Dissuader les groupes armés terroristes, rassurer et protéger les populations : Retour sur la présence de la MINUSMA à Goundam
Dès son déploiement en 2013, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a établi une base secondaire dans la ville de Goundam, à 90 km au sud-ouest de Tombouctou. Le 15 août 2023, ce camp de la MINUSMA a été fermé et remis aux autorités civiles maliennes, conformément aux directives de la résolution 2690 (2023) du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a acté la demande malienne de retrait de la MINUSMA. Ce processus doit être achevé d’ici au 31 décembre 2023.
Une position stratégique au sein de la région de Tombouctou
Goundam et son cercle éponyme sont proches de la Mauritanie. C'est à M’Berra, en Mauritanie, que de nombreux Maliens ont cherché refuge dès 2012, fuyant la crise profonde qui secouait leur pays. Dans ce contexte, l’établissement du camp de la MINUSMA à Goundam a permis aux sections civiles de la Mission d’accéder aux zones en crise et de poursuivre leurs initiatives pour la paix, la réconciliation et la stabilisation, permettant également le retour des réfugiés maliens, comme en mai 2019. Deux mois auparavant, outre l’accueil de 2 086 d’entre eux dans la localité de Koïgouma, la MINUSMA a mis en œuvre à partir de son camp de Goundam, plusieurs projets. Ceux-ci ont notamment porté sur l’accès à l’eau potable et la construction de salles de classe en faveur de populations rapatriées et de leurs enfants.
Goundam est riche de sa diversité et de son important potentiel économique. La zone compte cinq lacs qui forment le système Faguibine et favorisent, entre autres, l’agriculture, l’élevage et la pêche. Ainsi, depuis 2014, la Mission a mis en œuvre 85 projets à impact rapide dans les cercles de Diré, Niafounké et Goundam. La somme globale allouée à ces projets s’est élevée à 1,4 milliard de FCFA. 20 autres projets ont été réalisés dans ces cercles à travers le Fonds fiduciaire de la MINUSMA, pour un montant total de 2,3 milliards de FCFA. Les domaines concernés portent sur les infrastructures, les services sociaux de base, l'agriculture, la restauration de l’autorité de l'État, ainsi que le renforcement des capacités.
Élément essentiel du dispositif de la MINUSMA dans la région de Tombouctou, le camp de Goundam avait aussi pour mission de contribuer à la protection des civils dans les cercles de Goundam, de Diré et de Niafounké à travers des patrouilles et des opérations de sécurisation. Ces actions ont permis d’assurer une présence dissuasive contre les groupes armés terroristes. Elles ont aussi facilité le maintien d’un dialogue continu entre les populations et les Casques bleus et une bonne connaissance de leurs préoccupations. Dans la ville de Goundam, les soldats de la paix effectuaient en moyenne quatre patrouilles par jour, créant ainsi les conditions du retour des réfugiés mais aussi de la reprise des activités commerciales, comme les foires hebdomadaires, essentielles à l’économie locale.
L’appui à la restauration de la sécurité s’est également manifesté par le renforcement des capacités techniques et opérationnelles des Forces de défense et de sécurité du Mali. Plusieurs initiatives ont été lancées à cet égard, y compris la construction et l’équipement de commissariats de police à Goundam et à Niafounké. Ces projets ont permis d’appuyer de façon significative la restauration et l’extension de l’autorité de l’Etat.
Un atout pour la paix et la réconciliation
En 2012, Goundam, aussi appelée la cité des Lacs, est, comme les autres villes du nord du Mali, gravement affectée par le conflit armé qui sévit dans cette partie du pays. De nombreux ménages ont ainsi été contraints de se déplacer en raison de la crise et de ces corolaires : affaiblissement de l’autorité de l’Etat, accroissement de la présence djihadiste et du banditisme, auquel s’est ajouté l’assèchement des Lacs. Cette situation a entraîné et alimenté des tensions entre communautés de la région.
À partir de 2014, et à la faveur de la présence du camp de la MINUSMA dans la ville de Goundam, une série de consultations entre les différentes communautés de la zone ont été organisées. Ainsi, au lendemain de la signature, en juin 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger, un forum dénommé « Initiative pour la réconciliation et la culture de la paix dans le cercle de Goundam » a pu se tenir. L’objectif était de créer un réseau de sages pour promouvoir et renforcer la réconciliation et la culture de paix dans le cercle. Plus de 360 personnes, y compris des sous-préfets, des chefs coutumiers, des dirigeants religieux et communautaires et des élus locaux, ainsi que des représentants de populations réfugiées, de partis politiques, d’associations de femmes, de jeunes et d’autres segments de la société civile, y ont participé. Grâce à la présence de la MINUSMA, d’autres initiatives similaires ont été organisées par la suite.
« Heureux nous étions, fiers nous rentrons »
Au 1er juillet 2023, le camp de Goundam abritait une compagnie du bataillon ivoirien de 160 éléments et une unité de police constituée du Bangladesh de 139 personnels. Ils avaient pour tâche principale la protection des civils, en plus de la défense du camp.
Malgré un contexte difficile, marqué par des attaques armées ou à l’engin explosif improvisé, les Casques bleus déployés dans cette zone se sont acquittés de leur mission avec dévouement. En un an, le dernier détachement du bataillon ivoirien a réalisé plus de 190 patrouilles dans Goundam et ses environs. Dans le cadre de leur mission de protection des populations civiles, la compagnie ivoirienne et l’unité de police constituée du Bangladesh ont mené plusieurs actions de promotion de la cohésion sociale et apporté un appui multiforme aux populations locales. Celui-ci a notamment inclus des consultations médicales, des donations de produits vivriers et non-vivriers à des familles vulnérables, ou encore l’organisation d’activités sportives.
Au moment de la fermeture du camp, la compagnie ivoirienne a organisé une cérémonie d’adieu avec des représentants des Forces de défense et de sécurité maliennes, des populations et des autorités locales de Goundam sous le slogan « Heureux nous étions, fiers nous rentrons » - une parfaite illustration de la coopération qui a existé entre les casques bleus et leurs hôtes, selon Thierry Marc ATSE-AKE, Commandant de la compagnie ivoirienne.
« Nous avons sympathisé avec des amis de plusieurs nationalités et nous garderons de bons souvenirs grâce aux missions accomplies en faveur de nos communautés », a déclaré Fadimata SANGHO, ancienne Présidente de la Jeune Chambre internationale de Goundam. « Avec la MINUSMA, nous avons développé plusieurs activités communautaires, notamment celle intitulée « Santé pour tous » (ndlr une série de consultations gratuites et des dons de médicaments aux Centres de santé communautaire du cercle de Goundam), a-t-elle conclu.