Allocution du RSSG WANE Cérémonie du 28 octobre 2022 en la mémoire des casques bleus tchadiens morts à la suite de l’attaque à l’engin explosif improvisé

28 octobre 2022

Allocution du RSSG WANE Cérémonie du 28 octobre 2022 en la mémoire des casques bleus tchadiens morts à la suite de l’attaque à l’engin explosif improvisé

Distingués représentants du Gouvernement de la République du Mali et de la communauté diplomatique à Bamako,

Monsieur le Représentant de l’Ambassade de la République du Tchad auprès du Mali,

Chers collègues Représentants spéciaux et chefs des bureaux des Nations unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en Afrique centrale et auprès de l’Union africaine à Addis Abeba

Monsieur le Coordinateur spécial pour le développement au Sahel,

Chers collègues de la MINUSMA et du système des Nations unies au Mali,

Mesdames et Messieurs, 

Nous voilà encore une fois assemblés pour une triste occasion, celle d’un dernier hommage à rendre à quatre de nos vaillants casques bleus appartenant au contingent tchadien de la MINUSMA. Le destin nous les a brutalement arrachés le 17 octobre après que leur patrouille fut frappée par un engin explosif improvisé à Tessalit, dans l’extrême nord malien. 

Le capitaine Dady Barkai ABAKAR et les soldats de 2e classe Brahim Toubay ALI, Hisseine Hassan MAHAMOUD et Ahmat Moukour SABOUR rejoignent ainsi les nombreux héros qui sont tombés sur le champ d’honneur, et leurs noms iront s’ajouter à la longue liste des casques bleus qui ont fait le sacrifice ultime au service de la paix et de la sécurité au Mali. Physiquement parlant, ils ne sont plus parmi nous. Mais leur dévouement continuera à nous inspirer, et ils vivront à jamais dans nos cœurs. 

Au nom de la MINUSMA et du système des Nations unies, je voudrais présenter nos condoléances les plus attristées aux familles des défunts, à leurs proches et à leurs compagnons d’armes, ainsi qu’au gouvernement et au peuple tchadiens. Qu’ils trouvent tous ici l’expression de notre entière solidarité en ces moments de deuil et de nos vœux de prompt rétablissement pour les deux blessés actuellement en traitement à Dakar, au Sénégal. 

Notre solidarité va aussi aux autorités et au peuple maliens, qui font face, depuis une décennie maintenant, à la barbarie terroriste. 

Il y’a deux semaines, pas loin de la localité de Bandiagara, dans la partie centrale du Mali, un bus de transport public a sauté sur un engin explosif improvisé, faisant dix morts et plusieurs blessés. Quelques jours après, une mine ôtait la vie à trois enfants dans la région de Bandiagara, leur volant à jamais la promesse d’un Mali en paix.

Dans les régions de Gao et de Menaka, multiples sont les instances d’atrocités commises contre les populations civiles.

Ces actes d’une inqualifiable lâcheté sont un tragique rappel de l’impératif d’une action multiforme et toujours plus soutenue pour ramener durablement la sécurité au Mali.

Mesdames et Messieurs, 

Chers collègues,

Après ma prise de fonctions en tant que Représentant spécial au Mali et chef de la MINUSMA en mai 2021, j’ai réservé ma première visite sur le terrain au contingent tchadien. Je m’étais alors rendu à Kidal, à Aguelhok et à Tessalit. 

Par ce geste, j’entendais exprimer ma compassion après l’attaque perpétrée un mois plus tôt contre notre base à Aguelhok, attaque qui avait causé la mort de quatre soldats et blessés douze autres. J’entendais aussi saluer labravoure avec laquelle les casques bleus tchadiens obligèrent les assaillants à battre retraite, non sans leur avoir infligé de lourdes pertes.

En janvier 2019, une attaque au même endroit avait tué une dizaine de casques bleus tchadiens. Le contingent a eu à faire face à plusieurs autres épreuves du même genre tant entre ces deux dates qu’avant même le déploiement proprement dit de la MINUSMA, lorsque le Tchad, aux côtés de plusieurs autres nations, répondit à l’appel à l’assistance du Mali.

C’est ici pour moi le lieu de souligner le travail, remarquable à tous égards, qu’abat le contingent tchadien de la MINUSMA dans un environnement extrêmement difficile. Son action a permis de stabiliser la situation sécuritaire dans les localités d’Aguelhok et de Tessalit, ainsi que dans la ville de Kidal, en collaboration avec d’autres contributeurs à la MINUSMA, notamment la Guinée.

De tous les pays contribuant à la MINUSMA, le Tchad est celui qui a essuyé les pertes les plus élevées. Mais jamais, la détermination de ses soldats n’en a été ébranlée ; jamais l’engagement de ses autorités en faveur de la stabilité régionale n’a été entamée. 

Permettez-moi de saisir cette occasion pour renouveler ma reconnaissance à l’ensemble des pays contributeurs de troupes et de personnels de police à la MINUSMA, pour leur engagement en faveur de la paix et de la sécurité au Mali. Par leur implication, ils donnent chaque jour, ici au Mali, vie aux principes de solidarité et d’entraide consacrés par la Charte des Nations unies.

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

En m’adressant à vous aujourd’hui, je voudrais redire l’immense tristesse qui traverse tout le personnel de la MINUSMA. Je voudrais vous dire toute la profondeur de la douleur que nous ressentons. Cette tristesse et cette douleur sont à la mesure de l’ampleur de la perte subie, qui est intervenue après plusieurs semaines sans incident mettant en danger la vie de nos personnels.

Mais loin d’être abattus par ce drame, nous en tirons plutôt une motivation supplémentaire à persévérer dans l’effort qui est le nôtre, à décupler notre engagement. Seul l’aboutissement de l’œuvre de stabilisation du Mali permettra de donner tout leur sens aux sacrifices consentis et aux peines endurées pour aider le peuple malien à retrouver la paix, la tranquillité à laquelle il aspire si intensément.

Dans ce contexte, et ainsi que j’ai eu l’occasion de le faire le 18 octobre dernier, à New York, lors de l’examen du dernier rapport du Secrétaire général sur le Mali, je voudrais souligner à nouveau l’importance que revêt le renforcement des capacités de la MINUSMA pour lui permettre de s’acquitter plus efficacement de son mandat. L’engagement dont font montre nos casques bleus, leur courage, leur dévouement ne peuvent être des substituts aux moyens dont nous avons désespérément besoin compte tenu du contexte dans lequel nous opérons. 

D’une façon plus générale, la gravité de la situation qui prévaut au Sahel appelle une mobilisation internationale encore plus forte en appui aux pays de la région au titre de la sécurité collective. La sécurité collective, est-il besoin de le rappeler, est au fondement de la Charte des Nations unies, dont le 77e anniversaire a, au demeurant, été célébré hier. 

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues et amis,

Je voudrais conclure mon propos en renouvelant notre solidarité avec le peuple et le gouvernement tchadiens. 

Nos pensées vont également à l’ensemble des victimes civiles et militaires, maliennes et étrangères, qui ont payé de leur vies la violence qui afflige le Mali.

Que leurs âmes reposent en paix !

Je vous remercie.