De Tombouctou à Kidal, l’évaluation du processus de DDR fait l’objet d’échanges entre tous les acteurs

31 octobre 2022

De Tombouctou à Kidal, l’évaluation du processus de DDR fait l’objet d’échanges entre tous les acteurs

De Tombouctou à Kidal, en passant par Gao et Ménaka, une tournée conjointe des acteurs étatiques du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion/réintégration et de la MINUSMA, a eu lieu entre septembre et octobre 2022. Objectif : évaluer le processus global en cours, afin de le redynamiser mais également sensibiliser tous les acteurs régionaux.

Les conclusions de la réunion de niveau décisionnel (RND) des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR) issu du processus d’Alger, tenue du 1 au 05 août 2022, prévoit l’intégration de 26 000 ex-combattants dans l’armée et dans la fonction publique maliennes. Cette intégration se fera en deux phases : 13 000 en 2022 et 13 000 autres ex-combattants entre 2023 -2024.

« En tant que Commissions techniques DDR et d’intégration, nous avons décidé conjointement avec les acteurs techniques de la MINUSMA, de visiter les régions du Nord pour évaluer les infrastructures et les capacités logistiques ainsi que les possibilités de les améliorer, avant de commencer ce processus » a expliqué le Président de la Commission nationale d’Intégration, le Général de Division, Ibrahim FANÉ, lors de la première étape de la tournée à Tombouctou, le 12 septembre dernier.

Cette importante délégation qu’il conduit, comprend également les membres de la Commission Nationale de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (CNDDR), de la Commission Technique de Sécurité (CTS), du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) et de la Section de la Réforme du Secteur de la Sécurité, du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (RSS/DDR) de la MINUSMA. Outre l’état des lieux des infrastructures et capacités logistiques disponibles, le but de ces visites conjointes est de mener des dialogues autour des plans de travail des deux commissions pour l’atteinte de cet objectif de 26 000 ex-combattants réintégrés.

Pour la Mission des Nations unies, cette tournée est aussi l’occasion de « sensibiliser tous les acteurs impliqués dans le processus DDR - Intégration, pour avoir leur soutien et éventuellement les éclaircissements nécessaires pour un bon déroulement de l’opération DDR – Intégration, » a déclaré Ndiaga N’DIAYE, de l’unité DDR de la MINUSMA, lors du passage de la délégation à Ménaka. « Ce que nous avons entendu ici aujourd’hui nous réconforte sur la nécessité de le redémarrer (le processus) le plus rapidement possible parce que, explique le Chef DDR. Ceux qui seront intégrés dans les nouvelles Forces de défense et de sécurité maliennes, vont aider à juguler l’insécurité, puisque ce sont des gens de la région. Les combattants qui vont être intégrés connaissent bien le milieu et vont s’adapter et contribuer à l’amélioration de la sécurité au niveau de Ménaka ».

DDR : passage obligé vers la paix et urgence pour les populations

Disposition majeure du volet III de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le processus de DDR est, selon la société civile malienne, une des conditions sine qua non au retour d’une paix durable. « Toutes les communautés du Mali fondent leur espoir sur le parachèvement de ce processus DDR. Nous comptons sur l’engagement de nos autorités et des partenaires pour sa mise en œuvre diligente et correcte, afin de retrouver la paix et la quiétude tant recherchées, » a renchérit Many OULD, membre de la société civile de Taoudéni délocalisée à Tombouctou, face à la délégation conjointe.

Des acteurs sur la même longueur d’onde

À Kidal, du gouvernorat au siège du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) dans la région, tout comme à Tombouctou, la délégation a échangé avec les membres nationaux et locaux des deux commissions, des organisations de la société civile, des chefs religieux et des responsables d’associations de femmes et de jeunes.

Le processus d’intégration couvre deux parties : l’intégration des ex-combattants dans les forces de sécurité et la réintégration de ceux qui ont volontairement abandonné leur poste, » a expliqué le chef du bureau régional de la CNDDR, Abdoul Karim Ag MATTAFA. Selon Atiyoub Ag AHANGA, son homologue de la Commission d’intégration, le gouvernement accorde une importance capitale à la réinsertion des ex-combattants dans les différents organes de sécurité. « 11 256 ex-combattants seront réintégrés cette année et le reste au cours des deux prochaines années, » a-t-il annoncé. Et le Gouverneur de Kidal, le Colonel Fodé Malick SISSOKO de renchérir, « le succès du processus de DDR nécessite un engagement collectif et la mobilisation de tous les acteurs pour atteindre les objectifs communs, notamment au niveau de la jeunesse ».

Pour sa part, tout en saluant cette visite des deux commissions, le président en exercice de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) rappelle que « bien que la région de Kidal soit prête pour le début du processus de DDR, il y a des étapes qui doivent être suivies pour son succès, comme la mise en œuvre de l'APR, et l’opérationnalisation de la Commission ad Hoc » a soutenu Alghabass Ag INTALLA.

Pour sa part, la MINUSMA a noté l'engagement total des membres du panel et des participants. « La Banque Mondiale, à travers le Programme de Réinsertion socio-économique des Ex-Combattants (PREC), pourra assurer la réinsertion socio-économique de 900 femmes associées aux mouvements dans les différentes régions avant le 31 décembre 2022 date de clôture du Programme. Le processus de réinsertion commencera dès que les listes des femmes seront disponibles ».