Sécurité à Gao : La population demande des mesures renforcées des forces de sécurité pour protéger la ville

25 mai 2023

Sécurité à Gao : La population demande des mesures renforcées des forces de sécurité pour protéger la ville

Dans la cité des Askia, Gao au Nord du Mali, la coordination des opérations de sécurisation entre les Forces armées maliennes (FAMa) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a permis une nette amélioration de la sécurité malgré les nombreux défis qui demeurent à relever. La population vaque à ses occupations malgré une insécurité de plus en plus dominée par le banditisme, selon plusieurs témoignages dans la ville.

Dans les étals du marché Damien BOITEUX de Gao (du nom du premier soldat français tombé au Mali lors de l’opération Serval), les clients ont accès à une large variété de produits. Du riz, du sucre, du lait en poudre, de la pomme de terre, de l’igname, de l’oignon, des fruits, etc. Le marché est approvisionné à partir de l’intérieur du pays mais aussi de l’Algérie et du Niger voisins. Les acheteurs qui affluent malgré la forte chaleur des mois d’avril et mai, se plaignent surtout de la hausse du prix des denrées de première nécessité. Cela s’explique selon les vendeurs, par l’insécurité qui rend difficile l’approvisionnement de la ville et par la vétusté des infrastructures. Abdramane Cissé commerçant au marché Damien BOITEUX, affirme que si la sécurité s’est un peu améliorée dans la ville, elle l’est un peu moins dans les alentours, notamment sur les axes routiers. Il évoque par exemple l’incident survenu dans la nuit du 25 au 26 avril derniers, au cours duquel des coupeurs de route avaient bloqué le trafic sur l’axe Gao-Ansongo. « En 2012, le bidon d’huile de cinq litres vendu 3 500 est aujourd’hui à 5 500 F CFA. Nous cédons le sachet de lait en poudre de 500g à 2 250 FCFA contre 1 500F dans un passé récent et le carton de pâtes alimentaires à 5 500 F CFA au lieu de 3 500F. Cette augmentation qui s’est faite progressivement a coïncidé avec les premiers signes de l’insécurité en 2012, explique Abdramane Cissé. Pour Mamadou Moussa, un commerçant de 33 ans, l’état de la route Sévaré-Gao est une autre cause de la hausse des prix des produits de première nécessité.

Pour Karambé, citoyenne de Gao venue faire quelques courses au marché Damien BOITEUX, la situation sécuritaire à Gao reste trop imprévisible. « Il y a des enlèvements, des braquages, des vols à main armée » dit-elle et estime que c’est le banditisme perpétré en général par des natifs de Gao qui prend de l’ampleur. « L’insécurité que vivent les habitants de Gao, se traduit par des braquages et des enlèvements dans la ville avec des demandes de rançons pouvant aller de 2 à 20 millions de FCFA » explique-t-elle. « Les FAMa et la MINUSMA font de leur mieux mais quand l’insécurité vient de l’intérieur de la ville, c’est plus difficile de la circonscrire », soutient-elle.

Fatoumata, vendeuse de fruits et légumes, abonde dans le même sens. A cause de l’insécurité, les denrées alimentaires qu’elle commercialise sont vendues au double des prix pratiqués à Bamako. Elle avoue tout de même que si elle arrive à « joindre les deux bouts aujourd’hui » c’est en raison d’une amélioration générale de la situation sécuritaire dans la région.

La sécurité passe par l’implication de tous !

L’impact positif des efforts conjoints des FAMa et de la MINUSMA sur la situation sécuritaire globale de la région de Gao sont indéniables. En outre, dans Gao et ses environs, la Force et la police de la MINUSMA mènent en moyenne deux patrouilles par jour. La majorité des témoignages au sein de la population de Gao, vont dans ce sens. La qualité des relations de coopération entre les deux institutions y est aussi pour quelque chose. « Je suis très satisfait des actions des FAMa. Chaque vendredi, il y a une réunion hebdomadaire et de manière alternée pour faire l’état des lieux de nos opérations et partager nos informations » explique le Général Pathak Harendra, Commandant de la région de Gao de la Force de la MINUSMA. Mêmes impressions chez le Général Lazare Tarpaga, Commandant régional de la Police des Nations unies (UNPOL) qui évoque également la bonne collaboration avec les autorités administratives régionales. « Nous faisons des patrouilles avec la Police et la Garde nationales. Nous adaptons nos patrouilles en fonction des déclarations d’incidents. Nous tenons comptes des sollicitations et des plaintes de la population », explique-t-il. « Nous développons le principe de la police de proximité. Nous nous arrêtons de temps en temps pour échanger avec la population. Cela renforce la confiance et permet de rapprocher la population des forces de sécurité. En plus de ce principe de police de proximité, il faut renforcer le contrôle au niveau des postes de contrôle », a ajouté le Général Tarpaga.

Les FAMa, pour leur part, mènent régulièrement des patrouilles de jour comme de nuit dans la ville. La population se dit reconnaissante de ces efforts des autorités et de la MINUSMA. Cependant, pour mettre fin à l’insécurité, « il faut que les routes soient réparées et sécurisées par les forces de sécurité », affirme Moussa Maïga, commerçant à Gao. Le tout sécuritaire n’est pas l’unique solution. Ces témoignages montrent aussi l’importance des dividendes de la paix pour tous.