Les femmes d’Ogossagou font germer la paix
Le 8 octobre 2021, les communautés Peulhs et Dogons d’Ogossagou signaient un accord de paix local pour favoriser le retour de la cohésion entre les communautés. Au premier anniversaire de cet engagement pour la paix, une équipe de la MINUSMA s’y est rendue (8 octobre 2022) pour mener avec les habitants un dialogue intercommunautaire. Essentiel, ce dernier doit participer à la construction collective d’une vision de l’avenir reflétant des idéaux de paix et de cohésion sociale. Ce processus doit nécessairement passer par l’inclusion des femmes, les bâtisseuses de la paix par excellence.
Les dialogues initiaux ont mis en évidence de profondes blessures. Fatoumata Ousmane BARRY, la porte-parole des femmes Peulhs, a rappelé aux participants que les groupes vulnérables, que sont les femmes et les enfants, continuent d’être les premières victimes des conflits. « Nos enfants et nos maris ont été assassinés sous nos yeux, ce qui nous a causé un choc psychologique. Nous ne pouvons ni partir au marché de Bankass, ni aller chercher du bois par peur de représailles. Les personnes âgées et les enfants meurent de faim. Toutes nos activités sont à l’arrêt et les enfants ne vont plus l’école ».
Pour sa part, Sata DIO, la porte-parole des femmes Dogons, exhorte toutes les femmes à la consolidation de la paix et la réconciliation : « Notre activité principale est l’agriculture. Nous faisons du petit commerce et avons un petit périmètre agricole qui nous permet de faire du maraichage. Seulement, nous souffrons du manque de communication avec les femmes Peulhs. Nous leur demandons d’oublier tout ce qui s’est passé et nous donner la main pour parvenir à une paix définitive ».
À la suite de plusieurs heures d’intenses débats sur la situation socio-sécuritaire des villages d’Ogossagou Peulh et Dogon, avec la médiation du 1er Adjoint au Maire de la commune de Bankass, la Présidente de la CAFO (Coordination des associations et organisations féminines du Mali), le chef du poste des Forces armées maliennes à Ogossagou, le Commandant de la Brigade territoriale et la délégation de la MINUSMA, ont convenu que seule la pleine mise en œuvre de l'accord local de paix par toutes les parties prenantes pourrait réconcilier durablement les deux communautés.
Cependant, pour rebâtir la paix et restaurer la cohésion sociale à Ogossagou, les résidents du village ont communiqué certains besoins, dont l’appui à la création d’activités professionnelles comme la conservation et la transformation agro-alimentaire, l’assistance pour l’ouverture des écoles du village, la réhabilitation des maisons et la création d’un centre médical.
La MINUSMA soutient les deux communautés
A la fin de la session de dialogue, après avoir entendu les besoins des deux communautés, particulièrement les femmes, la MINUSMA a proposé la réalisation d’un projet de maraîchage qui encouragerait les femmes Dogons et Peuhls à travailler côte-à-côte.
Premier pas : inviter les villageois à convenir d’un espace d’un hectare pour la réalisation du périmètre maraicher commun. Le choix du site doit être consensuel et être favorable aux habitants des deux villages notamment les femmes.
Ce projet conjoint a pour vocation de rétablir la paix entre communautés en facilitant l'autonomie financières des femmes et des jeunes. Il ambitionne aussi de renforcer leur rôle dans la société comme leaders de la paix et de la cohésion sociale.