« Thé dans le grin », une plateforme régulière d’échanges avec la MINUSMA

précédent suivant
8 octobre 2015

« Thé dans le grin », une plateforme régulière d’échanges avec la MINUSMA

Depuis le 13 février 2015, le Bureau de Communication de la MINUSMA à Tombouctou poursuit, à un rythme régulier, l’activité le “Thé dans le grin”. Ce projet vise à faciliter la compréhension du mandat de la Mission et de son rôle par les populations des différentes communautés, de la région à travers des échanges conviviaux, autour du traditionnel thé malien.

 

35 séances de “Thé dans le grin” ont été organisées de février à octobre 2015, dans différents grins des 8 quartiers de Tombouctou et deux grins à Goundam. Deux fois par semaine, une équipe comprenant des éléments des composantes civile et policière de la Mission onusienne va à la rencontre des grins, dans les lieux où ils ont l’habitude de déguster leur thé.

 

Le « grin » le lieu de rencontre par excellence au Mali

 

Au petit soir, les amis se retrouvent pour discuter de l’actualité politique ou sportive, pour jouer aux cartes et autres distractions sociales autour d’un verre de thé. Réunis chez le “chef de grin”, en plein air, les membres d’un même grin peuvent venir d’horizon, de secteurs d’activités et même de classes sociales différentes. Pourtant, on trouve séparément des grins de femmes, d’hommes regroupant jeunes et vieux ainsi que des grins distincts de jeunes. Professionnels, jeunes intellectuels, retraités, femmes de différentes communautés et ethnies peuvent se réunir au bord d’une rue, dans un garage, un atelier de soudure ou à l’entrée d’une maison pour discuter pendant que l’un d’entre eux prépare le thé. Chacun à tour de rôle, émet son point de vue ou partage une information qu’il voudrait confirmer. 

 

C’est ainsi que dans la Cité des 333 Saints, l’initiative des discussions autour du thé, dans le respect de la tradition locale, est devenue une plateforme d’échanges entre le Chef de Bureau de la MINUSMA à Tombouctou et d’autres représentants des Sections substantives comme l’Information Publique, les Affaires Civiles, la Section des Droits de l’homme, les Affaires Judiciaires et Pénitentiaires et inconditionnellement la composante de la Police onusienne (UNPOL), avec les tombouctiennes et les tombouctiens.

 

« C’est une très bonne initiative qui permet d’instaurer une certaine confiance des populations dans la Mission. Elle donne l’occasion aux citoyens lambda d’exprimer leurs préoccupations et de trouver des réponses aux différentes questions qu’ils se posent. Cette démarche qui prend en compte notre culture des débats autour du thé dans nos grins respectifs contribue à mettre un terme aux rumeurs et zones d’ombres sur le mandat de la MINUSMA », se réjouit Aboubacrine  Maiga dit « Adidas", Vice-Président  du conseil régional de la jeunesse. 

 

Le rendez-vous hebdomadaire des Tombouctiens

 

Lors de ces causeries, les préoccupations majeures soulevées par les participants portent sur la situation sécuritaire sur l’axe Tombouctou-Goundam, le chômage qui frappe les jeunes, le rôle des Casques bleus dans la stabilisation du Mali, les braquages et pillages dans les villages éloignés, les difficultés des populations à comprendre que la MINUSMA n’a pas un mandat exécutif et que poursuivre les bandits ou combattre le terrorisme ne relèvent pas de ses attributions.

 

A ce sujet, le mandat de la Mission onusienne au Mali, renouvelé par le Conseil de sécurité sous la résolution 2227 est très clair et ses piliers reposent sur :

 

a) La surveillance du Cessez-le-feu

b) L’appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali

c) Les Bons offices et la réconciliation

d) La Protection des civils et la Stabilisation

e) La Promotion et la Protection des droits de l’homme

f) L’assistance humanitaire et l’implémentation de projets de stabilisation

h) L’appui à la Sauvegarde du patrimoine culturel

 

Pour exécuter ce mandat, les composantes de la Force et de la Police (UNPOL) sont des maillons essentiels. Leur présence sur le terrain à travers, entre autres, les patrouilles de courtes et de longues portées, la sécurisation de l’acheminement de l’aide humanitaire occasionne des interactions entre les Casques bleus et les populations. La campagne de “Thé dans le grin” vient renforcer la compréhension de leur rôle dans le cadre de la protection des civils. Ces derniers se retrouvent aussi au sein des grins et donnent aux citoyens, l’opportunité de les questionner directement et ce, dans leurs milieux.    

 

Le Chef du Bureau de Tombouctou par intérim, Mamane Sani Moussa, explique qu’ « Il faut rappeler que la responsabilité de la sécurité sur le territoire malien revient premièrement aux  forces de défense nationale. Nous avons un mandat d’appui et nous ne pouvons pas nous substituer à l’autorité d’un pays qui est souverain, et, comme tout autre pays au monde, est appelé à faire face à ses défis, comme la criminalité. Cependant, sur le terrain, nous travaillons bien sûr étroitement avec les autorités maliennes, à travers nos bons offices, pour la  prise des mesures nécessaires à la stabilisation et la restauration de l’autorité de l’Etat ».

 

Par ailleurs, M. Moussa a fait savoir que des réunions régulières sur la sécurité se tiennent avec les autorités de la région. « Nous avons coordonné avec les Forces régionales de la zone de défense numéro 5, les réponses appropriées en vue de sécuriser l’axe Tombouctou-Goundam, les zones des foires et les routes empruntées par les écoliers, en particulier. La MINUSMA joue en rôle d’accompagnement du processus défini par l’Accord de Paix. Seule sa mise en œuvre peut rétablir toutes les conditions favorables à une paix durable et irréversible ».

 

Une séance dans un grin, au bord d’une rue chez un boucher, a attiré les passants qui garaient leur véhicule pour y participer. Ce qui ressort de ces discutions MINUSMA-Maliens lambda est la question du retour à une paix durable qui leur tient tant à cœur. Ce rendez-vous hebdomadaire qu’est le Thé dans le Grin est justement là pour leur rappeler que tel est le but de l’action de la Mission en contribuant à l’établissement d’un environnement favorable à la stabilité.

 

« Avec la présence de la MINUSMA, nous avons constaté que la situation a plutôt tendance à s’améliorer. Un grand nombre de nos frères et sœurs réfugiés sont rentrés. Je sais maintenant que la MINUSMA déploie des efforts considérables pour appuyer l’Etat malien et non pas le remplacer », a relevé Moussa Baby, chef du grin visité le 30 septembre dernier.

 

La campagne se poursuit jusqu’en juin 2016 dans la région de Tombouctou. Les chefs de grin se passent le message et tous attendant, avec impatience, d’être visités.