Mission conjointe à Bourem

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23 avril 2015

Mission conjointe à Bourem

La MINUSMA et la FAO à la rencontre des autorités et de la population pour faire face aux besoins du Cercle

 

Mercredi 15 avril, une délégation conjointe des bureaux régionaux de la MINUSMA et de la FAO à Gao s’est rendue à Bourem pour effectuer une première mission multidisciplinaire dans le Cercle. La ville de Bourem, située à 95km de la commune urbaine de Gao, est aujourd’hui enclavée, notamment à cause du sable qui recouvre la quasi-totalité de la route nationale.

 

L’objectif premier de la mission était de prendre contact avec les Autorités locales pour recenser les problèmes les plus graves sur le terrain, et identifier les réponses que peut y apporter la MINUSMA.

La mission a également été une première occasion pour le personnel de la MINUSMA d’informer les populations, et la jeunesse en particulier, sur son mandat et son travail dans la région.

 

Au terme des cinq heures de route, qui l’a conduite à Bourem sous escorte militaire, la délégation multidisciplinaire a pu rencontrer le Maire, M. Amadou Toure, le Préfet adjoint, M. IIssouf Niare, le sous-préfet central, Boubou Bathily ainsi que le Chef du Développement social et Président du Comité de Sante et Electrification, M. Amadou Maiga. Lors d’une rencontre avec les Autorités locales, plusieurs sujets ont été à l’ordre du jour, parmi lesquels : l’appui à l’Etat, dans le cadre de la restauration de son autorité, à travers notamment la facilitation des déplacements officiels terrestres escortés et aériens, le renforcement des capacités des acteurs de la Société Civile, ou encore, l’organisation d’activités d’information et de fora intercommunautaires. 

 

Dans son intervention, le Maire de Bourem a souligné quelques-uns des problèmes cruciaux : « La commune de Bourem souffre de grandes lacunes de base. Les plus graves concernent la justice, l’eau et l’électricité. En ce qui concerne la justice, il faut dire qu’il n’y a pas de juge à Bourem depuis 2012. Cela crée d’énormes problèmes qui affectent également l’enregistrement des naissances. Nous avons à ce jour plusieurs registres remplis, qui nécessitent d’être paraphés par un juge. Pour l’eau, le moteur de la pompe est vieux et souvent, il n’arrive pas à faire parvenir l’eau dans tous les quartiers. Les tuyaux sont rouillés. L’eau qui sort est souvent rouge. Par conséquent et selon les tests, il n’y a pas des traces de chlore à sa sortie, ce qui expose sa potabilité a une contamination très facile. De plus, nous avons un problème de forage, car la boue remonte rapidement en contaminant l’eau.  Il nous faudrait un nouveau château d’eau, un moteur et des nouveaux tuyaux pour avoir de l’eau potable. Pour l’électricité, la ville entière repose sur deux groupes électrogènes de 5 KVA chacun seulement. Cela ne nous permet pas d’alimenter la ville sur 24 heures » a dit M. Amadou Toure, en expliquant comment ces graves difficultés représentent à la fois un problème pour les communautés, et un frein pour le retour de l’autorité de l’Etat dans le Cercle. L’intervention de l’élu a été l’occasion pour la MINUSMA d’entamer son propos par la dimension stabilisation et relèvement de son mandat,  à travers le plan de stabilisation régional, un projet qui a été conçu  en étroite concertation avec toutes les autorités, les acteurs locaux et internationaux concernés visant l’intervention dans des secteurs cruciaux qui sont à la base du développement de la région : notamment l’eau, l’électrification, la réfection de certains axes routiers et l’action anti-mines.

 

Suite à la rencontre, la délégation a pu visiter, avec les Autorités locales, les points d’adduction d’eau potable et l’installation électrique de Tilgaz, pour faire un constat de la situation afin d’en tenir compte  dans le plan de stabilisation.

 

La journée du 16 avril a été consacrée à la jeunesse de Bourem. Tôt le matin, les leaders des jeunes ont accueilli la délégation de la Mission pour une séance d’information et d’échange au profit de 175 jeunes de Bourem. L’objectif : apporter la bonne information sur le mandat et les activités  de la MINUSMA au Mali et plus particulièrement dans la région, faciliter la compréhension des priorités et des défis actuels, mais surtout, répondre aux questions de la jeunesse.

 

Sous la présidence du représentant de la Mairie et du Président des jeunes du cercle de Bourem, les officiers de l’Information publique ont tout d’abord remercié les jeunes d’avoir répondu à l’appel.  Un résumé de l’historique de la crise et du processus qui a mené à la création et au déploiement de la MINUSMA a suivi. Le rôle et l’action de la Mission dans le cadre de son Mandat ont été expliqués, ses ressources et sa structure, y compris la composante du personnel en uniforme et la composante civile sont les sujets qui ont été abordés. La présentation a sollicité un échange riche en partage d’informations et de réflexions. Un échange qui a permis aux participants de mieux comprendre comment agit et peut agir la MINUSMA face aux défis du Mali, de la région de Gao et du cercle de Bourem en particulier.

« L’un de nos présidents a dit que pour avoir la paix il faut commencer par le comportement. Comment la MINUSMA peut changer les comportements ?  Pourquoi la MINUSMA ne se focalise pas sur l’emploi ? Si nous avons le développement, nous aurons la paix » a dit l’un des jeunes.

 

L’officier de l’information publique Samantha Buonvino a expliqué que « pour avoir un développement durable, il faut d’abord avoir une paix durable. Si nous bâtissons sur un terrain qui n’est pas bon, les fondations risquent de s’effondrer. Pour cela, l’appui au dialogue politique et à la réconciliation nationale est l’un des piliers prioritaires de la MINUSMA. Il faut d’abord que les parties en conflits se retrouvent dans la signature de l’accord de paix. Cet accord servira comme base pour dépasser la crise et évoluer dans le processus de paix et de développement. Néanmoins, entre temps, nos collègues de la Section Stabilisation et Relèvement travaillent en concertation avec les Autorités et les acteurs du développement dans l’élaboration d’un plan de stabilisation régional portant sur des axes d’interventions cruciales, comme l’eau, l’électricité, la réfection des routes et l’action anti-mines. Mais n’oublions pas : personne ne viendra développer votre Pays à votre place. S’il y a un problème dans une communauté, la solution ne peut se trouver qu’à l’interne de cette communauté. Il faut que chacun assume ses responsabilités et qu’il s’engage à son niveau pour concourir à la paix et au développement ».

 

Ces mots d’explication ont trouvé un écho favorable dans la salle et ont été complétés par une explication détaillée du plan ainsi que des projets à impact rapide, par l’expert de la MINUSMA, M. Issa Maiga, de la Section Stabilisation et Relèvement. D’autres intervenants ont partagé des préoccupations aussi pertinentes : «  Dernièrement les attaques terroristes ciblent la MINUSMA. La population proche de vos camps est donc en danger plus que les autres » a dit l’un des participants dans la salle. En réponse : « En 2013 la ville de Gao était presque vide. Progressivement les gens ont commencé à rentrer, les activités commerciales, les restaurants et les boites ont repris leurs activités, les jeunes se retrouvent en ville pour des activités sportives et culturelles. Tout cela est le résultat d’un climat sécuritaire qui s’est amélioré depuis la crise et cela grâce à l’engagement des populations et au travail conjoint des Forces de sécurités maliennes et internationales, comme la MINUSMA et l’opération Barkhane. Cependant, cette dernière année la situation sécuritaire s’est détériorée au Mali et surtout dans la région de Gao, à cause de plusieurs affrontements entre groupes armés et des attaques asymétriques. La menace terroriste, sur laquelle Barkhane opère pour mitiger les risques, dépassent les confins du Pays. C’est clair que dans un milieu visé, tout acteur qui constitue un obstacle aux objectifs devient une cible. Récemment 147 étudiants universitaires ont été massacrés au Kenya. Les terroristes ont pu avoir accès direct à la population. Au Mali, la MINUSMA opère dans le contexte de la protection des civils. Sa présence est aussi importante pour dissuader autant que possible les violences sur les civils. Souvent les risques ne sont pas visibles jusqu’à ce que ils deviennent des réalités »,  a dit l’officier de l’information Publique.

 

Plusieurs autres interventions ont sollicité la création d’une base de la MINUSMA à Bourem et la décentralisation des activités de Gao à Bourem. La délégation de la MINUSMA a confirmé que le bureau régional est déjà en train d’élaborer des plans d’activités avec les leaders du Cercle et qu’il fera les efforts nécessaires pour multiplier ses missions conjointes.

L’activité a globalement été très appréciée, avec des remarques particulières pour les efforts que la délégation a faite en se déplaçant ainsi pour plusieurs jours à Bourem. Au-delà du déplacement, l’autre effort salué a été celui de s’exprimer de leur mieux en langues locales, témoignage de respect envers une culture si riche comme celle du Mali. Cette activité a également été l’occasion pour la jeunesse de remercier la MINUSMA pour la formation en soudure donnée par le contingent néerlandais à cinq jeunes de chaque cercle de la région au cours du mois de février 2015, dans le cadre d’un projet d’appui direct financé par le Ministère des Affaires étrangères des Pays Bas. Ravie de ce fructueux échange, la jeunesse a clôturé la séance par les mots du Président du Conseil des Jeunes du cercle de Bourem, M. Abdoul Zoulla Toure : « Au nom des jeunes que je représente, je vous remercie de vous être déplacé. Nous sommes ravis de ce début et nous continuons notre travail ensemble avec la MINUSMA. C’est n’est que le début ». Au nom du Maire de Bourem, son délégué a encouragé les jeunes à s’unir pour la paix et le développement du Cercle.

 

Dans l’après-midi, la délégation a rendu une visite au Maire et a planifié avec les autorités de Bourem les prochaines missions. Enfin, sous l’égide du Directeur du Centre d’Animation Pédagogique, la MINUSMA a appuyé les plus jeunes dans l’organisation d’un match de foot et un quizz interscolaire joué au niveau de la place de l’Indépendance : la clôture d’une opération de paix avec les jeunes !