POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 15 mars 2018

16 mars 2018

POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 15 mars 2018

Porte-parole : Mme Myriam Dessables

Bonjour et bienvenue à toutes et à tous, chers confrères journalistes, chers auditrices et auditeurs de la radio de la Paix, MIKADO FM, merci de nous être fidèles à ce rendez-vous bimensuel.

Cette semaine, j’ai le plaisir d’avoir à mes côtés le Chef de la Composante Police de la MINUSMA, le Commissaire Issoufou Yacouba qui vous présentera les dernières activités et réalisations de la police onusienne au Mali.

Je commence ce point de presse avec l’actualité de la mission de ces dernières semaines.

ACTIVITÉS À BAMAKO

  • Dans des efforts de réflexion engagée dans le long terme sur l’avenir des missions de maintien de la paix des Nations Unies, une équipe indépendante visite actuellement le Mali, jusqu’au 26 mars, dans le cadre d’une revue stratégique de la MINUSMA. Elle est menée par Ellen Margrethe Løj, ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU au Libéria (2007-2012) et au Soudan du Sud (2014-2016). La MINUSMA est l’une des 8 missions visitées en 2017-2018 dans le cadre d’un examen exhaustif des missions de maintien de la paix enclenché par le Secrétaire général (Chypre, Soudan du Sud, Abyei, Mali, Somalie, Golan, Sahara occidental et Centrafrique). La revue stratégique souhaite notamment examiner l’action de la mission en vue de l’évolution de la situation sur le terrain ; sa collaboration avec les autres acteurs présents au Mali ; ainsi que l’utilisation efficiente de ses ressources. L’équipe d’experts rencontrera plusieurs représentants de la MINUSMA mais aussi du gouvernement malien, des  partis politiques et de la société civile à Bamako et en régions. Elle échangera également avec divers partenaires internationaux tels que les agences de l’ONU présentes au Mali, les Partenaires Techniques et Financiers et les membres de la médiation internationale.
  • Le 5 mars, les Chefs de missions des Nations Unies en Afrique de l’Ouest ont tenu leur 32ème réunion de haut niveau, pour la première fois à Bamako. L’objectif de cette réunion était de réfléchir et d’échanger sur les dynamiques de paix et de sécurité dans les zones d’intervention respectives des missions, et dans la sous-région en général, et de renforcer la coordination afin de mieux répondre aux défis communs. Voir le communiqué conjoint : https://minusma.unmissions.org/32%C3%A8me-reunion-des-chefs-de-mission-des-nations-unies-en-afrique-de-l%E2%80%99ouest

 

  • Le 6 mars dernier s’est tenue à la base opérationnelle de la MINUSMA à Bamako une cérémonie d’hommage aux quatre Casques bleus bangladais, tués le 28 février dernier dans la région de Mopti. Les quatre soldats du Bangladesh avaient trouvé la mort suite à l’explosion de leur véhicule sur un engin explosif improvisé sur l’axe Boni-Douentza et quatre autres Casques bleus avaient également été gravement blessés. Présents à la cérémonie, le Représentant spécial du Secrétaire général et le Commandant de la Force de la MINUSMA s’étaient rendus le 4 mars dernier à Gao, lieu de stationnement du contingent bangladais, pour présenter de vive voix aux Casques bleus leurs condoléances et les assurer de tout leur soutien. Le chef de la MINUSMA a souligné la nécessité de poursuivre l’action de la Mission au Mali en ajoutant « l'objectif de l'ennemi est d'entraver toute initiative qui aide le Mali à sortir de cette crise. Il vise tous les amis de la paix, non seulement la MINUSMA mais aussi les Forces armées maliennes, nos partenaires internationaux et la population. Et ce n'est pas acceptable. Et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici. » Voir les articles : https://minusma.unmissions.org/c%C3%A9r%C3%A9monie-d%E2%80%99hommage-aux-quatre-casques-bleus-bangladais-ce-matin-%C3%A0-bamako et https://minusma.unmissions.org/le-chef-de-la-minusma-se-rend-%C3%A0-gao-aupr%C3%A8s-des-casques-bleus-du-contingent-bangladais

 

  •  À l’occasion de la cérémonie officielle organisée à la Présidence malienne pour la Journée internationale de la Femme le 8 mars, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif, a salué cette Journée, qui est non seulement une célébration mais aussi une reconnaissance du rôle des femmes comme actrices de paix et médiatrices de premier rang, auxquelles « il est important de donner de la place dans les prises de décisions stratégiques, notamment dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix au Mali, car elles sont mieux placées que quiconque pour apprécier les besoins et les préoccupations des populations concernées. » Le lendemain, l’ensemble du système des Nations Unies s’est réuni au siège de la MINUSMA à Bamako, en présence de représentantes de la société civile pour célébrer cette journée, qui a été largement célébrée par les bureaux régionaux de la MINUSMA. https://minusma.unmissions.org/message-du-secr%C3%A9taire-g%C3%A9n%C3%A9ral-de-l%E2%80%99onu-publi%C3%A9-%C3%A0-l%E2%80%99occasion-de-la-journ%C3%A9e-internationale-des-femmes
  • Le 9 mars, le Bureau de la Conseillère Principale pour la Protection des Femmes a donné une présentation sur les violences sexuelles liées au conflit à La Maison de la Presse à l’attention de 28 participants (dont 7 femmes) composés de journalistes et membres d’associations de victimes de violences basées sur le genre. Les participants ont saisi cette opportunité pour échanger sur cette problématique  avec des professionnels et en apprendre plus sur le système de référencement des victimes et les procédures judiciaires.

 

  • L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Suliman Baldo, effectue actuellement sa dixième visite officielle dans le pays, jusqu’au 16 mars à Bamako et à Mopti. Cette visite lui permettra d’évaluer l’évolution de la situation des droits de l’homme depuis sa dernière visite en novembre 2017, les engagements des parties signataires de l’Accord de paix dans ce domaine ainsi que le renforcement de l’Etat de droit. M. Baldo se penchera également sur la dimension des droits de l’homme dans la conduite des opérations de la Force Conjointe du G5 Sahel et sur la prévention des violences dans le contexte du calendrier électoral.

 

  • Du 25 février au 6 mars 2018, la Révision exceptionnelle des listes électorales s’est déroulée sur toute l’étendue du territoire national, et ce avec l’appui de la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA. Cet appui s’est traduit notamment par le recrutement et la mise à disposition de 15 agents électoraux locaux pour appuyer les autorités locales, le déploiement de matériel électoral et kits électoraux ainsi que le transport des responsables électoraux et agents techniques de Bamako vers les régions du nord et de Mopti. Les autorités ont également bénéficié d’un appui sur le plan de la communication et sensibilisation sur cette opération à travers la Radio MIKADO.

 

  • La Commission Nationale de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion ou CNDDR avec l’appui de la MINUSMA ont commencé des ateliers de préparation au pré-enregistrement des combattants éligibles des mouvements armés à Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao. Le premier atelier s’est tenu à Tombouctou du 28 février au 1er mars où environ 145 participants (dont des représentants locaux de la CMA, de la Plateforme, de la CNDDR, de la Commission d'intégration et du Conseil national sur la RSS) ont reçu une formation sur les procédures d'enregistrement et le mode opérationnel des sites de cantonnement. D’autres ateliers similaires ont ou vont avoir lieu à Kidal (13-14 mars), Ménaka (15-16 mars) et Gao (17-18 mars). La MINUSMA fournit un soutien technique, logistique, de formation et de prise en charge du transport des combattants et des membres des institutions nationales  vers les lieux de pré-enregistrement. 

 

  • Du 8 au 10 mars, le Service de lutte antimines de la MINUSMA a organisé un atelier de formation de formateurs pour 25 cadres du Ministère de l’Education Nationale sur l’Education aux risques posés par les engins explosifs. L’objectif de cette formation est de permettre aux acteurs du système éducatif malien de maitriser les concepts de base d’atténuation des risques explosifs, en vue de sensibiliser les enfants des communautés et de les encourager à l’application des mesures de protection surtout dans les régions nord et centre du pays.

ACTIVITÉS DE LA FORCE et de LA POLICE

  • Du 26 février au 11 mars 2018, la police onusienne a effectué un total de 838 patrouilles à Bamako et en régions, y compris 93 patrouilles conjointes avec les forces de sécurité maliennes. De nombreuses formations au profit de 87 agents des forces de sécurité maliennes sont en cours cette semaine, notamment en techniques d’enquête en contreterrorisme, en criminologie et en détection des documents falsifiés à Bamako et sur la sécurité de proximité à Mopti.

 

  • La Force de la MINUSMA a, quant à elle, effectué 514 patrouilles, dont 41 escortes, du 6 au 13 mars.

 

  • Du 8 au 9 mars dernier, le Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de division Jean-Paul Deconinck, s'est rendu dans le nord du pays à Kidal, Aguelhok et Tessalit pour rencontrer les troupes opérant dans le secteur nord. Le Commandant a pu constater que des progrès significatifs ont été accomplis et que les contingents sont maintenant plus à même de faire face à la menace grâce à une formation et un positionnent renforcés. Voir le reportage vidéo de la visite : https://www.facebook.com/minusma/videos/1556708887779905/

 

  • Compte tenu de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du centre du Mali, la Force de la MINUSMA a réaménagé son dispositif sécuritaire pour renforcer sa présence dans la zone et assurer une meilleure protection des populations conformément à son mandat. L’opération FORONTO de la Force de la mission est d’ailleurs en cours dans la région de Mopti et Djenné. Lancée le 5 mars dernier, elle a pour but d'améliorer la sécurité dans cette zone et de distribuer de l’eau, des denrées alimentaires et des kits scolaires aux populations de Nampala et Léré. Cette opération a déjà permis de détecter et de désamorcer plusieurs engins explosifs improvisés dans la zone, notamment mardi 13 mars dans les environs de Kouakourou.

 

  • La Force de la MINUSMA mène également l’opération FARRIER dans les secteurs nord, est et ouest du pays, dans le but de faire respecter par les groupes armés, les règles décidées par la Commission Technique de Sécurité (CTS) pour restreindre le mouvement d'armes lourdes, de munitions associées et de convois de plus de cinq véhicules sans autorisation préalable du commandement du groupe armé conforme ou groupe armé signataire ainsi que de la MINUSMA. Ces restrictions ont pour but  de stabiliser la situation sécuritaire, d’améliorer la protection des civils, de promouvoir le respect des termes de l'accord de paix et de réduire la libre circulation des armements au Mali.

 

  • Dans le cadre du partenariat avec la Force de la MINUSMA, les FAMas ont coopéré à l’exécution des missions civiles, durant l’opération FORONTO, en sécurisant les pistes d’atterrissage des hélicoptères en coordination avec la Force à Nampala (le 10 mars) et à Macina (le 13 mars). Cela a permis aux représentants de la MINUSMA à Mopti d’aller à la rencontre des populations civiles dans des zones particulièrement difficile d’accès. Les FAMas coopèrent aussi lors des opérations d’escorte de convois logistiques de la MINUSMA, et sécurisent souvent les véhicules des convois parfois tombés en panne dans les zones où les FAMas sont présents. Par ailleurs, le protocole d’accord MINUSMA-FAMas prévoit le renforcement de la sécurisation de certaines emprises militaires et de la construction d’autres. Les discussions sont en cours pour finaliser ces projets.

 

  • Le Commandant de la Force de la MINUSMA et le Chef d’Etat-Major Général des Armées ont discutés des priorités de coopération entre la Force et les FAMas. Au nombre de celles-ci, il y a : la construction des checkpoints à Mopti, Timbuktu, Gao ;  l’appui à la construction des camps d’Indélimane, Ténenkou, Youwarou, Boni, Goundam, Ngoumakoura ; ainsi que l’appui à la construction de tranchées à Gao. Il est important de signaler que la MINUSMA appuie les FAMas dans les MEDEVAC (Evacuations sanitaires) lors des attaques, comme lors de la dernière attaque lancée contre les FAMas à Soumpi.

ACTIVITÉS EN RÉGIONS

MOPTI

  • Le 10 mars, le bureau de la MINUSMA à Mopti a effectué une visite à Nampala, dans le cercle de Niono, pour évaluer la situation sécuritaire et rencontrer les partenaires locaux, les Forces de Défense et de Sécurité maliennes et la société civile. L’insécurité, les tensions intercommunautaires, l’accès à l’eau et l’éducation restent des préoccupations majeures des communautés locales, qui sont ressorties des discussions des représentants de la MINUSMA du bureau de Mopti avec les leaders communautaires et religieux.

KIDAL

  • À Kidal, la Section RSS-DDR (Réforme du Secteur de la Sécurité- Désarmement de la Démobilisation et de la Réinsertion/Réintégration) de la MINUSMA a organisé le 7 mars dernier une session de sensibilisation à Tessalit pour les femmes du village de Ahamboubar, qui hébergera le futur site de cantonnement du cercle de Tessalit. Les participantes ont salué l’avancée du processus de DDR et partage leurs inquiétudes quant l’impact de la présence d’ex-combattants et de groupes armes sur la vie du village. Cette rencontre a permis à la MINUSMA de prendre note de leurs besoins et d’identifier les éventuels projets de Réduction de Violence Communautaire qui pourront être mis en place pour apaiser les tensions.

 

  • Le 7 mars, la Division des Affaires Civiles de Kidal a procédé à la remise officielle de deux projets à impact rapide, qui consistent en la construction d’un bloc de soins et la dotation en équipement du Centre de santé communautaire (CSCOM) d’Aguelhok, ce qui va permettre d’offrir des soins et des services de qualité à la population locale.

 

  • Le 6 mars, le Commissaire à la Sécurité Alimentaire du gouvernement malien, Oumar Ibrahima Touré s’est rendu à Kidal, accompagné du Directeur du Programme Intégré du Développement Rural de Kidal (PIDRK), pour évaluer la situation alimentaire et nutritionnelle dans la région. Lors d’une rencontre avec le bureau de la MINUSMA de Kidal, Oumar Ibrahima Touré a remercié la MINUSMA pour avoir facilité son déplacement et sa mission sur place qui constitue un point positif dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Voir : https://www.facebook.com/minusma/posts/1550533291730798

GAO

  • La MINUSMA vient d’équiper plusieurs radios de Gao pour un montant de 25 millions de FCFA. Cette enveloppe a notamment permis de booster les radios communautaires de la cité des Askia, en augmentant la puissance des émetteurs pour une qualité de son améliorée et des ondes plus performantes.  La radio Naata, la deuxième radio libre du Mali, ainsi que 7 autres radios locales ont pu ainsi profiter de ce projet, qui leur a permis de reprendre leur rôle d’accompagnement des populations au quotidien. Voir le reportage vidéo sur la chaîne YouTube de la MINUSMA : https://www.youtube.com/watch?v=wSueRQbQCC0

 

  • Les 10 et 13 mars, la Division des droits de l'homme et de la protection (DDHP) de la MINUSMA à Gao, en collaboration avec la Section PIO et la Direction Régionale de la Promotion de la Femme, a conduit des activités de formation et de sensibilisation au profit de près de 400 individus sur les droits de l’homme et le mandat de la Commission de Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR).

INCIDENTS

  • Le 14 mars dernier, une détonation a retenti à Gao. Aucune perte n’a été à signaler. Une première roquette a explosé à environ 700m du camp de la MINUSMA et la seconde a atterri sur une maison, à environ 3km au nord-ouest du camp, sans détoner. La Force de réaction rapide de la MINUSMA ainsi qu’une équipe d'élimination des munitions explosives ont été envoyées sur place.

 

  • Le 7 mars, une patrouille FAMa a ouvert le feu contre deux individus alors qu’ils plaçaient une mine sur l’axe Nampala-Dioura, à environ 12km de Dioura dans le cercle de Ténenkou. Les individus ont pu s’enfuir. Une équipe d'élimination des munitions explosives (EOD) de la MINUSMA est intervenue et a neutralisé l’engin explosif.

 

  • Le 6 mars, un véhicule blindé de transport de troupes (APC) de la Force de la MINUSMA a heurté un engin explosif improvisé ou une mine à environ 3.5km du camp de la MINUSMA à Kidal. Aucune perte humaine n’a été à déplorer.

 

  • Le 6 mars, les forces internationales lors d’une patrouille au nord de la ville Kidal ont intercepté trois individus à bord d’une ambulance appartenant au HCR et qui avait été signalée comme ayant été volée. La force de réaction rapide (QRF) de la MINUSMA a ramené les suspects au camp de la mission pour interrogation avant qu’ils soient relâchés plus tard dans la soirée.

S’il n’y a pas de questions, je laisse maintenant la parole au chef de la Police Onusienne, le Commissaire Issoufou Yacouba pour les activités et réalisations d’UNPOL des derniers mois.

 

Invité : Chef de la Composante Police de la MINUSMA, le Commissaire Général de Police  Issoufou Yacouba

Bonjour Mesdames, Messieurs,

Je remercie Myriam et les journalistes ici présents qui me font l’honneur d’être présent ce matin. Je suis donc ici pour vous parler de ce que fait la Police onusienne au Mali, conformément à notre mandat qui découle de la résolution du Conseil de Sécurité du 09 décembre 2017 et dans le cadre de l’accompagnement du gouvernement malien à travers ses structures de forces de sécurité pour la mise en œuvre des mesures sécuritaires prévus dans l’Accord d’Alger.

Nous avons à cet effet signé un mémorandum d’entente avec les parties maliennes. Bien entendu, nous ne pouvons pas nous substituer aux forces maliennes mais on les accompagne à travers une série d’activités, pour lesquelles nous avons un effectif prévu de 345 officiers individuelles et 11 unités constituées de police (Formed Police Units ou FPUs) et une unité spéciale d’intervention. A ce jour, nous avons sur le terrain 307 policiers individuels et 10 FPUs que nous avons repartis sur le territoire national. Ces effectifs sont issus de 28 pays, avec pratiquement tous les continents représentés et autant d’expertise.

Conformément à ce mémorandum d’entente, que le Ministre de la Sécurité malien a signé avec le Secrétaire général en 2014 – et qui est en cours de révision pour l’adapter au nouveau contexte suite aux besoins exprimés par la partie malienne – nous intervenons en termes de formation sur deux niveaux, avec le plan d’action que nous avons signés avec la Police, la gendarmerie, la protection civile et l’Etat-major de la garde nationale qui sont nos partenaires, et dans une certaine mesure avec la douane et les services de l’environnement. Nous faisons une clarification des besoins en formation, puis au regard du besoin identifié, nous délivrons des séances de formation au profit des structures telles que demandées et ce souvent en partenariat avec d’autres sections substantives de la mission, telles que les Droits de l’homme, la Protection des femmes et des enfants et également avec UNMAS, l’équipe pays de l’ONU, l’UNODC et l’EUCAP Sahel, avec lequel nous avons signé un mémorandum d’entente pour éviter les duplications en termes de formation et harmoniser nos activités. Nos formations couvrent des domaines où il y a un besoin tels qu’exprimés par nos partenaires maliens.  Au total, nous avons formé un total de 26 000 policiers et gendarmes.

Nous coopérons également avec des structures spécialisées, telles que dans le cadre du pôle judicaire où nos partenaires, la brigade de la protection civile spécialisée, sont rattachés au procureur chargé de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. À travers la Section des Affaires Judiciaires et Pénitentiaires de la MINUSMA, nous les soutenons en termes de formation et d’équipement. Une autre structure que nous appuyons est l’OCS, l’Office Central des Stupéfiants, avec laquelle nous avons un partenariat de formation mais aussi de collocation, car il n’y a pas d’unité spécialisée en criminalité transnationale organisée dans les pays de la sous-région donc on a fait venir des structures qui ont une bonne expertise en la matière. La formation est importante nous on a aussi besoin d’outils adaptés au contexte pour nous permettre de mettre en œuvre l’enseignement théorique reçu.

Dans le cadre de notre coopération avec le gouvernement malien, nous soutenons les autorités dans la restauration de l’Etat et l’extension de son autorité au nord et au centre. Pour cela, il faut qu’il y ait un environnement sécuritaire qui soit créé pour assurer les services sociaux de base donc à ce niveau, la police, la garde et la gendarmerie doivent créer ces conditions pour permettre à la justice, aux autorités, à la santé et à l’éducation de prendre pieds et de se dresser pleinement. Nous avons donc créé des infrastructures en régions et également fournit des équipements.

 

  • Pour la région de Bamako, nous avons mis en place différents projets de 2013 à ce jour pour un montant de plus de 3 milliards de FCFA à savoir la réhabilitation de la brigade des mineurs et des écoles de formation de la police, de la gendarmerie et de la garde, tout simplement parce que quand nous faisons des formations, il faut aussi renforcer les capacités d’encadrement et d’hébergement des recrues ainsi que les procédures de recrutement des éléments envoyés sur le terrain, surtout dans les régions d’intérêt qui concernent notre mandat, à savoir les régions du nord et du centre.

 

  • À Mopti, dans le cadre du Plan de Sécurisation Intégrée des Régions du Centre ou PSIRC et pour accompagner les autorités maliennes à mettre en œuvre ce plan de sécurisation, nous avons, entre autres, réhabilité le poste de police et l’infirmerie de la protection civile, ainsi que 9 véhicules des FSM, le poste de commandement de la compagnie de gendarmerie de Bandiagara et le poste de police de Sévaré. Tous ces projets pour un total de 646 millions FCFA.

 

  • À Gao, nous avons une série de réalisations pour un montant de 377 millions de FCFA, de 63 millions dans la région de Ménaka et 404 millions à Tombouctou.

Indépendamment de cela, et en partenariat avec le Ministère de la Sécurité public et les responsables des Forces de Défense et de Sécurité maliennes, nous avons développé un plan cadre pour l’amélioration des relations entre les populations et les forces de sécurité. C’est une nouvelle approche car il faut pouvoir adapter les méthodes d’investigation aux nouveaux défis et anticiper en étant proactif, pour ne pas être dans une position de réaction. L’anticipation, cela veut dire renforcer le renseignement pour mieux aider la population et elle peut nous renseigner que si elle a confiance en nous. Il y a donc plusieurs éléments à mettre en avant pour créer ces conditions. Car la sécurité n’est pas seulement une affaire exclusive des services régaliens de l’Etat, c’est avant tout une affaire de citoyen.  Cela peut se faire à travers le comité consultatif local de paix et de sécurité, prévu dans l’accord de paix, pour lequel nous avons mobilisé des montants et que nous remettrons aux FSM, mais aussi aux autorités administratives, à la population et à la société civile. C’est important de comprendre que les services de sécurité doivent être vus comme des facilitateurs et le développement des services sociaux de base ne peut pas se faire sans sécurité et il faut qu’il y ait une symbiose entre les populations et leurs forces de sécurité, car ils sont tous maliens et ont tous les mêmes droits. Il faut être attentif aux préoccupations de la population et des projets des autorités maliennes, que nous appuierons, vont bientôt suivre pour adresser cette problématique à Mopti, Tombouctou, Gao, Ménaka.

Pour résumer, notre rôle en tant que UNPOL est d’accompagner les autorités maliennes, renforcer leurs capacités en attendant la mise en œuvre de la Réforme du Secteur de Sécurité et l’adoption imminente de la stratégie nationale lors d’un grand forum organisé prochainement à Bamako. Fort de l’expérience de nos officiers qui viennent de différents pays qui ont rencontré des problèmes similaires, nous pouvons apporter notre modeste contribution pour que la RSS soit une réussite et que la population et les FSM puissent avancer la main dans la main pour assurer la sécurité au Mali.

QUESTIONS/RÉPONSES du POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 15 mars 2018

Fati Yattara, Studio Tamani : Qu’est-ce fait UNPOL pour aider l’Etat malien à résoudre les problèmes intercommunautaires dans le centre du pays ?

Issoufou Yacouba : Le concept dont je viens de parler qui a été élaboré par le Ministère de la Sécurité et que l’on est en train d’accompagner adresse justement cette question communautaire. Avec l’aide des autorités et des FSM et à travers les comités locaux de paix et de sécurité, les gens vont se retrouver et anticiper. Donc c’est exactement prévu dans ce cadre-là pour que les communautés elles-mêmes trouvent des solutions à leurs problèmes, tout en étant soutenues et orientées par les forces de sécurité, et pour que les anciennes méthodes de résolution de conflit soient revivifiées. Si ce plan cadre est mis en œuvre comme conçu et si tout le monde y adhère, on pourra apaiser non seulement les conflits intercommunautaires mais également les activités terroristes qui mettent la pression sur les communautés. Tout le monde a un rôle à jouer pour assurer la sécurité humaine, qui n’est pas seulement la sécurité physique, mais comprend également l’accès à l’eau, à l’éducation, à la santé, à un mieux-être et tous ces éléments sont compris dans ce plan cadre de police de proximité, qui est prévu pour la période 2018-2021.

Khader Touré, Directeur de la radio Koima de Gao : Dans trois mois, les élections présidentielles auront lieu au Mali et la sécurité du processus électoral est une véritable inquiétude pour nos populations. Quelles dispositions prendra la MINUSMA pour assurer la sécurité durant ces élections ? Deuxièmement, quand vous parler d’anticipation, quelles sont les mesures que la MINUSMA prend pour atteindre cet objectif ?

Issoufou Yacouba : Je le répète, nous ne sommes pas là pour nous substituer à l’Etat malien  mais pour accompagner le Mali dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de toutes les mesures de sécurité. La MINUSMA a établi un groupe de travail à travers la Division électorale de la mission, qui travaille de symbiose avec la Force, les sections des affaires politiques et civiles, qui toutes apportent leur contribution dans leurs domaines respectifs. Une cellule de sécurisation a également été créée par le Ministère de la Sécurité pour le processus électoral et nous avons été invités à y prendre part. Dans le cadre du mémorandum d’entente signé entre le Ministère et la MINUSMA et en accord avec notre mandat, nous accompagnons les autorités maliennes et nous les préparons. Premièrement, avec des formations de formateurs, nous avons formé une centaine de collègues gendarmes, policiers et gardes pour reproduire cette formation au niveau des régions où ne nous sommes pas présents. Deuxièmement, nous avons également renforcé les capacités avec du matériel de maintien de l’ordre. Troisièmement, nous travaillons, dans le cadre de cette cellule, avec les Maliens qui ont la première responsabilité du processus électoral. Nous faisons des analyses en commun et effectuons du partage d’information.  Et c’est vraiment une de nos priorités car si les élections ne se passent pas bien, ce sera un échec pour tous et la MINUSMA entend s’engager pleinement pour que ces élections soient une réussite.

Pour en revenir à la question de l’anticipation, j’ai dit que le concept qui vient d’être adopté, c’est un changement de paradigme en matière de sécurité car au lieu que les forces de sécurité et les populations se regardent en chiens de faïence, le plan cadre va créer les conditions de confiance nécessaires pour que les populations coopèrent pour leur sécurité et sachent par quel relais transmettre les informations sur la situation sécuritaire de leurs villages.

Boubacar Diké, radio de Tombouctou : La mission première de la MINUSMA est d’assurer la sécurité des civils, mais on assiste chaque jour à des braquages, des enlèvements dans un climat d’insécurité. Quelles sont les dispositions prises par la MINUSMA pour sécuriser les personnes et leurs biens sur les théâtres des opérations ?

Issoufou Yacouba : On ne peut pas se substituer à l’Etat malien mais on accompagne l’Etat malien. Au niveau de Tombouctou, nous avons une unité constituée de police ainsi que des policiers individuels qui travaillent au quotidien avec les responsables des forces de sécurité. Lors  réunions de sécurité auxquelles le Gouverneur participe, nous disons donc à nos partenaires policiers et gendarmes de constituer un plan mais nous on ne peut pas effecteur des arrestations à votre place, on peut vous accompagner, on peut participer à vos opérations et vous aider à les tisser, mettre à votre  disposition du carburant, notamment en ce qui concerne des opérations conjointes, que ce soient des patrouilles ou des opérations coup de poing. On reste à l’entière disposition de nos partenaires, par exemple quand le Gouverneur donne ses instructions aux FSM, on est là pour les aider. UNPOL et la Force peuvent être associés à des opérations de plus grande envergure conjointement, comme dernièrement lorsque l’on avait participé à l’opération Citadelle du désert. À travers notre unité de soutien à la lutte contre la criminalité, nous formons également des techniciens de scènes de crime pour leur permettre d’exploiter les renseignements et de mieux judiciariser les affaires.

Boubacar Touré, radio Adar de Gao : Vous dites que la mission ne peut pas se substituer à l’Etat malien néanmoins, les Nations Unies sont là pour protéger les personnes et leurs biens. Nous vivons l’insécurité au centre-ville de façon quotidienne et vous nous dites qu’il y a des patrouilles effectuées tous les jours, vous parler de formation pour les militaires et pour les policiers mais il n’y a pourtant aucun résultat. Qu’est-ce qui se passe au juste ?

Issoufou Yacouba : Ce que vous dites est juste mais laissez-moi vous rappeler qu’à un moment donné, il y a eu une forte mésentente entre les jeunes de Gao et les forces de sécurité. UNPOL, avec le concours de l’ONG IDLO a mené des sensibilisations pour promouvoir le dialogue entre eux. Le Gouverneur dans la mise en œuvre de l’état d’urgence a dicté une mesure qui consiste à  restreindre certains mouvements et procéder à des saisies d’armes et de munitions. Un autre problème qui est en train d’être réglé c’est la circulation d’armes non-autorisée au MOC (Mécanisme opérationnel de coordination). Il ne faut donc pas faire l’amalgame et nous sommes en train de régulariser cette circulation d’armes pour les groupes armés. Ce n’est pas que la formation n’est pas efficace mais c’est tout simplement une question de mise en œuvre de mesures, il faut ratisser pour que l’on puisse récupérer ces armes. Et par rapport aux patrouilles, je peux vous garantir que nos deux unités constituées à Gao effectuent les patrouilles tous les jours car je reçois quotidiennement les rapports. Malgré tout, les patrouilles seules ne suffisent pas, elles permettent de rassurer la population mais il faut aussi mener des opérations. Le Gouverneur de la région, en tant que garant de l’ordre publique, a la possibilité d’analyser la situation, de décider quels sont les points rouges et où les prochaines activités seront conduites pour assainir la ville de façon efficace. Vous avez insisté sur l’aspect de la protection des civils, on a l’obligation d’intervenir en cas d’attaque imminente contre la population et c’est pour ça que quand on n’a pas la bonne information, on ne peut pas le faire.

Myriam Dessables : Merci beaucoup. Juste pour rappel, la MINUSMA est une mission de maintien de la paix et non une mission de maintien de l’ordre. Ce n’est pas au Mandat de la MINUSMA la responsabilité première qui reste et demeure celle des Autorités maliennes.

Merci et à très bientôt.