Rentrée scolaire symbolique: les enfants reprennent le chemin de l’école à Kidal

18 octobre 2016

Rentrée scolaire symbolique: les enfants reprennent le chemin de l’école à Kidal

 

La cité de Kidal a connu une effervescence particulière ce lundi. Et pour cause, comme à Bamako et dans les autres régions du Mali, il y a quelques jours, les écoles ont rouvert leurs portes aux apprenants ce matin, après plusieurs années de fermeture.

 

Le filles et fils de Kidal ont repris le chemin de l’école ce lundi. Certes, partiellement, car seulement six écoles sur plus de la vingtaine que compte la cité vont accueillir les élèves à cette rentrée, au titre de l’année scolaire 2016-2017, dont la cérémonie officielle s’est tenue au Complexe scolaire Baye Ag Mahaha, sous la direction du Gouverneur de la région, Koina Ag Ahmadou.

 

Une forte présence d’officiels et d’invités pour la circonstance: bien-sûr le Gouverneur de Kidal représentant de l’Etat malien, les leaders de la CMA, le Chef du Bureau régional de la Minusma, les chefs de fractions, les chefs coutumiers, les représentants de la société civile et d’ONG nationales et internationales, les autorités en charge de l’éducation, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves, les partenaires comme OCHA et l’Unicef…

 

 

Un message de paix adressé par le Gouverneur

 

En ouvrant solennellement les classes pour cette année scolaire, le Gouverneur de la région, dont c’est la première visite à Kidal depuis sa nomination il y a quelques mois, a exprimé au nom de l’Etat malien, sa joie d’être parmi les populations, «après tant d’années d’absence de l’Etat malien à Kidal».

 

Il a adressé un message de paix à la population au nom de laquelle, a-t-il dit, «il est nécessaire d’aborder toutes les questions liées au retour des services sociaux de base». Le Gouverneur Koina Ag Ahmadou, avant de recevoir les ovations de l’audience pour s’être exprimé en langue locale Tamasheq, a invité les uns et les autres à non seulement «tout mettre en œuvre afin que l’école soit une réalité irréversible dans la région», mais aussi et surtout à «faire table-rase du passé et oublier le langage des armes», car a-t-il poursuivi, «cette date du 17 octobre restera gravée en lettre d’or dans les annales de l’histoire de notre région, parce qu’elle marque un nouveau départ pour nous».

 

Pendant plusieurs mois, une poigné d’autorités académiques ont travaillé d’arrache-pied pour voir renaitre l’école. Au nombre de ceux-ci, le Directeur de l’académie de Kidal, Ibrahim Ag Mohamed, qui voit en cette reprise «un espoir pour les enfants de se mettre à l’abri des tumultes de la rue, de la violence». Il a par ailleurs rassuré les parents d’élèves de l’appui du Ministère de l’éducation en quantité suffisante d’ouvrages scolaires.

 

Le Chef de bureau régional de la mission des Nations Unies, Christophe Sivillon, tout en se réjouissant de l’heureuse occasion, a félicité la présence de l’autorité de l’Etat à la cérémonie. «La présence à Kidal de Monsieur le Gouverneur et la prochaine mise en place des autorités intérimaires démontrent, sans aucun doute, la volonté des parties signataires à aller de l'avant, dans la mise en œuvre de l'Accord pour la paix, et je les en félicite», a-t-il dit.

 

 

Un retour progressif à l’école selon les zones…

 

Après donc quatre années de sommeil, l’école s’éveille enfin. Une  reprise certes partielle, mais qui permettra à la jeunesse scolaire de reprendre goût à l’instruction, à l’apprentissage du savoir.

 

Pour Christophe Sivillon, Chef de bureau, l’engagement de la MINUSMA en faveur des enfants ne saurait se limiter aux villes de Kidal et de Tessalit. Il devra «s'étendre à toute la région, y compris aux cercles de Tinessako et d’Abeibara». Les autorités sont ainsi rassurées de l’engagement total de la mission au profit de la scolarisation des enfants.

 

Pour accompagner les efforts des autorités, la MINUSMA finance deux grands projets de réhabilitation et d’équipements de 56 salles de classes, 16 latrines, 8 directions dans les cercles de Kidal et Tessalit, pour plus de 240.000.000 FCFA

 

Plusieurs milliers d’enfants sont attendus à terme dans les salles de classes, avec le retour progressif des familles déplacées ou réfugiées au-delà des frontières du pays. La reprise se fera progressivement pour les autres écoles de Kidal, mais aussi suivant l’évolution de la situation sécuritaire dans certaines zones comme Tessalit, Anéfis et Aguelhok.

 

Du côté des apprenants, la familiarisation avec les cahiers et les livres, après une si longue période de latence, se fera certainement au fur et à mesure de l’évolution de l’année scolaire. Mais ils en sont très heureux, comme l’exprimaient leurs visages à la cérémonie de ce matin.

 

Point de doute sur les programmes d’études. «L’apprentissage se fera selon le programme  national, avec cependant une spécificité régionale», a confié Akly Ag Wacawalene, Directeur des centres d’animation pédagogique de Tessalit, à l’issue de la cérémonie.

 

Pour les enseignants parmi lesquels on dénombre aussi bien des fonctionnaires de l’Etat que des volontaires locaux, c’est aussi une opportunité de renouer avec le métier, de reprendre la main, pour assurer un bel avenir aux enfants, avenir de la région.