Une Force mobile d’intervention rapide des Casques bleus protège les populations de la région de Gao au Mali victimes d’attaques terroristes

19 septembre 2022

Une Force mobile d’intervention rapide des Casques bleus protège les populations de la région de Gao au Mali victimes d’attaques terroristes

Par : Yaye Nabo Séne et Capitaine Susan Teunissen

Dans la région de Gao dans le nord du Mali, par une chaude nuit d’été en ce 18 juin 2022, des cris de femmes, d’hommes et d’enfants ont soudainement réveillé la population. C’est une attaque coordonnée par des groupes terroristes et elle a coûté la vie à des dizaines de civils dans des villages reculés.  Des milliers de personnes fuyant cette attaque ont trouvé refuge dans la ville de Djebock située à une quarantaine de kilomètres de Gao, laissant derrière elles leurs biens.

La Mission de maintien de la paix des Nations unies, la MINUSMA, a immédiatement réagi en envoyant sur place une force d'intervention mobile multinationale (MTF) constituée des Casques bleus d’élite de la Jordanie, de la Suède, de l’Égypte et du Royaume-Uni pour enquêter sur les attaques et protéger les civils. Les forces d'intervention mobiles multinationales comme celles-ci sont un atout essentiel pour les Missions de maintien de la paix dans les situations d'urgence, car elles sont hautement mobiles et spécialisées et peuvent réagir en quelques heures.

Baptisée « Opération Moon », la mission a dû être déployée en deux jours et nécessitait un effort bien coordonné entre toutes les forces disponibles, ainsi qu'un équipement tactique sophistiqué. Des pelotons aéromobiles de la Force de réaction rapide jordanienne, considérée comme une force d'élite possédant une vaste expérience en situation d'urgence, ainsi que des hélicoptères supplémentaires, des drones et un peloton de reconnaissance ont tous été envoyés à Djebock.

Des groupes terroristes équipés en outils de haute technologie sèment la terreur au Mali depuis plus d'une décennie. De 2020 à 2021, le pays a enregistré la deuxième plus forte augmentation des décès liés au terrorisme, selon le Global Terrorism Index.

La préparation est la clé du succès de ces opérations d’urgence et c’est une priorité dans le cadre du programme « Action pour le maintien de la paix » ainsi que de sa stratégie de mise en œuvre A4P+, qui guident le travail de maintien de la paix des Nations Unies dans ses 12 opérations. « Cela permet de tester notre système en temps réel », affirme le colonel Nabawi Shawawreh, Commandant de la Force de réaction rapide jordanienne, à propos de l'opération Moon.  « Nos Forces sont constamment appelées à mener à bien toute mission d'urgence, mais celle-ci était particulièrement exigeante et son succès dépendait de la bonne coordination et de la coopération de toutes les parties concernées. »

Le travail en amont de la Force mobile d’intervention a permis à une équipe civile de la MINUSMA d'accéder en toute sécurité à la zone touchée et de s'entretenir avec les responsables de Djebock et les survivants de l'attaque.

Sécuriser le terrain pour faciliter le travail des équipes civiles de la MINUSMA

« Ce jour-là, nous avons trouvé une population effrayée qui avait peur des représailles, car (…) elle pouvait à tout moment subir une autre attaque : soit de la part de groupes terroristes, soit de bandits armés en quête de pillage facile », a expliqué Younoussa Hamara, chargé des Affaires politiques à la MINUSMA qui s’est entretenu avec des survivants.

« Nous avons vu un chef de village impuissant et seul, sans rien. Il essayait de calmer et de soutenir les femmes désemparées, de répondre aux inquiétudes des autres (…). Tout le monde essayait de partir pour Gao, cherchant protection, assistance et sécurité, » souligne encore Younoussa Hamara.

Écouter directement les survivants et dialoguer avec les communautés locales pour mieux sécuriser et protéger les populations civiles contre les violences des groupes armés fait partie du travail de la MINUSMA. En plus d'augmenter les patrouilles et de prévenir l'escalade de la violence, la mission développe également des projets pour améliorer les conditions de vie des communautés.

« Des missions comme celles-ci ont beaucoup de sens pour nous, car elles sont une traduction concrète du mandat des forces de maintien de la paix des Nations Unies. C'est un grand honneur pour nous de faire partie de ces forces et d’aider ainsi les communautés locales, de combattre les injustices, d'alléger les souffrances et d'aider à créer un environnement sûr », témoigne le commandant du JORQRF, le Colonel Nabawi Shawawreh.

« Cela nous pousse sans aucun doute à redoubler d'efforts pour atteindre l'objectif de tous : ramener la paix dans toutes les régions du Mali », conclu-t-il.

Pour les membres de la communauté de Gao, les priorités sont claires et urgentes. « Nous n'avons besoin de rien d'autre que de la sécurité », a déclaré un survivant des récentes attaques, sous couvert d’anonymat.