Violences sexuelles liées au conflit : la société civile s’empare de la lutte contre l’impunité

16 septembre 2022

Violences sexuelles liées au conflit : la société civile s’empare de la lutte contre l’impunité

Afin de lutter plus efficacement contre l’impunité relatives aux violences sexuelles liées au conflit, un atelier a été organisé les 13 et 14 septembre 2022 à Bamako sur les mécanismes de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur les violences sexuelles liées au conflit. Il a réuni des femmes et des hommes (54 personnes) issues des cadres de concertation des organisations de défense des droits humains de Ségou et de Mopti.

Des travaux utiles pour les victimes

À travers les exposés, les participants ont pu identifier les différences entre les Violences Basées sur le Genre et les violences sexuelles liées au conflit. Il se sont également familiarisés avec l’approche à adopter pour renforcer le rapportage et le plaidoyer, afin d’améliorer l’accès à la justice pour les personnes survivantes/victimes de violences sexuelles. Cette formation a surtout été une opportunité pour les participants de passer en revue le fonctionnement des différents systèmes de partage d’information.

 

 

Pour Adizatou Walet AL-BACHAR, de l’ONG Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel, l’apport de cette formation est significatif : « Cela va beaucoup m’aider dans mon travail qui est la prise en charge de ces survivantes de violences sexuelles liées au conflit parce que ça va me permettre d’être plus concrète dans les questions que nous leurs posons pendant les entretiens pour avoir plus de preuves, plus d’éléments à apporter et à référer pour leur meilleure prise en charge juridique/judiciaire ». Pour Hamadoun Alphadi CISSÉ de l’ONG TOSTAN (Dignity for all) et membre du sous-cluster Violences basées sur le genre au Mali, cette formation apportera « les éléments nécessaires pour faire la différence entre les violences basées sur le genre (VBG) et les violences sexuelles liées au conflit ». À l’issue de la formation, il s’est dit « outillé pour faire face à nos défis et de façon efficace ». Quant à Boncana Issouf MAÏGA, coordinateur du cadre de concertation des structures de défense des droits de l’Homme de Ségou, qui traite actuellement des allégations de violences sexuelles liées au conflit, « cette formation aura permis au personnel du cadre de Ségou de mieux comprendre comment se fait le référencement des victimes au niveau des "One Stop center" pour leur prise en charge ». Le "One Stop center" est un guichet unique qui permet aux victimes/survivant(e)s de violences basées sur le genre d’être totalement prises en charge, pour des soins de santé, un suivi psychosocial, sécuritaire et légal, en toute sécurité, en toute discrétion et surtout gratuitement.

 

 

Qu’est-ce que le MARA ?

Le MARA est l’acronyme anglais de Monitoring Analysis Reporting Arrangements, celui-ci désigne les mécanismes de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur les violences sexuelles liées au conflit. Cet atelier organisé par la MINUSMA avait donc pour objet de former les participants à l’utilisation de ce mécanisme, afin que les victimes de violences sexuelles liées au conflit puissent obtenir justice. Il s’agissait plus spécifiquement de renforcer les compétences des défenseurs des victimes dans l’utilisation des outils et techniques nécessaires pour une meilleure enquête, documentation, monitoring et une intervention efficace pour le compte des arrangements de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur les violences sexuelles liées au conflit, selon l’exigence de la Résolution 1960 (2010) du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette résolution appelle en effet tous les acteurs à travailler de concert pour assurer la collecte systématique des informations opportunes, fiables, objectives et précises en temps utile sur des cas de violences sexuelles liées au conflit commis contre des femmes, des hommes, des filles et des garçons. Selon Bintou COULIBALY, Présidente de l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes APDF, « le MARA permet d’aller plus en profondeur dans les analyses menées. Il facilite aussi l’analyse des cas que nous recevons (…) parce que pour mieux comprendre la victime il faut aller en profondeur afin d’avoir gain de cause ».

 

 

L’atelier a également réuni des membres du sous-cluster Violences Basées sur le Genre (VBG), des institutions gouvernementales, des organisations membres de la coalition pour l’accès des victimes de violences sexuelles à la justice et plusieurs agences, fonds et programmes des Nations unies.