POINT DE PRESSE SUR LE RENOUVELLEMENT DU MANDAT DE LA MINUSMA - Bamako, 7 juillet 2022 

11 juillet 2022

POINT DE PRESSE SUR LE RENOUVELLEMENT DU MANDAT DE LA MINUSMA - Bamako, 7 juillet 2022 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane

Merci beaucoup cher Olivier et merci à tous les journalistes et professionnels des médias qui ont répondu positivement à notre invitation. Je voudrais faire quelques remarques préliminaires et évidemment me prêter aux questions de nos invités.

Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire quand j'ai briefé le Conseil de sécurité le 13 juin dernier, le Mali est confronté à de nombreux défis, des défis complexes, des défis difficiles, mais qui sont loin d'être insurmontables. Et je suis convaincu que grâce aux efforts qui sont déployés par les autorités maliennes, des autres acteurs maliens avec l'appui de leurs partenaires, au premier rang desquels la MINUSMA, ces défis seront surmontés.

Dans ce contexte, je voudrais évidemment me féliciter de l'adoption par le Conseil de sécurité, le 29 juin dernier, d'une résolution renouvelant le mandat de la Mission pour une année, jusqu'au 30 juin 2023. Ce mandat, cette nouvelle résolution s'inscrit en fait dans le prolongement des résolutions qui l'ont précédée et elle est adoptée sous le chapitre sept de la Charte des Nations Unies. Tout comme les précédentes résolutions, les priorités stratégiques de la Mission restent les mêmes, appui à la mise en œuvre de l'Accord de paix et au processus de transition et appui à la mise en œuvre d'une stratégie malienne globale de stabilisation de la partie centre du pays. Il y a évidemment eu quelques ajustements qui ont été opérés et j'aurai l'occasion dans la session de questions-réponses, de revenir sur ces ajustements.

Quelques points que je voudrais mettre en relief en prélude à vos questions, des points qui sont articulés autour des priorités stratégiques de la Mission et d'autres aspects de son mandat. Je commencerai par l'Accord de paix, qui a été signé en 2015 et qui est la raison d'être première, la situation au Nord est la raison d'être première du déploiement de la MINUSMA, même si par la suite, d'autres priorités stratégiques ont été ajoutées à notre mandat. S'agissant de l'Accord de paix, comme vous le savez, cet accord a été signé en 2015, cela fait donc sept ans. Évidemment, je ne peux que me féliciter du fait que le cessez le feu continue d'être globalement respecté.

Je me félicite également des avancées qui ont été faites en ce qui concerne le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, notamment à travers ce que nous avons appelé le DDR accéléré, qui a permis de réintégrer 1800 combattants dans le cadre des bataillons reconstitués qui sont déployés à Ménaka, à Kidal, à Gao et à Tombouctou. 

Je me félicite aussi du rôle des femmes dans le processus de mise en œuvre, le CSA leur a été élargi et évidemment, c'est un effort qu'il importe de poursuivre. Il cite également du fait qu'un certain nombre de projets ont été articulés dans le cadre du développement du Nord. Cela dit, il faut reconnaître que le cœur de l'Accord attend toujours d'être mis en œuvre. Le désarmement global, les réformes institutionnelles et évidemment, le développement du Nord pour répondre aux besoins des populations qui habitent dans ces régions.  

Nous allons continuer, dans la période à venir, à jouer un rôle important dans la supervision du respect du cessez le feu, mais également dans l'accompagnement politique du processus de mise en œuvre de l'Accord de paix. Une de nos priorités est évidemment d'aider le gouvernement malien, les parties maliennes, les parties signataires, à organiser aussi rapidement que possible la réunion de haut niveau qui avait été convenue au mois d'octobre dernier pour s'attaquer à la question du DDR, mais également à celles liées aux réformes institutionnelles. Je le pense, c’est une tâche urgente. Il est important que cette réunion se tienne le plus rapidement possible. 

Il importe que les dividendes depuis longtemps attendues par les populations se matérialisent. Evidemment, il importe de donner des signaux encourageants qui permettront à la communauté internationale de maintenir et de renforcer son appui à la mise en œuvre de l'Accord.  

Un autre aspect de notre mandat est lié à la transition en cours au Mali. Et là, je voudrais me féliciter de l'Accord auquel le Mali et la CEDEAO sont parvenus en ce qui concerne la durée de l'extension de la transition. Comme vous le savez, le sommet de la CEDEAO qui s'est tenu il y a quelques jours à Accra, au Ghana, a décidé de la levée des sanctions économiques et financières qui avaient été prises contre le Mali au mois de janvier dernier. La MINUSMA a été activement impliquée dans les efforts visant à faciliter cet accord, aussi bien dans le cadre du Comité local de suivi de la transition, au sein duquel nous siégeons avec la CEDEAO et l'Union africaine, mais également dans le cadre du mandat qui est le nôtre, d'appui à la transition. 

Nous allons évidemment dans la période à venir, continuer à nous mobiliser fortement, pour aider à la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles que le gouvernement malien et les acteurs maliens ont identifié comme étant prioritaires. En particulier, nous allons appuyer le processus électoral et je voudrais rappeler ici que par le passé, nous avons soutenu les processus électoraux au Mali, notamment à travers un appui logistique et technique, à travers la sensibilisation des différents acteurs, la communication, l'éducation civique, y compris pour faciliter l'implication des femmes et des jeunes dans le processus électoral, l'appui à la prévention des violences électorales et à la sécurisation du processus électoral lui-même et évidemment, l'appui à la mise en œuvre des réformes qui sont rendues nécessaires par la tenue des élections.  

Nous allons aussi activement contribuer au mécanisme de suivi qui a été mis en place par les autorités maliennes de concert avec la CEDEAO, l'Union Africaine et la MINUSMA. Pour tous, nous assurer que le processus est mis en œuvre dans les délais, mais également faciliter la mobilisation des ressources nécessaires à la bonne conduite du processus. 

Le dernier aspect des trois priorités stratégiques de la Mission, telles qu'elles ont été réaffirmées par le Conseil, concerne la situation dans le centre du Mali qui fait face à une violence multiforme depuis plusieurs années maintenant. Et ici, je me félicite du travail qui a été fait par le gouvernement malien en vue de l'élaboration d'une stratégie nationale de stabilisation des régions du centre, dont les grandes lignes, ont été présentées au Conseil des ministres malien. Comme vous le savez, ces axes s'articulent autour de la paix, de la sécurité, de la cohésion sociale, de la gouvernance et de la justice, de l'action humanitaire et du relèvement économique et enfin de la coordination et de la communication. Nous avons fortement appuyé l'élaboration de cette stratégie et elle est importante car la réponse à la crise sécuritaire au centre du Mali, mais également ailleurs au Mali, n'est pas seulement militaire et sécuritaire. C'est une composante importante, mais c'est une réponse globale politique de gouvernance axée sur le retour de l'Etat, la fourniture de services sociaux, la réconciliation entre communautés qui permettra de restaurer durablement la paix et la sécurité dans le centre du Mali. 

Deux autres aspects qui sont importants et qui ont été réaffirmé dans la résolution que le Conseil a adoptée, la protection des populations civiles et le retour de l'État. La protection des populations civiles est évidemment une question d'une importance capitale pour la MINUSMA, elle figure parmi les éléments essentiels de notre mandat. Et je dois dire que nous nous sommes employés, au fil des ans, à exécuter ce mandat d'une manière aussi robuste que possible, aussi agile que possible, aussi volontariste que possible. La situation est évidemment complexe et difficile et notre travail se fait en appui au gouvernement malien, qui assume la responsabilité principale en la matière et notre rôle n'est pas de nous substituer au gouvernement malien, mais plutôt d'appuyer, d'accompagner les efforts qu'il déploie.  

Je voudrais faire mention du travail que nous faisons, notamment en termes de protection des civils, à travers les patrouilles que nous menons en différents endroits dans les zones dans lesquelles nous sommes déployés, les patrouilles à longue portée, la mise en place de bases temporaires pour protéger des populations. Il y a des exemples récents où ce type d'activités a débouché sur des résultats tangibles. Je pense notamment au travail qui a été fait à Tessit et à Talataye dans la région de Gao. Quand il s'agit de bases temporaires, je pense ici au travail que nous faisons à Ogossagou depuis maintenant plus de deux ans, nous avons une compagnie qui est déployée sur place pour prévenir la violence et faciliter les efforts de réconciliation. Et plus récemment, à la mission que nos éléments en uniforme, mais également nos composantes civiles, ont effectué dans la localité de Djebok mais aussi dans la région de Gao pour assister les populations locales.  

Je pourrais donner d'autres exemples dans la région de Ménaka et enfin, je pourrais aussi faire mention du travail que nous faisons de protection des infrastructures vitales, notamment dans le centre, avec le travail qui est fait de concert avec la gendarmerie malienne, de concert avec les FAMa, pour protéger les ponts le long de l'axe qui relie Sévaré à Bandiagara, la fameuse route du poisson, qui est un axe absolument vital pour la préservation des moyens de subsistance des populations locales, mais également pour le travail de protection que la MINUSMA, que les FAMa et les forces de sécurité maliennes mènent au profit des populations dans ces zones. 

Comme je l'ai dit, le travail de protection des populations civiles ne respecte pas simplement la protection physique, c'est un travail politique de promotion de la réconciliation entre communautés. C'est également le travail de renforcement des capacités de l'Etat malien en termes de justice, de fournitures de services sociaux de base pour créer un environnement beaucoup plus propice à la sécurisation des populations des populations maliennes.  

Je voudrais insister sur un élément important, la résolution du Conseil a réaffirmé la centralité du rôle de l'Etat malien. Évidemment, comme vous le savez, l'Etat malien est le seul qui soit à même durablement de restaurer la paix et la sécurité dans le pays. Et notre rôle, comme j'ai eu l'occasion de le dire tantôt, est d'accompagner cet effort, d'appuyer cet effort et non de nous substituer à l'Etat malien. Nous n'en avons ni l'ambition, ni les capacités. Et de toute façon, cela ne marcherait pas. Cela signifie donc que le succès de notre travail, réside aussi dans la promotion de complémentarité entre nos actions et celles de l'Etat malien, dans le développement de synergies, dans la promotion d'une coordination qui soit aussi étroite que possible. 

Je voudrais saluer tout ce qui a pu être fait. Déjà, beaucoup a été fait avec les départements ministériels maliens, le ministère de la Défense, la réconciliation, de la Justice et beaucoup d'autres départements ministériels maliens. Mais également le travail qui est fait sur le terrain avec les forces de défense et de sécurité maliennes, notamment à travers des patrouilles conjointes ou coordonnées ou plus généralement à travers des actions qui visent à mieux répartir les responsabilités entre nous et les acteurs maliens.  

Je voudrais donner quelques exemples du soutien que nous apportons à cet égard. Encore une fois, un accompagnement en appui à l'effort de l'Etat malien et à tout le travail que nous avons fait pour faciliter le redéploiement des bataillons reconstitués. Je sais que l'appui que nous avons apporté au Groupement mobile de sécurité, il y a le travail de formation que nous faisons au profit des Forces de défense et de sécurité maliennes, y compris en ce qui concerne la détection et la neutralisation d'engins explosifs improvisés. Les patrouilles conjointes, j'ai eu l'occasion d'en parler et tout l'appui que nous apportons en vue de la formulation et de la mise en œuvre de stratégies de plans d'action dans le domaine de la sécurité. Nous sommes également activement impliqués, aux côtés de l'Etat malien, dans les efforts visant à faciliter son retour dans les zones où il n'était plus présent. 

C'est un travail de formation qui a bénéficié à 1000 administrateurs locaux de construction, de réhabilitation d'infrastructures diverses écoles, centres de santé, points d'eau, prisons de construction et de réhabilitation de bâtiments aux services de l'administration dans différentes localités dans les régions de Mopti, de Ménaka, de Kidal, de Gao et de Tombouctou. Je pense que c'est un travail extrêmement important qui vise à conforter la souveraineté malienne, à conforter la capacité de l'Etat malien à répondre aux besoins des populations maliennes.  

Dernier point, les droits de l'homme et la lutte contre l'impunité. Là aussi, c'est un aspect extrêmement important du mandat qui nous a été donné par le Conseil de sécurité et je voudrais dire que le mandat, fondamentalement, n'a pas changé sur ce plan et que notre travail de promotion des droits de l'homme et de lutte contre l'impunité, se fait en appui aux efforts du gouvernement malien. Permettez-moi de souligner qu'il s'agit non seulement d'aider le gouvernement malien à remplir ses engagements africains et internationaux, mais également d'assurer ou d’imprimer l'efficacité nécessaire aux opérations que le gouvernement déploie pour sécuriser la population. Car il est évident que le succès de ces opérations, dépend aussi du respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Le travail de vérification et de documentation que nous faisons, y compris la publication de rapports périodiques, s'accompagne aussi d'un travail soutenu d'appui aux institutions maliennes, appui aux enquêtes qui sont initiées par les structures maliennes compétentes. Je pense notamment à la Brigade d'investigations spécialisées et aux Pôles judiciaires spécialisés qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  

Je pense à l'appui que nous apportons au secteur de la justice, nous avons des rapports étroits avec le ministère de la Justice et des rapports fructueux. Je pense également au soutien que nous apportons à l'élaboration de stratégies nationales de lutte contre l'extrémisme violent et à leur mise en œuvre. Evidemment, il y a tout un travail qui se fait au quotidien, de coordination et de concertation avec les structures maliennes compétentes, qu'il s'agisse de l'état-major des FAMa ou des autres forces de sécurité et qui permet de répondre à un certain nombre de problèmes liés à la mise en œuvre de notre mandat sur les droits de l'homme. 

Permettez-moi de profiter de l'occasion pour saluer les efforts qui ont été déployés par les autorités maliennes pour lutter contre les crimes visant les Casques bleus. Comme vous le savez, nous avons subi, y compris même hier, nous subissons des attaques régulières. Hélas ! Il importe évidemment que les auteurs de ces actes, qui peuvent constituer des crimes de guerre, soient identifiés et poursuivis. 44 enquêtes ont été ouvertes par les autorités maliennes et le 24 mars 2021, un individu a été condamné pour deux attaques qui avaient été commises contre le personnel de la MINUSMA en 2015. C'est évidemment un développement qu'il convient de saluer.  

Je voudrais en conclusion dire que la MINUSMA est déployée au Mali à la demande du gouvernement malien, va continuer à accompagner les efforts qui sont déployés pour stabiliser le pays. Il est clair que cet effort, est un effort d'accompagnement, mais il est aussi évident que même si les autorités maliennes assument la responsabilité première de la restauration de la paix et de la sécurité dans leurs pays, elles ont besoin de l'assistance internationale, elles ont besoin de la solidarité internationale. Notre présence est une manifestation de cette solidarité et nous sommes déterminés à remplir ce devoir de la manière la plus efficace qui soit pour que le Mali retrouve la paix, la sécurité et la stabilité auxquelles aspirent ses populations et son peuple. Je vous remercie et je voudrais bien me prêter à vos questions.  

Merci.  

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup Monsieur le Représentant spécial. Il y a beaucoup de journalistes aujourd'hui avec nous, on va prendre les questions telles qu'elles viennent. Vous pouvez lever la main dans la salle, ouvrir vos micros, la parole est à vous. Je crois qu'il y a Joliba FM qui voulait poser une question.  

Joliba FM 

Bonjour Olivier, bonjour à tous mes confrères. Bonjour au Représentant spécial, M. WANE. 

Ma question s’intéresse au renouvellement du mandat de la MINUSMA récemment. Quels sont les changements majeurs qui ont été inscrits lors de ce renouvellement du mandat de la MINUSMA ? Est-ce qu’aujourd'hui certaines populations, certaines couches qui sont hostiles à la présence de la MINUSMA au Mali, est-ce que ces populations peuvent avoir l'espoir que la présence de la MINUSMA peut combler leurs espoirs ? 

La deuxième question, il s’agit de la préparation des élections au Mali, est-ce que la MINUSMA aura un rôle particulier à jouer dans l'organisation des élections à venir ? 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup, on va prendre une deuxième question. Je crois que Manon Laplace de Jeune Afrique veut prendre la parole maintenant. 

Manon Laplace, Jeune Afrique 

J’ai une question concernant la Division des droits de l'homme. Vous parliez effectivement du mandat dont vous dites qu'il n'a pas fondamentalement changé. Cela dit, à l'issue du vote du Conseil de sécurité, le Représentant du Mali a clairement annoncé que Bamako ne garantirait plus la libre circulation des enquêteurs de la Division des droits de l'homme. Dans les faits, sur le terrain aujourd'hui, il y a déjà des accès qui leur sont refusés. On pense notamment à Moura. Concrètement, est-ce que cela veut dire que la MINUSMA est prête à des concessions en la matière ? Est-ce que la MINUSMA accepte de poursuivre sa mission de stabilisation et de maintien de la paix, même si une partie de son travail, à savoir les enquêtes des droits de l'homme, lui, est désormais impossible, principalement quand les accusations visent les FAMa ? 

Olivier Salgado 

Merci beaucoup maintenant pour cette question. Monsieur le Représentant spécial, la parole est à vous. 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El Ghassim Wane 

Merci infiniment à Joliba FM et à la journaliste de Jeune Afrique pour vos questions. Je vais peut-être rapidement commencer par la question liée au rôle de la MINUSMA en ce qui concerne le processus électoral. Comme je l'ai dit dans mon propos liminaire, nous avons par le passé, appuyé les processus électoraux au Mali à travers des appuis logistiques, techniques à travers la sécurisation des élections, évidemment en appui aux Forces de défense et de sécurité maliennes, à travers l'éducation civique, la sensibilisation et la communication et en appui à la participation des femmes et des jeunes dans les processus électoraux. Évidemment, nous sommes disposés à renouveler cet appui pour la tenue des élections qui doivent conduire d'ici mars 2024, à la restauration de l'ordre constitutionnel. Et je dois dire que nous travaillons très étroitement avec les institutions maliennes. Nous avions déployé des experts auprès de différentes structures maliennes pour précisément apporter cet appui technique et nous sommes d’ores et déjà en contact avec ces structures pour renouveler cet appui et mettre à leur disposition le soutien technique dont ils auront besoin en vue de la bonne tenue des élections. Et comme je l'ai dit également, nous sommes partie prenante des mécanismes de suivi chargés d'assurer le suivi du processus électoral et du processus de transition de concert avec les autorités maliennes et là aussi, la MINUSMA va jouer pleinement le rôle qui lui est imparti. Je confirme, nous allons apporter tout le soutien possible pour le bon déroulement du processus électoral. 

En ce qui concerne le renouvellement du mandat et les aspects sur lesquels il y a eu des changements, comme je l'ai dit, les priorités stratégiques de la mission restent les mêmes. Il y a eu quelques changements. En ce qui concerne les droits de l'homme, il y a un accent qui a été mis sur la publication des rapports trimestriels. En ce qui concerne l'appui que nous apportons aux Forces de défense et de sécurité maliennes, il y a un accent qui a été mis sur la mise en œuvre effective de la politique de diligence voulue des Nations Unies en matière de droits de l'homme. Un autre élément qu'il importe de noter, comme vous le savez, depuis le déploiement de la mission, nous bénéficions de l'appui de la force française Barkhane, un appui in extrémis, celui-ci n'est plus prévu dans la nouvelle résolution. La résolution prévoit également que nous entreprenions une revue interne du fonctionnement de la mission de manière à mieux nous adapter au contexte actuel et à pouvoir mener à bien les tâches qui nous sont confiées. Cette revue va être conclue dans une période de six mois maximums. Mais fondamentalement le mandat reste le même.  

Alors, est ce que ce mandat répond aux aspirations des populations ? C'est la question qui m'a été posée par le journaliste de Joliba. Je voudrais simplement dire que beaucoup a été fait. Mais évidemment, nous sommes conscients de la nécessité de toujours faire davantage et faire mieux. C 'est un travail au quotidien et je crois que chaque jour que Dieu fait, nous nous employons à renforcer l'efficacité de notre action. Je peux vous dire que dans les zones où nous sommes, dans les zones où nous opérons, je crois que les populations reconnaissent par elles-mêmes et elles nous le disent, reconnaissent l'impact positif de l'action de la MINUSMA. Elles demandent plus. C’est ça la réalité parce que les problèmes sont massifs, les problèmes sont complexes, les besoins sont énormes et évidemment, nous n'avons pas la capacité ou les moyens de répondre à tous les besoins exprimés. Mais il y a une portée forte de notre côté de renforcer l'efficacité de notre action, y compris en ce qui concerne la protection des populations civiles tout en notant évidemment en ce domaine que nous agissons en appui aux autorités maliennes, en appui à leur action. Mais j’ai pu vous assurer que l'action qui est menée bénéficie d'un fort soutien de la part des populations dans les zones où nous opérons. Mais il est évident qu'elle doit être améliorée et c'est ce à quoi nous œuvrons quotidiennement. Quant à la question qui a été posée par Jeune Afrique sur les droits de l'homme, comme je l'ai dit, le mandat reste essentiellement le même.  

Je voudrais d'abord souligner quand même les domaines dans lesquels nous travaillons de manière étroite et assez efficace avec les autorités maliennes. J'ai parlé de l'appui que nous apportons aux enquêtes initiées par les institutions maliennes dans le cadre de la lutte contre l'impunité, de l'appui que nous apportons dans le domaine de la justice, de l'appui que nous apportons pour l'élaboration de stratégies et de politiques visant à renforcer la capacité de l'État à promouvoir les droits de l'homme et à lutter contre l'extrémisme violent et de la coopération pratique que nous menons sur le terrain quotidiennement. Evidemment, j'ai entendu les déclarations auxquelles vous avez fait allusion, mais il est évident que notre travail au Mali ne peut être mené à bien qu'avec la coopération et le soutien des autorités maliennes.  

Il nous appartient donc, au-delà des incompréhensions qui peuvent surgir, de nous assurer que dans la conduite du mandat qui nous a été donné par le Conseil, que nous initions un dialogue requis pour que ce mandat puisse être mis en œuvre de manière effective et intégrale. C'est tout le sens du dialogue que nous entretenons avec les autorités maliennes et j'ai bon espoir que nous parviendrons à trouver le modus vivendi qui nous permettra de mener à bien le mandat qui nous a été donné par le Conseil de sécurité. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Nous avons d'autres questions. Nous avons peut-être une question de Massiré Diop du journal L'Indépendant. Ensuite, nous aurons l'AFP et ensuite David Baché de RFI. On va commencer par Massiré Diop.  

Massiré Diop, L’Indépendant 

Bonjour Monsieur Olivier. Bonjour aussi à tous mes confrères. Merci au Représentant spécial pour ce brillant exposé. Ma première question est surtout relative au retrait de la force Barkhane. On voit que la MINUSMA a perdu un allié de taille. Comment fait-elle pour compenser le retrait de la force Barkhane qui jouait un rôle essentiel dans la sécurisation de certaines de ses actions ?  

J'ai aussi une question concernant l'accord de paix. On voit que le blocage existe toujours. Est-ce qu'il y a un plan qui est prévu pour relancer l'Accord de paix au sein de la MINUSMA ?  

La troisième question je crois qu’elle a déjà été prise en compte. C'est par rapport à la question des droits humains. On voit que c'est un peu à couteau tiré. Est-ce que, fondamentalement, il y aura des changements parce qu’on assiste de plus en plus à des victimes civiles, alors qu’on voit que la MINUSMA et les autorités n'ont pas réussi à s'entendre par rapport à l'approche adaptée pour la protection des civils ? 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup pour vos questions. On en a eu trois pour le prix d'une. Nous avons Amaury Hauchard de l’AFP. Pouvez ouvrir votre micro ? 

Amaury Hauchard, AFP 

Bonjour Olivier. Bonjour Monsieur Wane. Je voulais juste rebondir sur la question de Jeune Afrique sur la question des droits de l'homme et poser la question très concrète d'est-ce que la Division droits de l'homme a pu se rendre par exemple à Hombori en avril où il y a une accusation d'exactions à la foire ou dans la zone de Tamalat, dans la zone d’Anderaboukane au nord de Gao où il y a aussi des exactions ? Est-ce que à Mourra, évidemment, la Division des droits de l'homme a pu se rendre sur le terrain ? Vous avez évoqué Dialassagou où vous vous êtes rendu il y a quelques jours, est-ce aussi la Division des droits de l'homme a pu se rendre à Dialassagou pour enquêter ? Voilà. Merci beaucoup. 

Olivier Salgado 

Merci beaucoup Amaury. Et enfin, nous allons faire une tentative avec RFI. David Baché, est-ce que vous nous entendez ? On n’entend pas RFI. Je vais donc poser la question qui m’a été envoyée, M. le Représentant spécial par David Baché de RFI. Les autorités de transition le disent à présent ouvertement et ne comptent pas laisser les enquêteurs de la MINUSMA se déplacer et travailler librement dans le pays au nom de la souveraineté nationale. Dans ces conditions, quelle attitude comptez-vous adopter ? Continuer de formuler des demandes de déplacement dont vous savez, par expérience, qu'elles seront refusées. Et enfin, vous parlez d'un dialogue avec les autorités maliennes. Concrètement, quels sont les termes, les enjeux de ce dialogue ? C'était la question de RFI.  

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Merci beaucoup. Je vais commencer par la question qui a été posée au sujet de l'appui in extremis de l'opération Barkhane à la MINUSMA. Comme vous le savez, cet appui existe depuis le déploiement de la mission en 2013 et la nouvelle résolution n'y fait plus référence. Et vous savez que la force Barkhane et la force Takuba sont en phase de retrait du Mali. Il est évident que le fait que nous n'allons plus bénéficier du soutien de la force Barkhane, crée une nouvelle situation pour la MINUSMA parce que nous opérons dans un environnement complexe, un environnement marqué par la prévalence de menaces asymétriques. Et dans ce contexte, nous avons besoin de tous les appuis possibles et plus fondamentalement, nous avons besoin de moyens spécifiques pour nous permettre de protéger nos soldats, mais également pour nous permettre d'être en mesure de protéger les populations civiles et de mieux appuyer les autorités maliennes et la mise en œuvre des différents processus y compris la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015. En réponse à la situation nouvelle liée au départ de Barkhane et à la fin de l'appui in extrémis, nous avons intensifié les efforts visant à mobiliser les moyens manquants, notamment en termes d'hélicoptères. Comme vous le savez, nous avons un manque criant d'hélicoptères, à la fois d'hélicoptères armés et d'hélicoptères de transport. Et certains de ces moyens manquent depuis 2017, c'est le cas notamment pour Kidal. Il y a un effort renouvelé qui est fait et une mobilisation encore beaucoup plus forte pour essayer de mobiliser ces moyens auprès de pays contributeurs de troupes et de personnels de police. Je voudrais saisir l'occasion, que m’offre cette conférence de presse pour encore une fois lancer un appel à tous les pays en mesure de le faire pour nous permettre de disposer très rapidement de ces moyens qui sont cruciaux pour la protection de la mission mais également cruciaux pour la protection des populations civiles.  

Un autre élément de la réponse réside évidemment dans les réaménagements internes que nous avons faits au niveau de la MINUSMA pour répondre à un certain nombre de menaces. Pour donner un exemple, en réponse à la situation qui prévaut dans la région de Ménaka, nous avons redéployé une compagnie qui était basée dans la localité d'Ansongo vers Ménaka, pour nous permettre de mieux protéger la ville de Ménaka, de sécuriser la ville de concert avec les FAMa et les forces de sécurité maliennes, mais également d'entreprendre des opérations dans les environs de Ménaka jusqu'à une distance de 30 kilomètres de la ville elle-même. 

Et enfin, évidemment, la réponse aussi réside dans une meilleure coordination avec les forces armées maliennes pour permettre une efficacité accrue. Comme je l'ai dit, les défis sont complexes, les moyens sont limités, les nôtres le sont et forcément les moyens des FAMa sont également limités. Et c'est dans une meilleure synergie que nous pourrons mieux répondre au contexte nouveau marqué par une insécurité très grande hélas et marquée également par le retrait d'un certain nombre de forces internationales. Donc, ce travail est en cours. En ce qui concerne l'Accord de paix, les avancées ont été extrêmement lentes et je pense que force est de reconnaître que les objectifs qui avaient été fixés, certains n’ont pas été atteints et que cela crée une situation particulière. De concert avec l'Algérie qui assure la direction de la Médiation internationale, la MINUSMA et les autres membres de la Médiation ont poursuivi leurs contacts avec les parties signataires, avec le gouvernement mais également avec les mouvements signataires que j'ai rencontrés récemment. Nous avons également tenu plusieurs réunions de la Médiation internationale, précisément pour examiner comment est-ce que nous pourrions au mieux et au plus vite relancer le processus de mise en œuvre de l'Accord. 

Comme je l'ai indiqué dans mon propos liminaire. Une des activités sur laquelle nous travaillons en appui au gouvernement malien a trait à la tenue de la réunion décisionnelle de haut niveau qui avait été convenue au mois d'octobre dernier et qui devrait permettre de finaliser les détails liés au désarmement global, mais également des missions de dialogue sur les réformes institutionnelles qui doivent être menées à bien pour que l'accord puisse être appliqué de manière intégrale. Et de ce point de vue, le travail qui est fait actuellement pour l'élaboration d'une nouvelle constitution offre une opportunité pour précisément assurer la prise en compte des réformes institutionnelles qu'appelle la mise en œuvre complète de l'Accord pour la paix et la réconciliation de 2015.  

En ce qui concerne les droits de l'homme, deux questions ont été posées par RFI, mais également par L'Indépendant. Je voudrais encore une fois rappeler d'abord tout le travail que nous faisons, pratiquement dans un esprit de bonne coopération avec les autorités maliennes. J'en ai parlé, l'appui aux enquêtes, l'appui dans le secteur de la justice, le soutien au développement et à la mise en œuvre d'un certain nombre de politiques et de documents législatifs liés aux droits de l'homme et le travail pratique de coordination pour répondre aux problèmes qui se posent sur le terrain. 

Evidemment il s'agira pour nous de consolider ce travail et sur la base de ce travail qui est encore une fois, je le répète, se fait en un esprit, de poursuivre le dialogue constant que nous avons avec les autorités maliennes pour faciliter la mise en œuvre de notre mandat. Le mandat est clair, il doit être mis en œuvre, mais il ne peut être mis en œuvre qu'avec la coopération du gouvernement malien. II nous appartient, en tant que mission, de poursuivre le dialogue engagé avec les autorités maliennes pour nous assurer que les conditions nécessaires sont requises pour que nous puissions répondre aux attentes qui sont formulées par le Conseil. Nous n'avons pas pu avoir accès à toutes les localités auxquelles vous avez fait référence pour les besoins de nos enquêtes dans le domaine des droits de l'homme. Pour certaines de ces localités, il s'agit en réalité de problèmes sécuritaires. Je prends l'exemple d'Anderaboukane dans la région de Ménaka. Il est tout simplement pour nous d'y accéder. Pour d'autres zones, nous n’avons pas eu les autorisations requises. C'est le cas de Moura. Mais en tout état de cause, nous avons pris les dispositions nécessaires pour pouvoir mener ces enquêtes à distance et, une fois qu'elles sont conclues, nous allons partager les conclusions avec les autorités maliennes pour que le suivi nécessaire soit assuré. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup, Monsieur le Représentant spécial. S’il y a d'autres questions, n'hésitez pas. Nous avons une question de Baba Ahmed Baba, c'est à vous. 

Baba AHMED 

Bonjour, merci beaucoup. J'ai une ou des questions, notamment sur ce qui circule actuellement dans certaines presses au Mali au sujet de marches de contestations qui pourront avoir lieu juste après la fête menée par un membre du CNT qui est leader d’une association. Je voudrais savoir est-ce que la MINUSMA a peur qu'il y ait des manifestations dans les mois ou les semaines à venir, contre sa présence au Mali ? Et quelles conséquences peuvent avoir ces manifestations sur la Mission ?  

Deuxième question à Monsieur le Représentant spécial si vous permettez, je voudrais aussi demander au niveau de Ménaka, il y a déjà eu des alertes au sujet de la sécurité du camp ou en tout cas du bureau régional. Est-ce que cette menace existe toujours ? Est-ce qu'avec le retrait de Barkhane, vous avez peur que cette région soit occupée par les EIGS ? Voilà donc quelle est la situation aujourd'hui de cette situation sécuritaire mais aussi humanitaire, même si vous avez déjà touché... Et des droits de l'homme. 

Je voudrais savoir quelle est la situation sécuritaire de cette région dans les prochains jours, dans les prochains mois ? Merci beaucoup. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci Baba. Est-ce qu'il y a une autre question dans la salle ? N'hésitez pas à ouvrir votre micro. Nous avons en Studio Tamani, Studio Tamani. Bonjour, il faut ouvrir le micro, voilà, allez-y. 

Studio Tamani  

Bonjour Olivier comment vous allez ? 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Dieu merci, ça va bien. 

Studio Tamani 

Au cas où la MINUSMA ne va plus bénéficier de l'appui des forces françaises ? Comment la Minusma va-t-elle pas se protéger ? 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci pour cette question brève et intéressante. Nous avons une autre question de RFI. On va la prendre : les nouveaux alliés russes des FAMa sont déjà largement déployés dans le Centre. Dans le Nord, ils prennent position dans toutes les bases que quittent la Force française Barkhane. Est-ce que c'est quelque chose que vous surveillez ? Est-ce que vous avez un dialogue direct avec les autorités maliennes sur ce sujet ? Et si oui, à quoi est-ce que vous êtes vigilants ? Quelles sont vos préoccupations ? C'est la question de RFI. On va, on va répondre à vos questions. Il y aura un dernier round de questions. Après celle-ci, aller note sur le représentant spécial. 

El-Ghassim WANE 

Merci Olivier. Je vais commencer par la question de Monsieur Baba AHMED, simplement pour rappeler que nous sommes ici, la MINUSMA est au Mali à la demande du Gouvernement malien et le Gouvernement malien a, à chaque fois, depuis que la mission a été déployée, marqué son accord pour le renouvellement du mandat et même demandé que le mandat soit renouvelé. Je pense que c'est un élément extrêmement important qu'il importe de garder à l'esprit.  

Deuxièmement et je le répète, dans toutes les zones où nous sommes déployés, et j'ai l'occasion de travailler, de voyager très souvent, de me rendre très souvent à l'intérieur du Mali et dans toutes les zones où nous opérons, je peux vous dire que les populations demandent plus de MINUSMA et pas moins de MINUSMA. Je pense, c'est un élément extrêmement important à garder à l'esprit. Ces populations se trouvent très souvent dans des zones où malheureusement la présence de l'État n'est pas forte ou dans des zones ou l'État n'est malheureusement plus présent. Évidemment, il faudra travailler à changer cette situation, à permettre à l'Etat de revenir parce que seul lui, seul l'État malien pourra durablement restaurer la paix et la sécurité dans ces zones-là. 

Mais il est évident qu’en l'absence de l'Etat ou en face de capacités insuffisantes, la MINUSMA joue un rôle crucial et, je le répète, extrêmement apprécié des populations locales. Donc, c'est un élément qu'il importe de garder à l'esprit.  

Le troisième élément, évidemment, au Mali comme dans tout autre pays, il peut il y avoir des vues divergentes sur une question, y compris sur la présence, la MINUSMA, mais je voudrais simplement rassurer tous ceux qui peuvent avoir des doutes quant à la présence de la MINUSMA, que cette présence apporte beaucoup au Mali. Il s'agit d'une manifestation de solidarité internationale envers le Mali, solidarité à laquelle le Mali a droit.  

Deuxièmement, nous nous employons quotidiennement à améliorer l'efficacité de notre action au service au bénéfice des populations maliennes, au bénéfice du peuple malien. Troisièmement, quand il y a des incompréhensions ou des demandes légitimes d'explications de ce que nous faisons, nous sommes toujours disposés à fournir les informations requises. Je n'ai pas d'inquiétude particulière parce que la Mission est ici et elle reste au Mali à la demande du Gouvernement malien et avec son accord. En ce qui concerne la question qui a été posée par Studio Tamani.  

Alors je reviens à Baba AHMED parce qu'il avait posé une question sur la situation à Ménaka, qui est effectivement extrêmement difficile. J'avais eu l'occasion moi-même de me rendre dans la région il y a environ six semaines. Si mes souvenirs sont exacts, la situation sécuritaire extrêmement difficile marquée par des attaques répétées en différents endroits de la région, y compris parfois pas très loin de la ville de Ménaka elle-même. La situation humanitaire est également extrêmement difficile, marquée par des déplacements massifs de populations à l'intérieur de la région, mais également en direction des autres régions du Mali et en direction des pays voisins. Je pense donc une situation extrêmement préoccupante face à laquelle nous nous employons, en appui, encore une fois, aux autorités maliennes, à apporter la réponse la plus efficace qui soit. J'ai parlé du renforcement de nos effectifs. Nous venons de déplacer une compagnie nigérienne d’Ansongo pour la redéployer à Ménaka, elle est déjà en action. Hier, elle a conduit une mission de reconnaissance dans une localité située à quinze kilomètres de Ménaka ou des informations nous étaient parvenues, de menaces proférées par des éléments armés et je pense, que c’est une présence qui est encore une fois est très appréciée des populations locales. 

Nous envisageons de redéployer un certain nombre de moyens dans la zone pour pouvoir réagir de manière beaucoup plus efficace pour les effectifs, face aux menaces auxquelles les populations sont confrontées. Nous avons renforcé notre appui dans la localité de Ménaka elle-même. Patrouilles conjointes avec la police malienne, patrouilles concertées également avec les FAMa dans la localité malienne et patrouilles également en dehors de la localité de Ménaka elle-même, qui visent à rassurer les populations et à les protéger dans les zones où nous pouvons nous déployer. Mais il est clair qu'il faudra faire plus et j’avais saisi l'occasion de ma communication au Conseil de sécurité, le 13 juin dernier, pour appeler l'attention du Conseil sur la gravité de la situation et la nécessité de la mobilisation de moyens supplémentaires pour permettre à la MINUSMA, de mieux exécuter le mandat qui lui est confié.  

Enfin, s'agissant de la question qui a été posée par RFI, je voudrais simplement dire que deux aspects nous sont fondamentaux du point de vue de la MINUSMA et du point de vue de la mise en œuvre notre mandat. Le premier évidement, c'est de pouvoir rendre compte de toutes les violations des droits de l'homme, quels qu'en soient les auteurs. 

C'est ce que nous faisons et nous le faisons, notamment à travers la publication de rapports trimestriels, de notes trimestrielles sur la situation des droits de l'homme, mais également à travers le rapport qui est soumis tous les trois mois par le Secrétaire général des Nations Unies et au Conseil de sécurité. Le deuxième élément important est lié à la nécessité de la liberté de mouvement pour nous permettre d'exécuter notre mandat, encore une fois en appui aux autorités maliennes au service des populations maliennes. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci. Si nous avons une question de techno BC3, on ne sait trop à qui on a affaire... Et il y avait une question de VOA, mais vous l'avez déjà abordé. C'était Annie qui posait cette question, mais je crois qu'on a déjà abordé la réponse. Il y a une question de la rédaction locale de RFI Manden Kan et fulfuldé, mais là aussi, je crois qu'on y a déjà répondu. Si ce n'est pas le cas, vous ouvrez le micro et RFI Manden Kan. Techno BC3, c'est à vous, on vous écoute. 

Techno BC3 

Je voudrais savoir quelle est la situation des contingents de la MINUSMA qui étaient bloqués dans certains pays de la Cédéao due aux sanctions ? 

Studio Tamani 

Je disais qu'il y a eu des manifestations contre la MINUSMA à un moment donné et dans certaines régions du Mali. Maintenant, l'opposition ferme. Le nouveau Gouvernement malien avait demandé un Mandat adapté pour la protection et la sécurisation de la population. Pratiquement, le mandat de la MINUSMA n’a pas changé, le mandat reste fondamental. Est-ce que l'opposition ferme de Bamako à la libre circulation de la MINUSMA dans les domaines des droits, des enquêtes ne risque pas d’accentuer un peu les tensions entre les populations locales et les contingents de la MINUSMA.  

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci. Je crois qu'on a déjà un peu répondu à ces questions précédemment. Mais vous avez peut-être des précisions apportées, Monsieur le Représentant spécial, peut être d'abord sur la rotation des troupes de la MINUSMA ?  

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Merci beaucoup. Sur la question de la rotation des troupes, effectivement, nous n'avons pas pu effectuer les rotations de nos contingents ouest africains, aussi bien le personnel militaire que les personnels de police. C'est évidemment une situation extrêmement préoccupante parce des retards dans la relève de ces contingents ou les retards qui ont été accusés dans la relève de ces contingents ont des conséquences à la fois sur le moral des troupes, mais ont également des conséquences en termes d'efficacité opérationnelle. Je pense que c'est un élément extrêmement important à garder à l'esprit. Ces contingents auraient dû être relevé il y a quatre ou cinq mois et tout retard a un effet, une conséquence négative sur leur capacité à remplir leur Mandat et bien, remplir leur mandat au service des Maliens. Je donne l'exemple du travail que nous faisons dans les régions de Mopti, de Bandiagara où nous disposons notamment à Ogossagou, d'une base temporaire. Évidemment, quand les soldats ne sont pas relevés à temps, leurs capacités à protéger les populations, leur capacité à remplir leur mandat en est affectée. Nous avons donc entrepris plusieurs démarches auprès du gouvernement malien et j'ai bon espoir que cette question va être réglée assez rapidement car nous avons des accords clairs en la matière avec le gouvernement malien. 

Comme vous le savez, ces contingents sont déployés au Mali dans le cadre des Nations Unies et non dans le cadre de la CEDEAO et leur déploiement au Mali est régi par des accords qui nous lient aux autorités maliennes. J'ai bon espoir que cette question peut être réglée et il importe qu'elle soit réglée assez rapidement. Car, comme je l'ai dit, chaque jour de retard a un impact sur le moral des troupes, le moral des personnels. Elle a également un impact sur l'efficacité opérationnelle de la Mission. J'ai bon espoir que cette question sera très bientôt réglée.  

En ce qui concerne la deuxième question sur les manifestations contre la MINUSMA, je pense y avoir répondu. Mais je voudrais simplement dire ceci, puisque le journaliste qui a posé la question a abordé un aspect lié au mandat, c'est vrai que le mandat n'a pas beaucoup changé. Mais je voudrais quand même dire que c’est un mandat placé sous le chapitre sept et que c'est un mandat robuste. Je pense que c'est un élément qu'on perd très souvent de vue sur un mandat robuste. 

Mais évidemment, comme je l'ai dit, nous manquons aussi d'un certain nombre de capacités qui font que nous n'arrivons pas à exécuter le mandat dans toute sa plénitude. Je pense c’est un élément extrêmement important, à garder à l'esprit, d’où, la nécessité d'efforts renouvelés qui sont faits. Des efforts renouvelés pour mobiliser les moyens qui nous manquent pour nous permettre d'exécuter le mandat de manière beaucoup plus efficace. Quant aux relations avec les autorités, je l'ai dit, nous avons, je crois, de bonnes relations avec les autorités, aussi bien ici à Bamako que dans les régions où nous travaillons très étroitement avec les autorités administratives et militaires. Des difficultés peuvent surgir, mais elles ne peuvent être réglées que dans le cadre du dialogue. En tout état de cause, la mise en œuvre du mandat ou l'efficacité, la mise en œuvre du mandat dépend du degré de coopération dont nous bénéficions de la part des autorités maliennes. Et nous avons tous intérêt à développer une coopération qui soit aussi étroite que possible, car c'est seulement à travers une telle approche, une telle façon de faire que nous pourrons répondre aux préoccupations des populations et restaurer la sécurité à laquelle aspirent désespérément les populations. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci. Nous avons beaucoup de questions sur les droits de l'homme, mais elles se répètent, elles se répètent beaucoup. Je crois qu'on a passé pas mal de temps sur cette question. On va, on va passer à une prochaine question. S'il y en a ? Joliba FM... Et puis si quelqu'un d'autre veut poser une question, on conclura comme ceci. Donc Joliba FM on vous écoute ? 

Joliba FM 

Oui merci Olivier. Monsieur le Représentant, vous avez souligné dans votre intervention que vous sollicitez tous les pays ou tous les partenaires qui souhaitent aider la MINUSMA concernant sa sécurité. Alors moi, ma préoccupation, est si cet appel n’est pas répondu favorablement, quel serait le sort de la MINUSMA dans son nouveau Mandat, concernant sa sécurité ? Merci. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Monsieur le Représentant spécial, c'est à vous ! 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Merci M. DIALLO. Non, en fait, ce que j'ai dit, c'est que nous manquons d'un certain nombre de capacités. J'ai notamment fait état des besoins en hélicoptères armés et en hélicoptères de transport pour la Mission, qui sont essentiels à l'exécution de son mandat et l'appel que j'ai lancé, c’est un appel à tous les pays qui sont en mesure de le faire, pour nous aider à obtenir ces moyens. Evidemment ces moyens sont nécessaires parce que la Mission doit pouvoir se protéger si elle est attaquée. Nous opérons dans des régions où les situations sont extrêmement difficiles. Quand je prends l'extrême Nord du Mali, notamment les localités d’Aguelhok, de Tessalit où nous avons quand même été l'objet d'attaques assez violentes que nous avons pu repousser grâce à la vaillance des soldats. Il est évident que nous devons nous doter des capacités requises pour pouvoir faire face à ce type d'attaques, de manière à pouvoir maintenir notre présence qui est nécessaire dans ces zones. 

Une présence que nous souhaitons assurer pour précisément aider à la mise en œuvre de l'Accord de paix, mais également affirmer la souveraineté du Mali dans ces zones. Il ne s'agit pas seulement d'aider la Mission à mieux se protéger. La Mission se protège mieux, pour pouvoir mieux protéger les populations civiles. Il faut qu'elle puisse évidemment se déployer, patrouiller, opérer dans différentes zones où les populations sont exposées à des menaces, avec les capacités requises pour pouvoir repousser et faire face aux attaques dont elles pourraient faire l'objet, ou les attaques dont les populations locales pourraient faire l'objet. J'ai bon espoir que certaines de ses demandes seront satisfaites. En tout cas, nous y travaillons intensément. Et comme je l'ai dit également, en attendant, nous sommes en train de mettre en œuvre un certain nombre de réaménagements internes pour nous permettre de redéployer certains de nos moyens, certaines de nos capacités dans les régions où nous pensons faire face à des menaces beaucoup plus fortes que dans d'autres. Mais je suis convaincu que la MINUSMA saura faire face aux différentes menaces auxquelles elle est confrontée, encore une fois, faire face à ces menaces, pour pouvoir mieux exécuter son mandat, dont l'un des éléments principaux est la protection des populations civiles. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup pour cette réponse, Monsieur le Représentant spécial. On va remercier tous les journalistes qui étaient présents avec nous. Il faut savoir que le travail de la MINUSMA se situe à 90 % dans le Nord du pays, mais malheureusement ce sont des zones où la presse a très peu, voire pas accès. Une pensée à ce sujet pour Olivier Dubois qui est détenu en captivité depuis maintenant 455 jours. Monsieur le Représentant spécial, est ce que vous avez un mot pour conclure ? On y va, on est ensemble pour réussir la paix. 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Simplement pour redire la détermination de la MINUSMA à mener à bien son mandat. Et dans ce contexte, évidemment, nous allons continuer à travailler aussi étroitement que possible avec les autorités maliennes, mais également avec tous les acteurs qui sont impliqués dans les différents processus qui sont à l'œuvre au Mali. Les défis sont énormes, je l’ai dit, ils sont complexes, ils ne sont pas insurmontables et je suis convaincu qu'ensemble, comme vous l'avez dit, nous pouvons gagner la bataille de la paix. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup. C'était un honneur de vous recevoir, Monsieur le Représentant spécial. Merci beaucoup à tous les journalistes qui étaient venus nombreux aujourd'hui de nous avoir rejoint. Merci à tous, soyez prudents. Bonne journée. Merci Monsieur le Représentant spécial. Aurevoir.   

Bamako, 7 juillet 2022 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Merci beaucoup cher Olivier et merci à tous les journalistes et professionnels des médias qui ont répondu positivement à notre invitation. Je voudrais faire quelques remarques préliminaires et évidemment me prêter aux questions de nos invités.  

Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire quand j'ai briefé le Conseil de sécurité le 13 juin dernier, le Mali est confronté à de nombreux défis, des défis complexes, des défis difficiles, mais qui sont loin d'être insurmontables. Et je suis convaincu que grâce aux efforts qui sont déployés par les autorités maliennes, des autres acteurs maliens avec l'appui de leurs partenaires, au premier rang desquels la MINUSMA, ces défis seront surmontés.  

Dans ce contexte, je voudrais évidemment me féliciter de l'adoption par le Conseil de sécurité, le 29 juin dernier, d'une résolution renouvelant le mandat de la Mission pour une année, jusqu'au 30 juin 2023. Ce mandat, cette nouvelle résolution s'inscrit en fait dans le prolongement des résolutions qui l'ont précédée et elle est adoptée sous le chapitre sept de la Charte des Nations Unies. Tout comme les précédentes résolutions, les priorités stratégiques de la Mission restent les mêmes, appui à la mise en œuvre de l'Accord de paix et au processus de transition et appui à la mise en œuvre d'une stratégie malienne globale de stabilisation de la partie centre du pays. Il y a évidemment eu quelques ajustements qui ont été opérés et j'aurai l'occasion dans la session de questions-réponses, de revenir sur ces ajustements.  

Quelques points que je voudrais mettre en relief en prélude à vos questions, des points qui sont articulés autour des priorités stratégiques de la Mission et d'autres aspects de son mandat. Je commencerai par l'Accord de paix, qui a été signé en 2015 et qui est la raison d'être première, la situation au Nord est la raison d'être première du déploiement de la MINUSMA, même si par la suite, d'autres priorités stratégiques ont été ajoutées à notre mandat. S'agissant de l'Accord de paix, comme vous le savez, cet accord a été signé en 2015, cela fait donc sept ans. Évidemment, je ne peux que me féliciter du fait que le cessez le feu continue d'être globalement respecté.  

Je me félicite également des avancées qui ont été faites en ce qui concerne le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, notamment à travers ce que nous avons appelé le DDR accéléré, qui a permis de réintégrer 1800 combattants dans le cadre des bataillons reconstitués qui sont déployés à Ménaka, à Kidal, à Gao et à Tombouctou. 

Je me félicite aussi du rôle des femmes dans le processus de mise en œuvre, le CSA leur a été élargi et évidemment, c'est un effort qu'il importe de poursuivre. Il cite également du fait qu'un certain nombre de projets ont été articulés dans le cadre du développement du Nord. Cela dit, il faut reconnaître que le cœur de l'Accord attend toujours d'être mis en œuvre. Le désarmement global, les réformes institutionnelles et évidemment, le développement du Nord pour répondre aux besoins des populations qui habitent dans ces régions.  

Nous allons continuer, dans la période à venir, à jouer un rôle important dans la supervision du respect du cessez le feu, mais également dans l'accompagnement politique du processus de mise en œuvre de l'Accord de paix. Une de nos priorités est évidemment d'aider le gouvernement malien, les parties maliennes, les parties signataires, à organiser aussi rapidement que possible la réunion de haut niveau qui avait été convenue au mois d'octobre dernier pour s'attaquer à la question du DDR, mais également à celles liées aux réformes institutionnelles. Je le pense, c’est une tâche urgente. Il est important que cette réunion se tienne le plus rapidement possible. 

Il importe que les dividendes depuis longtemps attendues par les populations se matérialisent. Evidemment, il importe de donner des signaux encourageants qui permettront à la communauté internationale de maintenir et de renforcer son appui à la mise en œuvre de l'Accord.  

Un autre aspect de notre mandat est lié à la transition en cours au Mali. Et là, je voudrais me féliciter de l'Accord auquel le Mali et la CEDEAO sont parvenus en ce qui concerne la durée de l'extension de la transition. Comme vous le savez, le sommet de la CEDEAO qui s'est tenu il y a quelques jours à Accra, au Ghana, a décidé de la levée des sanctions économiques et financières qui avaient été prises contre le Mali au mois de janvier dernier. La MINUSMA a été activement impliquée dans les efforts visant à faciliter cet accord, aussi bien dans le cadre du Comité local de suivi de la transition, au sein duquel nous siégeons avec la CEDEAO et l'Union africaine, mais également dans le cadre du mandat qui est le nôtre, d'appui à la transition. 

Nous allons évidemment dans la période à venir, continuer à nous mobiliser fortement, pour aider à la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles que le gouvernement malien et les acteurs maliens ont identifié comme étant prioritaires. En particulier, nous allons appuyer le processus électoral et je voudrais rappeler ici que par le passé, nous avons soutenu les processus électoraux au Mali, notamment à travers un appui logistique et technique, à travers la sensibilisation des différents acteurs, la communication, l'éducation civique, y compris pour faciliter l'implication des femmes et des jeunes dans le processus électoral, l'appui à la prévention des violences électorales et à la sécurisation du processus électoral lui-même et évidemment, l'appui à la mise en œuvre des réformes qui sont rendues nécessaires par la tenue des élections.  

Nous allons aussi activement contribuer au mécanisme de suivi qui a été mis en place par les autorités maliennes de concert avec la CEDEAO, l'Union Africaine et la MINUSMA. Pour tous, nous assurer que le processus est mis en œuvre dans les délais, mais également faciliter la mobilisation des ressources nécessaires à la bonne conduite du processus. 

Le dernier aspect des trois priorités stratégiques de la Mission, telles qu'elles ont été réaffirmées par le Conseil, concerne la situation dans le centre du Mali qui fait face à une violence multiforme depuis plusieurs années maintenant. Et ici, je me félicite du travail qui a été fait par le gouvernement malien en vue de l'élaboration d'une stratégie nationale de stabilisation des régions du centre, dont les grandes lignes, ont été présentées au Conseil des ministres malien. Comme vous le savez, ces axes s'articulent autour de la paix, de la sécurité, de la cohésion sociale, de la gouvernance et de la justice, de l'action humanitaire et du relèvement économique et enfin de la coordination et de la communication. Nous avons fortement appuyé l'élaboration de cette stratégie et elle est importante car la réponse à la crise sécuritaire au centre du Mali, mais également ailleurs au Mali, n'est pas seulement militaire et sécuritaire. C'est une composante importante, mais c'est une réponse globale politique de gouvernance axée sur le retour de l'Etat, la fourniture de services sociaux, la réconciliation entre communautés qui permettra de restaurer durablement la paix et la sécurité dans le centre du Mali. 

Deux autres aspects qui sont importants et qui ont été réaffirmé dans la résolution que le Conseil a adoptée, la protection des populations civiles et le retour de l'État. La protection des populations civiles est évidemment une question d'une importance capitale pour la MINUSMA, elle figure parmi les éléments essentiels de notre mandat. Et je dois dire que nous nous sommes employés, au fil des ans, à exécuter ce mandat d'une manière aussi robuste que possible, aussi agile que possible, aussi volontariste que possible. La situation est évidemment complexe et difficile et notre travail se fait en appui au gouvernement malien, qui assume la responsabilité principale en la matière et notre rôle n'est pas de nous substituer au gouvernement malien, mais plutôt d'appuyer, d'accompagner les efforts qu'il déploie.  

Je voudrais faire mention du travail que nous faisons, notamment en termes de protection des civils, à travers les patrouilles que nous menons en différents endroits dans les zones dans lesquelles nous sommes déployés, les patrouilles à longue portée, la mise en place de bases temporaires pour protéger des populations. Il y a des exemples récents où ce type d'activités a débouché sur des résultats tangibles. Je pense notamment au travail qui a été fait à Tessit et à Talataye dans la région de Gao. Quand il s'agit de bases temporaires, je pense ici au travail que nous faisons à Ogossagou depuis maintenant plus de deux ans, nous avons une compagnie qui est déployée sur place pour prévenir la violence et faciliter les efforts de réconciliation. Et plus récemment, à la mission que nos éléments en uniforme, mais également nos composantes civiles, ont effectué dans la localité de Djebok mais aussi dans la région de Gao pour assister les populations locales.  

Je pourrais donner d'autres exemples dans la région de Ménaka et enfin, je pourrais aussi faire mention du travail que nous faisons de protection des infrastructures vitales, notamment dans le centre, avec le travail qui est fait de concert avec la gendarmerie malienne, de concert avec les FAMa, pour protéger les ponts le long de l'axe qui relie Sévaré à Bandiagara, la fameuse route du poisson, qui est un axe absolument vital pour la préservation des moyens de subsistance des populations locales, mais également pour le travail de protection que la MINUSMA, que les FAMa et les forces de sécurité maliennes mènent au profit des populations dans ces zones. 

Comme je l'ai dit, le travail de protection des populations civiles ne respecte pas simplement la protection physique, c'est un travail politique de promotion de la réconciliation entre communautés. C'est également le travail de renforcement des capacités de l'Etat malien en termes de justice, de fournitures de services sociaux de base pour créer un environnement beaucoup plus propice à la sécurisation des populations des populations maliennes.  

 

Je voudrais insister sur un élément important, la résolution du Conseil a réaffirmé la centralité du rôle de l'Etat malien. Évidemment, comme vous le savez, l'Etat malien est le seul qui soit à même durablement de restaurer la paix et la sécurité dans le pays. Et notre rôle, comme j'ai eu l'occasion de le dire tantôt, est d'accompagner cet effort, d'appuyer cet effort et non de nous substituer à l'Etat malien. Nous n'en avons ni l'ambition, ni les capacités. Et de toute façon, cela ne marcherait pas. Cela signifie donc que le succès de notre travail, réside aussi dans la promotion de complémentarité entre nos actions et celles de l'Etat malien, dans le développement de synergies, dans la promotion d'une coordination qui soit aussi étroite que possible. 

 

Je voudrais saluer tout ce qui a pu être fait. Déjà, beaucoup a été fait avec les départements ministériels maliens, le ministère de la Défense, la réconciliation, de la Justice et beaucoup d'autres départements ministériels maliens. Mais également le travail qui est fait sur le terrain avec les forces de défense et de sécurité maliennes, notamment à travers des patrouilles conjointes ou coordonnées ou plus généralement à travers des actions qui visent à mieux répartir les responsabilités entre nous et les acteurs maliens.  

 

Je voudrais donner quelques exemples du soutien que nous apportons à cet égard. Encore une fois, un accompagnement en appui à l'effort de l'Etat malien et à tout le travail que nous avons fait pour faciliter le redéploiement des bataillons reconstitués. Je sais que l'appui que nous avons apporté au Groupement mobile de sécurité, il y a le travail de formation que nous faisons au profit des Forces de défense et de sécurité maliennes, y compris en ce qui concerne la détection et la neutralisation d'engins explosifs improvisés. Les patrouilles conjointes, j'ai eu l'occasion d'en parler et tout l'appui que nous apportons en vue de la formulation et de la mise en œuvre de stratégies de plans d'action dans le domaine de la sécurité. Nous sommes également activement impliqués, aux côtés de l'Etat malien, dans les efforts visant à faciliter son retour dans les zones où il n'était plus présent. 

 

C'est un travail de formation qui a bénéficié à 1000 administrateurs locaux de construction, de réhabilitation d'infrastructures diverses écoles, centres de santé, points d'eau, prisons de construction et de réhabilitation de bâtiments aux services de l'administration dans différentes localités dans les régions de Mopti, de Ménaka, de Kidal, de Gao et de Tombouctou. Je pense que c'est un travail extrêmement important qui vise à conforter la souveraineté malienne, à conforter la capacité de l'Etat malien à répondre aux besoins des populations maliennes.  

 

Dernier point, les droits de l'homme et la lutte contre l'impunité. Là aussi, c'est un aspect extrêmement important du mandat qui nous a été donné par le Conseil de sécurité et je voudrais dire que le mandat, fondamentalement, n'a pas changé sur ce plan et que notre travail de promotion des droits de l'homme et de lutte contre l'impunité, se fait en appui aux efforts du gouvernement malien. Permettez-moi de souligner qu'il s'agit non seulement d'aider le gouvernement malien à remplir ses engagements africains et internationaux, mais également d'assurer ou d’imprimer l'efficacité nécessaire aux opérations que le gouvernement déploie pour sécuriser la population. Car il est évident que le succès de ces opérations, dépend aussi du respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Le travail de vérification et de documentation que nous faisons, y compris la publication de rapports périodiques, s'accompagne aussi d'un travail soutenu d'appui aux institutions maliennes, appui aux enquêtes qui sont initiées par les structures maliennes compétentes. Je pense notamment à la Brigade d'investigations spécialisées et aux Pôles judiciaires spécialisés qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  

 

Je pense à l'appui que nous apportons au secteur de la justice, nous avons des rapports étroits avec le ministère de la Justice et des rapports fructueux. Je pense également au soutien que nous apportons à l'élaboration de stratégies nationales de lutte contre l'extrémisme violent et à leur mise en œuvre. Evidemment, il y a tout un travail qui se fait au quotidien, de coordination et de concertation avec les structures maliennes compétentes, qu'il s'agisse de l'état-major des FAMa ou des autres forces de sécurité et qui permet de répondre à un certain nombre de problèmes liés à la mise en œuvre de notre mandat sur les droits de l'homme. 

 

Permettez-moi de profiter de l'occasion pour saluer les efforts qui ont été déployés par les autorités maliennes pour lutter contre les crimes visant les Casques bleus. Comme vous le savez, nous avons subi, y compris même hier, nous subissons des attaques régulières. Hélas ! Il importe évidemment que les auteurs de ces actes, qui peuvent constituer des crimes de guerre, soient identifiés et poursuivis. 44 enquêtes ont été ouvertes par les autorités maliennes et le 24 mars 2021, un individu a été condamné pour deux attaques qui avaient été commises contre le personnel de la MINUSMA en 2015. C'est évidemment un développement qu'il convient de saluer.  

 

Je voudrais en conclusion dire que la MINUSMA est déployée au Mali à la demande du gouvernement malien, va continuer à accompagner les efforts qui sont déployés pour stabiliser le pays. Il est clair que cet effort, est un effort d'accompagnement, mais il est aussi évident que même si les autorités maliennes assument la responsabilité première de la restauration de la paix et de la sécurité dans leurs pays, elles ont besoin de l'assistance internationale, elles ont besoin de la solidarité internationale. Notre présence est une manifestation de cette solidarité et nous sommes déterminés à remplir ce devoir de la manière la plus efficace qui soit pour que le Mali retrouve la paix, la sécurité et la stabilité auxquelles aspirent ses populations et son peuple. Je vous remercie et je voudrais bien me prêter à vos questions.  

Merci.  

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci beaucoup Monsieur le Représentant spécial. Il y a beaucoup de journalistes aujourd'hui avec nous, on va prendre les questions telles qu'elles viennent. Vous pouvez lever la main dans la salle, ouvrir vos micros, la parole est à vous. Je crois qu'il y a Joliba FM qui voulait poser une question.  

 

Joliba FM 

 

Bonjour Olivier, bonjour à tous mes confrères. Bonjour au Représentant spécial, M. WANE. 

Ma question s’intéresse au renouvellement du mandat de la MINUSMA récemment. Quels sont les changements majeurs qui ont été inscrits lors de ce renouvellement du mandat de la MINUSMA ? Est-ce qu’aujourd'hui certaines populations, certaines couches qui sont hostiles à la présence de la MINUSMA au Mali, est-ce que ces populations peuvent avoir l'espoir que la présence de la MINUSMA peut combler leurs espoirs ? 

 

La deuxième question, il s’agit de la préparation des élections au Mali, est-ce que la MINUSMA aura un rôle particulier à jouer dans l'organisation des élections à venir ? 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci beaucoup, on va prendre une deuxième question. Je crois que Manon Laplace de Jeune Afrique veut prendre la parole maintenant. 

 

Manon Laplace, Jeune Afrique 

 

J’ai une question concernant la Division des droits de l'homme. Vous parliez effectivement du mandat dont vous dites qu'il n'a pas fondamentalement changé. Cela dit, à l'issue du vote du Conseil de sécurité, le Représentant du Mali a clairement annoncé que Bamako ne garantirait plus la libre circulation des enquêteurs de la Division des droits de l'homme. Dans les faits, sur le terrain aujourd'hui, il y a déjà des accès qui leur sont refusés. On pense notamment à Moura. Concrètement, est-ce que cela veut dire que la MINUSMA est prête à des concessions en la matière ? Est-ce que la MINUSMA accepte de poursuivre sa mission de stabilisation et de maintien de la paix, même si une partie de son travail, à savoir les enquêtes des droits de l'homme, lui, est désormais impossible, principalement quand les accusations visent les FAMa ? 

 

Olivier Salgado 

Merci beaucoup maintenant pour cette question. Monsieur le Représentant spécial, la parole est à vous. 

 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El Ghassim Wane 

 

Merci infiniment à Joliba FM et à la journaliste de Jeune Afrique pour vos questions. Je vais peut-être rapidement commencer par la question liée au rôle de la MINUSMA en ce qui concerne le processus électoral. Comme je l'ai dit dans mon propos liminaire, nous avons par le passé, appuyé les processus électoraux au Mali à travers des appuis logistiques, techniques à travers la sécurisation des élections, évidemment en appui aux Forces de défense et de sécurité maliennes, à travers l'éducation civique, la sensibilisation et la communication et en appui à la participation des femmes et des jeunes dans les processus électoraux. Évidemment, nous sommes disposés à renouveler cet appui pour la tenue des élections qui doivent conduire d'ici mars 2024, à la restauration de l'ordre constitutionnel. Et je dois dire que nous travaillons très étroitement avec les institutions maliennes. Nous avions déployé des experts auprès de différentes structures maliennes pour précisément apporter cet appui technique et nous sommes d’ores et déjà en contact avec ces structures pour renouveler cet appui et mettre à leur disposition le soutien technique dont ils auront besoin en vue de la bonne tenue des élections. Et comme je l'ai dit également, nous sommes partie prenante des mécanismes de suivi chargés d'assurer le suivi du processus électoral et du processus de transition de concert avec les autorités maliennes et là aussi, la MINUSMA va jouer pleinement le rôle qui lui est imparti. Je confirme, nous allons apporter tout le soutien possible pour le bon déroulement du processus électoral. 

 

En ce qui concerne le renouvellement du mandat et les aspects sur lesquels il y a eu des changements, comme je l'ai dit, les priorités stratégiques de la mission restent les mêmes. Il y a eu quelques changements. En ce qui concerne les droits de l'homme, il y a un accent qui a été mis sur la publication des rapports trimestriels. En ce qui concerne l'appui que nous apportons aux Forces de défense et de sécurité maliennes, il y a un accent qui a été mis sur la mise en œuvre effective de la politique de diligence voulue des Nations Unies en matière de droits de l'homme. Un autre élément qu'il importe de noter, comme vous le savez, depuis le déploiement de la mission, nous bénéficions de l'appui de la force française Barkhane, un appui in extrémis, celui-ci n'est plus prévu dans la nouvelle résolution. La résolution prévoit également que nous entreprenions une revue interne du fonctionnement de la mission de manière à mieux nous adapter au contexte actuel et à pouvoir mener à bien les tâches qui nous sont confiées. Cette revue va être conclue dans une période de six mois maximums. Mais fondamentalement le mandat reste le même.  

 

Alors, est ce que ce mandat répond aux aspirations des populations ? C'est la question qui m'a été posée par le journaliste de Joliba. Je voudrais simplement dire que beaucoup a été fait. Mais évidemment, nous sommes conscients de la nécessité de toujours faire davantage et faire mieux. C 'est un travail au quotidien et je crois que chaque jour que Dieu fait, nous nous employons à renforcer l'efficacité de notre action. Je peux vous dire que dans les zones où nous sommes, dans les zones où nous opérons, je crois que les populations reconnaissent par elles-mêmes et elles nous le disent, reconnaissent l'impact positif de l'action de la MINUSMA. Elles demandent plus. C’est ça la réalité parce que les problèmes sont massifs, les problèmes sont complexes, les besoins sont énormes et évidemment, nous n'avons pas la capacité ou les moyens de répondre à tous les besoins exprimés. Mais il y a une portée forte de notre côté de renforcer l'efficacité de notre action, y compris en ce qui concerne la protection des populations civiles tout en notant évidemment en ce domaine que nous agissons en appui aux autorités maliennes, en appui à leur action. Mais j’ai pu vous assurer que l'action qui est menée bénéficie d'un fort soutien de la part des populations dans les zones où nous opérons. Mais il est évident qu'elle doit être améliorée et c'est ce à quoi nous œuvrons quotidiennement. Quant à la question qui a été posée par Jeune Afrique sur les droits de l'homme, comme je l'ai dit, le mandat reste essentiellement le même.  

 

Je voudrais d'abord souligner quand même les domaines dans lesquels nous travaillons de manière étroite et assez efficace avec les autorités maliennes. J'ai parlé de l'appui que nous apportons aux enquêtes initiées par les institutions maliennes dans le cadre de la lutte contre l'impunité, de l'appui que nous apportons dans le domaine de la justice, de l'appui que nous apportons pour l'élaboration de stratégies et de politiques visant à renforcer la capacité de l'État à promouvoir les droits de l'homme et à lutter contre l'extrémisme violent et de la coopération pratique que nous menons sur le terrain quotidiennement. Evidemment, j'ai entendu les déclarations auxquelles vous avez fait allusion, mais il est évident que notre travail au Mali ne peut être mené à bien qu'avec la coopération et le soutien des autorités maliennes.  

 

Il nous appartient donc, au-delà des incompréhensions qui peuvent surgir, de nous assurer que dans la conduite du mandat qui nous a été donné par le Conseil, que nous initions un dialogue requis pour que ce mandat puisse être mis en œuvre de manière effective et intégrale. C'est tout le sens du dialogue que nous entretenons avec les autorités maliennes et j'ai bon espoir que nous parviendrons à trouver le modus vivendi qui nous permettra de mener à bien le mandat qui nous a été donné par le Conseil de sécurité. 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Nous avons d'autres questions. Nous avons peut-être une question de Massiré Diop du journal L'Indépendant. Ensuite, nous aurons l'AFP et ensuite David Baché de RFI. On va commencer par Massiré Diop.  

 

Massiré Diop, L’Indépendant 

Bonjour Monsieur Olivier. Bonjour aussi à tous mes confrères. Merci au Représentant spécial pour ce brillant exposé. Ma première question est surtout relative au retrait de la force Barkhane. On voit que la MINUSMA a perdu un allié de taille. Comment fait-elle pour compenser le retrait de la force Barkhane qui jouait un rôle essentiel dans la sécurisation de certaines de ses actions ?  

 

J'ai aussi une question concernant l'accord de paix. On voit que le blocage existe toujours. Est-ce qu'il y a un plan qui est prévu pour relancer l'Accord de paix au sein de la MINUSMA ?  

 

La troisième question je crois qu’elle a déjà été prise en compte. C'est par rapport à la question des droits humains. On voit que c'est un peu à couteau tiré. Est-ce que, fondamentalement, il y aura des changements parce qu’on assiste de plus en plus à des victimes civiles, alors qu’on voit que la MINUSMA et les autorités n'ont pas réussi à s'entendre par rapport à l'approche adaptée pour la protection des civils ? 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci beaucoup pour vos questions. On en a eu trois pour le prix d'une. Nous avons Amaury Hauchard de l’AFP. Pouvez ouvrir votre micro ? 

 

Amaury Hauchard, AFP 

Bonjour Olivier. Bonjour Monsieur Wane. Je voulais juste rebondir sur la question de Jeune Afrique sur la question des droits de l'homme et poser la question très concrète d'est-ce que la Division droits de l'homme a pu se rendre par exemple à Hombori en avril où il y a une accusation d'exactions à la foire ou dans la zone de Tamalat, dans la zone d’Anderaboukane au nord de Gao où il y a aussi des exactions ? Est-ce que à Mourra, évidemment, la Division des droits de l'homme a pu se rendre sur le terrain ? Vous avez évoqué Dialassagou où vous vous êtes rendu il y a quelques jours, est-ce aussi la Division des droits de l'homme a pu se rendre à Dialassagou pour enquêter ? Voilà. Merci beaucoup. 

 

Olivier Salgado 

 

Merci beaucoup Amaury. Et enfin, nous allons faire une tentative avec RFI. David Baché, est-ce que vous nous entendez ? On n’entend pas RFI. Je vais donc poser la question qui m’a été envoyée, M. le Représentant spécial par David Baché de RFI. Les autorités de transition le disent à présent ouvertement et ne comptent pas laisser les enquêteurs de la MINUSMA se déplacer et travailler librement dans le pays au nom de la souveraineté nationale. Dans ces conditions, quelle attitude comptez-vous adopter ? Continuer de formuler des demandes de déplacement dont vous savez, par expérience, qu'elles seront refusées. Et enfin, vous parlez d'un dialogue avec les autorités maliennes. Concrètement, quels sont les termes, les enjeux de ce dialogue ? C'était la question de RFI.  

 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

 

Merci beaucoup. Je vais commencer par la question qui a été posée au sujet de l'appui in extremis de l'opération Barkhane à la MINUSMA. Comme vous le savez, cet appui existe depuis le déploiement de la mission en 2013 et la nouvelle résolution n'y fait plus référence. Et vous savez que la force Barkhane et la force Takuba sont en phase de retrait du Mali. Il est évident que le fait que nous n'allons plus bénéficier du soutien de la force Barkhane, crée une nouvelle situation pour la MINUSMA parce que nous opérons dans un environnement complexe, un environnement marqué par la prévalence de menaces asymétriques. Et dans ce contexte, nous avons besoin de tous les appuis possibles et plus fondamentalement, nous avons besoin de moyens spécifiques pour nous permettre de protéger nos soldats, mais également pour nous permettre d'être en mesure de protéger les populations civiles et de mieux appuyer les autorités maliennes et la mise en œuvre des différents processus y compris la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015. En réponse à la situation nouvelle liée au départ de Barkhane et à la fin de l'appui in extrémis, nous avons intensifié les efforts visant à mobiliser les moyens manquants, notamment en termes d'hélicoptères. Comme vous le savez, nous avons un manque criant d'hélicoptères, à la fois d'hélicoptères armés et d'hélicoptères de transport. Et certains de ces moyens manquent depuis 2017, c'est le cas notamment pour Kidal. Il y a un effort renouvelé qui est fait et une mobilisation encore beaucoup plus forte pour essayer de mobiliser ces moyens auprès de pays contributeurs de troupes et de personnels de police. Je voudrais saisir l'occasion, que m’offre cette conférence de presse pour encore une fois lancer un appel à tous les pays en mesure de le faire pour nous permettre de disposer très rapidement de ces moyens qui sont cruciaux pour la protection de la mission mais également cruciaux pour la protection des populations civiles.  

 

Un autre élément de la réponse réside évidemment dans les réaménagements internes que nous avons faits au niveau de la MINUSMA pour répondre à un certain nombre de menaces. Pour donner un exemple, en réponse à la situation qui prévaut dans la région de Ménaka, nous avons redéployé une compagnie qui était basée dans la localité d'Ansongo vers Ménaka, pour nous permettre de mieux protéger la ville de Ménaka, de sécuriser la ville de concert avec les FAMa et les forces de sécurité maliennes, mais également d'entreprendre des opérations dans les environs de Ménaka jusqu'à une distance de 30 kilomètres de la ville elle-même. 

 

Et enfin, évidemment, la réponse aussi réside dans une meilleure coordination avec les forces armées maliennes pour permettre une efficacité accrue. Comme je l'ai dit, les défis sont complexes, les moyens sont limités, les nôtres le sont et forcément les moyens des FAMa sont également limités. Et c'est dans une meilleure synergie que nous pourrons mieux répondre au contexte nouveau marqué par une insécurité très grande hélas et marquée également par le retrait d'un certain nombre de forces internationales. Donc, ce travail est en cours. En ce qui concerne l'Accord de paix, les avancées ont été extrêmement lentes et je pense que force est de reconnaître que les objectifs qui avaient été fixés, certains n’ont pas été atteints et que cela crée une situation particulière. De concert avec l'Algérie qui assure la direction de la Médiation internationale, la MINUSMA et les autres membres de la Médiation ont poursuivi leurs contacts avec les parties signataires, avec le gouvernement mais également avec les mouvements signataires que j'ai rencontrés récemment. Nous avons également tenu plusieurs réunions de la Médiation internationale, précisément pour examiner comment est-ce que nous pourrions au mieux et au plus vite relancer le processus de mise en œuvre de l'Accord. 

 

Comme je l'ai indiqué dans mon propos liminaire. Une des activités sur laquelle nous travaillons en appui au gouvernement malien a trait à la tenue de la réunion décisionnelle de haut niveau qui avait été convenue au mois d'octobre dernier et qui devrait permettre de finaliser les détails liés au désarmement global, mais également des missions de dialogue sur les réformes institutionnelles qui doivent être menées à bien pour que l'accord puisse être appliqué de manière intégrale. Et de ce point de vue, le travail qui est fait actuellement pour l'élaboration d'une nouvelle constitution offre une opportunité pour précisément assurer la prise en compte des réformes institutionnelles qu'appelle la mise en œuvre complète de l'Accord pour la paix et la réconciliation de 2015.  

 

En ce qui concerne les droits de l'homme, deux questions ont été posées par RFI, mais également par L'Indépendant. Je voudrais encore une fois rappeler d'abord tout le travail que nous faisons, pratiquement dans un esprit de bonne coopération avec les autorités maliennes. J'en ai parlé, l'appui aux enquêtes, l'appui dans le secteur de la justice, le soutien au développement et à la mise en œuvre d'un certain nombre de politiques et de documents législatifs liés aux droits de l'homme et le travail pratique de coordination pour répondre aux problèmes qui se posent sur le terrain. 

 

Evidemment il s'agira pour nous de consolider ce travail et sur la base de ce travail qui est encore une fois, je le répète, se fait en un esprit, de poursuivre le dialogue constant que nous avons avec les autorités maliennes pour faciliter la mise en œuvre de notre mandat. Le mandat est clair, il doit être mis en œuvre, mais il ne peut être mis en œuvre qu'avec la coopération du gouvernement malien. II nous appartient, en tant que mission, de poursuivre le dialogue engagé avec les autorités maliennes pour nous assurer que les conditions nécessaires sont requises pour que nous puissions répondre aux attentes qui sont formulées par le Conseil. Nous n'avons pas pu avoir accès à toutes les localités auxquelles vous avez fait référence pour les besoins de nos enquêtes dans le domaine des droits de l'homme. Pour certaines de ces localités, il s'agit en réalité de problèmes sécuritaires. Je prends l'exemple d'Anderaboukane dans la région de Ménaka. Il est tout simplement pour nous d'y accéder. Pour d'autres zones, nous n’avons pas eu les autorisations requises. C'est le cas de Moura. Mais en tout état de cause, nous avons pris les dispositions nécessaires pour pouvoir mener ces enquêtes à distance et, une fois qu'elles sont conclues, nous allons partager les conclusions avec les autorités maliennes pour que le suivi nécessaire soit assuré. 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci beaucoup, Monsieur le Représentant spécial. S’il y a d'autres questions, n'hésitez pas. Nous avons une question de Baba Ahmed Baba, c'est à vous. 

 

Baba AHMED 

 

Bonjour, merci beaucoup. J'ai une ou des questions, notamment sur ce qui circule actuellement dans certaines presses au Mali au sujet de marches de contestations qui pourront avoir lieu juste après la fête menée par un membre du CNT qui est leader d’une association. Je voudrais savoir est-ce que la MINUSMA a peur qu'il y ait des manifestations dans les mois ou les semaines à venir, contre sa présence au Mali ? Et quelles conséquences peuvent avoir ces manifestations sur la Mission ?  

 

Deuxième question à Monsieur le Représentant spécial si vous permettez, je voudrais aussi demander au niveau de Ménaka, il y a déjà eu des alertes au sujet de la sécurité du camp ou en tout cas du bureau régional. Est-ce que cette menace existe toujours ? Est-ce qu'avec le retrait de Barkhane, vous avez peur que cette région soit occupée par les EIGS ? Voilà donc quelle est la situation aujourd'hui de cette situation sécuritaire mais aussi humanitaire, même si vous avez déjà touché... Et des droits de l'homme. 

 

Je voudrais savoir quelle est la situation sécuritaire de cette région dans les prochains jours, dans les prochains mois ? Merci beaucoup. 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci Baba. Est-ce qu'il y a une autre question dans la salle ? N'hésitez pas à ouvrir votre micro. Nous avons en Studio Tamani, Studio Tamani. Bonjour, il faut ouvrir le micro, voilà, allez-y. 

 

Studio Tamani  

 

Bonjour Olivier comment vous allez  ? 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Dieu merci, ça va bien. 

 

Studio Tamani 

 

Au cas où la MINUSMA ne va plus bénéficier de l'appui des forces françaises ? Comment la Minusma va-t-elle pas se protéger ? 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci pour cette question brève et intéressante. Nous avons une autre question de RFI. On va la prendre : les nouveaux alliés russes des FAMa sont déjà largement déployés dans le Centre. Dans le Nord, ils prennent position dans toutes les bases que quittent la Force française Barkhane. Est-ce que c'est quelque chose que vous surveillez ? Est-ce que vous avez un dialogue direct avec les autorités maliennes sur ce sujet ? Et si oui, à quoi est-ce que vous êtes vigilants ? Quelles sont vos préoccupations ? C'est la question de RFI. On va, on va répondre à vos questions. Il y aura un dernier round de questions. Après celle-ci, aller note sur le représentant spécial. 

 

El-Ghassim WANE 

 

Merci Olivier. Je vais commencer par la question de Monsieur Baba AHMED, simplement pour rappeler que nous sommes ici, la MINUSMA est au Mali à la demande du Gouvernement malien et le Gouvernement malien a, à chaque fois, depuis que la mission a été déployée, marqué son accord pour le renouvellement du mandat et même demandé que le mandat soit renouvelé. Je pense que c'est un élément extrêmement important qu'il importe de garder à l'esprit.  

 

Deuxièmement et je le répète, dans toutes les zones où nous sommes déployés, et j'ai l'occasion de travailler, de voyager très souvent, de me rendre très souvent à l'intérieur du Mali et dans toutes les zones où nous opérons, je peux vous dire que les populations demandent plus de MINUSMA et pas moins de MINUSMA. Je pense, c'est un élément extrêmement important à garder à l'esprit. Ces populations se trouvent très souvent dans des zones où malheureusement la présence de l'État n'est pas forte ou dans des zones ou l'État n'est malheureusement plus présent. Évidemment, il faudra travailler à changer cette situation, à permettre à l'Etat de revenir parce que seul lui, seul l'État malien pourra durablement restaurer la paix et la sécurité dans ces zones-là. 

 

Mais il est évident qu’en l'absence de l'Etat ou en face de capacités insuffisantes, la MINUSMA joue un rôle crucial et, je le répète, extrêmement apprécié des populations locales. Donc, c'est un élément qu'il importe de garder à l'esprit.  

 

Le troisième élément, évidemment, au Mali comme dans tout autre pays, il peut il y avoir des vues divergentes sur une question, y compris sur la présence, la MINUSMA, mais je voudrais simplement rassurer tous ceux qui peuvent avoir des doutes quant à la présence de la MINUSMA, que cette présence apporte beaucoup au Mali. Il s'agit d'une manifestation de solidarité internationale envers le Mali, solidarité à laquelle le Mali a droit.  

 

Deuxièmement, nous nous employons quotidiennement à améliorer l'efficacité de notre action au service au bénéfice des populations maliennes, au bénéfice du peuple malien. Troisièmement, quand il y a des incompréhensions ou des demandes légitimes d'explications de ce que nous faisons, nous sommes toujours disposés à fournir les informations requises. Je n'ai pas d'inquiétude particulière parce que la Mission est ici et elle reste au Mali à la demande du Gouvernement malien et avec son accord. En ce qui concerne la question qui a été posée par Studio Tamani.  

 

 

Alors je reviens à Baba AHMED parce qu'il avait posé une question sur la situation à Ménaka, qui est effectivement extrêmement difficile. J'avais eu l'occasion moi-même de me rendre dans la région il y a environ six semaines. Si mes souvenirs sont exacts, la situation sécuritaire extrêmement difficile marquée par des attaques répétées en différents endroits de la région, y compris parfois pas très loin de la ville de Ménaka elle-même. La situation humanitaire est également extrêmement difficile, marquée par des déplacements massifs de populations à l'intérieur de la région, mais également en direction des autres régions du Mali et en direction des pays voisins. Je pense donc une situation extrêmement préoccupante face à laquelle nous nous employons, en appui, encore une fois, aux autorités maliennes, à apporter la réponse la plus efficace qui soit. J'ai parlé du renforcement de nos effectifs. Nous venons de déplacer une compagnie nigérienne d’Ansongo pour la redéployer à Ménaka, elle est déjà en action. Hier, elle a conduit une mission de reconnaissance dans une localité située à quinze kilomètres de Ménaka ou des informations nous étaient parvenues, de menaces proférées par des éléments armés et je pense, que c’est une présence qui est encore une fois est très appréciée des populations locales. 

 

Nous envisageons de redéployer un certain nombre de moyens dans la zone pour pouvoir réagir de manière beaucoup plus efficace pour les effectifs, face aux menaces auxquelles les populations sont confrontées. Nous avons renforcé notre appui dans la localité de Ménaka elle-même. Patrouilles conjointes avec la police malienne, patrouilles concertées également avec les FAMa dans la localité malienne et patrouilles également en dehors de la localité de Ménaka elle-même, qui visent à rassurer les populations et à les protéger dans les zones où nous pouvons nous déployer. Mais il est clair qu'il faudra faire plus et j’avais saisi l'occasion de ma communication au Conseil de sécurité, le 13 juin dernier, pour appeler l'attention du Conseil sur la gravité de la situation et la nécessité de la mobilisation de moyens supplémentaires pour permettre à la MINUSMA, de mieux exécuter le mandat qui lui est confié.  

 

Enfin, s'agissant de la question qui a été posée par RFI, je voudrais simplement dire que deux aspects nous sont fondamentaux du point de vue de la MINUSMA et du point de vue de la mise en œuvre notre mandat. Le premier évidement, c'est de pouvoir rendre compte de toutes les violations des droits de l'homme, quels qu'en soient les auteurs. 

 

C'est ce que nous faisons et nous le faisons, notamment à travers la publication de rapports trimestriels, de notes trimestrielles sur la situation des droits de l'homme, mais également à travers le rapport qui est soumis tous les trois mois par le Secrétaire général des Nations Unies et au Conseil de sécurité. Le deuxième élément important est lié à la nécessité de la liberté de mouvement pour nous permettre d'exécuter notre mandat, encore une fois en appui aux autorités maliennes au service des populations maliennes. 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci. Si nous avons une question de techno BC3, on ne sait trop à qui on a affaire... Et il y avait une question de VOA, mais vous l'avez déjà abordé. C'était Annie qui posait cette question, mais je crois qu'on a déjà abordé la réponse. Il y a une question de la rédaction locale de RFI Manden Kan et fulfuldé, mais là aussi, je crois qu'on y a déjà répondu. Si ce n'est pas le cas, vous ouvrez le micro et RFI Manden Kan. Techno BC3, c'est à vous, on vous écoute. 

 

Techno BC3 

 

Je voudrais savoir quelle est la situation des contingents de la MINUSMA qui étaient bloqués dans certains pays de la Cédéao due aux sanctions ? 

 

Studio Tamani 

 

Je disais qu'il y a eu des manifestations contre la MINUSMA à un moment donné et dans certaines régions du Mali. Maintenant, l'opposition ferme. Le nouveau Gouvernement malien avait demandé un Mandat adapté pour la protection et la sécurisation de la population. Pratiquement, le mandat de la MINUSMA n’a pas changé, le mandat reste fondamental. Est-ce que l'opposition ferme de Bamako à la libre circulation de la MINUSMA dans les domaines des droits, des enquêtes ne risque pas d’accentuer un peu les tensions entre les populations locales et les contingents de la MINUSMA.  

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci. Je crois qu'on a déjà un peu répondu à ces questions précédemment. Mais vous avez peut-être des précisions apportées, Monsieur le Représentant spécial, peut être d'abord sur la rotation des troupes de la MINUSMA ?  

 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

 

Merci beaucoup. Sur la question de la rotation des troupes, effectivement, nous n'avons pas pu effectuer les rotations de nos contingents ouest africains, aussi bien le personnel militaire que les personnels de police. C'est évidemment une situation extrêmement préoccupante parce des retards dans la relève de ces contingents ou les retards qui ont été accusés dans la relève de ces contingents ont des conséquences à la fois sur le moral des troupes, mais ont également des conséquences en termes d'efficacité opérationnelle. Je pense que c'est un élément extrêmement important à garder à l'esprit. Ces contingents auraient dû être relevé il y a quatre ou cinq mois et tout retard a un effet, une conséquence négative sur leur capacité à remplir leur Mandat et bien, remplir leur mandat au service des Maliens. Je donne l'exemple du travail que nous faisons dans les régions de Mopti, de Bandiagara où nous disposons notamment à Ogossagou, d'une base temporaire. Évidemment, quand les soldats ne sont pas relevés à temps, leurs capacités à protéger les populations, leur capacité à remplir leur mandat en est affectée. Nous avons donc entrepris plusieurs démarches auprès du gouvernement malien et j'ai bon espoir que cette question va être réglée assez rapidement car nous avons des accords clairs en la matière avec le gouvernement malien. 

 

Comme vous le savez, ces contingents sont déployés au Mali dans le cadre des Nations Unies et non dans le cadre de la CEDEAO et leur déploiement au Mali est régi par des accords qui nous lient aux autorités maliennes. J'ai bon espoir que cette question peut être réglée et il importe qu'elle soit réglée assez rapidement. Car, comme je l'ai dit, chaque jour de retard a un impact sur le moral des troupes, le moral des personnels. Elle a également un impact sur l'efficacité opérationnelle de la Mission. J'ai bon espoir que cette question sera très bientôt réglée.  

 

En ce qui concerne la deuxième question sur les manifestations contre la MINUSMA, je pense y avoir répondu. Mais je voudrais simplement dire ceci, puisque le journaliste qui a posé la question a abordé un aspect lié au mandat, c'est vrai que le mandat n'a pas beaucoup changé. Mais je voudrais quand même dire que c’est un mandat placé sous le chapitre sept et que c'est un mandat robuste. Je pense que c'est un élément qu'on perd très souvent de vue sur un mandat robuste. 

 

Mais évidemment, comme je l'ai dit, nous manquons aussi d'un certain nombre de capacités qui font que nous n'arrivons pas à exécuter le mandat dans toute sa plénitude. Je pense c’est un élément extrêmement important, à garder à l'esprit, d’où, la nécessité d'efforts renouvelés qui sont faits. Des efforts renouvelés pour mobiliser les moyens qui nous manquent pour nous permettre d'exécuter le mandat de manière beaucoup plus efficace. Quant aux relations avec les autorités, je l'ai dit, nous avons, je crois, de bonnes relations avec les autorités, aussi bien ici à Bamako que dans les régions où nous travaillons très étroitement avec les autorités administratives et militaires. Des difficultés peuvent surgir, mais elles ne peuvent être réglées que dans le cadre du dialogue. En tout état de cause, la mise en œuvre du mandat ou l'efficacité, la mise en œuvre du mandat dépend du degré de coopération dont nous bénéficions de la part des autorités maliennes. Et nous avons tous intérêt à développer une coopération qui soit aussi étroite que possible, car c'est seulement à travers une telle approche, une telle façon de faire que nous pourrons répondre aux préoccupations des populations et restaurer la sécurité à laquelle aspirent désespérément les populations. 

 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

 

Merci. Nous avons beaucoup de questions sur les droits de l'homme, mais elles se répètent, elles se répètent beaucoup. Je crois qu'on a passé pas mal de temps sur cette question. On va, on va passer à une prochaine question. S'il y en a ? Joliba FM... Et puis si quelqu'un d'autre veut poser une question, on conclura comme ceci. Donc Joliba FM on vous écoute ? 

 

Joliba FM 

 

Oui merci Olivier. Monsieur le Représentant, vous avez souligné dans votre intervention que vous sollicitez tous les pays ou tous les partenaires qui souhaitent aider la MINUSMA concernant sa sécurité. Alors moi, ma préoccupation, est si cet appel n’est pas répondu favorablement, quel serait le sort de la MINUSMA dans son nouveau Mandat, concernant sa sécurité ? Merci. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Monsieur le Représentant spécial, c'est à vous !

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Merci M. DIALLO. Non, en fait, ce que j'ai dit, c'est que nous manquons d'un certain nombre de capacités. J'ai notamment fait état des besoins en hélicoptères armés et en hélicoptères de transport pour la Mission, qui sont essentiels à l'exécution de son mandat et l'appel que j'ai lancé, c’est un appel à tous les pays qui sont en mesure de le faire, pour nous aider à obtenir ces moyens. Evidemment ces moyens sont nécessaires parce que la Mission doit pouvoir se protéger si elle est attaquée. Nous opérons dans des régions où les situations sont extrêmement difficiles. Quand je prends l'extrême Nord du Mali, notamment les localités d’Aguelhok, de Tessalit où nous avons quand même été l'objet d'attaques assez violentes que nous avons pu repousser grâce à la vaillance des soldats. Il est évident que nous devons nous doter des capacités requises pour pouvoir faire face à ce type d'attaques, de manière à pouvoir maintenir notre présence qui est nécessaire dans ces zones. 

Une présence que nous souhaitons assurer pour précisément aider à la mise en œuvre de l'Accord de paix, mais également affirmer la souveraineté du Mali dans ces zones. Il ne s'agit pas seulement d'aider la Mission à mieux se protéger. La Mission se protège mieux, pour pouvoir mieux protéger les populations civiles. Il faut qu'elle puisse évidemment se déployer, patrouiller, opérer dans différentes zones où les populations sont exposées à des menaces, avec les capacités requises pour pouvoir repousser et faire face aux attaques dont elles pourraient faire l'objet, ou les attaques dont les populations locales pourraient faire l'objet. J'ai bon espoir que certaines de ses demandes seront satisfaites. En tout cas, nous y travaillons intensément. Et comme je l'ai dit également, en attendant, nous sommes en train de mettre en œuvre un certain nombre de réaménagements internes pour nous permettre de redéployer certains de nos moyens, certaines de nos capacités dans les régions où nous pensons faire face à des menaces beaucoup plus fortes que dans d'autres. Mais je suis convaincu que la MINUSMA saura faire face aux différentes menaces auxquelles elle est confrontée, encore une fois, faire face à ces menaces, pour pouvoir mieux exécuter son mandat, dont l'un des éléments principaux est la protection des populations civiles. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup pour cette réponse, Monsieur le Représentant spécial. On va remercier tous les journalistes qui étaient présents avec nous. Il faut savoir que le travail de la MINUSMA se situe à 90 % dans le Nord du pays, mais malheureusement ce sont des zones où la presse a très peu, voire pas accès. Une pensée à ce sujet pour Olivier Dubois qui est détenu en captivité depuis maintenant 455 jours. Monsieur le Représentant spécial, est ce que vous avez un mot pour conclure ? On y va, on est ensemble pour réussir la paix. 

Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane 

Simplement pour redire la détermination de la MINUSMA à mener à bien son mandat. Et dans ce contexte, évidemment, nous allons continuer à travailler aussi étroitement que possible avec les autorités maliennes, mais également avec tous les acteurs qui sont impliqués dans les différents processus qui sont à l'œuvre au Mali. Les défis sont énormes, je l’ai dit, ils sont complexes, ils ne sont pas insurmontables et je suis convaincu qu'ensemble, comme vous l'avez dit, nous pouvons gagner la bataille de la paix. 

Olivier Salgado, Porte-parole de la MINUSMA 

Merci beaucoup. C'était un honneur de vous recevoir, Monsieur le Représentant spécial. Merci beaucoup à tous les journalistes qui étaient venus nombreux aujourd'hui de nous avoir rejoint. Merci à tous, soyez prudents. Bonne journée. Merci Monsieur le Représentant spécial. Aurevoir.