MOPTI : Première visite de terrain du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU, Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire

12 août 2021

MOPTI : Première visite de terrain du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU, Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire

Alain NOUDEHOU, le nouveau Représentant spécial adjoint du Secrétaire général (RSASG) des Nations Unies, Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire, s’est rendu les 3 et 4 août derniers, à Mopti, dans la Venise malienne. L’objectif était de s’imprégner de la situation qui prévaut au Centre.

« Nous avons jugé bon de nous rendre dans un endroit où les difficultés sont énormes, mais où heureusement, nous avons déjà une base à partir de laquelle nous pouvons travailler », a dit M. NOUDEHOU. Le nouveau Coordonnateur humanitaire explique le choix de Mopti comme première destination, en premier lieu, par la situation actuelle des déplacés internes, qui reflète l’insécurité prévalant dans plusieurs localités de la région. En second lieu, a-t-il précisé, « cette visite et le fruit de la synergie d'action et la collaboration très étroite entre les autorités régionales, la MINUSMA, les agences onusiennes et les partenaires œuvrant au Centre du Mali ».

C’est sur le tarmac de l’aéroport Ambodédjo de Mopti que la Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA, Mme Fatou Dieng THIAM, accompagnée des chefs des sous-bureaux des agences onusiennes a accueilli M. NOUDEHOU et sa délégation.

Le RSASG de la MINUSMA était à la tête d’une délégation forte de dix personnes, composée de la Directrice de la Banque mondiale au Burkina Faso, Mali, Tchad et Niger Mme Clara De SOUSA, son adjoint à la coordination de l’action humanitaire, M. Abou DIENG, le Représentant de l’OIM M. Pascal REYNTJENS, la Directrice-pays d’OCHA, Mme Amy MARTIN, la Représentante de l’ONU Femmes au Mali, Mme Beatrice EYONG, le Directeur-pays adjoint du Programme Alimentaire Mondial au Mali, M. Armand NDIMURUKUNDO, Seiba KEITA, FAO ; Ibrahim Abdi Shire, UNICEF ; M. Ali DAOU, UNESCO ; Franck VANNETELLE, IRC représentant du Groupe de Travail Humanitaire du Forum des ONG internationales au Mali (FONGIM).

L’intensification des activités d’assistance alimentaire d’urgence en faveur des personnes déplacées …

D’emblée, les membres de la délégation ont reçu un briefing sur la situation générale dans les régions de Bandiagara, Douentza et Mopti, avec un focus sur les éléments déclenchant la vulnérabilité des populations dans ces zones. Parmi ces éléments pesant sur les régions du Centre, figurent les multiples violations graves des droits de l’homme et des droits de l’enfant, notamment l’intensification des attaques et menaces de groupes armés non identifiés entraînant des déplacements internes massifs, les conflits inter et intracommunautaires, la menace posée par les engins explosifs improvisés, l’aggravation de l’insécurité alimentaire et amplifiée par les attaques contre les moyens de subsistance, le changement climatique, ou encore la criminalité et la pandémie de la COVID.

Au cours de cette visite, une rencontre extraordinaire du Comité régional de coordination humanitaire et de développement (CRCHD), s’est tenue dans la salle de conférence du gouvernorat de Mopti, en présence de M. NOUDEHOU et de sa délégation. Ont pris part à cette réunion présidée par le Gouverneur de Mopti, les membres de son cabinet, les chefs des services techniques de l’État, les représentants des agences onusiennes et d’ONGs travaillant dans les secteurs de l’humanitaire et du développement, la Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA, et le Commandant de zone des FAMAs.

Paix, sécurité et développement : pour aider les populations du Centre à bâtir une vie nouvelle

À l’occasion de cette rencontre, le Gouverneur de la région s’est réjoui de la concordance des approches de la MINUSMA et de ses services sur les questions de paix, sécurité et développement. Le Colonel-major Abass DEMBELE a succinctement présenté la situation sécuritaire générale, les priorités, les initiatives de la région ainsi que quelques recommandations de la dernière réunion du CRHD. Parmi ces dernières figure l’intensification des activités d’assistance alimentaire d’urgence en faveur des personnes déplacées, des sites hôtes affectés par les mouvements des populations ou par la COVID.

Une recommandation qui avait déjà trouvé écho auprès des agences humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires. En effet, visitant successivement les deux sites d’accueil de personnes déplacées internes (PDI) installées dans les environs de Sévaré, M. NOUDEHOU et les responsables du PAM, HCR, OIM, ONU-Femmes, FAO, FNUAP, UNICEF, ont procédé à la distribution de lots importants de tentes, kits alimentaires et de matériels d’hygiène à 216 ménages déplacés répartis sur les deux sites. Parmi ces personnes déplacées internes, 150 ménages sont venus de Bandiagara, le 28 juillet dernier, fuyant la menace de groupes armés non identifiés.   

Saluant l’étroite collaboration entre les autorités régionales, la MINUSMA et les agences onusiennes, le Coordonnateur de l’action humanitaire de l’ONU au Mali les a exhortées à continuer à travailler ensemble de manière intégrée et dans la complémentarité des actions de paix, de sécurité et de développement. « Le Nexus n’est pas un slogan. Il y a une nécessité au superlatif de l’appliquer au Mali, spécialement au Centre, où il faut agir de manière à aider les populations à se relever », a déclaré M. NOUDEHOU.

Selon lui, il est important de tenir compte de la complexité de la situation et de la corrélation entre les différents facteurs qui la caractérisent. « On ne peut s’occuper que de l’humanitaire, parce que les personnes déplacées internes proviennent de zones avec une situation sécuritaire et politique complexe. Nous devons, en appui aux autorités maliennes, chercher à aider ces populations à bâtir une vie nouvelle, en agissant globalement sur ces différents aspects », a précisé le Coordonnateur résident de l’ONU au Mali.

Pour Alain NOUDEHOU, le projet initié par le PAM en appui à la résilience communautaire des villages vulnérables de Soufroulaye et mis en œuvre sur une douzaine d’hectares par la World Vision est un exemple patent des efforts déployés dans le Centre. Financé par le ministère fédéral de la Coopération économique et du développement de l’Allemagne (BMZ), ce projet bénéficie à 150 femmes du village de Soufroulaye.

Lors de la visite effectuée au jardin maraîcher, sous une pluie battante par la délégation et le maire de la commune de Soufroulaye, les femmes n’ont pas caché leur satisfaction. « Avant, j’avais à peine de quoi nourrir ma famille. Aujourd’hui, je cultive des légumes que j’utilise à la fois pour préparer de délicieux repas, mais aussi dont je tire les moyens financiers pour payer la scolarité de mes enfants et subvenir aux besoins de toute ma famille », a témoigné l’une des femmes bénéficiaires. « Avec le revenu tiré de la vente des produits maraîchers, j’ai pu acheter quelques vaches dont mon mari et moi avons vendues quelques-unes pour contribuer au mariage de notre fille », a fièrement expliqué une autre, tout en poussant des cris de joie.

Alain NOUDEHOU appelle la société civile à faire renaitre la culture du dialogue

Lors de sa visite à Mopti, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, Coordonnateur résident et coordonnateur humanitaire au Mali s’est également entretenu avec les représentants des organisations de la société civile, y compris des leaders traditionnels et religieux de différentes communautés. Selon la Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA, il a fallu initier ces rencontres avec différents acteurs de la région, afin de permettre à la délégation de mieux saisir les dynamiques de la coordination des interventions humanitaires, de développement, de prévention et de consolidation de la paix à Mopti, dans l’esprit One-UN (Une-ONU).

Pour sa part, Abdou DIENG, Coordonnateur adjoint de l’action humanitaire au Centre, a fait remarquer que la restauration de l’autorité et de la présence de l’Etat est une condition sine qua non de la stabilisation effective des régions du Centre.

D’après les représentants des jeunes présents à cette dernière rencontre de la série, la culture doit être inscrite au cœur des priorités d’actions visant la stabilisation du Centre. Pour sa part, la présidente de la société civile, Aminata Tata DIALLO, a plaidé en faveur d’appuis adéquats en vue de la mise sur pied d’actions concrètes pour freiner « le développement du phénomène de la féminisation de la mendicité et du sexe de survie en milieu urbain notamment dans la ville de Mopti ». Elle a également attiré l’attention sur la situation très délicate et urgente des femmes et des enfants venus des zones de conflits, fuyant les attaques, les menaces et représailles quotidiennes des groupes armés.

« La question de la protection des femmes nous tient à cœur », a avancé M. NOUDEHOU. Ce dernier a invité les membres de la société civile participant à la rencontre à continuer à jouer leur rôle pour aider à l’identification d’approches adéquates et adaptées pour trouver les solutions idoines aux problèmes de leurs communautés. « Nous comptons sur votre leadership et nous ferons ce que nous pouvons pour vous accompagner, notamment pour renforcer la cohésion sociale et revaloriser le dialogue, pour cultiver la paix », a-t-il dit.