Visite de Philippe Douste-Blazy à Bamako

13 janvier 2015

Visite de Philippe Douste-Blazy à Bamako

Les Nations Unies à l’avant-garde des  solutions pour lutter contre la malnutrition chroniqueet le VIH/sida au Mali.

Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies chargé des sources novatrices de financement du développement et Président du Conseil d’administration d’UNITAID, Philippe Douste-Blazy était au Mali les 8 et 9 janvier derniers.

 

L’objectif de la visite était double : faire un point sur les mesures à prendre pour lutter contre les maladies liées à l’extrême pauvreté, qui touchent notamment les enfants ; et encourager les plus hautes autorités maliennes à trouver une solution urgente et adéquate à la malnutrition chronique et au VIH/sida en recourant notamment à des revenus issus des ressources extractives. Ces mesures prises en complément de l’aide publique au développement permettraient de financer les médicaments et les compléments alimentaires.

 

Monsieur Douste-Blazy a été reçu par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Un entretien qui a été le premier acte de sa visite au Mali et duquel Philippe Douste-Blazy est sorti confiant : « Le président de la République a non seulement accueilli favorablement ce que je lui ai présenté, mais il est allé beaucoup plus loin, en montrant qu’il serait un acteur politique de premier plan dans la lutte contre la malnutrition chronique […] Il y a quelques mois, j’ai eu l’idée de faire la même chose qu’UNITAID, créé grâce à la contribution de solidarité sur les billets d’avion, avec les ressources extractives : le pétrole, le gaz et les mines, et au Mali, comme vous le savez, il y a des mines d’or. Nous avons beaucoup travaillé ici avec UNITAID pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme et je suis très heureux qu’une nouvelle page s’ouvre ici contre la malnutrition chronique. J’espère que nous pourrons annoncer cela à la grande conférence sur les financements du développement à Addis-Abeba à la mi-juillet. »  

Problème de santé publique majeur au Mali, la malnutrition chronique affecterait 38% des enfants de moins de 5 ans avec un taux de mortalité infantile élevé. Des conséquences qui ne sont pas seulement sanitaires, puisqu’elles ont des répercussions sociales tout aussi graves comme le retard scolaire.

 

Pour constater la réalité par lui-même, M. Douste-Blazy, accompagné par les autorités sanitaires du Mali, les représentants de l’UNICEF et de l’ONUSIDA, s’est rendu dans deux structures sanitaires de premier plan : le Centre hospitalier universitaire (CHU) Gabriel TOURE de Bamako et le Centre de santé de référence de la Commune V.

 

Au CHU, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies a pu se rendre compte du travail accompli par le personnel soignant dans le domaine de la malnutrition chronique, comme l’explique le Docteur Salimata Dembélé Bathily, point focal adjoint en charge de la nutrition : « Nous sommes là pour la prise en charge des enfants malnutris hospitalisés, ainsi que des enfants avec le VIH et la tuberculose. Ici, c’est un point focal au niveau du CHU, on prend les enfants malnutris aigus sévères avec complications qui sont hospitalisés, ainsi que les enfants malnutris aigus sévères sans complications, que l’on prend sur rendez-vous hebdomadaire et enfin, les enfants qui souffrent de malnutrition aigüe modérée. »

 

Les acteurs de la santé se sont réjouis de cette visite et ont saisi l’occasion pour faire part de leurs préoccupations. Le docteur Adama Dembélé, Médecin-chef adjoint du Centre de santé de référence de la Commune V, a ainsi demandé le renforcement de leurs capacités pour faire face aux difficultés : « Nous sommes tout à fait soulagés par cette visite, vu l’effort que nous fournissons en Commune V du District de Bamako. Nous aurions souhaité qu’au-delà de cette visite, on mette à notre disposition des infrastructures et équipements adaptés, pour mener à bien les activités pour lesquelles nous sommes là », a déclaré le docteur Dembélé.

 

Cette nouvelle méthode de récupération des ressources au service de la lutte contre la malnutrition chronique suscite beaucoup d’espoir : « J’ai demandé au Président de la République s’il acceptait qu’une toute petite partie de cet argent gagné grâce aux mines d’or puisse aller dans une organisation que nous allons construire, mais cette fois-ci pas contre les maladies infectieuses, mais contre la malnutrition chronique qui touche des millions d’enfants dans le monde. Il a donc accepté et nous sommes très heureux qu’après le Congo, la Guinée Equatoriale, j’espère la Côte d’Ivoire, le Cameroun et l’Angola, le Mali puisse aussi participer à cela », a conclu Philippe Douste-Blazy. 

 

Rappelons qu’UNITAID est une organisation internationale qui utilise des modes de financement innovants pour augmenter les fonds destinés aux programmes de santé dans le monde. Son objectif est d’élargir l’accès aux traitements et aux produits de diagnostic des pandémies (VIH/sida, paludisme et tuberculose entre autres) au profit des pays à faible revenu. C’est la première organisation mondiale du domaine de la santé à user de son influence sur le marché en tant qu’acheteur pour améliorer les produits sanitaires indispensables et les rendre financièrement plus accessibles aux pays en développement.

 

Née en 2006, basée à Genève et hébergée à l’Organisation mondiale de la Santé, UNITAID tire plus de la moitié de ses fonds d’une taxe de solidarité sur les billets d’avion dans certains des pays membres. UNITAID est une initiative des gouvernements brésilien, français, norvégien, chilien et britannique. Aujourd’hui, l’organisation compte un nombre de membres toujours plus grand, que ce soit des pays ou des acteurs du secteur privé comme la Fondation Bill & Melinda Gates. Des groupes de la société civile siègent au Conseil d’administration d’UNITAID et se font les porte-parole des organisations non gouvernementales et des communautés vivant avec le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose.