L’impact de la crise sur les Femmes Maliennes

La République du Mali a connu en 2012, un conflit armé dans les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, et une partie de la région de Mopti suivi d’une crise politique, institutionnelle et sécuritaire sans précèdent qui a profondément déstabilisé le pays dans tous les domaines  et a eu un impact et des graves conséquences sur les droits des femmes et des filles. 

 

Les  groupes terroristes et armés occupant les dites régions ont bafoué les droits des populations concernées particulièrement ceux des femmes et des filles. Ils ont imposé le port forcé du tchador ou voile islamique, ont  pratiqué des flagellations et des lapidations publiques sur des femmes soupçonnées à tort  d’avoir transgressé les lois.

En outre des cas de mariages forcés ont été signalés dans toutes les zones qui étaient sous occupation, y compris les cas de jeunes femmes forcées à se marier avec des membres des groupes armés dans des circonstances où l'arrangement du mariage était simplement une couverture pour légitimer la réalité d'enlèvement et de viol, qui, dans certains cas pourrait s'élever à l'esclavage sexuel.

Ces femmes et  jeunes filles  tentent de survivre aux conséquences des violences sexuelles qui ont eu lieu durant le conflit armé;  elles subissent  ces traumatismes  dans le silence notamment par manque de confiance dans les institutions et de sécurité et de justice, par peur de représailles de la part des auteurs de violences et de la stigmatisation de la part de la communauté alors que les agresseurs vivent en toute impunité. Les services de prises en charge des survivantes de violences, lorsqu’ils existent sont peu accessibles et les victimes se cachent de peur de la stigmatisation.

Afin d’être à l’abri des différentes formes de violences, des femmes ont préféré se déplacer avec les enfants  massivement, dans les régions sécurisées à l’intérieur et à l’extérieur du pays et cela avec comme conséquence immédiate des difficultés d’hébergement et de nourriture.

La crise a par ailleurs beaucoup contribué à la dégradation du tissu social, l’accentuation de la paupérisation des femmes, et fragilisé l’autorité de l’État, notamment des institutions de sécurité et de justice.

Le cas du Mali n’est malheureusement pas unique. Les conflits contemporains ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles qui payent un lourd tribut dans la violence qui leur est infligée, les déplacements forcés et la lutte pour la survie. Ajoutant à cela, les parties en conflit adoptent de plus en plus le viol comme arme de guerre pour instiller la peur, forcer les déplacements et déshonorer l’ennemi.

 

Ceci appelle à une implication accrue de la communauté internationale, en termes de prévention et protection. Les missions de maintien de la paix sont appelées à identifier, prévenir et  prendre en charge les cas de violence sexuelles et à apporter une protection accrue aux femmes et aux enfants en situations de conflit. L’action des missions de maintien de la paix doit également avoir un rôle catalyseur, agissant en modèle de bon exemple et en appuyant les populations victimes de façon à favoriser un nouveau départ sur des bases plus stables et inclusives en dénonçant la discrimination. Ceci nous appelle à la mise en œuvre d’une politique de genre qui nous interpelle  à l’inclusivité dans nos rôles et taches de protection et d’appui, en analysant et tenant compte des besoins, aspirations et capacité des hommes et des femmes, des filles et des garçons dans toute action que nous entreprenons, afin que l’impact dans la communauté soit égale. En agissant ainsi, nous laisserons derrière nous au moment de notre départ, des agents de développement engagés et capables pour le gouvernement de leur pays.

C’est en conséquence dans ce contexte que s’inscrit le mandat de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), créée par la Résolution 2100 du 25 avril 2013, du Conseil de Sécurité des Nations Unies et renouvelé par la résolution 2164 du 25 juin 2014.