Un séminaire permet à la communauté malienne des affaires d’être plus compétitives sur les marchés publics de l’ONU

9 décembre 2022

Un séminaire permet à la communauté malienne des affaires d’être plus compétitives sur les marchés publics de l’ONU

Dans un contexte de forte compétitivité sur le marché international, le contrôle de qualité est un impératif auquel les entreprises doivent faire face. Comment aider les opérateurs économiques maliens à produire des denrées alimentaires de qualité afin d’approvisionner la MINUSMA en viande pour ses troupes ? La Mission onusienne, en partenariat avec le gouvernement du Mali, a organisé le 6 décembre 22 à Bamako, un séminaire à l’intention des producteurs maliens de viande et de fruits et légumes frais.

Jeune entrepreneure malienne évoluant dans le commerce général et la poissonnerie, Aissata DIALLO sait que la MINUSMA est un bon débouché pour ses produits. Mais elle a des appréhensions. « Le marché de la MINUSMA est un secteur très fermé pour nous les jeunes opérateurs économiques. Les procédures d’attribution de ses marchés sont trop complexes ; il faut beaucoup de certifications, » a-t-elle confié à la fin de la cérémonie d’ouverture du séminaire.

Comme elle, beaucoup d’opérateurs économiques ne maîtrisent pas les contours des procédures d’attribution des marchés des Nations unies. « Comment le Mali, premier producteur de viande de l’espace UEMOA et deuxième de la CEDEAO, ne peut-il pas être le premier fournisseur naturel de viande pour la MINUSMA ? », s’interroge Aboubakar BAH, Président de la Fédération des opérateurs de bétail viande du Mali (FEBEVIM). Ce sont ces inquiétudes qui sont à l’origine de cette journée de réflexion qui a permis aux participants d’en savoir plus sur les normes des Nations unies en matière de rations alimentaires. Des experts venus du siège de l’ONU et ceux de la MINUSMA ainsi que des agences spécialisées des Nations unies ont entretenu les producteurs présents sur différentes thématiques en lien avec les normes de qualité : « Présentation des critères prérequis pour devenir fournisseur agréé des Nations unies en viande, fruits et légumes », « Les principes qui gouvernent le système d’achat de l’ONU et comment aborder le marché des rations alimentaires des Nations unies », entre autres, le tout suivi d’une séance de questions-réponses.

« Ces échanges ont été très enrichissants. Les normes qui ont été listées et expliquées par les experts me donnent une idée claire sur comment accéder au marché des Nations unies. Je sais désormais que je dois, en tant qu’opérateur économique, me conformer à ces critères pour pouvoir faire partie de la liste des sous-traitants, des contractants de la MINUSMA, » s’est félicité Aboubakar BAH à l’issu des travaux, visiblement moins dubitatif qu’auparavant.

Arbi Aminata DIALLO est attachée de recherche à l’Institut national de santé publique. Pour elle, il faut accompagner les entreprises maliennes afin qu’elle puisse se conformer aux normes de qualité pour être compétitives sur le marché des Nations unies. « C’est vraiment important que les entreprises (maliennes, ndlr) soient accompagnées pour qu’elles puissent répondre aux normes de qualité, et accéder au marché international », plaide-t-elle.

« Tout au long du séminaire, on a pu découvrir qu’il y avait une mal compréhension du rôle de la MINUSMA dans ce processus ; et c’était une excellente chose d’amener les gens à comprendre que la MINUSMA n’est qu’à la fin de ce processus, c’est-à-dire de tout ce qui est fourni à la Mission. Par rapport aux fournisseurs, c’était une excellente occasion de comprendre que le processus d’achat correspond à des normes spécifiques et que pour avoir un maximum de chance d’accéder aux contrats des Nations unies, il faudrait qu’un nombre de critères soit respecté, » se réjouit Bruno MPONDO EPO, Directeur des Affaires politiques et Conseiller spécial du Chef de la MINUSMA.

Les différentes parties conviennent alors de mettre en place un comité chargé de proposer un plan d’action en vue d’une mise à jour des entreprises du Mali désireuses de commercer avec la MINUSMA.

« La semaine prochaine, la MINUSMA va rencontrer les représentants du gouvernement et des agences des Nations unies ainsi que des organisations professionnelles pour discuter du cadre qui doit être mis sur pied. Et c’est une fois que ce cadre est mis sur pied qu’on parlera d’un plan d’action qui permettra soit un renforcement de capacités, soit un renforcement institutionnel, » souligne M. MPONDO EPO.

Le ministre malien de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould MAHMOUD, a, tout en félicitant la MINUSMA pour l’organisation de ce séminaire, exhorté la Mission de paix à participer à la promotion des entreprises locales maliennes afin de contribuer « à résoudre la crise au Mali ».

Le Chef de la MINUSMA, El-Ghassim WANE, a rassuré les autorités et les opérateurs économiques maliens quant à la volonté de l’ONU de faciliter l’accès à ses marchés. « L’ONU veut s’assurer que la communauté malienne des affaires bénéficie de l’égalité des chances pour être compétitive sur ses marchés publics. Notre Organisation reconnaît que de meilleurs régimes de passation de marchés publics et un meilleur accès aux marchés publics peuvent être un outil important pour promouvoir le développement local, » a-t-il indiqué.

Cette année, la MINUSMA a déjà signé des contrats avec des entités maliennes à hauteur de 48 millions de dollars. Pour les années 2020 et 2021, la Mission avait investi 99 millions de dollars dans l’achat de protéines animales auprès des entreprises maliennes.