Tabissa Walet ALGLY Tisseuse de sacs à main à Ménaka « une combattante de l’autonomie financière »

1 décembre 2022

Tabissa Walet ALGLY Tisseuse de sacs à main à Ménaka « une combattante de l’autonomie financière »

« J’habite à Ménaka depuis toujours. Avant, j’avais des petits métiers qui me permettaient de gagner ma vie. Avec l’avènement de la crise et surtout lors de l’occupation djihadiste, j’ai tout perdu. Je n’avais plus aucune activité car beaucoup de choses étaient interdites. J’avais tous les problèmes du monde pour nourrir ma fille de 14 ans et mon garçon de 11 ans, » raconte Tabissa Walet ALGLY.

Depuis un an, cette mère de famille est occupée par le tissage de sacs et d’accessoires grâce à une formation de la MINUSMA dispensée par l’adjudant-chef Alizéta KABORÉ KINDA, femme policière de l’année 2022 des Nations unies. « Je tisse des sacs à main, des portes clés et autres objets usuels. C’est une policière burkinabé de UNPOL, Alizéta KABORÉ KINDA, qui nous a appris ce métier. Les femmes de Ménaka et les étrangers qui travaillent dans le domaine humanitaire représentent l’essentiel de ma clientèle. Ce travail me permet de gagner ma vie et de prendre un nouvel envol et surtout de m’occuper de mes deux enfants notamment de prendre en charge leurs scolarités et de les soigner » explique Tabissa. Vendu entre 10 000 et 25 000, la confection de chaque sac peut lui prendre jusqu’à une semaine de travail. Si ce nouveau métier soulage la Ménakoise, il n’est pas sans tracas. « La difficulté majeure est de trouver le fil pour fabriquer les sacs. Il y a souvent pénurie sur le marché et cela entraîne l’arrêt de mes activités ». Aujourd’hui, Tabissa se dit « fière en tant que femme indépendante qui travaille et gagne sa vie à la sueur de son front ». Malgré ces efforts et ces progrès faits par les femmes, Tabissa n’en n’est pas moins réaliste : « Ici, en tant que femme qui exerce un métier, nous sommes souvent stigmatisés, car les hommes pensent que notre place c’est au foyer ». Un discours face auquel elle recommande aux femmes de ne pas baisser les bras et de prendre la place qui leur revient, celle de « piliers de la nation ». Enthousiaste et optimiste quant à l’avenir, Tabissa poursuit la réalisation de son rêve : « je souhaite un jour ouvrir un grand atelier afin d’employer d’autres femmes pour développer ce métier ici à Ménaka. Je souhaite aussi que le pays retrouve la paix afin que chacun puisse vaquer à ses occupations. Parce que sans paix rien n’est possible ».