POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 25 janvier 2018

26 janvier 2018

POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 25 janvier 2018

Porte-parole: Mme Myriam Dessables

Bonjour et bienvenue à tous et à toutes, chers confrères journalistes, chers auditeurs et auditrices de la radio de la Paix, MIKADO FM, à ce point de presse.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’avoir à mes côtés, mon collègue M. Samba Tall, Directeur de la Section de la Réforme du Secteur de Sécurité/Désarmement, Démobilisation et Réinsertion. Après ma présentation, il vous fera le point complet sur ce sujet et vous aurez l’opportunité de lui poser vos questions. Tout d’abord, pour commencer les nouvelles du Conseil de Sécurité à New York.

New York

Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé hier à New York un sentiment d'impatience face aux retards persistants dans la pleine mise en œuvre des principales dispositions de l'Accord sur la paix et la réconciliation au Mali.

Dans une déclaration à la presse, les membres du Conseil de sécurité ont rappelé qu'ils avaient entendu mardi un exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, sur la situation dans ce pays, réunion du Conseil à laquelle a participé le Ministre Malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Tiéman Hubert Coulibaly.

Ils ont souligné « la nécessité urgente d'apporter des dividendes de paix tangibles et visibles à la population du Nord et d'autres parties du Mali afin de préserver la pertinence de l'Accord et d'empêcher que les gains obtenus ne soient éventuellement inversés ».

Les membres du Conseil ont souligné combien il était important de réaliser des progrès substantiels avant les cycles électoraux qui auront lieu au Mali en 2018 et que toutes les parties à l'Accord partagent la responsabilité de faire des progrès dans sa mise en œuvre.

Le Conseil de sécurité s'est félicité de l'engagement renouvelé du gouvernement malien et des groupes armés de la Plateforme et de la Coordination à mettre en œuvre rapidement tous leurs obligations inscrites dans l'accord d'ici mars 2018 avec l'adoption d'un calendrier révisé lors de la dernière réunion du Comité de suivi de l'accord organisée à Bamako les 15 et 16 janvier 2018.

Les membres du Conseil de sécurité ont souligné dans ce contexte l'importance de prendre des mesures immédiates et concrètes pour appliquer pleinement et rapidement les principales dispositions de l'Accord. Ils ont cité notamment la nécessité de faire des progrès dans le processus de décentralisation ; de rendre opérationnelles les administrations intérimaires dans le nord du Mali ; de faire des progrès dans les processus de cantonnement et de désarmement, de démobilisation et de réintégration ; de mettre en place le Mécanisme de coordination opérationnelle à Kidal et à Tombouctou ; et de s'assurer de la participation pleine et égale des femmes.

Les membres du Conseil ont rappelé que tout acte faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord, y compris en provoquant des retards persistants, ou menaçant cette mise en œuvre, donnait maintenant lieu à désignation aux fins de sanctions, en application de la résolution 2374 (2017), entre autres critères de désignation. Ils ont pris note de la création du Comité des sanctions et du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017), et demandé à tous les acteurs de coopérer pleinement avec eux.  Ils ont fait part de leur intention de suivre la situation de près et de répondre par des mesures appropriées si les parties n’honoraient pas les engagements pris dans le calendrier susmentionné.

La veille, dans sa présentation du rapport, M. Lacroix avait prévenu : « Le temps presse et nous sommes lancés dans une course contre la montre au Mali ».  Il avait estimé que “la mise en œuvre intégrale de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali constitue une condition sine qua non”.  Or, avait-il rappelé plus de deux ans après sa signature, le fait que la stratégie de développement des régions du nord n'ait toujours pas été approuvée « prive une large portion des populations du Nord des dividendes tant attendus de la paix ».

http://www.un.org/press/fr/2018/sc13177.doc.htm

Le Rapport sur l'amélioration de la sécurité des soldats de la paix (Rapport Cruz)

Dans le rapport qui a été rendu public le 22 janvier, l’année 2017 fut la plus meurtrière des deux dernières décennies avec 56 casques bleus tués en opération. Dans le but d'inverser cette tendance et d'améliorer la sûreté ainsi que la sécurité des Casques bleus, le Secrétaire général a nommé en novembre 2017 le Lieutenant-général (retraité) Carlos Alberto dos Santos Cruz (Brésil) pour procéder à un examen approfondi sur les cas de pertes en vies humaines et les blessures dues à des actes hostiles.

Le rapport vise à identifier les raisons pour lesquelles, l'ONU a eu autant de victimes causées par des actes de violence au cours des dernières années et ce qui devrait être mis en œuvre pour réduire ce nombre. Pour ce faire, l'équipe qui a visité les opérations de maintien de la paix des Nations Unies en RDC, en République centrafricaine, au Mali et au Soudan du Sud, a accédé aux données internes pertinentes des Nations Unies et mené 160 entretiens pour éclairer leur travail. Le rapport n'aborde pas la question des mandats, mais focalise ses conclusions aux questions opérationnelles des Missions de maintien de la paix au Mali, en République Démocratique du Congo, en Centrafrique, au Sud Soudan et au Dafour.

Le rapport, qui a été soumis au Secrétaire général, indique qu'avec l'afflux de groupes armés, d'extrémistes, de crime organisé et d'autres éléments et menaces criminels, le drapeau de l'ONU n'offre plus une protection «naturelle» aux soldats de la paix.

Recommandations :

Il s'agit notamment: (1) de changer les mentalités afin que le personnel soit conscient des risques et habilité à prendre l'initiative de dissuader, prévenir et répondre aux attaques; (2) améliorer les capacités afin que la mission et le personnel soient équipés et formés pour opérer dans des environnements à forte menace; (3) la réalisation d'une «empreinte de mission sensible à la menace» qui est alignée sur les mandats de la mission et limite l'exposition de la mission à la menace; et (4) améliorer la reddition de comptes pour s'assurer que ceux qui sont en mesure de prendre des mesures pour prévenir les décès et les blessures sont à la hauteur de leurs responsabilités.

ACTIVITES DE LA DIRECTION

  • Hier, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif a reçu, au Quartier général de la MINUSMA, les chefs de mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali dont M. Alghabas Ag Intalla, M. Bilal Ag Cherif et M. Ibrahim Ould Sidat.


La réunion fut l’occasion de faire le point sur les principaux dossiers de l’heure relatifs à la mise en œuvre de l’Accord de paix issue du processus d’Alger. Le Représentant spécial a réitéré son plaidoyer pour un dialogue soutenu entre les parties signataires afin d’adresser les blocages qui ralentissent la mise en œuvre de l’Accord. Cette rencontre intervient au lendemain de la session du Conseil de sécurité des Nations Unies.

  • Lundi 22 janvier, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif, a rencontré le Premier Ministre malien, M. Soumeylou Boubèye MAÏGA, à la Primature.

Les discussions ont permis de faire le point sur les questions relatives à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, l’examen du rapport du Secrétaire général sur le Mali au Conseil de sécurité des Nations Unies et sur d’autres dossiers de l’heure, en lien avec la mise en œuvre du Mandat de la MINUSMA.

PAIX ET SECURITE

La Force/Appui aux Forces maliennes

Au cours des deux dernières semaines, la Force de la MINUSMA a effectué 453 patrouilles.

  • Le 18 janvier, une patrouille conjointe du contingent Burkinabè de la MINUSMA et de la Police des Nations Unies (UNPOL), a sécurisé la foire de Toya, Chef-lieu de la Commune d’Alafia, une des foires les plus fréquentées du cercle de Tombouctou. Situé à environ 15km de Tombouctou, le village de Toya compte plus de 3 500 habitants.

Les officiers d’UNPOL ont profité de cette opportunité pour rencontrer le chef de village, qui s’est dit satisfait de leur présence.

Les Casques bleus et les officiers de Police de la MINUSMA conduisent des patrouilles et des opérations de sécurisation de jour comme de nuit. Il est important de souligner la synergie et la collaboration étroite entre les soldats de la paix et les Forces de Sécurité maliennes. Cet exemple en est la parfaite illustration.

  • Le Commandant de la Force a été invité par le Comité militaire de l'Union Européenne pour une présentation sur la Force de la MINUSMA. Ensuite, il se rendra aux Pays-Bas pour des rencontres aux ministères de la Défense et celui des Affaires étrangères.

La Police Onusienne (UNPOL)

Ces deux dernières semaines, la Police Onusienne a conduit un total de 676 patrouilles dont 22 escortes.

  • Le 16 janvier, UNPOL a pris part à une mission conjointe à Djenné sous la conduite du Gouverneur de la région de Mopti en présence de la Cheffe du Bureau de la MINUSMA, du Président du Conseil régional et des représentants de Forces de Défense et de sécurité maliennes (FDSM). L’opération avait pour objectif de rassurer les populations de Djenné et d’encourager les forces de sécurité suite aux récentes attaques survenues dans la localité. L’équipe a rencontré le Maire de la ville de Djenné, les acteurs de la société civile, les représentants des associations des femmes et des jeunes ainsi que les autorités religieuses et coutumières de la localité qui ont salué l’initiative et sollicité la sécurisation des travaux de construction du barrage en cours dans la localité, la réouverture des écoles, l’assistance alimentaire et la création d’activités génératrices de revenus.

Appui au Processus de Paix

Le 16 janvier dernier, en marge de la 23ème session ordinaire du Comité de Suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger (CSA), la MINUSMA a facilité la tenue d’une rencontre entre les femmes leaders du Mali et une délégation du CSA.

Cette rencontre a vu la participation des représentantes du Réseau Femme Paix et Sécurité de l’Espace CEDEAO, du Cadre de Concertations des Femmes des Partis politiques, de l’Association des Femmes pour les initiatives de Paix, de la Plateforme des Femmes Leaders, de la Coalition des Femmes leaders et de celles des groupements de mouvements signataires de l’Accord (CMA et Plateforme).

Comme vous l’avez déjà suivi et traité dans vos colonnes, les travaux de la 23ème session ordinaire du CSA se sont déroulés du 15 au 16 janvier 2018 dernier, sous la présidence de l'Ambassadeur, M. Ahmed Bourrache. Au cours des travaux, un chronogramme a été validé. Il permettra d'accélérer certaines priorités de l'accord telles que l'opérationnalisation des MOC de Kidal et de Tombouctou, la question des quotas d'intégration, l’opérationnalisation des autorités intérimaires et des collèges transitoires dans les zones concernées etc... 

Outre les membres du CSA, cette session a vu la participation de l'Observateur indépendant, Centre Carter, dont la tâche sera d'évaluer la mise en œuvre de l'accord et de produire un rapport trimestriel. 

Du 22 au 24 janvier 2018, une délégation de l'observateur indépendant, accompagnée d'une équipe de la section médiation, s'est rendue respectivement dans les régions de Kidal,  Gao et Tombouctou. Cette mission conduite par l'ambassadrice Bisa Williams, avait pour objectif, d'échanger avec les autorités administratives, la société civile et les chefs de bureau de la Minusma des régions sus-citées, sur le rôle de l'observateur indépendant dans la mise en œuvre de l'accord et surtout d'établir des contacts directs avec les acteurs sur le terrain. 

À noter que quelques jours plutôt, l'observateur indépendant a eu des échanges avec la classe politique malienne et certains leaders religieux ici à Bamako. 

Incidents

Nous terminons ce point de presse avec une série d’incidents de ces derniers jours ayant visé la MINUSMA.

  • Le 16 Janvier à l’aube, une forte explosion a été entendue au sud du camp de la MINUSMA à Tessalit, à 197 km au nord de Kidal. Les premiers rapports indiquaient une attaque de tir indirecte avec un impact, à environ 200 m à l'est d'un poste avancé de la Mission. Aucune victime ou dommage n'a été signalé. En plus des mesures de protection, les forces de la MINUSMA du secteur nord, enquêtent sur les points d'impact et l'origine des attaques.
  • Le 20 janvier, un soldat de la Force de la MINUSMA du secteur nord a été accidentellement et gravement blessé alors qu'il essayait de réparer un véhicule, à environ 40 km au sud-ouest de Kidal. Il a été transféré à l'hôpital de Niveau 2 de la MINUSMA à Kidal pour des soins médicaux appropriés.
  • Le même jour, à 09h00, lors d’une patrouille, les Casques bleus du contingent Sénégalais de la Force de Réaction Rapide ont déjoué une attaque à l’engin explosif improvisé (IED) dans les environs de Boni, commune de Hairé dans le cercle de Douentza dans la région de Mopti.

L’engin a été déclenché par des individus armés, caché dans les buissons à proximité, qui ont également ouvert le feu. La patrouille des Casques bleus a répondu vigoureusement conformément à son Mandat et mis les assaillants en fuite. Aucun Casque bleu n’a été blessé au cours de l’incident.

  • Un soutien aérien a été fourni à la Force d’intervention rapide, qui a continué sa patrouille vers le village de Serma.
  • Le mardi 23 janvier à 15h37, un véhicule blindé de transport de troupes (APC) de la Force de la MINUSMA a percuté un engin explosif improvisé ou une mine au Wadi, situé à environ 1 km au nord du camp de la MINUSMA de Kidal. Aucune victime n'a été signalée dans l'incident. Le véhicule a cependant subi des dommages matériels.

Un soutien aérien a été fourni pour sécuriser la zone, tandis qu'une force de réaction rapide (QRF) et une équipe d'élimination des explosifs et munitions (EOD) ont été envoyées sur les lieux de l'incident.

  • Le 24 Janvier à 8H00, un convoi de la MINUSMA, se rendant de Tessalit à Aguelhok a découvert un engin explosif improvisé (EEI) à environ 43 km au nord-ouest d'Aguelhok. Pendant l'exploration de la zone, les Casques bleus ont appréhendé deux individus suspects.
  • Avant de passer la parole à mon collègue Samba Tall, je suis prête à répondre à vos éventuelles questions sur ce qui vient d’être dit.

Alou Diawara, BBC Afrique

Les sanctions brandies par le Conseil de sécurité de l’ONU, vous de la MINUSMA qui êtes sur le terrain, à quel niveau réellement le bât blesse pour que les sanctions soient prises, de quel côté et quelles parties pourraient être directement visées par d’éventuelles sanctions en fin mars ?

Myriam Dessables,

Le Conseil de sécurité dans sa déclaration du mardi 23 janvier 2018 a été très clair sur les points qu’il considère comme préoccupants. Le point principal que le Conseil de sécurité a voulu souligner est sa préoccupation quant à la lenteur de la mise en œuvre des dispositions de l’Accord. Nous allons vous distribuer la déclaration complète du Conseil de sécurité du mardi 23 janvier, qui exprime son point de vue sur la question.

http://www.un.org/press/fr/2018/sc13177.doc.htm

M. Samba Tall, Directeur de la Section de la Réforme du Secteur de Sécurité/Désarmement, Démobilisation et Réinsertion de la MINUSMA

Merci Myriam, Chers Collègues,

Mesdames, messieurs bonjour,

Merci de nous avoir fait l’honneur de participer à cette conférence de presse de la MINUSMA d’aujourd’hui.

Je vais vous faire rapidement une petite genèse sur la mise en œuvre des dispositions sécurité et défense de l’Accord de paix, ensuite je me focaliserai sur la mise en œuvre du Mécanisme Opérationnel de Coordination ainsi que le cantonnement et le DDR et je finirai sur les quelques défis qui sont devant nous.

Je dois rappeler juste un petit point historique. A travers le Ministère de la Défense, chargé du processus de paix cantonnement/ DDR/Réintégration tel qu’il est défini par l’Accord de paix et de Réconciliation au Mali, la MINUSMA a pour rôle de soutenir les parties signataires. D’abord pour restaurer l’Etat malien comme détenteur unique et légitime de la force armée. Comme vous le savez, il y a beaucoup de groupes armés dans le pays, particulièrement au Nord et maintenant au Centre. Que ce soit des mouvements signataires de l’Accord, des mouvements non-signataires ou même des groupes terroristes. Ce seront les phases de cantonnement, de DDR et d’intégration.

Les deux pièces maîtresses de la République du Mali qui s’occupent de cela, sont la Commission Nationale de DDR (CNDDR) et la Commission d’intégration, qui travaillent tous les jours en étroite collaboration avec la section Réforme du Secteur de Sécurité et DDR de la MINUSMA que j’ai l’honneur de diriger.

Ensuite, il s’agit d’établir des institutions maliennes de sécurité efficaces protégeant les populations, soutenables par le budget de l’Etat, redevables aux autorités démocratiquement élues et qui soient sous bonne gouvernance. Pour cela aussi des mécanismes ont été mis en place. On a le Conseil Nationale de Réforme du Secteur de Sécurité (CNRSS), qui est une instance au niveau ministériel présidée par le Premier ministre et qui comprend tous les ministres en charge des départements impliqués dans la question de Réformes du Secteur de Sécurité. Ce Conseil Nationale, soutenu par un secrétariat permanent, qu’on appelle le Commissariat à la Réforme du Secteur de Sécurité, qui est chargé au jour le jour de préparer le travail pour le Conseil National.

En parallèle, nous avons le mécanisme de la Médiation Internationale. Au sommet du mécanisme de la Médiation Internationale, vous avez le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) qui est présidé par l’Algérie où vous avez beaucoup d’organisations internationales, de missions diplomatiques, la MINUSMA aussi en fait partie. Ce Comité de suivi a en son sein, quatre sous-comités, un qui s’occupe des questions de défense et de sécurité, un qui s’occupe des questions politiques et institutionnelles, un qui s’occupe des questions de développement et économique et un qui s’occupe de justice et de réconciliation nationale. Ici, nous sommes concernés par le sous-comité défense et sécurité. Ce sous-comité Défense et Sécurité est soutenu par ce qu’on appelle la Commission Technique de Sécurité.

Le Sous-Comité Défense et Sécurité est un organe politico-militaire où vous avez des représentants de la Médiation Internationale, du Gouvernement, de la CMA, de la Plateforme, de la MINUSMA et des pays limitrophes.

La Commission Technique de Sécurité est présidée par le Commandant de la Force de la MINUSMA. C’est un organe purement technique et militaire. Vous y avez des officiers militaires des FAMAs, de la CMA et de la Plateforme. C’est lui qui exécute au point de vue militaire et technique, les décisions prises au niveau du CSA. Entre autre, il a un outil qui s’appelle les éléments mobiles d’observation et vérification (EMOV). Ce sont des équipes qui comportent des officiers des FAMAs, la CMA et la Plateforme, qui sont déployés sur le terrain depuis 2014 et leur rôle est de vérifier en cas de violations de cessez-le-feu, en cas de non-respect des dispositions militaires de l’Accord de paix et d’en rendre compte à la CTS, qui en informe le CSA qui voient les actions à prendre avec les parties prenantes. Ce sont les deux mécanismes globaux pour soutenir l’Accord de paix.

Il y a d’une part, tout ce qui a trait à la Médiation Internationale qui se décompose en sous-comités, en Commission Technique de Sécurité qui est purement militaire et en élément mobile d’observation et de vérification.

D’un autre côté, vous avez le soutien logistique et financier qui est fourni par la MINUSMA et par d’autres partenaires internationaux à travers les trois organes dont j’ai parlé tantôt (CNDDR, Commission d’intégration et Commissariat à la Réforme du Secteur de Sécurité).

Comment tout ce processus se déroule ? Pourquoi le cantonnement ?

Comme vous le savez, l’Accord prévoit que les gens, que les combattants des mouvements signataires soient pour certains d’entre eux intégrés dans les services de l’Etat, les forces de défense et de sécurité en particulier et que les autres soient désarmés, démobilisés, rendus à la vie civile et réinsérés socio-économiquement. Pour pouvoir faire ces deux opérations simultanément, le DDR et l’intégration, il faut d’abord cantonner les combattants, les recenser, les informer, les former et leur donner le choix d’intégrer les services de l’Etat ou s’ils veulent rejoindre le DDR pour revenir à une vie civile normale. A partir du cantonnement, chaque combattant est informé de ses possibilités et de ses droits et il choisit. Ou on va à l’intégration, ou on va au DDR.

Mais pour cela, il fallait des préalables. Il fallait que les trois parties se mettent d’accord sur les critères en fonction desquels les combattants vont être cantonnés. C’est ce qu’on appelle le mode opératoire de cantonnement. Il a été adopté et signé par la CMA, le Gouvernement et la Plateforme en octobre 2015. C’est lui qui dit qu’un combattant avec une arme a droit au cantonnement, ou bien deux combattants qui viennent avec une arme lourde, parce qu’il faut un équipage pour servir les armes lourdes, donc ils seront éligibles au cantonnement. Six combattants qui viennent avec un canon de très gros calibre seront aussi cantonnés. Ce sont les critères selon lesquels on cantonne les gens, cela se fait depuis octobre. Ensuite les mouvements doivent soumettre les listes de leurs combattants, de leur armement et de leurs équipements militaires. Tout ceux-ci fait partie de la phase préparatoire, c’est écrit dans l’Accord de paix. Ensuite, définir des critères d’éligibilité au DDR et à l’intégration, cela est fait. Il y a encore quelques discussions en cours pour finaliser cela mais globalement c’est fait.

Après on passe à la phase de cantonnement. Pour faire ce cantonnement, il fallait construire des sites de cantonnement. Je reviens là-dessus. La MINUSMA a déjà construit huit sites de cantonnement et le Gouvernement est en train d’en aménager deux. Les sites à ce jour, sont construits, équipés, et peuvent prendre immédiatement des combattants. Les procédures administratives et financières pour soutenir les combattants sont toutes faites. Les budgets pour soutenir ces combattants sont mobilisés et sont à disposition.

Ensuite, on passe à la partie désarmement et démobilisation. Dans le cadre du DDR, le désarmement est volontaire et la CNDDR soutenue par la MINUSMA conduit ce désarmement. C’est là où on vérifie le statut du combattant. On enregistre ses données, on enregistre son arme, on lui donne une carte de démobilisé. Ensuite, on l’envoie dans un centre de formation. Si vous voulez réinsérer quelqu’un dans la vie socio-économique où il avait un métier, vous lui refaites une mise à jour de son métier. Un mécanicien qui avait rejoint les mouvements armés signataires et cela fait des années qu’il n’a pas exercer, donc il est prévu de lui refaire des séances de formation. Ceux qui n’avaient jamais eu un métier, on va les former à un métier. Tout ceci est prévu entre le Gouvernement, la MINUSMA, la Banque Mondiale et d’autres bailleurs. Il y a même des pays limitrophes comme le Niger, le Sénégal, le Burkina qui ont promis d’accueillir dans des centres de formation professionnelle certaines de ces personnes. Une fois ces personnes formées, ou remises à jour, on leur monte des projets socio-économiques individuels ou collectifs. Ils travaillent dans ces projets pour les années à venir pour reprendre pieds avec la société.  

Ceux qui ont été choisis pour intégrer les forces de sécurité, la Commission d’intégration qui est soutenue aussi par la MINUSMA, va les emmener dans des centres de formations de l’armée. Où on va faire des formations de cohésion ensuite, des formations militaires pour rafraîchir toujours les gens, avant de les mettre dans les unités de l’armée qui seront redéployés dans le nord, tel que le prévoit l’Accord de paix. Tout ceci finit par le relèvement et le développement. Les gens qui sont réinsérés socio-économiquement à travers le DDR, cela se fait aussi en accord avec les programmes de développement du Gouvernement au niveau des différents ministères. On les réinsère sur le long terme. La Réforme du Secteur de Sécurité c’est pareille, c’est une œuvre de longue haleine entreprise par le Gouvernement, qui est dans l’Accord de paix, où les mouvements sont signataires, donc il y a un conseil national qui s’en occupe. Cela aussi se fait sur le long terme. Ensuite, vous avez tous les projets de réinsertion qui, comme je le disais sont coordonnés avec les projets de développements du Gouvernement.

Pour arriver à ce processus, il fallait le sécuriser et l’Accord de paix avait prévu un mécanisme opérationnel conjoint qu’on appelle aujourd’hui le Mécanisme Opérationnel de Coordination, plus connu sous le nom du MOC.

Le MOC est un préalable au cantonnement. Le MOC qu’est-ce que c’est ?

C’est un mécanisme de coordination comprenant le Gouvernement, la CMA et la Plateforme. Au lieu de le baser à Bamako, on l’a basé à Gao. Il fonctionne depuis septembre 2015 à Gao. Il est composé d’officiers de la CMA, de la Plateforme, des FAMAs et dirigé par un général de l’armée malienne. Pour des raisons de commodité il est basé à Gao. Sous ce mécanisme de coordination, on devait avoir trois unités mixtes du MOC, une à Gao, une à Kidal et une à Tombouctou. Ces unités mixtes sont composées de six cents hommes (200 FAMAs, 200 CMA et 200 Plateforme). Celle de Gao a déjà été mise en place depuis fin décembre 2016, début 2017. Vous avez même plus de 600 hommes. Car on a ajouté aux 600 hommes initialement prévus, 200 hommes qui venaient d’autres groupes armés signataires mais qui n’étaient pas membres de la CMA ou de la Plateforme. On va faire de même à Kidal. C’est cela le Mécanisme opérationnel de Coordination à Gao comme je le disais a une trentaine d’officiers commandés par un général de l’armée malienne, assisté d’un officier de la CMA et d’un officier de la Plateforme. On va opérationnaliser ceux de Kidal et de Tombouctou. Comme vous le voyez c’est celui de Kidal, on réfectionné un ancien camp de l’armée malienne à Kidal, qui reviendra au Gouvernement après et il va loger le MOC, car le MOC est un mécanisme provisoire. Dès qu’on en aura fini avec le cantonnement, le DDR et l’intégration, il n’y aura plus de MOC. On réhabilité des casernes de l’armée, on loge les gens sous tente et on les appuie pour qu’ils fassent leur travail. Voilà l’état d’avancement de celui de Kidal, où on peut mettre des gens demain.

Actuellement, il y a des discussions en cours entre les trois parties à l’heure où je vous parle sous la houlette du Haut Représentant du Chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’Accord pour mettre au point les derniers détails pratiques de la mise en œuvre des MOC de Tombouctou et de Kidal et aussi du renforcement de celui de Gao. Sur ce, je dois apporter une précision. Le MOC n’est pas responsable de la sécurisation des villes que ce soit à Gao, Tombouctou ou Kidal. Cela est de la responsabilité des forces de sécurité maliennes (armée, police et gendarmerie) qui sont éventuellement soutenues par la MINUSMA et Barkhane.

Le rôle du MOC est : 1) Créer la cohésion entre les trois parties signataires, car ce sont les militaires et des combattants qui viennent d’horizons différents. Il fallait les mettre ensemble pour qu’ils apprennent à travailler ensemble. 2) Assurer la sécurité des sites de cantonnement. On a construit des sites de cantonnement, il faut que quelqu’un les garde. Comme les gens qui seront dans les sites viendront de tous les mouvements, la garde aussi doit se faire par tous les signataires. 3) Assurer la sécurité du processus de cantonnement, DDR et intégration. Il faut regrouper des combattants, les déplacer et les escorter, cela aussi est le rôle du MOC. 4) En juin 2016, les trois parties se sont entendues et ont signé un mémorandum d’entente pour que le MOC assure aussi la sécurité des Autorités intérimaires. Ce sont les quatre objectifs du MOC : cohésion, sécurité des sites de cantonnement, sécurité du processus de cantonnement et sécurité des Autorités intérimaires. Tout cela peut se faire en faisant des patrouilles et c’est là que vous voyez la jonction entre MOC et patrouille. Quand vous assurez la sécurité sur une zone, vous le faites avec des patrouilles. C’est un procédé de travail la patrouille et non un objectif du MOC. Le MOC va faire des patrouilles mais pas dans les villes car les sites de cantonnement sont hors des villes. Très prochainement on va opérationnaliser ces trois MOC, ce qui nous fera une grande avancée dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Une fois le MOC opérationnalisé, on passe au cantonnement. Comme je le disais précédemment, il y a déjà huit sites de cantonnement construits.  Dans la région de Tombouctou, il y a Ber et Likrakar. Dans la région de Gao, il y a Fafa, Ilouk et Tanbankort. Dans la région de Ménaka, vous avez Inekar et Tin Fadimata. Dans la région de Kidal, vous avez Tessalit. A Mopti, vu l’évolution de la situation, le Gouvernement est aussi en train d’emménager deux sites. Il y a donc à disposition dix sites de cantonnement prêts à accueillir les combattants. Les sites sont construits avec des bureaux et des magasins mais les combattants seront logés dans des tentes. Ils ont tout l’équipement nécessaires pour être cantonnés, jusqu’à la brosse à dent, tout est prévu.

Pourquoi on choisit de construire des sites de cantonnement ?

Dans chaque site de cantonnement, vous avez un forage tout neuf, vous avez un groupe électrogène de grande capacité, vous avez huit (8) bâtiments qui servent de bureaux et de magasins, vous avez l’adduction d’eau, la connexion à l’électricité. C’est clôturé et vous avez des tentes pour loger des combattants parce qu’on s’était entendu avec toutes les parties signataires qu’après le DDR, après le cantonnement, toutes ces infrastructures reviendraient à l’Etat et aux communautés.  Donc, tous ces sites de cantonnement que vous voyez, seront transformés soit en école, en collège, en centre de formation ou en centre médical. C’est prévu comme ça.   Donc voilà un peu l’idée de tous ces sites de cantonnement qui avaient été faits. Maintenant, les sites de cantonnement ont été planifiés en 2014 dans un contexte où on n’avait pas la menace terroriste. Entre temps, l’attaque de Gao de l’année dernière, nous a montré quand même que même s’il y a des mouvements signataires qui veulent aller à la paix, il y a toujours des mouvements terroristes qui veulent détruire ce processus. Donc, il fallait renforcer ces sites et c’est là où on est parti pour mettre des murs et des miradors tout autour. Donc ce travail est presque achevé dans tous les sites.  On a fortifié en fait les sites de cantonnement en accord avec la CNDDR et la Commission d’intégration. A côté de tout ça, au niveau de la Section RSS/DDR de la MINUSMA,  il y a ce qu’on appelle les projets de réduction de la violence communautaire qui eux sont en train d’être mis en œuvre depuis 2014.

C’est quoi l’objectif ? C’est en fait, faciliter la réconciliation communautaire parce que dans une zone, vous avez des gens qui sont déjà dans les mouvements, qui sont déjà armés ; vous avez des jeunes qui sont là, qui sont tentés d’aller dans les mouvements, mais  vous avez aussi des jeunes qui n’ont aucune envie d’aller dans les mouvements et vous avez aussi des familles qui sont là, qui du fait du conflit, ne peuvent pas mener leurs activités normales. On conduit ces projets,  en fait pour réconcilier les communautés, les jeunes, les combattants qui ont des armes. On discute avec eux sur le terrain, ils nous disent que ici le problème, si on a un projet de maraichage dans lequel on peut tous travailler, aidez-nous, on le fait. Dans d’autres villages, vous arrivez, c’est un problème d’eau. Vous avez des éleveurs dont les animaux ont besoin de beaucoup d’eau (des sédentaires), généralement il y a un seul puit, donc ce point d’eau devient source de conflits. Qu’est- ce qu’on fait, on démultiplie les points d’eau.  Il y a des villages où il y a un puit, on en a fait deux ou trois autres. En gros c’est ça la philosophie de ces CVR et vous en avez de toute sorte. C’est, soit de l’eau, soit de l’adduction, soit de l’aménagement de marchés par exemple à Koriomé près de Tombouctou, il y avait un marché dont il y avait beaucoup de disputes entres les vendeurs de poisson. On a aménagé tout le marché avec des étales très clairs, des étales frigorifiés pour le poisson frais. C’est vraiment comment désamorcer les tensions en utilisant le développement socioéconomique. 

A ce jour comme  vous le voyez, il y a 89 projets de réduction des violences communautaires, vous verrez l’acronyme en anglais, il fait CVR (Community Violence Reduction) ou bien RVC en français.  A ce jour il y en a 89 qui sont conduits dans toutes les régions. Comme vous le voyez, ça va des abattoirs aux forages, à l’adduction d’eau, à la construction de centre de santé. C’est identifié avec les populations, financé par la MINUSMA, construit obligatoirement par des entrepreneurs locaux. Tout ce que vous voyez est fait soit par des entreprises locales ou soit par des ONG locales et on poursuit le processus, on accompagne les gens. Par exemple, dans le cadre du maraichage, vous aménagez la terre, vous faites l’eau, vous aidez les gens, vous les accompagnez sur six mois à un an. Après une ou deux récoltes, vous savez s’ils peuvent tourner d’eux-mêmes, après vous laissez. Mais c’est juste de l’accompagnement. Donc pour dire globalement, voilà où en est le processus. Si je dois résumer, tout ce qu’il y a à faire, pour constituer les unités mixtes du MOC qui sont un préalable au cantonnement, est fait. Il y a quelques détails techniques, si elles se règlent, Gao existe déjà, Tombouctou et Kidal seront mis en œuvre dans le mois de février. Le cantonnement pareil, tout est prêt pour le cantonnement.   Dès que ce MOC  est opérationnel, on enchaine avec le cantonnement. Dans le cantonnement, on verra en fonction de la durée, comme les gens  sont déjà d’accord sur  tous les critères pour le DDR et tous les critères pour l’intégration. A partir du cantonnement, simultanément, les gens sont orientés soit vers les centres de formation professionnelle pour le DDR, soit vers les centres de formation de l’armée pour l’intégration. Et en accompagnement de tout ça, il y a ces projets de réduction de la violence communautaire qui eux ont commencé avant, qui se font dans tous les sites où il y aura le cantonnement des combattants et alentours et qui vont continuer après. Le temps que les projets de réinsertion socioéconomique prennent vraiment du poids. Et je le rappelle ces projets de réinsertion socioéconomique sur le long terme, une partie du financement a été obtenu avec la Banque Mondiale et le gouvernement qui ont déjà mis beaucoup de choses, il y a des partenaires qui disent qui sont prêts à mettre et aussi toutes les agences des Nations Unies vont l’accompagner mais dans le cadre des plans de développements globaux du pays. Merci mesdames et messieurs, je suis prêts à prendre quelques questions pour éclaircir  sur quelques points si nécessaire.

Abdoulaye Ouattara, Journal InfoMatin

Vous avez dit que tout est pratiquement fin prêt pour lancer le processus, mais on sait quand même qu’il y avait des difficultés au niveau des quotas, est ce que cette question est aujourd’hui réglée ?

Fondamentalement aussi par rapport au financement du processus, on avait dit que sur les 50 millions de dollars prévus, si je ne m’abuse, il n’y avait que 25 millions qui étaient disponibles. A cette date, où en est –on avec la mobilisation des fonds pour le DDR ?

Gabriel Tienou, Journal le Reporter

Ma première question est de savoir, combien de temps prendra la période de cantonnement ? Vous avez bien dit qu’après ce processus, ces infrastructures vont certainement revenir l’Etat.

La deuxième question, c’est par rapport à la situation qui prévaut actuellement, qui est la crise de confiance qui a amené toute cette crise. Est-ce que vous pensez que le niveau d’implication de l’Etat est assez consistant dans ce processus pour pouvoir prendre la relève dans les années à venir?

Samba Tall, RSS /DDR

Sur la question de critères des quotas d’intégration, il y a une très grande entente entre le Gouvernement et les mouvements signataires. Il y a quelques tous petits détails techniques au niveau des quotas qui sont encore d’être réglés. Donc, le nouveau chronogramme dont on a fait allusion, qui va du 20 janvier au 15 mars,  les gens sont là en conclave au niveau de chez le haut représentant depuis le lundi 22 janvier, pour aplanir ce dernier point sur les quotas. Mais je peux dire qu’à 90%, les choses sont faites. Ça achoppe sur une petite question sur laquelle, ils  sont en train de discuter. En ce qui concerne le budget comme je le disais, le budget pour le MOC, il est réglé à 100%, le budget pour le cantonnement est réglé à 100%, le budget pour le désarmement, la démobilisation, il est réglé à 100%. Le budget pour faire la réinsertion socioéconomique sur le long terme, c’est celui-là qui est réglé à moitié sur contributions du Gouvernement et de la Banque Mondiale. Mais nous n’avons aucune inquiétude là-dessus. Tous les partenaires se sont engagés à accompagner le Mali une fois qu’on entre dans ce processus. Donc c’est là tout le sens du message du Conseil de Sécurité d’hier, pour dire aux gens avancer dans ce processus. Si les gens avancent dans ce processus, l’aide est là. Mais on ne peut pas prendre de l’argent et l’immobiliser pour un processus qui ne bouge pas. Donc tous les budgets pour démarrer existent. La réinsertion socioéconomique à long terme, c’est elle qui a 50% de son budget déjà mobilisé.

Pour la question de Monsieur Gabriel, (le timing pour le cantonnement), l’Accord de paix prévoyait 90 jours pour le cantonnement. Mais avec toute l’évolution qu’il y a eu aujourd’hui, on peut le raccourcir. Parce que comme je l’ai dit tantôt, on sait qu’aujourd’hui après le cantonnement, il y en a qui vont aller directement au DDR, il y en a qui vont aller directement à l’intégration. Donc en fonction de l’état de préparation de ces gens, on peut réduire le cantonnement, ça ne pose pas de problèmes. Maintenant, ce que je voulais préciser, est comment on va le faire ?   Comme je vous ai dit, si vous voyez les 8 sites de cantonnement construits par la MINUSMA, chaque site prend 750 combattants donc ça fait un total de 6000 pour les huit sites en plus des deux construits par le Gouvernement. Donc, en cantonnant les gens par rotation, on peut le faire très vite. On prend 6000, on fait la cohésion, on les forme, on les informe, ils choisissent là où ils vont aller, on les sort. Ils vont vers le DDR, ils vont vers l’intégration, on amène 6 à 7000 autres. Ça peut aller très vite. Maintenant, rien n’empêche même que s’il y a de grosses concentrations quelque part, que nous-même, on aille les soutenir sur place. Donc il n’y a aucune inquiétude vraiment sur le cantonnement. Que ce soit d’un point de vue préparation matérielle, que ce soit d’un point de vue disponibilité du budget. Ça c’est un problème qui est réglé.

Ensuite, la question sur le niveau d’implication de l’Etat. Je dois avouer que l’Etat malien s’est fortement impliqué quand il s’agit de la mise en œuvre des dispositions défenses et sécurité de l’Accord. Et je vous donne des faits précis.  Pour le MOC de Gao, c’est le Gouvernement malien qui soutient les gens en alimentation, en soins médicaux et en primes, c’est le Gouvernement malien qui a acheté tous les véhicules pour le MOC de Gao. La MINUSMA a réhabilité les bâtiments, a donné certains équipements. Plus tard, l’Etat malien a complété en mettant aussi à disposition des tentes, du matériel de couchage (ça c’est Gao). Pour Kidal, la MINUSMA a réhabilité les bâtiments, a mis les tentes et certains équipements. Le Gouvernement a déjà positionné au camp de la MINUSMA à Kidal, tout ce qui est tentes, tenues, habillements des gens du MOC,  jusqu’aux chaussures, jusqu’aux ustensiles de cuisine, c’est nous qui les avons transporté de Gao à Kidal et c’est dans notre camp. Et ça c’est une contribution du Gouvernement. Je parle du MOC.

Maintenant, dans toutes les autres dispositions de l’Accord, vous verrez point par point, le Gouvernement paye, le Gouvernement paye les membres du CSA… donc implication du gouvernent, oui je le dis.

Fati Yattara, Studio Tamani

Bonjour tout le monde. Je me rappelle cette semaine, l’ONU a demandé à toutes les parties signataires de l’accord de rendre les listes de leurs combattants. Est-ce que tous les groupes l’ont déjà fait ?

Samba Tall, RSS /DDR

Il y a deux listes que les groupes doivent donner. La liste globale de tous leurs combattants, armements et équipements militaires, ça c’est écrit dans l’Accord de paix. Ils ne l’ont pas encore donné, ni la CMA, ni la plateforme. Mais les listes des combattants qui doivent composer le MOC ont été données à la CTS parce que c’est elle (CTS) qui s’occupe de ça, qui gère les MOCs avec le soutient comme je l’ai dit, le soutien logistique et financier de la MINUSMA. Donc la CTS est conjoint. C’est vrai que c’est présidé par le Commandant de la Force de la MINUSMA, mais c’est composé à parties égales de toutes les parties et aussi des attachés militaires des pays qui sont membres de la médiation internationale. Donc c’est eux qui s’occupent de cette question technique et militaire soutenue logistiquement par ma section RSS/DDR de la MINUSMA. Donc, ça c’est fait. Les listes pour le MOC, ils ont donné c’est pour ça que je disais qu’on peut faire le MOC à tout moment. 

Abdloulaye Ouattara, InfoMatin 

C’est toujours par rapport à cette question de listes. Sans l’effectivité de ces listes, est ce qu’on peut bien planifier les choses sans pour autant savoir combien de combattants sont prévus? Ceci m’amène à poser la question de fiabilité des listes.

Samba Tall, RSS/DDR

Effectivement, on a planifié pour construire les sites de cantonnement. C’est de la planification depuis 2013-2014. On a une estimation des combattants. Et cette estimation des combattants est basée sur des faits réels.  Parce que si vous vous rappelez, après l’Accord de Ouagadougou de 2013, on avait les cantonner les combattants du HCUA et du MNLA. On les a cantonné à Kidal, donc, on sait combien on avait cantonné. Ensuite, on est sur le terrain, on va dans les localités, donc on discute avec les gens, donc on a une estimation globale qui est là sur laquelle, la planification, la budgétisation a été faite. Maintenant c’est l’Accord de paix qui dit que les mouvements doivent donner les listes certifiées de leurs combattants et de leurs armements. Quand vous commandez des gens, quand vous dirigez des gens, mais vous devez être capables de donner leurs noms et leurs listes. D’autant plus que c’est signé dans l’Accord de paix. Ce sont ces listes-là qui sont attendues et de la CMA et de la plateforme.

Acherif Ag Ismaguel, Journal du Mali

Ma question est relative aux nombres de combattants. A cette date, on n’a pas les listes. Est-ce que l’inquiétude de l’ONU n’est pas une réalité ?   

Samba Tall, RSS/DDR

Pour ma réponse tout de suite, j’ai dit que le nombre de combattants, globalement ne nous est pas inconnu. On ne peut pas vous dire qu’on connait les combattants à une tête près, mais on a des estimations globales très précises et qui sont basées sur des faits. C’est qu’on a eu a cantonné le HCUA et le MNLA de novembre 2013 à mai 2014. On sait combien de gens on avait cantonné. On suit aussi les tendances. On est sur le terrain, on va dans les villages, on voit les gens, on discute avec les chefs locaux. Donc on a une estimation. Ce n’est pas planifié sur du hasard. On a planifié sur une estimation très précise.

L’Accord de paix fait obligation aux mouvements signataires de donner la liste certifiée, j’insiste sur le mot certifié,  de leurs combattants et de leurs armements. Cela,  ils ne l’ont pas encore fait.

Myriam Dessables

Comme je le disais tout à l’heure, dans sa déclaration d’hier, le Conseil de Sécurité a donné des exemples très précis sur lesquels, il espérait voir des progrès y compris dans le processus de décentralisation, l’opérationnalisation des administrations  intérimaires, effectivement la question du cantonnement,  désarmement, démobilisation et réintégration, le MOC, et aussi la participation des femmes. Dans la déclaration, vous verrez la liste de tous les points considérés comme devant être accélérés en termes de mise en œuvre. Merci.