Violences sexuelles basées sur le genre : Les acteurs judiciaires de Gao en formation
M. Mohamed El-Amine Souef, Chef du Bureau régional de la Mission onusienne à Gao, a officiellement ouvert, ce mardi 26 juillet 2016 dans la salle de réunion du Conseil Régional, un atelier de renforcement des capacités à l’intention des acteurs de la Justice, des officiels des Forces de Sécurité du Mali, de la Police des Nations Unies, et des représentants de la société civile en matière de prise en charge judiciaire et de répression des violences sexuelles financé par le projet PBF-GPI. Le Conseiller du Gouverneur de la Région de Gao en charge des affaires administratives et judiciaires et le Procureur de la République étaient également présents à la cérémonie d’ouverture de cet atelier dont l’objectif est de renforcer la réponse judicaire en matière de violences sexuelles, basées sur le genre (VBG) liées au conflit.
Dans les régions du nord du Mali, plusieurs formes de violences sexuelles liées au conflit ont été commises et ont continué à être signalées à ce jour, y compris des viols parfois collectifs, des enlèvements pour viols, du mariage forcé, de l’exploitation et l’esclavage sexuels et de la prostitution forcée dans ces régions. Certaines victimes préfèrent garder le secret par peur des représailles, de rejet social, de honte, d'humiliation. Les conséquences de cette crise se traduisent par un profond traumatisme des populations et des victimes et les placent dans une situation particulière de vulnérables. Ces actes auraient été perpétrés par des groupes armés, notamment lors de perquisitions domiciliaires, aux postes de contrôle et dans les lieux de détention. Ces atteintes à l’intégrité physique et à la dignité humaine restent pour beaucoup impunies, malgré les efforts que fournissent les juridictions dans leur répression, en tant que crime contre l’humanité ou crime de guerre selon le cas.
Organisée en collaboration avec l’unité Protection de la Femme, la division des droits de l’homme, la Police onusienne, la section des Affaires judiciaires et pénitentiaires, le projet Peace Building Fund – Gender Promotion Initiative ( PBF-GPI) pour le compte des Nations Unies/MINUSMA d’une part et, d’autre part, les acteurs de la Justice, de la Police et de la société civile comme partenaires externes aux Nations Unies, cette rencontre d’une durée de trois jours se penche sur plusieurs aspects des violences sexuelles basées sur le genre liées au conflit, notamment l’état des lieux de la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre liées au conflit à Gao, les défis de la prise en charge judiciaire et de la répression des violences sexuelles et basées sur le genre liées aux conflits armés, le rôle de la société civile dans l’accompagnement judiciaire des victimes des viols et violences sexuelles, les techniques d’investigation des cas des violences sexuelles commises en période de conflit, entre autres.
L’équipe de formation est constituée des formateurs de la MINUSMA, de l’ONU FEMME et des personnes ressources locales qui sont spécialisés dans les thématiques couvertes par la formation. Ces formations qui se veulent interactive combineront plusieurs techniques et méthodologies de formation incluant les présentations par vidéo projection, les scenarios et études de cas, les exercices pratiques, les travaux de groupes et restitutions en plénière. A la fin de la formation, tous les participants recevront une documentation contenant tous les sujets abordés lors de l’atelier.
« Les droits de la femme sont une priorité pour la MINUSMA conformément à son mandat visant à promouvoir et à protéger les droits de l’homme à travers de nombreux instruments internationaux depuis sa création en 1945 » a déclaré le Chef de Bureau régional de la MINUSMA. M. Souef a conclu en prévenant que « la violence à l’égard de la femme est sans doute une violation de leurs droits fondamentaux. En conséquence, nous avons tous l’obligation de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour lutter contre cette violence et l’éliminer de nos sociétés ».
M. Amadoun Barry, conseiller du Gouverneur de la région de Gao en charge des affaires administratives et judiciaires, se félicite de la tenue de cette formation. « Cet atelier a pour objectif de sensibiliser non seulement les acteurs de la justice, mais également tous les autres acteurs de la chaîne pénale afin de mieux s’acquitter de leurs fonctions judiciaires pour que nos sœurs qui ont été victimes un moment de leurs vies soient rétablies dans leurs droits. Ainsi le Mali va retrouver la paix et la réconciliation » a-t-il affirmé.
« La plupart des victimes d’abus sexuels ne déclarent pas les actes subis et plusieurs ne les dénoncent pas » a regretté M. Housseini S. Cissé, procureur de la République. En même temps, il se réjouit de la tenue dudit atelier qui renforcera la capacité des OPJ (Officiers de Police Judiciaire), qui sont appelés à mener des enquêtes judiciaires le plus vite possible. Il souhaite aussi que certaines restrictions soient imposées aux entretiens entre l’avocat, d’une part, et les victimes et leurs suspects, d’autre part.
La situation des victimes des violences sexuelles et basées sur le genre dans les régions du Nord du Mali demeure préoccupante. En effet, la crise a fragilisé l’Etat qui fait face à de nombreux défis : maintien de l’intégrité territoriale, faiblesses des institutions publiques et de l’état de droit. Un contexte qui a favorisé la corruption et l’instauration d’une culture d’impunité.