Tombouctou: M. Koen Davidse, à l’écoute de la société civile pour avancer sur le chemin de la paix

29 décembre 2015

Tombouctou: M. Koen Davidse, à l’écoute de la société civile pour avancer sur le chemin de la paix

Le représentant spécial adjoint du Secrétaire général (RSASG) des Nations Unies, M. Koen Davidse, a visité la ville de Tombouctou, le 23 décembre dernier, afin de mieux s’imprégner des défis particuliers de cette région.

 

Après Kidal et Mopti, le Représentant Spécial Adjoint en charge des affaires politiques de la MINUSMA, s’est rendu dans la cité des 333 Saints pour la première fois depuis sa prise de fonction en octobre dernier. Il y a rencontré les autorités religieuses et les organisations de la société civile des communes de Salam et de Tombouctou, ainsi que le personnel des Nations Unies sur place.

 

La signature de l’Accord de paix a amené beaucoup d’espoir. Mais il y a aussi des obstacles que nous devons vaincre ensemble pour matérialiser les attentes exprimés par le peuple malien dans ce document”, a déclaré M. Davidse aux différentes entités rencontrées lors de cette visite dans la cité mystérieuse.

 

La première étape du séjour du RSASG, fut une visite de courtoisie rendue au grand Imam de la Mosquée de Djingarey Ber, M. Abdrahamane Ben Essayouti. Reçu à la demeure du chef religieux, il a échangé avec lui sur la situation sécuritaire et socio-économique de la zone. C’est sur ce dernier sujet et notamment sur les opportunités de débouchés économiques et sociaux à créer en faveur des jeunes, que M. Davidse a mis un accent particulier.

 

De son côté, M. Abdrahamane Ben Essayouti, a attiré l’attention du RSASG sur l’immensité de la région présentant plusieurs portes d’entrées et de sorties poreuses, ce qui selon lui est un des facteurs augmentant les menaces d’insécurité. “C’est avec regret que nous ne commémorons pas le Maouloud une deuxième fois en raison des menaces qui pèsent, mais nous rappelons que les communautés tombouctiennes sont unies dans la diversité ”, a expliqué l’Imam, avant d’ajouter que Tombouctou a donné naissance à cette fête traditionnelle, symbole de “stabilité et de cohésion sociale entre les communautés.

 

La discussion avec le grand Imam de la Mosquée de Djingarey Ber s’est poursuivie jusqu’à la bibliothèque privée de la famille Ben Essayouti, où M. Davidse a été invité à découvrir une exposition de manuscrits anciens, vieux d’au moins cinq siècles. Le Représentant Spécial Adjoint a aussi apprécié la visite guidée par l’autorité religieuse dans l’enceinte de ce joyau architectural qu’est la Grande Mosquée ou Djingarey Ber (en langue Songhaï), construite en 1325.  

 

A la Mairie de la commune de Tombouctou, une trentaine de notabilités, comprenant des représentants d’organisations de la société civile, des communicateurs traditionnels, des journalistes, les chefs des huit quartiers, le Maire de Salam et le Premier Adjoint au Maire de Tombouctou, ont pris part à une réunion avec M. Koen Davidse.

 

A cette rencontre, les participants ont évoqué, entre autres, la situation sécuritaire, la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix, l’accès réduit à la justice pour les victimes de la crise, l’impunité, l’absence des services sociaux de base dans les communes rurales, la prolifération des armes, l’augmentation du nombre des groupes armés, la paralysie des activités génératrices de revenus des femmes exposées aux violences sexuelles, le manque d’infrastructures sanitaires, le chômage des jeunes, l’aide humanitaire inaccessible aux populations éloignées en raison de la montée du banditisme, et la situation des réfugiés.

 

Ensemble pour soutenir le processus de paix au Mali

 

A l’unanimité, l’assistance a plaidé en faveur du démarrage du processus de cantonnement “pour extraire les jeunes des griffes des groupes armés leur offrant l’argent facile”, a dénoncé Bilal Mahamane Traoré, Président du Conseil Local des Jeunes. Abondant dans le même sens, plusieurs des participants dont Mme Fatoumata Traoré, Présidente de la CAFO, a dit constater l’arrivée d’une pléthore de jeunes d’autres régions du pays vers Tombouctou, à la recherche parfois d’armes et le plus souvent d’emploi, chez les groupes armés pour bénéficier des retombées du cantonnement. “Il faut agir vite pour éviter de perdre le peu que nous sommes en train de reconstruire et contrecarrer les difficultés qui s’ajoutent aux problèmes causés par la situation actuelle”, a-t-elle exhorté.

 

Pour d’autres, le Conseil de Sécurité de l’ONU doit donner un mandat plus robuste à la Mission onusienne au Mali “pour l’établissement d’une force militaire habilitée à répondre aux défis sécuritaires”, a soutenu Baba Moulaye, Président du Forum de la société civile de Tombouctou.  Aussi, pour le représentant du collectif “Une voix pour Tombouctou”, ce renforcement est nécessaire afin de “combattre les groupes ennemis de la paix qui pullulent aux abords des grandes agglomérations et pour favoriser l’épanouissement des femmes, l’emploi des jeunes ainsi que l’accès des partenaires humanitaires aux zones reculées”, a insisté M. Boubacar Mahamane.

 

Si parmi les notabilités, certaines ont pointé du doigt les limites des forces de sécurité maliennes pour se déployer sur l’ensemble du territoire, le RSASG des Nations Unies a fait état du manque de moyens à combler du côté de l’ONU. “Il faut une présence forte de la MINUSMA, mais nous ne pouvons pas être partout à la fois. Cependant, nous allons continuer nos activités pour soutenir le processus de paix. Mais il nous faut avancer ensemble”, a souligné M. Koen Davidse.

 

En effet, la Mission onusienne au Mali maintient un dialogue constant avec le Gouvernement et les groupes signataires de l’Accord de paix pour en accélérer la mise en œuvre, avec un accent particulier sur le cantonnement, la réforme du secteur de la sécurité, les droits de l’Homme et la justice.

 

La dernière étape de cette tournée a réuni le personnel de la Mission à Tombouctou et le Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies. Les discussions ont porté sur l’exécution du mandat de la Mission tout en tenant compte des menaces et les défis à relever.