Formation des organisations de la société civile de Gao sur la justice transitionnelle

21 janvier 2016

Formation des organisations de la société civile de Gao sur la justice transitionnelle

La MINUSMA vient de clôturer un atelier de renforcement des capacités des organisations de la société civile (OSC) de Gao sur les droits de l’Homme et la justice transitionnelle. Initié par la Division des droits de l’Homme de la Mission onusienne à Gao, l’atelier s’est tenu du 19 au 20 janvier 2016, dans la salle de réunion de l’Académie Régionale d’Enseignement.

 

La cérémonie d’ouverture a été présidée par le chef Songhoï de Gao, M. Moussa Souma Maiga, et par Mme Yande Kane de la division des droits de l’Homme de la MINUSMA.

 

Facilité par le Chef Songhoï, l’atelier avait pour objectif général de sensibiliser et renforcer les capacités des militants des organisations de la société civile et des journalistes sur les mécanismes de la justice transitionnelle, la réconciliation nationale et les droits de l’homme. 

 

Pendant deux jours, les participants se sont imprégnés du rôle que leurs organisations doivent jouer dans le processus de justice transitionnelle, le monitoring des différentes violations des droits de l’homme et le moyen de mener des plaidoyers auprès des autorités.  Ils ont aussi appris un ensemble de principes directeurs à suivre pour que les entretiens avec les victimes soient faits de manière éthique et en toute sécurité.

 

Yande Kane qui dirige la division des droits de l’Homme de la MINUSMA à Gao, s’est réjouie de la présence des leaders religieux à cet atelier. « Les Imams font des prêches dans des mosquées.  Leur enseignement ne devrait pas se limiter aux mécanismes non judiciaires, mais que la population comprenne qu’elle peut pardonner si nécessaire, mais aussi qu’elle a la possibilité d’aller en justice, » a souligné Yande. « Les chefs religieux ne doivent pas seulement prôner le pardon et la réconciliation, car cela entraîne en fin de compte l’impunité pour certains crimes et ne rend pas justice aux victimes, » a-t-elle conclu.

 

Mme. Kadiatou Coulibaly, représentante de l’Organisation pour la défense de l’Enfant et de la Femme (ODEF), a insisté sur la nécessité de l’appropriation de la justice transitionnelle et de ses mécanismes par les OSC et surtout par l’ensemble de la population. « La justice transitionnelle permettra aux chefs religieux de pouvoir atteindre les communautés et de leur faire comprendre le concept de la justice transitionnelle en tant que tel et aussi de faciliter la réparation des préjudices subis par les victimes lors de l’occupation » a dit en substance Mme Coulibaly.

 

La justice transitionnelle est un mécanisme qui a pour but de favoriser la réconciliation au sein d’une société. Le Mali a vécu des violences graves et à grande échelle et certaines violences ne doivent pas être oubliées.  C’est pour cela que ce mécanisme a été mis en place : pour donner une réponse définitive à cette question liée aux violations passées. 

 

Chef Songhoï, Moussa Souma Maiga, apporte tout son appui à l’initiative de la Mission onusienne, « une très bonne initiative quand il s’agit de discuter du cadre de la justice transitionnelle.  Nous devons faire de la sensibilisation dans les médias, organiser des rencontres dans les quartiers, villes et villages pour expliquer cet eldorado qu’est la justice transitionnelle.  Ceci dans le but de retrouver la paix tant recherchée et la réconciliation tant souhaitée dans notre pays pour que toutes ses filles et tous ses fils puissent en être fiers ».

Parmi les thèmes spécifiques qui ont été discutés lors de cette rencontre figuraient l’historique des crises au Mali et les processus de réconciliation afférents, l’introduction aux droits de l’homme, l’introduction aux principes de la justice transitionnelle, l’échange/débat sur l’évolution du processus de justice transitionnelle au Mali, et l’introduction sur le rôle des OSC en matière de justice transitionnelle.

 

Cet atelier a donné lieu à quelques recommandations, notamment la pérennisation d’une telle rencontre en vue d’une meilleure structuration des OSC, le renforcement des capacités des OSC pour qu’elles jouent un rôle déterminant vis-à-vis de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) et de façon générale dans le processus de la justice transitionnelle, entre autres.

 

Au terme de cette réunion, les participants s’engagèrent contractuellement à faire partie du Cadre de concertation des OSC de Gao pour la justice transitionnelle mis sur pied à l’issue des travaux pour assurer le suivi des recommandations retenues et participer aux activités que ce cadre organisera dans le futur.  Le chef Songhoï Moussa Souma Maiga a été désigné pour diriger ledit cadre.