Point de Presse de la MINUSMA 5 mars 2020

5 mars 2020

Point de Presse de la MINUSMA 5 mars 2020

Porte-parole : Olivier Salgado

Bienvenus à tous au point presse régulier de la MINUSMA. Bonjour aux auditeurs et auditrices de Mikado FM qui nous écoutent et merci pour votre fidélité.

Aujourd’hui je recevrai Monsieur Kacou Assokpé, Directeur des Affaires électorales à la MINUSMA qui fera le point sur l’appui de la Mission au processus électoral.

Direction de la Mission

Le Chef de la MINUSMA, Mahamat Salah Annadif, a reçu en audience le 17 février Alioune Tine, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Mali. Cinquième visite de ce genre, elle a permis à l’Expert d’évaluer la mise en oeuvre de l'Accord d'Alger de 2015 dans le nord du Mali, avec le redéploiement progressif des Forces armées maliennes (FAMa) reconstituées. L’état de la préparation des élections législatives figurait aussi à son agenda.

Le 18 février, le RSSG a pu échanger avec les membres de la Communauté des bloggeurs du Mali et l’Association des Bloggeurs. C’était une occasion pour lui de mieux faire connaitre la MINUSMA et son mandat dans le cadre d’un dialogue ouvert et franc.

Du 20 au 22 février, le RSSG a également participé au 20e Forum de Bamako, placé sous le thème de « Quelle Afrique pour 2040 ? ». Lors de son allocution, il a plaidé en faveur d’un plein engagement du continent en faveur de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine pour opérer des changements transformationnels dans les aires économique, sociale, environnementale et de gouvernance.

Le 27 février, le RSSG a participé à la 38e session ordinaire du CSA, qui a pu examiner la mise en oeuvre des recommandations du Dialogue National Inclusif, le déploiement des premières unités de l’armée reconstituée, le lancement du Fonds de Développement Durable, l’inclusion des femmes dans le processus de mise en oeuvre et les mécanismes de l’Accord y compris le CSA, ainsi que le renforcement de la cohésion et de la coordination inter-maliennes de la mise en oeuvre de l’Accord. Les membres du CSA ont pris note du lancement du processus électoral pour le renouvellement des membres de l’Assemblée Nationale et se sont félicités du bon déroulement du déploiement des premières unités de l’Armée reconstituée à Kidal.

Le 27 février, le RSSG a également rencontré le Commandant de la Force conjointe du G5 Sahel, le Général Oumarou Namata, afin de discuter de l’évolution de la situation au Sahel et de la collaboration entre les différentes entités internationales au Mali.

Du 18 au 21 février 2020, le Commandant de la Force, Dennis Gyllensporre a participé à Addis Abeba, au 8ème sommet des chefs d’état-major des forces terrestres des armées africaines (African Land Forces Summit). Sommet annuel organisé avec l’appui de l’US AFRICOM avec les chefs d’état-major des armées de terre africaines, il permet de renforcer leurs relations et discuter des problématiques de sécurité et de défense du continent.

Evènements récents

Lancement campagne UN75 au Mali

Le Directeur pour l’Afrique de l’Ouest du Département des Affaires politiques des Nations unies, Abdel-Fatau Musah, était en visite au Mali pour un suivi de sa mission d’avril 2019 et faire le point sur les progrès réalisés et les défis auxquels la MINUSMA est confrontée dans l'exécution de son Mandat. La visite a également porté sur les efforts de la MINUSMA pour soutenir la mise en oeuvre de l’Accord de paix et les moyens mis en place pour faire face à la situation dans le centre pays, tenant compte des dynamiques complexes entre les communautés. A l’occasion de sa visite, il a lancé la série de débats sur les 75 ans de l’Organisation des Nations unies. A Gao et à Bamako, il a modéré deux débats sur les inégalités croissantes et les conflits avec les jeunes et la société civile.

La MINUSMA a facilité hier le transport à Kidal d'une forte délégation avec à sa tête le Premier ministre malien Boubou Cissé, accueilli par la Représentante spéciale adjointe Mme Adamson, et le Gouverneur de Kidal.

La délégation est notamment composée des ministres de la santé, de l'administration territoriale et de la décentralisation, de la défense et des anciens combattants, de la réconciliation et de la cohésion sociale, de la jeunesse et des sports, de l'artisanat et du tourisme, et le Secrétaire d'État à l'éducation bilingue, ainsi que des partenaires au développement dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l'Agence française de développement et la Coopération luxembourgeoise.

Evénements à venir

Journée internationale des droits de la femme

Chaque année, cette journée importante est célébrée à travers le monde le 8 mars. C'est une occasion de faire le point sur les luttes et les réalisations passées, et surtout, de préparer l'avenir et les opportunités qui attendent les futures générations de femmes.

En 2020, le thème de cette journée est « Je suis de la génération égalité, Levez-vous pour les droits des femmes. » La journée sera donc célébrée au Mali, mais également au quartier général de la MINUSMA demain vendredi.

Nouvelles du Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali

Inauguration de trois radiers à Kidal

Le 24 février, la MINUSMA et l’ambassadeur d’Allemagne au Mali, Dietrich Pohl, en visite à Kidal ont inauguré les trois radiers construits par la MINUSMA au travers du Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité. C’est le plus grand projet financé par le Fonds dans la ville. D’un montant de plus de 300 millions de FCFA, la construction de ces radiers vise à contribuer à la sécurisation et au désenclavement de la ville.

Les pays contributeurs au Fonds fiduciaire des Nations Unies en visite à Tombouctou

Le 12 février, l’ambassadeur du Canada et des représentants des Pays-Bas, du Danemark et de l’Allemagne ainsi que la MINUSMA se sont rendus à Tombouctou pour assurer le suivi des projets achevés et financés au travers du Fonds fiduciaire. Ils ont entamé la dernière phase d’un projet financé par les Pays-Bas pour l’amélioration du fonctionnement de la chaîne de justice pénale dans la région. Par le biais du Fonds, l’Allemagne, le Canada, le Danemark et les Pays-Bas soutiennent le Mali et la région de Tombouctou dans les domaines comme la sécurité, l’accès à la santé et à la justice entre autres. A noter qu’une visite a été rendue sur les travaux d’un important projet, celui de la route aéroport-centre-ville de Tombouctou qui vient d’être refaite.

SSR – DDR

Lancement de la campagne sur le DDR dans le Centre

Elle a eu lieu le 21 février, à Mopti au camp des jeunes de Soufouroulaye. Cette campagne a été lancée dès l'achèvement de la première phase du programme réduction de la violence communautaire. Un total de 352 ex-combattants (dont 17 femmes) ont rejoint le programme. Parmi eux, 292 ont opté pour l’intégration dans les FAMa et passeront des tests d’aptitude médicale et militaire.

Les 60 autres, qui ont opté pour la réintégration dans la vie civile, ont reçu une formation professionnelle. La MINUSMA a soutenu ce programme par le versement d’allocations aux démobilisés.

Validation du programme d’action sur les délinquants extrémistes violents en prison

Elle a eu lieu lors d’un atelier du 19 au 20 février. Organisé avec l’appui technique et financier de la MINUSMA, les discussions ont porté sur les mesures visant à accroître la sécurité dans les prisons, à améliorer la communication entre les parties prenantes, à améliorer les conditions de travail du personnel pénitentiaire et à mener des activités de renforcement des capacités des détenus afin d'améliorer leurs futures possibilités d'emploi. En outre, l’atelier a permis d’identifier les possibilités de formation pour le personnel pénitentiaire, les acteurs judiciaires et les décideurs politiques du gouvernement.

Tombouctou accueille ses premières unités des FAMa reconstituées

Le 17 février, la MINUSMA a assisté à l’arrivée du bataillon des FAMa reconstituées à Tombouctou. Les FAMa devraient assurer la sécurité dans la région de Tombouctou, y compris le long des routes principales.

Participation des femmes au développement local et à la vie politique

Promotion de l’engagement citoyen et de la participation des femmes au développement local

Du 13 au 15 février à Tombouctou, la MINUSMA a financé un atelier sur la « Promotion de l’engagement citoyen et de la participation des femmes au développement local des femmes conseillères ». L’importance de la participation des femmes aux processus décisionnels au niveau local et la nécessité de tenir compte de la dimension genre dans les initiatives de développement local, notamment en ce qui concerne la cohésion sociale, ont été au coeur de cette activité.

Droits de l’Homme et protection

Au cours des deux dernières semaines, la Division des droits de l'homme et de la protection (DDHP) a mené plusieurs activités en application de son Mandat. Ainsi, le 26 février, la Division a déployé sur le terrain une mission d'enquête spéciale pour établir les circonstances de l'attaque contre le village d'Ogossagou. D’autres enquêtes sont en prévision, notamment dans le cercle de Bankass.

S’agissant des activités de promotion, le 24 février 2020, la Division a organisé à Bamako une session de formation thématique sur « le droit international pénal et le procès pénal international : réflexions constitutionnelles » à l’intention des membres de la Cour constitutionnelle du Mali.

Le 2 mars, la Division a aussi organisé une séance de sensibilisation sur le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire dans le cadre des opérations de lutte contre le terrorisme au profit de 18 soldats des Forces armées maliennes récemment déployés dans la région de Ménaka.

Appui aux institutions

Une nouvelle salle de conférence pour le cercle de Mopti

Elle a officiellement été remise aux autorités du cercle de Mopti le 24 février. Un projet à impact rapide (QIP) d’une valeur de plus de 21 millions de F CFA a permis cette réhabilitation. L'ancien bureau du Gouverneur régional a ainsi été transformé en une salle de conférence de 50 places équipée d'un système de sonorisation.

Renforcement des capacités des membres de la société civile dans les cercles de Kidal, Tessalit et Anefis

Cette activité a eu lieu du 27 février au 2 mars et a mis l’accent sur le renforcement des capacités en prévention et gestion des conflits, en particulier en période électorale, pour des membres de la société civile de Kidal, Tessalit et Anefis. A Tessalit. La promotion du dialogue entre les communautés demeure essentielle pour créer les conditions nécessaires à la tenue d'élections législatives dans un environnement pacifié.

Campagne de sensibilisation pour l'implication de la société civile dans le renforcement de la gouvernance locale

Lancement de la campagne de sensibilisation pour l'implication de la société civile dans le renforcement de la gouvernance locale, de la citoyenneté responsable et de l'engagement dans la consolidation de la paix, à Ségou, Ménaka et Gao.

En partenariat avec la « Coordination des Alternatives Africaines Dettes et développement-Mali » (CAD-Mali) et la « Jeune Chambre Internationale du Mali » (JCI), la MINUSMA a lancé la campagne de sensibilisation pour la pleine participation de la société civile dans le renforcement de la gouvernance locale, la citoyenneté responsable et l'engagement dans la consolidation de la paix. Ce projet d’un coût de près de 82 millions vise à sensibiliser les représentants de la société civile des villes de Kidal, Tombouctou, Mopti, Ségou, Bandiagara, Ménaka, Gao, Tessalit, Djenné, Touadenit, Douentza et Bamako à jouer un rôle plus significatif dans la mise en oeuvre et le suivi de l'Accord de paix, avec pour objectif de progresser vers une meilleure gouvernance démocratique et inclusive.

Dialogue intercommunautaire

Création du comité de réconciliation communale à Borko

C’était le 28 février. 20 habitants de chacun des cinq villages de la commune de Borko ont été identifiés pour être formés sur leurs futures responsabilités en tant que membres du Comité. Cette activité fait partie d’un projet financé par la MINUSMA pour soutenir la création et l'opérationnalisation des comités de réconciliation communale, et pour organiser des dialogues locaux et des médiations lors de conflits communautaires.

Le projet a déjà fourni un soutien à la création de 22 comités dans les régions de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti, Ségou, Taoudéni et Tombouctou. Pour l'année budgétaire 2019-2020, l'appui alloué sur les fonds programmatiques de la MINUSMA s'élève à 182 millions de FCFA.

Dialogues intercommunautaires

Entre novembre 2019 et février 2020, la MINUSMA organisé cinq dialogues intra et intercommunautaires entre les représentants de plusieurs communautés dans la région de Ménaka. Plus de 200 participants, dont une cinquantaine de femmes, ont discuté des moyens d’apaiser les tensions communautaires récentes. Financé par les fonds programmatiques de la Mission, chaque dialogue a permis d’identifier les causes profondes des tensions intracommunautaires ainsi que les solutions possibles pour rétablir la paix.

Insertion sociale

Insertion économique des personnes vivant avec un handicap

La MINUSMA a remis le 15 février un projet d'engraissement de moutons à l'association Wafakoye Kondeye représentant les personnes vivant avec un handicap dans la ville de Niafounké. Le projet d’un coût de plus de 10 millions de FCFA aidera les bénéficiaires à devenir autonomes et indépendantes.

Activités de la Police de la MINUSMA

Appui à la police malienne

Le 17 février, la Police des Nations unies a mené une mission conjointe avec une équipe de la Brigade d’investigation spécialisée (BIS) de Bamako au village d’Ogossagou peulh, à environ 15km au sud-ouest de la ville de Bankass. Cette mission s’inscrit dans le cadre de l’enquête sur l’attaque armée qui avait fait au moins 36 morts le 14 février.

Renforcement des capacités au profit des forces de sécurité maliennes

Du 24 février au 4 mars 2020, la Police des Nations unies a dispensé 23 formations au profit de 269 agents des Forces de sécurité maliennes (FSM) dans des domaines aussi variés que la sécurisation des élections, le commandement en intervention ou encore la gestion des explosifs artisanaux. Ces formations visent à améliorer les compétences des membres de FSM et à développer leurs services conformément aux normes internationales.

Sécurisation

Au cours de la même période, UNPOL a effectué 137 patrouilles conjointes avec les FSM, 264 patrouilles pédestres et 50 patrouilles de longue portée dans le District de Bamako et dans toutes les autres régions du centre et du Nord du pays.

Activités de la Force de la MINUSMA

Deux opérations majeures ont marqué les activités de la Force au cours des deux dernières semaines.

Du 18 au 27 février 2020, la Force a conduit dans la région de Tombouctou, l’opération Winner qui visait à dissuader les activités des groupes armés terroristes (GAT), pour contribuer à la protection des civils. Pendant dix jours, les casques bleus de la MINUSMA ont patrouillé dans plus d’une vingtaine de villages. L’accent a été mis sur les cercles de Niafounké, Banikan, Soumpt, Saraféré, Dianké et Léré. Au Nord et au Sud du fleuve Niger, plusieurs postes de contrôle ont été érigés pour surveiller la circulation dans la région. Parallèlement, plusieurs activités de sensibilisation sur le Mandat de la MINUSMA y ont été menées.

L’opération Buffalo se poursuit dans la région de Mopti, renforcés par un appui aérien qui ont dissuadé une attaque en préparation contre le village de Sodongara, à 45 km au sud de Bankass, par des éléments armés radicaux. Les patrouilles menées, dont certaines avec les FAMa dans plusieurs localités contribuent à rassurer les populations et faciliter l’accès de la zone aux acteurs humanitaires.

D’autre part, l’opération Seka est toujours en cours. Elle vise à améliorer la situation sécuritaire sur l'axe Ansongo - Labezanga et faciliter le redéploiement des FAMa dans cette localité.

Au cours des deux dernières semaines sur l’ensemble de sa zone d’opération, la Force a effectué 1510 patrouilles (patrouilles de jour et de nuit, de longue et de courte portée.

Ces patrouilles aussi bien terrestres qu’aériennes, contribuent à réduire les violences sur les populations et à ramener le calme dans les zones où les tensions communautaires sont signalées.

Incidents

Parmi les incidents qui ont affecté la MINUSMA :

- 29 février. Un convoi logistique allant de Kidal à Anefis, a été attaqué par deux individus non identifiés à moto, à environ 13 km au nord-est d'Anefis. Les assaillants ont tiré sur le convoi, à l'aide d'armes légères, avant de s'enfuir. Aucune victime n'a été signalée.

- 26 février. Un véhicule de la Force de la MINUSMA protégé contre les mines (MPV), faisant partie d'un convoi logistique de la MINUSMA, allant de Gao à Tessalit, a été atteint un engin explosif improvisé à environ 55 km au sud-ouest de Tessalit. Le véhicule a été partiellement endommagé.

 

- 21 février. Un convoi d’Unité de police constituée de la MINUSMA a heurté un engin explosif improvisé (IED) à Kidal. Le véhicule de patrouille a été endommagé.

Propos introductif de M. Kacou Assoukpé

Directeur de la Division des Affaires électorales

C’est toujours un plaisir de partager ces moments de communication, de sensibilisation et d’information sur les activités de la MINUSMA. Aujourd’hui, il s’agira de l’appui de la MINUSMA à l’organisation de l’élection des députés à l’Assemblée nationale qui se déroulera dans quelques jours, le 29 mars et le 19 avril prochain. Je voudrais partager quelques informations utiles à connaitre et qui contribuent à la sensibilisation. D’abord, permettez-moi de vous présenter le contexte qui entoure l’élections des députés à l’Assemblée nationale de 2020. Ces élections s’inscrivent dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution numéro 1 du Dialogue national inclusif de décembre 2019 qui prescrit l’organisation des législatives sur la base des circonscriptions électorales actuelles dans les meilleurs délais afin que la nouvelle législature commence au plus tard le 2 mai.

Les élections législatives ont été reportées à deux reprises. Le dernier report fixe la date du 2 mai. Au Dialogue national inclusif, auquel toute la population et les Forces vives de la Nation ont participé, une résolution a été prise pour faire ces élections avant le 2 mai. Le ministre de l’Administration territoriale a été instruit dans ce sens. Le collège électoral a été convoqué le 22 janvier et les dispositions sont en cours pour permettre ces élections. Elles se tiennent sur le statut quo, c’est-à-dire sur la loi électorale existante.

Il n’y a pas de modifications sur les 49 cercles, 6 communes de Bamako et porte sur 147 sièges sur l’ensemble des circonscriptions à l’Assemblée nationale. Ces élections portent sur un fichier électoral mis à jour en octobre-décembre dernier. Il a été audité par la CENI, les partis majoritaires et d’opposition et des experts internationaux. Ils ont regardé le contenu du fichier et ont dit que le fichier est bon pour aller aux élections législatives. Ils ont annoncé que le nombre d’électeurs inscrits est de 7 663 464 électeurs, 469 centres de vote et 22 147 bureaux de vote. Le collège électoral a été convoqué par un décret présidentiel et les listes de candidatures ont été déposées, vérifiées par la Cour constitutionnelle et enfin 547 listes ont été retenues pour 1 451 candidats dont 1 024 hommes et 427 femmes soit 29, 44%. Nous pouvons dire à ce stade que la loi 052 qui promeut la participation des femmes a été plus ou moins respectée parce que nous pouvons arrondir ce chiffre à 30%. Maintenant, nous attendons les élections pour voir si ce pourcentage pourra être tenu.

Quels sont les enjeux de cette élection ? C’est important de savoir. Nous avons recoupé ces enjeux à trois niveaux. D’abord c’est la mise en place d’une nouvelle Assemblée en mai 2020. Cette Assemblée qui a commencé en décembre 2013 semble ne plus être légitime. Les discussions ont amené à renouveler cette Assemblée. Donc, il s’agit de donner une nouvelle légitimité aux députés pour qu’ils puissent affronter les questions sur les réformes que le Gouvernement doit mener. Il faut réformer les institutions, un certain nombre de lois, un certain nombre d’institutions de la vie sociale, de la vie civique, politique, etc. Cette nouvelle Assemblée peut légitimement affronter ces réformes et permettre d’aller résolument, tranquillement vers les élections présidentielles à venir en 2023. Donc, il faut réformer tout cela pour y aller sereinement à cause des polémiques qu’il y a eu après l’élection présidentielle en 2018. La redéfinition de la carte politique entre aussi dans les enjeux. On saura après ces élections comment la classe politique se positionne à travers le pays. Quelle va être la nouvelle majorité ? Quelle va être l’opposition ? Quelles sont les nouvelles figures qui vont entrer, les nouveaux partis à l’Assemblée nationale. C’est très intéressant car cela va animer, « redynamiser » la vie politique nationale. Cette élection permettra aussi, en prévision des élections de 2023, de mesures les forces des partis en présence, les messages véhiculés pendant les campagnes, l’adhésion des électeurs. Il est important de pouvoir mesurer ces forces et cela va tracer les sillons pour qui pourra être président en 2023.

Les défis sont principalement sécuritaires. Aujourd’hui tout le monde connait les difficultés, la détérioration de la situation sécuritaire, les attaques aussi bien contre la MINUSMA que les FAMa et la population qui est confrontée à plusieurs incidents comme les mines, les enlèvements, les coupeurs de route etc. Il ne se passe pas un jour où il n’y a pas d’incidents sur le terrain. Cela n’est pas aisé pour que les électeurs puissent se déplacer, pour aller faire campagne, aller vers les bureaux de vote. Il faut que le Gouvernement avec l’appui des Forces internationales puisse rassurer les électeurs au plan sécuritaire. Le défi sécuritaire est important.

En période normale sans crise sécuritaire, on pourrait être à l’aise pour aller vers ces élections sans trop de difficultés et mesurer le taux de participation.

L’autre défi à relever est le taux de participation. Combien de Maliens et de Maliennes âgés de 18 ans et plus, inscrits, ayant une carte d’électeur pourront se déplacer véritablement face à toutes ces questions ? Le Gouvernement y travaille, les institutions de la Nation y travaillent et nous pensons que cela est un défi important à relever.

Le défi de l’administration dans les différentes circonscriptions. Beaucoup de circonscriptions électorales n’ont pas encore ou ont perdu leurs administrateurs à cause de l’insécurité. Or ce sont ces administrateurs, préfets et sous-préfets qui organisent les élections, qui authentifient. Il faut pouvoir les redéployer dans les différentes circonscriptions pour que les élections puissent se tenir. Cela aussi est un défi important. Le gouvernement est en train de travailler dessus.

Le défi du déploiement du matériel. Avec la sécurité, si les cartes d’électeurs biométriques qui viennent d’être imprimées et qui doivent être distribuées saute sur une mine, nous aurons des difficultés pour que électeurs puissent obtenir leur carte et aller voter. Heureusement que les techniciens et les Forces de l’ordre et la MINUSMA sont outillés pour détecter les mines mais tous les convois ne seront pas encadrés par la MINUSMA. Il y a un défi à relever au niveau national et les forces de l’ordre et les forces de sécurité maliennes y travaillent.

Il faut une campagne apaisée. Après le dépôt des candidatures, il y a eu des forces qui disaient qu’elles n’étaient pas prêtes pour aller aux élections. En tout état de cause, on y va et il faut encadrer cette campagne électorale qui va commencer le 8 mars prochain, Journée internationale des droits de la femme.

Dans tout cela, qu’est-ce que la MINUSMA apporte ? Vous savez que le Gouvernement a publié un calendrier électoral. Nous avons reçu le calendrier. Nous avons reçu le chronogramme. Sur cette base, nous avons élaboré au niveau de la MINUSMA un plan d’action qui va contribuer à soutenir l’appui de la MINUSMA. Cet appui est basé sur Résolution 2480 qui donne mandat à la MINUSMA. Depuis 2013, les résolutions sont prises par le Conseil de sécurité pour permettre à la MINUSMA d’aider. Cette année, c’est sur la base de cette résolution que la MINUSMA a décliné les actions prioritaires d’accompagnement.

Nous suivons la mise en oeuvre du chronogramme que le gouvernement a publié et les requêtes que le gouvernement nous envoie. Pour que nous puissions engagés des actions, il faudrait que le gouvernement nous le demande. Par exemple si le gouvernement veut qu’on transporte 62 tonnes de matériels, il nous envoie une requête et les techniciens dans le groupe de travail se retrouvent pour voir ce que la Force fait ?

Qu’est-ce que UNPOL fait ? Qu’est-ce que les affaires politiques font pour que ces matériels puissent être acheminés jusqu’aux électeurs. Mais comme je l’avais dit, l’accompagnement politique c’est le Représentant spécial qui s’occupe principalement de cela en plus de ses adjoints auxquels il associe le Corps diplomatique pour éventuellement régler les mésententes. Vous savez qu’en son temps, la Plateforme et la CMA ne voulaient pas aller aux élections parce que certaines dispositions ne sont pas prises notamment l’opérationnalisation des régions de Ménaka, de Taoudéni donc les conditions ne leur permettent pas d’y aller. Il fallait faire une médiation. Des échanges ont eu lieu. Quand le ministère a reçu la liste des candidats, on s’est rendu compte que tous les partis politiques ont déposé des candidatures.

L’autre axe c’est l’appui logistique et technique. En effet, la MINUSMA déploie d’énormes moyens surtout dans les régions du Nord et du Centre pour aider le gouvernement à organiser ces élections. Vous savez que les accès dans les régions du Nord sont très difficiles et c’est pourquoi nous employons certains aéronefs, des avions, des cargos pour certains tonnages. Je signale déjà que cette année on aura à transporter 62 tonnes de matériels constitués de listes électorales, de cartes d’électeurs, des listes d’émargements, des bulletins de vote, des enveloppes, des matériels sensibles, des matériels non sensibles. Tout ceci représente beaucoup de travail et la MINUSMA aide à faire cela pour permettre aux administrateurs d’organiser le vote.

Pour les endroits reculés, la MINUSMA met à la disposition des préfets des moyens techniques et de la logistique pour les atteindre. En dehors de ce que je viens de dire, il faut renforcer les capacités aussi bien des acteurs politiques, des médias, de la société civile. Aujourd’hui nous avons 6 équipes qui sont déjà déployées à l’intérieur du pays (Kidal, Tombouctou, Menaka, Gao, Mopti) pour former les candidates afin de les aider pour faire campagne pour que le taux de représentativité féminine de 30% soit atteint. Donc il y a des activités qui sont en train d’être faites dans ce sens-là. Du 7 au 8 mars prochain nous aurons un atelier avec de jeunes étudiantes pour les aider à participer aux élections parce qu’on s’est rendu compte que les jeunes ne votent pas beaucoup par manque d’informations nécessaires.

On aide le gouvernement à mieux gérer les résultats car c’est important et nos techniciens sont avec les agents de l’administration territoriale aussi bien centrale que dans les circonscriptions. Un logiciel a été conçu pour aider le gouvernement à mieux gérer les chiffres pour éviter les malversations et la MINUSMA aide le gouvernement dans ce sens-là. Le PNUD aussi participe à toutes ces activités de formations et de contrôle.

En ce qui concerne l’appui à la sécurisation, la contribution de la MINUSMA consiste au renforcement des capacités. Il y a des formations qui sont en train d’être menées au profit des forces de sécurité pour encadrer les électeurs pour éviter tout incident.

On escorte aussi le matériel électoral et le personnel. On participe aux réunions avec le ministère de la Sécurité qui coordonne l’ensemble des actions. Je précise que la MINUSMA dans son travail n’est pas à l’intérieur du bureau de vote mais à l’extérieur. Nous sommes au troisième rideau de sécurisation.

La MINUSMA fait tout ce qui est possible dans la limite de ses moyens pour l’organisation des élections.

Je vous remercie