pavés, je peux réussir dans ce métier et aussi contribuer à former et employer d’autres, » a témoigné N’thiena KASSÉ, apprenante en carrelage.

« Je n’ai jamais pédalé une machine de couture » raconte avec émotion Malik TRAORÉ stagiaire en coupe-couture venant de Diré. « Grâce à cette formation, j’ai appris la couture pour les hommes et femmes. Dans quelques jours, je veux m’installer à mon propre compte pour contribuer à la prise en charge de ma famille. Cela m’anime de joie et de fierté » s’est-il réjoui.

Après cette première phase du projet, les apprenants recevront un suivi régulier par les formateurs pendant deux mois afin de les accompagner dans l’installation de leurs entreprises et mieux consolider les connaissances acquises.