Intégration du Genre dans le processus RSS-DDR : la MINUSMA forme les membres du CSA et de la société civile

21 mai 2021

Intégration du Genre dans le processus RSS-DDR : la MINUSMA forme les membres du CSA et de la société civile

Du 18 au 19 mai derniers à Bamako, s’est tenu un important atelier de renforcement des capacités sur la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement, démobilisation et réintégration (RSS-DDR), ainsi que l’Intégration du Genre dans ces domaines au Mali. Destiné aux femmes et hommes membres du Comité de Suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (CSA) et de ses sous-comités, ainsi qu’aux représentantes des organisations de la société civile, il a mobilisé une cinquantaine de participant(e)s. Organisé par la section RSS-DDR, l’Unité genre et l'Unité Médiation de la MINUSMA, il répond à l’obligation mandataire faite à la Mission des Nations Unies d’inclure la dimension genre dans l’ensemble de ses actions.

Les partenaires du Mali unanimes sur l’inclusion des femmes dans le CSA et au-delà…

La cérémonie d’ouverture a été coprésidée par Bakary BAKAYOKO le Secrétaire permanent du Haut Représentant du Président de la Transition pour la mise en œuvre de l’Accord pour le compte du Gouvernement malien et de Ndiaga DIAGNE, Chef de l’unité de Désarmement de Démobilisation et de Réinsertion (DDR) représentant la MINUSMA. C’était en présence du Secrétaire général du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et des Ambassadeurs du Canada, de la Grande-Bretagne de l’Algérie (pays chef de file de la médiation internationale pour le Mali). Pour ce dernier, Son Excellence Monsieur Boualem CHEBIHI, l’importance de la promotion et de la participation des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord de paix n’est pas à établir car selon lui : « le rôle de la femme est indiqué dans au moins 12 dispositions de l’Accord de paix et cela depuis l’étape de sa négociation à Alger ». En notant les avancées récentes d’inclusion des femmes dans le CSA, il a indiqué les attentes relatives à leurs rôles et contributions sur les questions de Désarmement de Démobilisation et de Réinsertion (DDR). Soulignant la place de choix que le Canada accorde à l’égalité entre les femmes et les hommes et au renforcement du pouvoir des femmes et des filles, Son Excellence Madame Marie LEGAULT, Ambassadrice du Canada au Mali, a indiqué que son pays a mis les femmes au premier rang de toutes ses interventions internationales. Ceci, par la mise en œuvre depuis 2005 de sa politique internationale d’aide féministe, notamment en Afrique de l’Ouest. Mme LEGAULT prévient : « la non-implication des Femmes dans les processus de paix retarde de 15 ans la mise en œuvre de la paix ». À cet égard, elle a garanti le soutien du Canada aux Femmes du CSA, en leur rappelant que leur rôle est très important dans la mise en œuvre de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité, et pour le progrès et le développement du Mali. L’importance de la participation des femmes dans le processus de paix et plus généralement dans les défis, notamment sécuritaires, auxquels le Mali fait face, sont les points mis en exergue dans l’intervention de l’Ambassadeur de Grande-Bretagne, Son Excellence Monsieur Barry LOWEN.

Enfin, pour le Conseil de sécurité de l’ONU, l’inclusion des femmes au processus de paix en général est une exigence. Celle-ci est consignée dans la Résolution 2531 (2020) sur le Mali qui mandate la MINUSMA. Il y est demandé : « à toutes les parties maliennes d’assurer la participation pleine, effective et véritable des femmes aux mécanismes créés au titre de l’Accord pour en appuyer et en suivre la mise en œuvre, en utilisant le cadre approprié, notamment en veillant à accroître la représentation des femmes au Comité de suivi de l’Accord… »

Engagé sur cette voie, le Gouvernement rassure les Maliennes

Prenant la parole au nom du ministère de la promotion de la femme, Chiaka GASSAMA, a rappelé l’objectif de l’atelier qui n’est autre que d’amener les femmes à prendre part au CSA et à y jouer pleinement leur rôle, afin d’influencer le changement dans l’engagement de toutes les femmes du Mali à soutenir l’Accord de paix conformément au processus RSS-DDR et l’intégration du Genre.

« Malgré les difficultés et hostilités souvent constatées, les parties signataires collaborent, » a déclaré Bakary BAKAYOKO, représentant le Haut représentant du Président de la Transition pour la mise en œuvre de l'Accord, faisant allusion à l’Accord qui a six ans cette année. M. BAKAYOKO a également souligné la création des zones de développement, notamment au nord du Mali et l’intégration de plus de femmes dans l’armée. Selon lui, c’est une preuve que certaines parties de l’Accord sont prises en compte. « Cet atelier est la preuve que la communauté internationale et nationale accorde une place importante à la prise en compte de la femme dans la mise en œuvre de la paix au Mali » a-t-il dit, saluant l’accompagnement de cette dernière. Enfin, il a rappelé le soutien du bureau du Haut Représentant aux femmes leaders et aux femmes de la société civile, tout en leur assurant son accompagnement certain dans toutes leurs actions pour la mise en œuvre de la paix au Mali.

Au cœur de la thématique…

Ndiaga DIAGNE, Chef de l’unité DDR de la MINUSMA, a rappelé le cadre dans lequel s’inscrit l’atelier notamment celui de  l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger qui stipule que : « les parties conviennent de la nécessité d’entreprendre, en profondeur une Réforme du Secteur de la Sécurité, en s’appuyant sur une réflexion approfondie d’une nouvelle vision nationale de la sécurité et de la défense compte tenu de tous les facteurs locaux, régionaux, nationaux et internationaux pertinents ». Abordant les tâches prioritaires de la MINUSMA relatives aux femmes maliennes, il a affirmé que l’objectif de cet atelier est de contribuer à approfondir leurs connaissances sur le processus de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (RSS-DDR) et de l’intégration du Genre, afin de leur permettre de mieux contribuer à sa mise en œuvre dans leurs différentes structures. Dans ce sens, il a souhaité voir des femmes enrichies et fortes, martelant qu’elles sont « au cœur de l’évolution de leur pays ».

Différentes présentations ont eu lieu. Préalables incontournables, le mandat de la MINUSMA, l’historique de l’Accord, sa mise en œuvre, et son suivi, ont été présentés. Puis, les formations en RSS-DDR se sont succédé : l’Introduction au concept de RSS, ainsi que le processus RSS et le rôle de la MINUSMA dans le processus RSS/DDR ; la présentation du concept de DDR et son application au Mali. Cette présentation a été faite par le chef DDR, M. Diagne, aux côtés de l’ancien ministre Zahabi Ould SIDI MOHAMED, président du CN-DDR. Tout en regrettant, qu’il n’y ait qu’une seule femme dans cette commission, Il a annoncé que : « la commission nationale DDR a prévu d’intégrer 300 femmes par région, » sans oublier de rappeler que : « les portes restent ouvertes pour les anciens combattants qui avaient refusé d’intégrer le processus ».

Les intéressées recommandent…

Les actrices présentes, aussi bien celles du CSA que les femmes leaders de la société civile ont reconnu le travail de militantisme de longue date abattu dès les premières heures par les femmes pour leur prise en compte dans l’Accord de paix.

Pour Mama KOITE, présidente des femmes leaders et Me Saran KEITA de la société civile, les femmes du Mali devraient aller à une autre étape qui est celle de s’approprier rapidement et pleinement leur rôle dans le processus de paix en vue de poser des actes concrets.

Aussi, des recommandations en quinze points ont été faites parmi lesquelles : continuer la sensibilisation sur l’accord ainsi que sur le processus DDR ; l’institutionnalisation des séances de travail entre les femmes du CSA en vue d’accélérer la mise en œuvre de l’accord, ou encore, assurer une meilleure coordination des actions menées pour la paix de façon concertée et inclusive.