Appui à la sauvegarde du patrimoine culturel - Pour la première fois dans une résolution du Conseil de Sécurité, la protection des sites culturels et historiques est incluse dans le mandat d’une opération du maintien de la paix.
La MINUSMA doit supporter les autorités maliennes à protéger les sites culturels et historiques du Mali contre toutes attaques, en collaboration avec l’UNESCO. Il lui a également été demandé de conduire précautionneusement ses opérations dans le voisinage de ces sites.
Au Mali, particulièrement entre Avril 2012 et Janvier 2013
Le patrimoine culturel dans le nord du Mali, qu’il s’agisse des sites, des objets ou des pratiques et expressions culturelles, notamment dans les villes de Tombouctou et de Gao, ont fait l’objet d’attaques répétées et ont subi de lourds dommages.
A Tombouctou, 14 des 16 mausolées du patrimoine mondial ont été détruits. Des attaques ont notamment ciblé et complètement détruit les deux mausolées de la mosquée de Djingareyber, ainsi que le monument El Farouk. La porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia a été cassée. En septembre 2013, un attentat suicide a fortement endommagé d’autres bâtiments de la ville tels que des bibliothèques familiales de manuscrits, Environ 4200 manuscrits de l’Institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) ont été brûlés par des groupes armés.
Des photos de la première mission des experts de l’UNESCO à Tombouctou du 6 juin 2013 montrent les dégâts sur les différents sites.
A ce jour, la reconstruction des mausolées et la réhabilitation des bibliothèques de manuscrits sont en cours à Tombouctou. La MINUSMA a notamment lancé la réhabilitation de trois (3) bibliothèques de manuscrits à travers le financement d’un projet à impact rapide (QIP).
A Gao et sa région, le mausolée El Kebir a été détruit en octobre 2012 et de nombreux instruments de musique avaient été brûlés en mai de la même année. A travers un QIP, la MINUSMA a lancé le rééquipement en instruments de musique et matériel de sonorisation de l’orchestre régional.
Une vidéo montre la première mission d’évaluation de l’UNESCO des dommages causés sur le patrimoine culturel de Gao.
A Douentza, le grand Toguna du centre-ville a été saccagé et les piliers sculptés ont été brûlés.
A Hamdallaye, près de Mopti, un mausolée a été fortement dégradé en mai 2015 par des explosifs pour empêcher la cérémonie traditionnelle de Ziyara.
Le patrimoine immatériel a a également ainsi été touché par les événements. Les expressions et traditions orales présentes sur le territoire malien permettent aux populations d’exprimer et transmettre leurs valeurs et connaissances, et sont en particulier des outils de résolution des conflits et de cohésion inter et intracommunautaire. De nombreuses manifestations et pratiques culturelles ont été interrompues depuis le début du conflit.
Parmi les huit éléments du Mali faisant partie de la Liste du patrimoine immatériel de l’humanité la Charte du Manden y a été inscrite en 2009 et fait partie depuis mars 2011 du patrimoine culturel malien. C’est l’une des plus anciennes constitutions au monde, prônant la paix sociale dans la diversité, l’inviolabilité de la personne humaine, l’importance de l’éducation, de l’intégrité de la sécurité alimentaire, ainsi que la liberté d’expression et d’entreprise.
En décembre 2013, les pratiques et savoirs liés à l’imzad des communautés touarègues de l’Algérie, du Mali et du Niger ont aussi été admis sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité. La musique de l’imzad est jouée par les femmes et fournit un accompagnement mélodique et thérapeutique aux chants poétiques et populaires, glorifiant les héros du passé ou chassant les mauvais esprits.
Depuis mars 2014, le Mali a lancé un inventaire du patrimoine culturel immatériel, en commençant par les régions du nord. L’inventaire vise notamment à identifier et documenter les connaissances et pratiques relatives à la nature, traditions orales, rituels et événements festifs, l’artisanat traditionnel ou encore les pratiques traditionnelles relatives à la prévention et à la résolution des conflits.
La MINUSMA travaille étroitement avec l’UNESCO afin de soutenir les autorités maliennes à la réalisation de ce projet et aider la population malienne à retrouver toutes les richesses de son patrimoine culturel matériel et immatériel. Afin de contribuer à la sauvegarde du patrimoine culturel malien, l’UNESCO a développé le «Passeport pour le patrimoine» du Nord Mali. Il vise à faciliter la mise en œuvre par le Mali de sa Loi sur le patrimoine et des quatre Conventions internationales de l’UNESCO qui lui sont liées :
- la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (1972), ratifiée par le Mali le 5 avril 1977 ;
- la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés (1954), ratifiée par le Mali le 18 Mai 1961, et son Deuxième Protocole de 1999, auquel il a adhéré le 15 novembre 2012 ;
- la Convention pour la lutte contre le trafic illicite des biens culturels (1970), ratifiée par le Mali le 06 avril 1987 ;
- la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003), ratifiée par le Mali le 03 juin 2005 .
Activités
Afin de mettre en œuvre son mandat, la MINUSMA, à travers son "Unité Environnement et Culture", assure différentes activités :
- La formation de tout son personnel, civil, militaire, et policier, à la sensibilisation du patrimoine culturel malien : 1040 personnes formées au 30 juin 2015 ;
- Le soutien au programme de réhabilitation des sites du patrimoine endommagés des régions du nord coordonné par l’UNESCO et le ministère de la Culture : 451 vols pour des missions relatives à ce programme soit pour un montant de 155 580,75 $ au 30 juin 2015 ;
- L’appui à la reprise d’évènements culturels dans les régions du nord du Mali, contribuant à la transmission du patrimoine immatériel et à la cohésion sociale : 93 vols pour des évènements culturels soutenus soit pour un montant de 30841,45 $ au 30 juin 2015 .
« La culture est davantage qu’un monument ». « Protéger la culture, c’est soutenir les peuples, leur donner la force de se reconstruire, de regarder vers l'avenir. » comme l’a exprimé Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, le 4 juin 2013.