8 mars 2018 au Mali : célébrons la réflexion sur la place des femmes

15 mars 2018

8 mars 2018 au Mali : célébrons la réflexion sur la place des femmes

Le vendredi 9 mars au QG de la MINUSMA à Badalabougou à Bamako, l’ensemble du système des Nations Unies au Mali a commémoré le 8 mars, au cours d’une cérémonie officielle en présence du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies. De nombreuses personnalités ont été invitées parmi lesquelles les représentantes de la société civile ou encore l’artiste Tiken Jah Fakoly.     

Annoncé par les maîtres de cérémonie en introduction, ce rassemblement n’a pas été la commémoration à laquelle l’on pouvait s’attendre. Dans la cour de la MINUSMA, habillées pour la plupart aux couleurs de l’évènement, les femmes présentes et les hommes qui les soutenaient ont véritablement célébré le 8 mars. Une célébration festive mais loin d’être dénuée de sens et d’utilité, tel qu’expliqué par Mme Bernadette Sène, la Cheffe par intérim de l’Unité Genre de la MINUSMA, lors de son allocution de bienvenue. « La Journée Internationale des Femmes est l'occasion, chaque année, de faire le bilan des progrès accomplis en ce qui concerne les mesures prises visant à promouvoir l'égalité entre les genres ainsi que l'autonomisation des femmes à travers le monde. L’adoption de la loi sur le quota en faveur de la promotion du genre aux niveaux des fonctions nominatives et électives, constitue une grande avancée pour les femmes de ce pays. Toutefois, des efforts restent à faire en ce qui concerne son application effective, » a-t-elle déclaré.  

 

Le ton est donné : ici, il est question de réflexion, en témoigne les invités et leurs propos. Tour à tour les responsables de la société civile et ceux de la MINUSMA, se sont succédés au pupitre pour rappeler le rôle de la femme dans la société et surtout, l’importance du respect de ses droits. Invité d’honneur, l’artiste et activiste Tiken Jah Fakoly, a offert au public un live de certains de ses morceaux mais a également adressé plusieurs messages forts.

Introduit par le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies (RSASG), en charge du pilier politique de la MINUSMA, M. Koen Davidse, qui dira de lui qu’ : « il n’a jamais choisi le chemin le plus facile dans la vie mais toujours le plus juste, » Tiken Jah a longuement évoqué le souvenir de sa défunte mère, « à laquelle il doit tout ». Rappelant son attachement au respect des droits de la femme,  il a aussi insisté sur son autonomisation et ce, dès son plus jeune âge. « C’est la raison pour laquelle à chaque fois que je construis une école (ndlr : à travers son programme un concert-une école qui a permis d’en construire six en Afrique de l’ouest), je demande à ce que les filles soient prioritaires dans les inscriptions, » dira l’artiste, à qui l’assistance répondra par une ovation. Dans la foulée, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif, remettra à l’activiste qu’est Tiken Jah Fakoly, un diplôme de reconnaissance pour son engagement dans la lutte contre les violences basées sur le genre.

Question qui demeure d’actualité : la représentativité des femmes dans tous les domaines, y compris dans celui du maintien de la paix. Dans son intervention, le Chef d’Etat-major de la Force de la MINUSMA, le Général de Brigade Marc Ollier, a expliqué ce que la Force de la MUNISMA entreprend pour recruter plus de personnel féminin au sein de son effectif. La Représentante d’UNPOL (la Police des Nations Unies), le Commandant de Police Fatoumata Diaraye Diallo, a quant à elle témoigné de son engagement, en tant que femme, aux côtés des victimes de violences basées sur le genre. Un engagement qui date de nombreuses années et qu’elle a dû mener de front avec son rôle d’épouse et de mère.  

Avant de lire le discours d’António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies et, en échos à son discours de la veille au Palais de Koulouba, M. Annadif a rappelé que, « le 8 mars ne dois pas être appelé fête, c’est une journée de réflexion, au cours de laquelle l’on doit s’interroger sur l’état d’avancement de la cause des femmes. »

Deux thèmes distincts pour une même lutte…  

Placée sous le thème international, "L’heure est venue : Les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes," au Mali c’est : "La Femme, médiatrice pour la reconstruction de la cohésion sociale dans l’espace du G5 Sahel", qui a alimenté les débats et les réflexions. Pour la Représentante de la société civile malienne, le Docteur Maiga Mariam Djibrilla, le rôle de la femme est aujourd’hui capital dans le processus de paix au Mali. « Nous, femmes de la CMA, de la Plateforme, de l’Assemblée Nationale, de la société civile… Nous nous sommes réunies pour mettre en place un comité de plaidoyer auprès de la MINUSMA pour prendre en compte nos préoccupations dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, » a déclaré le Docteur Maiga avant d’ajouter : « nous remercions d’ailleurs l’ensemble de nos sœurs de la MINUSMA, particulièrement de l’Unité Genre, pour avoir fait en sorte que l’engagement des femmes soit une réalité ». 

Si Mariam Djibrilla Maiga a salué les nombreuses avancées en ce qui concerne l’implication des femmes, elle a tout de même rappelé que : « des défis restent auxquels il  faut trouver des solutions. Telle que la question de la représentativité et de la gouvernance, » a-t-elle déclaré avant de préciser : « la loi 052 est une réalité mais moins de 2% participent au processus ».

Pour rappel, la loi N°052 du 18 décembre 2015 institue des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Par exemple, dans son article 1er, elle stipule qu’ : « à l’occasion des nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics au Mali, par décret, arrêté ou décision, la proportion de personne de l’un ou de l’autre sexe ne doit pas être inférieure à 30% ». Une loi dont l’application pleine et entière constitue un objectif majeur pour les activistes au Mali.