La MINUSMA sécurise le DEF à Aglale

10 juin 2015

La MINUSMA sécurise le DEF à Aglale

Une équipe mixte de la MINUSMA s’est rendue, du 2 au 5 juin dernier, dans les localités d’Arbichi, Madiakoy et Bougouni dans le cercle de Gourma Rharous et à Aglal dans le cercle de Tombouctou.

 

Cette mission visait plusieurs objectifs : sécuriser les examens de diplôme d’études fondamentales (DEF) et évaluer la situation des Droits de l’homme ainsi que la situation sécuritaire dans ces zones. Plus d’une centaine de personnes ont été rencontrées dans chaque zone visitée.

 

Depuis la fin du mois d’avril, certains villages de la rive Nord du fleuve Niger, dans le cercle de Gourma Rharous ont enregistré des incidents sécuritaires, tels des attaques armées, des pillages, des actes d’intimidation et d’atteinte à la vie de personnes.

 

Cette recrudescence d’insécurité liée au banditisme a entrainé un mouvement important des populations vers d’autres zones de la rive Sud du fleuve. Les autres secteurs tels que l’éducation se trouvent paralysés en raison du départ des enseignants et du transfert de certains élèves vers d’autres villes.

 

Aussi, la MINUSMA a dépêché une forte escorte de Casques bleus du Togo (TogoBatt) au Centre d’examens du DEF à Aglale, durant les trois jours qu’ont duré les épreuves passées par seulement quinze candidats. Les autorités communales et les responsables de l’éducation ont fait part de leur démotivation et de scepticisme liés à la dégradation de la situation sécuritaire. « Avant l’arrivée de cette mission de sécurisation, le doute planait sur le déroulement des examens. Nos craintes se sont dissipées à la vue  des véhicules des Casques Bleus dans le village », a souri Ibrahim Dicko, président du centre d’exam d’Aglale.

 

A l’écoute des déplacés internes du Gourma Rharous

 

A Aglale, le Maire a fait savoir que depuis plus de trois mois, plus de 200 familles de rapatriés de la communauté Touareg sont revenues du Burkina. Le village n’a pas été attaqué ni n’héberge de déplacés. Il sert plutôt de passage pour les populations nomades de Ber qui fuient les violences sur la rive nord.

 

A Arbichi, l’équipe a retrouvé un village abandonné de la commune de Séréré par ses 3000 habitants par crainte d’attaques. Ils ont trouvé refuge dans les zones de Benguel, Tcheibat-Tcheibat, Madiakoy sur la rive droite et à Bougouni dans la commune de Hamzacoma. Une délégation de 48 notables du village d’Arbichi, dont trois conseillers du chef du village et l’Imam, sont venus expressément accueillir la délégation de la Mission. « Nous avons retrouvé un membre de notre communauté tué au petit matin dans l’arrière-cours de sa maison et le magasin du village qu’il gardait a été incendié. Nous sommes obligés de fuir pour protéger la vie de nos familles », raconte un homme désigné par l’assemblée pour parler en son nom.

 

Bien que les villages de Bougouni et de Madiakoy n’aient pas été attaqués, les populations sont sur le qui-vive suite aux attaques des zones avoisinantes. Ils ont du mal à nourrir les déplacés refugiés dans leurs localités. Mohamed Elbechir Aguissa, chef du village de Madiakoy a déploré l’insécurité qui affecte cette zone située à 100 km au Sud-Est de Tombouctou. « Notre village n’a pas été victime d’attaque, mais l’insécurité dans la zone nous a beaucoup affecté. Le système scolaire ne fonctionne plus car la plupart des enseignants ont quitté. Le village est débordé par les déplacés des villages voisins fuyant les groupes armés et qui sont à la recherche de sécurité. Il est très urgent de trouver des abris à plus de 200 ménages avant l’hivernage », s’est-il inquiété.

 

Quel est le suivi à faire ?  

 

Cependant, les habitants de Bougouni et Madiakoy se disent rassurés de la présence de l’Armée malienne sur une partie de ces villages. « Nous devons la quiétude dans laquelle nous vivons, à la présence de l’armée malienne dans la zone. Si la FAMa venait à quitter, nous n’hésiterions pas à fuir le village aussi », disait Yaccouba Mahamar Maiga, chef du village de Bougouni. Ajoutée à la problématique de l’insécurité soulevée par tous les interlocuteurs rencontrés, ces derniers craignent que le déplacement des populations affecte la prochaine campagne agricole.

 

Les autorités communales d’Aglale, le Président de la commission du Centre d’Examen et les deux directeurs des écoles de Bori et d’Aglal ont exprimé leur soulagement d’avoir pu organiser les examens du DEF grâce au soutien de la MINUSMA. De leurs côtés, les notabilités des autres villages rencontrés ont salué cette mission conjointe des Sections des droits de l’homme (DDH), du Centre de collecte et d’analyse de la Mission (JMAC), de la Protection des Civils (POC), du Bureau de l’Information Publique (PIO) de la MINUSMA. 

 

Au retour de cette mission, le Bureau régional de la MINUSMA a tenu une réunion avec les agences onusiennes afin de les informer de l’évaluation faite sur le terrain par la Division des droits de l’homme de Tombouctou. La Division des droits de l’homme a recommandé la mise en place d’une aide humanitaire ainsi qu’une mission d’investigation pour documenter les cas de violation de droits de l’homme perpétrés lors de la crise de 2012 à Aglale.