MINUSMA accompagne une rencontre entre les autorités maliennes et la société civile pour la sauvegarde d’un site archéologique

26 avril 2016

MINUSMA accompagne une rencontre entre les autorités maliennes et la société civile pour la sauvegarde d’un site archéologique

 

Suite au classement du site archéologique de Gao Saneye, le 16 Mars 2016, comme patrimoine national par le Conseil des Ministres, la Direction Nationale du Patrimoine Culturel (DNPC) du Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, a organisé, avec l’appui de la MINUSMA et de l’association Alanga, une réunion d’information le jeudi 21 Avril au Conseil Régional de Gao. Cette réunion a eu pour objectifs de faire le point sur les effets du classement du site, ainsi que de démarrer des échanges avec les parties prenantes sur les moyens à mettre en œuvre pour lui assurer une conservation durable.

 

 

Le site de Saneye, composé d’une nécropole et d’une ancienne ville marchande, se situe à environ 6 km au nord-est de la ville de Gao. Il abrite des traces d’habitation datant du VIIe siècle d’après les résultats des recherches effectuées par les différentes missions archéologiques. Ce site archéologique a fait l’objet de nombreux pillages qui se sont intensifiés avec la crise à partir de 2012. Ainsi, des centaines de trous de fouilles privent aujourd’hui les communautés de connaissances précieuses d’un pan important de leur histoire.
 
 
Une cinquantaine de personnes ont participé activement durant la matinée à des échanges fructueux autour de thèmes proposés sur le sujet. En plus des autorités, des responsables des collectivités et des représentants des services techniques régionaux, ont participé les chefs coutumiers, chercheurs, archéologues, journalistes culturels, guides touristiques, détenteurs de manuscrits anciens, gardiens de sites et personnes ressources de la culture.
 
 
« Il est essentiel de rappeler que ce site de Saneye est important pour le monde entier, pour le Mali et surtout pour les Songhoï. Pour cela, nous devons sérieusement en prendre soin. Parce que beaucoup ont compris d’où nous venons aujourd’hui, parce qu’ignorer sa culture est la pire des choses qui puisse nous arriver. La connaissance de ce site pourrait faciliter la paix, l’entente et la réconciliation. Je souhaite que ce site soit vraiment protégé, que des espaces d’échanges soient organisés sur les radios nationales et internationales afin que le maximum de personnes soient informées de l’histoire de ce site qui regorge des siècles d’évènements » a déclaré Moussa Souma Maïga, le chef Songhoï.
 
 
Les nombreuses contributions et idées des participants ont démontré un grand intérêt commun et certain pour les habitants de Gao à préserver ce précieux témoignage de leur histoire, de celle du Mali et de l’Afrique. Le site a en effet eu un rôle de métropole dans le commerce transsaharien entre le VIIe et la fin du XVIe siècles.
 
Fouilles clandestines
 
Parmi les nécessités exprimées par les participants pour sauvegarder l’intégrité du lieu, la matérialisation de ses contours par une clôture a été mentionnée, ainsi que le renforcement du dispositif de surveillance et la sensibilisation des communautés. Certains se sont également interrogés si ce qu’il restait des pillages était suffisamment important pour engager ces démarches de protection. Cependant, la plupart des invités ont aussi mentionné l’importance de poursuivre les recherches archéologiques et scientifiques notamment grâce aux compétences locales existantes. La nécessité de préserver et documenter les autres sites de la région, tel que celui de Kankou Moussa dans la ville de Gao, a également été signalée. Ces recherches gagneraient à être documentées et partagées pour une meilleure connaissance et perception de l’histoire du pays et des liens et influences entretenues avec d'autres civilisations. La préservation du patrimoine culturel est un facteur important de réconciliation, de soutien à la paix et à la cohésion sociale ; cet aspect est d’ailleurs intégré dans « L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » signé les 15 Mai et 20 Juin 2015.
 
 
« Nous souhaitons également que des archéologues et autres chercheurs viennent étayer sur ce qu’il s’est passé sur ce site afin que son importance ne fasse plus l’objet d’un doute » a soutenu Abdoulaye Boncana Maiga, représentant de l’association Alanga et du Mouvement des Jeunes Patriotes.
 
 
Les propositions de cette première rencontre permettront de poursuivre un dialogue avec les autorités, l’ensemble des parties prenantes et les communautés locales afin de valider les axes prioritaires du plan d'actions de sauvegarde de ce site.
 
 
« On ne peut pas protéger le patrimoine d’une communauté à son insu. Il faut qu’elle comprenne les enjeux, la valeur et l’importance en terme scientifique, en terme d’identité, de valeur culturelle pour qu’elle s’implique mieux dans la préservation. Nous sommes en train de travailler sur ce site depuis plus d’un an avec la MINUSMA et l’association Alanga de Gao dans le cadre de la mise en œuvre d’un plan d’action qui a visé à faire la délimitation du site et dont l’aboutissement fut le classement comme patrimoine culturel national. Nous sommes en train de mobiliser les ressources humaines, matérielles et financières à commencer par celles de l’Etat pour voir comment nous pouvons mener une gestion efficiente de ce site très important sur le plan culturel et historique » a indiqué Lassana Cissé, Directeur de la DNPC.
 
 
La MINUSMA est la première opération de maintien de la paix à qui a été mandaté dès sa première résolution, d’appuyer les autorités à sauvegarder le patrimoine culturel du Mali en collaboration avec l’UNESCO. Dans ce cadre, elle a mis à disposition ses moyens techniques et logistiques afin de soutenir les actions de sauvegarde entreprises pour le site de Saneye.
 
 
« Nous avons été alertés dès la fin de l’année 2013 par l’association Alanga et les autorités des pillages liées aux fouilles clandestines effectués sur le site. L’association nous a ensuite adressé une demande pour installer une clôture mais il était important de connaître d’abord la surface et d’engager toutes les démarches nécessaires pour le site comme son classement. Nous avons alors commencé à travailler avec la DNPC, la mission culturelle de Gao, et l’association Alanga en mettant en place un groupe de travail. Nous avons des réunions de coordination mensuelles depuis près d’un an qui ont permis de faire un suivi régulier du site et du plan d’actions défini» a précisé Nadia Ammi de l’unité Environnement et Culture de la MINUSMA.
 
 
La mobilisation qui s’est exprimée dans le cadre de cette rencontre démontre sans aucun doute d’une volonté commune entre tous les acteurs de conserver et valoriser ce témoignage exceptionnel de l’histoire de Gao et du pays, et au-delà des frontières.