Tombouctou : la police de proximité, ou comment renforcer la confiance entre les populations et les forces de sécurité

10 juin 2022

Tombouctou : la police de proximité, ou comment renforcer la confiance entre les populations et les forces de sécurité

La deuxième table de concertation sécuritaire entre populations et Forces de sécurité du Mali s’est tenue à Tombouctou le 4 juin dernier. Elle est la résultante de la mise en œuvre du concept de Police de proximité lancé en novembre 2020 par la Direction régionale de la Police nationale de Tombouctou, avec l’appui de la MINUSMA. Ce projet fondé sur le partenariat police-population, a été financé par la MINUSMA pour plus de 178 millions de FCFA, à travers une contribution de l’Allemagne au Fonds Fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali. Aujourd’hui, sa mise en œuvre se poursuit avec l’établissement progressif, notamment dans le Nord et le Centre du pays, de Comités consultatifs locaux de sécurité et le renforcement des capacités des FSM.

Le concept de Police de proximité est conforme à la volonté des autorités maliennes, dans le cadre de l’amélioration de la sécurisation des citoyens. Il s’agit de permettre aux populations de comprendre l’importance de leur implication, dans la recherche et la résolution des conflits intercommunautaires et plus généralement de la lutte contre l’insécurité.

Soutenir l’établissement du concept par le renforcement des capacités opérationnelles des Forces de Sécurité du Mali

Pour soutenir les Forces de Sécurité du Mali (FSM) et leur permettre d’être plus performants dans l’exercice de leurs fonctions, d’importants lots de matériels de maintien de l’ordre, ont été remis par la MINUSMA aux FSM. Ces lots sont destinés à 112 éléments parmi lesquels 65 agents du Groupement Mobile de Sécurité de la police de Tombouctou et 47 agents de la Garde nationale. Cet appui provient de l’enveloppe globale de 178 millions de francs CFA, contribution de l’Allemagne au Fonds Fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali. En plus de cet appui logistique, des Centres d’accueil et d’orientation de la population dans le cadre de la police de proximité, ont été entièrement construits et équipés dans les Commissariats et les Brigades de gendarmerie de Tombouctou, Diré, Goundam et Niafounké. 

À Goundam et Niafounké, où la police est quasiment absente, deux commissariats ont été construits, équipés et dotés de moyens roulant par UNPOL, dans le cadre du projet police de proximité pour un montant total de plus 377 millions de FCFA. Un appui rendu possible par la contribution de la Belgique au Fonds Fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali. « Les appuis logistiques et autres accompagnements dont nous bénéficions sont le fruit d’un partenariat fécond entre la MINUSMA et nous. Les patrouilles de sécurisation sont conduites conjointement par nos forces locales et UNPOL. Cet important accompagnement concourt à la sécurisation des personnes et de leurs biens, » a expliqué Abdoulaye Farikou COULIBALY, Adjoint du Commandant de la Gendarmerie de Tombouctou.

En plus de cet appui logistique et infrastructurel, les FSM ainsi que les leaders communautaires de la région, ont été formes au concept « Police de proximité » son but et ses objectifs, dans le cadre de sa mise en œuvre correcte. « Aujourd’hui, les jeunes sont beaucoup plus édifiés sur la police de proximité, les populations sont satisfaites et l’impact est visible, » a déclaré Baba MOULAYE, Président du Forum des Organisations de la Société civile de Tombouctou.

Mise en place des comités consultatifs locaux de sécurité dans la région de Tombouctou

La résolution 2531 du Conseil de sécurité des Nations unies qui mandatait la MINUSMA pour l’année 2020 lui demandait de : « prendre des mesures actives, à l’appui des autorités maliennes, pour anticiper et décourager toute menace contre la population civile, notamment dans le Nord et le Centre du Mali ». Pour y répondre efficacement, elle recommandait d’adopter une démarche « globale et intégrée ».

En effet, la mise en place de Comités consultatifs locaux de sécurité (CCLS) est une disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ainsi que du Plan cadre du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, pour l’amélioration du lien de confiance entre les forces de sécurité et la population (2018-2021) et ce, dans le cadre d’un dispositif de coproduction de la sécurité. C’est dans ce sens que le Gouvernement malien avait adopté, en janvier 2019, un Décret portant création, organisation et modalités de fonctionnement des CCLS.

Les cérémonies d’installation des membres des Comités de Tombouctou, Diré, Goundam et Niafounké, et leurs renforcements de capacités ont été félicités grâce à l’appui financier et technique de la MINUSMA, à travers la Police des Nations Unies (UNPOL/MINUSMA). Au sein de ces comités l’on retrouve les autorités administratives et coutumières locales, des représentants de la société civile, des membres de la hiérarchie des forces de défense et de sécurité, les localités respectives, des représentants des différentes confessions religieuses.

Dans la région de Tombouctou, les communautés, les autorités et les services de sécurité sont tous unanimes sur les résultats positifs de la police de proximité. « Grace à cette initiative, nous avons développé un partenariat bilatéral avec nos forces de sécurités. Autant nous partons vers eux, autant elles viennent vers nous. Le fait que nous nous retrouvions systématiquement en cas d’incident est une chose extrêmement importante, qui nous aide aujourd’hui à trouver rapidement des solutions à nos problèmes » Youssouf Ag MAHMOUD, membre du CCLS de Goundam.

Objectif : la co-production de la sécurité

À Tombouctou, les jeunes tiennent des tables de concertation sécuritaire tournantes dans les différents quartiers de la ville, pour trouver des voies et moyens d’y améliorer la situation sécuritaire. Cette activité est organisée par les comités des jeunes en partenariat avec le commissariat de la Police nationale et UNPOL. Des échanges qui permettent d’identifier les actions pertinentes à mener afin de mieux lutter contre l’insécurité. La deuxième table de concertation sécuritaire s’est tenue le 04 juin dernier, dans le quartier de Bella Farandi.

Cette rencontre présidée par le Maire de la Commune urbaine de Tombouctou, Président du Comité Consultatif Local de Sécurité (CCLS) a réuni plus de 100 personnes dont des leaders d’associations de femmes et de jeunes, des notables, des religieux. C’était en présence du Commissaire principal de police Broulaye COULIBALY, Commissaire de Police de la ville de Tombouctou, des membres du Comité consultatif de sécurité ainsi que de la Commandante régional UNPOL, Mme Sanou DIOUF.

Comment co-produire la sécurité ? Quelles sont les différentes parties de cette co-production de la sécurité et comment restaurer la confiance entre les FDSM et les populations ? Telles étaient les principales questions posées au cours de ces échanges entre l’assistance et les panelistes composés du Commissaire principal de la Police nationale, du président du CCLS. « Nous allons inviter l’ensemble des couches de la société à être sensible à leurs responsabilités dans la prise en compte de leur propre sécurité. C’est parce que vous avez un rôle important dans la gestion de la sécurité de vos communautés que nous mettons tout en œuvre pour vous y associer, d’où la coproduction de sécurité, » a lancé Mme Sanou DIOUF à l’entame de cette table ronde sécuritaire.

Pour les communautés, la collaboration avec les Forces de défense de sécurités malienne et leur partenaire demeure une nécessité impérieuse pour mettre fin à ce fléau de banditisme et d’insécurité grandissante, qui sévit dans la région. « Nous sommes sur la bonne voie, la barrière qui est entre nous et les FSM est en train de se briser, » s’est réjoui Mohamed Oyé CISSE. Secrétaire général du Collectif des Associations des Jeunes de Bella Farandi

Pour sa part, le Commissaire Broulaye COULIBALY, trouve que cette initiative est une opportunité d’améliorer les liens de confiance et de collaboration entre les Forces de défense et de sécurité maliennes et les populations locales. « Cette campagne doit continuer et doit être pérennisée pour couvrir toute la ville de Tombouctou. Je renouvelle ma reconnaissance à UNPOL pour ses efforts dans le cadre du rapprochement des populations avec leur Police, » a-t-il conclu.