Cercle d’Ansongo : Création d’emplois pour les jeunes et les femmes grâce à des projets de réduction de la violence communautaire

30 mars 2017

Cercle d’Ansongo : Création d’emplois pour les jeunes et les femmes grâce à des projets de réduction de la violence communautaire

Le village de Lellehoye Haoussa a accueilli, le 23 mars dernier, une forte délégation de la MINUSMA et de ses partenaires pour la remise officielle de projets pour la réduction des violences communautaires (CVR). Ces projets vont permettre de créer quelque 150 emplois pour les jeunes de la région, dont un tiers de femmes, et de leur offrir une option socio-économique viable en plus d'une certaine autonomisation.

Ces projets consistent en l’aménagement d’un périmètre maraîcher de trois hectares et l’installation d’un moulin multifonctionnel à Lellehoye, ainsi que la construction d’un parc de vaccination de bétail, l’équipement de deux associations de femmes en moulins multifonctionnels et l’équipement de périmètre maraîcher en grillage, motopompes et accessoires au village de Bentia, situé à 65 km plus loin.  

La délégation pilotée par la section RSS-DDR était composée des sections de droits de l’Homme et de la protection de l’enfant, de l’information publique et de la communication. Elle comptait aussi un représentant de l’OIM et de l’ONG GREFFA, partenaire d’exécution des projets de Bentia.  

A Lellehoye Haoussa, les deux réalisations d’une valeur de plus de 47 millions de francs CFA, ont été financées par la MINUSMA et les communautés ont contribué à hauteur de plus de 950 000 Francs CFA. Ce fut une joie pour M. Abass Mourou, Chef de village de Lellehoye Haoussa : « Ces projets ont été pour nous une opportunité pour créer des emplois temporaires, améliorer l’économie locale, renforcer le vivre ensemble, l’union, le partage et la solidarité. Ils nous ont déjà permis de réduire considérablement l’oisiveté des jeunes et des femmes. En améliorant les revenus de nos femmes, ces projets ont inspiré plus de respect pour nos femmes qui assurent une participation importante aux ménages ». 

Comme Lellehoye, le village de Bentia a aussi bénéficié des projets de réduction de la violence communautaire. Ces projets ont coûté plus de 34 millions de Francs CFA, dont 500 000 à titre d’apport personnel de la population. Le périmètre maraicher de trois hectares permet déjà à 150 jeunes, dont un tiers de femmes, d’exercer des activités maraîchères pour un total de 450 planches. Chaque bénéficiaire exploite ainsi une superficie de 68,4 m2. Pour permettre à tous les ménages du village d’en bénéficier, un système rotatif a été mis en place sur initiative des populations. L’installation du moulin est aussi une activité intégrée, permettant aux femmes une meilleure gestion de leur temps, désormais partagé entre les travaux ménagers et le périmètre. « L’aménagement de ce périmètre maraîcher permet non seulement de réduire l’insuffisance alimentaire mais aussi de créer des emplois pour les jeunes, afin d’éviter leur départ massif. Aussi, l’implantation du moulin réduira la corvée des femmes et assurer leur autonomisation. Mieux, ces différentes actions réduiront les violences communautaires et permettront la réinsertion socio-économique des jeunes dans le tissu social », a expliqué Abdoul Aziz Souleymane, le maire de la commune rurale de Bourra.    

Pour pérenniser les acquis de ce projet, les bénéficiaires se sont organisés en deux comités de gestion. Le premier, composé de 4 hommes et 3 femmes, est consacré au périmètre et le second, uniquement composé de femmes, concerne la gestion du moulin. Selon l’ONG UAVES (Union pour un Avenir Écologique et Solidaire), le partenaire d’exécution du projet, un montant forfaitaire par exploitant et par campagne sera instauré pour permettre l’entretien, la maintenance, le renouvellement des infrastructures équipements et matériels, et l’approvisionnement en intrants. 

« Le premier impact de ce projet est l’occupation des jeunes par les travaux du périmètre maraîcher pendant les six mois écoulés ; les six mois restant devraient être consacrés aux travaux champêtres », a expliqué Adama Tiégoum de l’ONG UAVES. « Dans les ménages, la diversification des aliments par la production d’au moins 123,6 kg de légumes par individu, pourrait contribuer d’une part à l’équilibre alimentaire et à réduire le taux de malnutrition chez les enfants, les femmes enceintes et allaitantes, et d’autre part, accroître les revenus monétaires des 150 exploitants pour une valeur estimée à plus de 4 millions de francs CFA», a-t-il poursuivi. 

La cérémonie de remise officielle à Lellehoye Haoussa a vu la participation d’une délégation venue de Bentia pour présenter les projets CVR de cette localité. Une exposition d’images et de légumes provenant de ce village a été faite par l’ONG GREFFA.

Le représentant DDR de la MINUSMA a salué l’hospitalité des populations et leur engagement pour la pérennisation de ces projets CVR. Ce fut aussi une opportunité pour la division de l’information publique et de la communication (PIO) et celle des droits de l’Homme et de la protection (DDHP), de sensibiliser les populations sur le mandat de la MINUSMA et la lutte contre l’enrôlement des enfants dans les groupes armés.

Comme la plupart des régions du nord Mali, ces deux localités ont subi fortement les conséquences de la profonde crise politico-sécuritaire de 2012, provoquant le déplacement massif des populations vers les pays frontaliers ou les autres régions du Mali. À Lellehoye et Bentia, ces projets permettront aux jeunes et aux femmes de se mettre à l’abri de la tentation des armes. « Les jeunes d’ici commençaient à vendre les animaux de leurs parents pour s’acheter des armes parce qu’ils ont appris qu’ils seront pris dans le processus de cantonnement. Ils ne croyaient plus au travail parce qu’il n’y en avait pas ; ces projets suscitent une grande adhésion vu leur impact économique », insiste Moussa Cissé, natif de Lellehoye Haoussa.