16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre, 30ème édition : pour que la honte change de camp

29 novembre 2021

16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre, 30ème édition : pour que la honte change de camp

Le 25 novembre dernier a eu lieu, au Quartier général de la MINUSMA, ainsi qu’aux quatre coins du monde, le lancement de la campagne internationale des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG). Le thème mondial de cette édition 2021 qui en est la 30ème est : « Orangez le monde : mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des Femmes ! ». 

Cette quinzaine qui débute chaque année le 25 novembre et prend fin le 10 décembre, date de la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme, est l’occasion d’inviter toutes et tous à faire le point sur ces violences faites aux femmes, à prendre des actions pour y mettre fin.

Comme l’a rappelé Antonio GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, dans son allocution annuelle, prononcée à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, « La violence à l’égard des femmes et des filles reste la violation des droits humains la plus répandue et la plus pressante qui soit ».

 

Les VBG en augmentation exponentielle au Mali

« La violence contre les femmes, l’oppression des civils et les conflits violents sont directement liés. La misogynie imprègne l’extrémisme violent », a ajouté le Secrétaire général de l’ONU. Ce constat issu du message annuel de M. GUTERRES se vérifie au Mali, où la détérioration de la situation sécuritaire va de pair avec l’augmentation des cas de violence basée sur le genre (VBG), et notamment de violences sexuelles. Depuis janvier 2021, 7962 femmes et filles ont été victimes de VBG au Mali, selon les données recueillies par le système de gestion de l’information relatives aux VBG (GBV IMS). Ce nombre a augmenté de 50% par rapport à la même période au cours de l’année passée. Pour information, le GBV IMS est un système mis en place par le UNFPA qui répertorie les cas de VBG rapportés par les ONG membres du sous cluster VBG, qui offrent des services de prise en charge aux victimes.

La hausse de ces violences basées sur le genre peut s’expliquer notamment par l’augmentation du nombre de centres de prise en charge holistique des VBG qui rapportent ces informations qui, auparavant n’étaient pas recensées. Le contexte sécuritaire marqué par la présence des groupes armés dans plusieurs localités du centre et du nord du pays, ainsi que l'absence de l'Etat dans certaines de ces zones, est également un facteur de hausse de ces violences. Ceci augmente le risque pour les femmes et filles d'être victimes de violences sexuelles (viols, viols collectifs, mariages forcés), sur les axes routiers, en brousse, au sein de leurs villages.

Il est important de souligner que les violences sexuelles sont les formes de VBG les plus rapportées au Mali, représentant près de la moitié des cas rapportés depuis janvier.

LA MINUSMA en orange pour lutter contre les VBG au Mali

Afin d’alerter sur le sombre bilan des VBG dans le monde et au Mali, la MINUSMA s’est orangée le 25 novembre 2021, pour commémorer la journée internationale pour l'élimination de la violence à l’égard femmes et premier jour de la campagne des 16 jours d'activisme contre ces violences.

Au cours de la cérémonie de lancement, tenue dans l’enceinte de la MINUSMA à Bamako, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, Coordonnateur humanitaire, Coordonnateur résident du Système des Nations Unies dans le pays, Alain NOUDEHOU, ainsi que le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamadou KASSOGUE, ont officiellement lancé la campagne à Bamako, en témoignant leur engagement à lutter ensemble contre le fléau des violences basées sur le genre. 

M. NOUDEHOU a relayé le message du Secrétaire Général des Nations Unies en déclarant : « les VBG ne sont pas une fatalité et des stratégies globales et à long terme doivent être prises pour s’attaquer aux causes profondes de ces violences ». Il a également insisté sur l’engagement de la MINUSMA aux côtés du Gouvernement et du peuple malien, dans la lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes.

Lors du lancement, la conseillère principale pour la protection des femmes de la MINUSMA a invité les participants à signer un livre d’or contre les VBG, afin de mettre sur papier leur engagement personnel dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.

Cette cérémonie de lancement a aussi été l’occasion pour le Représentant Spécial adjoint de remettre des distinctions aux représentant(e)s des agences du système des Nations Unies ainsi qu’aux chef(fe)s de section et de divisions de la MINUSMA. Ainsi, Mme Sylvie FOUET, Représentante de l’UNICEF, M. Yves SARRENRATH, Représentant de UNFPA et Mme Beatrice EYONG, Représentante de ONUFEMMES, ont été salué(e)s pour leur engagement à prévenir, à mitiger les risques et à répondre aux VBG et aux Violences Sexuelles Liées au Conflit. Dans le même élan, une attestation d’engagement a été produite pour tous les chefs de section et de division de la MINUSMA pour valoriser leur engagement et détermination à intégrer la prévention et la mitigation des risques de violences sexuelles liées au conflit, dans la planification et la mise en œuvre du mandat de la MINUSMA. Elle leur a été remise par le Représentant spécial adjoint.

Outre-le ministre de la Justice et le Représentant spécial adjoint, ce lancement officiel a également vu la participation du Conseiller spécial du Premier ministre, le Représentant spécial adjoint par intérim en charge du pilier politique de la MINUSMA, les représentants de l’UNICEF, de l’UNFPA, d’ONU Femmes, du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), ainsi que de nombreuses personnalités actrices et acteurs de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Au programme de ces 16 jours d’activisme… 

La MINUSMA, à travers le bureau de la protection des femmes, animera des séances de sensibilisation sur les violences basées sur le genre, et en particulier sur les violences sexuelles liées au conflit dans des établissements d’enseignement secondaire et supérieur. Ces activités se dérouleront le 30 novembre, à l’Ecole Supérieure des Hautes Etudes Technologiques et Commerciales, les 1er et 2 décembre à la Faculté des Sciences Administratives et Politiques et le 9 Décembre prochain, au lycée Notre Dame du Niger.

Ces interventions offriront aux élèves et étudiant(e)s une plateforme d’échange avec des professionnel(le)s et permettront de les sensibiliser à la question des violences faites aux femmes, pour lutter contre la stigmatisation des victimes, afin que « la honte change de camp ».

Le Bureau de la Protection des femmes animera également des émissions radio sur la prévention et la lutte contre l’impunité pour les cas de violences sexuelles liées au conflit sur les ondes de la radio MIKADO FM et fournira un appui technique et matériel à ses partenaires du gouvernement et de la société civile dans leurs activités, pendant les 16 jours d’activisme.