Les femmes de Mopti, prêtes à entrer dans l’arène politique
Une formation en plaidoyer et mobilisation des fonds, réunissant une centaine des femmes de la région de Mopti, est devenue l’occasion idéale pour le lancement d’un nouveau projet destiné à améliorer leur participation à la vie politique et publique.
Destiné au renforcement des capacités des membres de l’association Cadre de concertation des femmes de Mopti (ACCFM) dans la vie politique, cette initiative appuyée par la MINUSMA depuis 2018, répond à un besoin exprimé par les membres du Cadre qui avaient souhaité être mieux préparées et représentées sur la scène politique. Elles se disent désormais prêtes à présenter leurs candidatures aux prochaines échéances électorales.
Pour Bouchira MAÏGA, membre de l’Union des femmes pour la paix et le vivre ensemble de la région de Mopti, le contexte actuel est prometteur. « Ce projet et la loi 052 vont ensemble, parce qu’à chaque fois que les hommes nous écartent surtout dans la prise de décisions, ce projet va nous donner le courage de faire face et de nous présenter aux élections », précise-t-elle.
À travers de la loi 052 de 2015, le Gouvernement du Mali a institué des mesures pour promouvoir le genre dans l'accès aux fonctions nominatives et électives. La promotion des femmes est également fortement encouragée par les Nations unies, à travers la Résolution 1325 (2000) sur Femmes, Paix et Sécurité. Adoptée par le Conseil de sécurité, elle ouvre la voie à la participation actives des femmes aux négociations ainsi qu’au maintien et à la consolidation de la paix.
ACCFM, l'association qui bénéficie de ce projet, compte en son sein des femmes membres de 16 partis politiques différents qui partagent un objectif commun : se soutenir entre elles, s'affirmer pour devenir des femmes engagées et visibles dans la vie publique et politique de la région de Mopti. Elles précisent qu'une femme engagée dans le processus électoral dans sa localité devient plus qu'une candidate. Elle se transforme en actrice politique qui participe au bon déroulement des opérations électorales, laquelle fournira à terme des bénéfices pour toute sa communauté. Bouchira MAÏGA ajoute que « maintenant, la représentation des femmes dans les élections a augmenté, surtout dans les trois ou quatre dernières années et c’est la MINUSMA qui nous a encouragé, orienté, pour nous aider à vaincre notre peur et nous présenter aux élections ».
Lutter contre l’exclusion et garantir aux femmes l’accès à la sphère politique est essentiel pour garantir la paix et les droits fondamentaux des citoyen(e)s particulièrement au niveau local. Ceci est une partie essentielle du travail de la MINUSMA avec la Société civile.
La participation des femmes : Un projet rentable
Selon la Banque mondiale, investir dans la promotion des femmes est au cœur d'un développement durable. Donner une plus large place aux femmes dans la société contribue à la croissance économique, et peut aussi améliorer la survie des enfants et la santé de l'ensemble de la famille. D'où, le fait que l'émancipation accrue des femmes et l'accroissement de l'activité économique vont de pair.
Le relèvement économique des populations affectées par la crise au Mali a été une priorité conjointe des autorités de la région de Mopti et de la MINUSMA car, la relance économique dans les régions du Centre favoriserait une amélioration de la situation sociale des populations et par conséquent faciliterait la cohésion sociale et la consolidation de la paix.
Néanmoins, le manque de moyens économiques reste un des plus grands obstacles pour que les femmes puissent participer pleinement à la vie politique. D'après ONU Femmes, « les femmes ont moins de chances que les hommes de suivre une formation, de nouer les contacts et de bénéficier des ressources nécessaires pour devenir des dirigeantes performantes. »
C'est pour cela que le nouveau projet financé par la MINUSMA s'articule autour de deux axes clefs : d’un côté, contribuer au renforcement des capacités et compétences des membres de l’ACCFM en matière de mobilisation de fonds et mobilisation sociale. De l’autre, le renforcement des connaissances sur les textes statuaires et la compréhension des rôles et responsabilités des élus, à travers des activités adressées à toutes les femmes intéressées à la vie politique dans la région de Mopti.
Fatoumata KANTE, Présidente d’ACCFM, a fait référence aux nombreux bénéfices de ce projet. La mise à disposition d’un bureau, de moyens de déplacement et d’équipements permettront aux femmes de tenir des rencontres régulières pour davantage s’impliquer, s’informer et se former afin de mieux prendre part à la vie politique et publique de la région. Il en va de même pour les ateliers d’initiation à l’informatique, accessibles à toutes les femmes du collectif ACCFM. Ceci a été rendu possible grâce à l’accompagnement de la MINUSMA.